Annoncée lors du Xbox & Bethesda Games Showcase, l’extension A Pirate’s Life du jeu-service imaginé par Rare est désormais accessible et propose de partir à l’aventure avec le légendaire Jack Sparrow. Unir l’univers de Sea of Thieves à celui de Pirates des Caraïbes, “soit c’est du génie, soit c’est de la folie” comme dirait William Turner à l’excentrique seigneur pirate. Après avoir terminé les cinq Tall Tales, nous pouvons dire que c’est un peu des deux, et c’est tant mieux. À l’abordage !
“La mort est une journée qui mérite d’être vécue”
Muni d’un trésor inestimable volé au maléfique Davy Jones, Jack Sparrow pénètre dans le monde magique de Sea of Thieves à bord du Black Pearl. Malheureusement, le navire ainsi que son équipage succombent aux assauts violents du Hollandais volant. Mais sur la mer des voleurs, le pirate maudit par Calypso ne peut réclamer les âmes des vaincus. C’est désormais au joueur qu’incombe la lourde tâche de retrouver Sparrow afin de mieux repousser les maléfices qui s’apprêtent à bouleverser l’équilibre du monde. A Pirate’s Life est une extension gratuite qui s’adresse avant tout aux pirates souhaitant explorer le lore de Sea of Thieves ainsi que celui de Pirates des Caraïbes par l’intermédiaire de cinq nouvelles Fables. “Qu’est-ce qu’une Fable ?” s’interroge le marin inexpérimenté émoustillé par l’idée de prendre du gal(i)on. Il s’agit d’une quête à faire seul ou à plusieurs mélangeant exploration, combats, énigmes et séquences de plates-formes au sein d’une aventure plus scénarisée que ce que la sandbox propose habituellement.
Dès les menus du soft, nous nous rendons compte que cette troisième saison n’est pas comme les autres. Le studio britannique a en effet réimaginé ses écrans d’accueil pour permettre une meilleure compréhension des enjeux aux jeunes Mousses qui ne seraient jamais partis en mer. Les deux modes principaux, “Aventure” (PvP + PvE) et “Arène” (PvP en coopération), sont toujours disponibles en plus d’être accompagnés par la rubrique flambant neuve “Vive la piraterie”. Si cette dernière est sélectionnée, le ou les joueurs sont directement téléportés devant La Naufragée dans un des avant-postes de l’univers. C’est face à ce personnage qu’ils pourront choisir les cinq nouvelles Fables faisant intervenir le célèbre Jack Sparrow, doublé par Jared Butler (qui avait déjà interprété le personnage dans Kingdom Hearts III, Disney Infinity, et divers jeux sous licence Pirates des Caraïbes). Ne vous méprenez pas, les Fables inédites sont bien accessibles en mode “Aventure”, mais les développeurs ont tout simplement voulu simplifier au maximum la façon d’accéder aux événements de “A Pirate’s Life”. Battle Pass oblige, du contenu est offert au joueur en fonction de l’expérience qu’il acquiert. Sachez que finir les nouvelles Tall Tales vous propulsera aux alentours du niveau 27 de réputation. L’emporium dispose toujours d’éléments cosmétiques à se procurer contre de l’argent bien réel, tels que l’animal de compagnie Chien de cachot, des skins d’armes, des ensembles d’équipage, un lot de navire et de nouvelles attitudes.
La Fable affable
A Pirate’s Life possède tellement de nouveautés dans ses coffres qu’il serait presque réducteur de le qualifier de simple mise à jour. Les cinq Fables, tout d’abord, envoient les joueurs dans une quête rythmée demandant une dizaine d’heures pour être bouclée. Elle invite les plus courageux à se rendre dans des lieux inédits que nous avons toujours souhaité visiter dans Sea of Thieves, comme un cimetière de bateaux, une cité sous-marine