Quatre ans après son annonce lors de l’E3 2017, l’envoûtant Tunic a refait parler de lui pendant le Summer Game Fest 2021. L’occasion pour les joueurs d’essayer une démo inédite du Zelda-like, tandis que ce dernier n’a toujours pas de date de sortie. Mais ce qui est sûr, c’est que le titre est en bonne voie. Nous avons eu l’occasion de discuter avec Andrew Shouldice, son créateur.
Depuis que les joueurs ont aperçu la bouille adorable du héros de Tunic, lors de l’E3 2017, c’est peu dire que le Zelda-like se fait attendre. Une bouille aussi attachante que la mine décontractée et souriante d’Andrew Shouldice, créateur du titre, alors tranquillement installé dans son Canada natal lorsque nous l’avons joint. Il y a peu, son jeu a fait l’objet d’une nouvelle démo dans le cadre du Summer Game Fest 2021. L’occasion pour le public de retrouver l’ambiance envoûtante de Tunic, à base de 3D isométrique colorée et de recoins mystérieux. Un avant-goût qui aidera les fans à patienter, Tunic n’ayant toujours pas de date de sortie. Mais Andrew Shouldice nous rassure, avec l’enthousiasme qui le caractérise : “J’ai eu une réunion plus tôt dans la semaine. J’ai un tableur qui s’appelle « terminer Tunic » !”
Nom de code : Secret Legend
Comme souvent avec les “gros jeux indépendants”, Tunic est un projet de longue haleine. Cela fait six ans qu’Andrew Shouldice travaille dessus, avec l’aide notable de Kevin Regamey (Celeste, Darkest Dungeon) au sound design et Terrence Lee (Dustforce) à la musique. “Au début, je pensais que je pourrais faire ce jeu tout seul (...) Mais j’ai réalisé qu’il y a pas mal de choses pour lesquelles je ne suis pas très doué” s’amuse le créateur. L’équipe se tourne donc naturellement vers l’éditeur Finji, qui se chargera du marketing de Tunic. Arrive alors doucement l’E3 2017 et le PC Gaming Show, où sera présenté le Zelda-like pour la première fois. Mais il reste un détail à régler. Le nom du projet, encore surnommé Secret Legend, “un choix épouvantable pour un jeu vidéo” reconnaît avec humour Andrew Shouldice. Tunic s’imposera naturellement. L’année qui suit, lors de l’E3 2018, le titre apparaît cette fois lors de la conférence Xbox, où il fait à nouveau sensation.
“Depuis l’annonce à l’E3 2018, nous n’avons pas arrêté de travailler sur Tunic. La forme du jeu a alors commencé à se cristalliser. Il y a pas mal de petites choses qui ont encore besoin d’être changées (...) mais depuis ce moment, il s’agit vraiment de terminer le boulot” - A. Shouldice
Cette forme de jeu, qui définit ce qu’est Tunic, tient en trois mots : exploration, combats et secrets. Andrew Shouldice ne cache évidemment pas l'influence de la série Legend of Zelda sur son projet, en particulier du tout premier opus, sorti en 1986, qui capture selon lui ce sentiment d’être lâché dans un vaste monde rempli de trésors sans pour autant savoir où ces derniers se cachent. Un sentiment qui va droit au coeur du créatif, lui qui fabriquait déjà des jeux étant enfant, et qu’il espère retranscrire avec Tunic :
“L’un de nos objectifs, c’est de laisser les joueurs trouver des choses qu’ils ne sont pas censés trouver. Au fil de la progression (...) plus vous trouverez de choses, plus vous commencerez à remarquer que vous auriez pu approcher cette situation depuis un angle différent, ou que vous auriez pu être là plus tôt. Vous pourrez ainsi vous retrouver dans des endroits beaucoup trop durs, ou trouver un trésor que personne d’autres n’a encore trouvé” - A. Shouldice
“Un étranger dans un monde étrange”
Andrew Shouldice le reconnaît. Faire en sorte que les joueurs aient l’impression de tomber sur un trésor qu’ils ne sont pas censés trouver est un petit casse-tête de game design. “Nous voulons être sûrs que les joueurs soient excités à l’idée d’explorer (...) mais qu’ils aient quand même une vague intuition de la direction à prendre", explique-t-il. Un savant équilibre notamment mis en œuvre par d’étranges panneaux écrits dans une langue ancienne, où se cachent parfois des dessins facilement reconnaissables et des mots écrits en anglais. “Ces panneaux sont là pour évoquer ce sentiment d’être un étranger dans un monde étrange. Mais vous pourrez y voir des choses, comme par exemple le dessin d’une épée. Cela fait pétiller l’imagination”. Un détail qui joue de concert avec l'exigence du titre, inspirée par la saga Souls de From Software :
“L’un des moyens pour faire ressentir que vous êtes dans un endroit où vous n'êtes pas la bienvenue, c’est d’y mettre des monstres (...) qui écraseront votre petit renard à coup d’épée. La difficulté et le challenge sont des composantes essentielles au sentiment d’être plongé dans un monde hostile. Dans Tunic, nous voulons nous assurer qu’il y ait du challenge mais pas que ce challenge soit désagréable pour autant” - A. Shouldice
Andrew Shouldice veut aller plus loin que des trésors et des monstres féroces : Tunic sera une sorte d’énigme à lui seul, à l’instar du titre de plateformes / réflexion Fez, autre source d’inspiration assumée du créatif dont les derniers secrets ont étonné ceux qui y ont joué. “Je suis de ceux qui ne préfèrent pas dire aux joueurs quand ils ont trouvé tous les secrets. Parce qu’un jeu où vous avez trouvé tous les secrets est un jeu définitivement terminé”. Comme certains soft de son enfance, Andrew Shouldice aimerait que Tunic continue à agiter l’imagination des joueurs après coup, qu’ils restent convaincus de l’existence de trésors derrière ces murs. Et surtout qu'ils les trouvent. En étant rusé, comme un renard.
“Je me souviens de vieilles pages de journal, avec des notes, ou j’essaye vraiment d’articuler ce sentiment que j’avais quand je jouais à de vieux jeux vidéo. Et tout mène à ce sentiment d’avoir un espace qui est adapté à l’exploration et dont vous ignorez les secrets. D’une certaine façon, les frontières du jeu ne sont pas claires. C’est ce sentiment de découvrir un secret dans le monde (...) et d’avoir soudain la conviction que tout ce que vous avez vu auparavant pourrait avoir un secret en son sein. C’est un sentiment très puissant. Et j’espère que Tunic le capture” - A. Shouldice
Tunic sortira sur PC, Xbox Series et Xbox One à une date encore inconnue.
Tunic - Trailer d'annonce à l'E3 2017
Au cours de notre interview avec Andrew Shouldice, nous avons appris d’autres détails sur Tunic. D'abord sur la structure du jeu, qui débutera dans une zone restreinte avant de s’ouvrir. A partir de là, le joueur pourra aller où bon lui semble même si l’entrée des endroits les plus importants - les donjons - sera fermée par des objets clés. Andrew Shouldice nous a expliqué qu’il souhaitait jouer sur la taille et l’ambiance des différentes zones, pour faire par exemple croire à un temple alors qu'il s'agit en réalité d'une zone optionnelle.
Bien sûr, tout ce qui est “optionnel” aura son importance, avec la présence de trésors ou encore de pages de manuel, permettant d’apprendre l’existence de subtilités de gameplay et de secrets très puissants (Shouldice souhaite retranscrire l’excitation au moment de chercher des indices dans un manuel papier d’époque). Sinon, au niveau des armes, l’épée occupera une place très importante. Enfin, côté durée de vie, elle dépendra de chaque joueur mais il faudra au moins 4 à 5 heures pour terminer l'aventure en ligne droite. Mais si vous êtes du genre à fouiner dans tous les recoins à la recherche de trésors, ce sera bien plus.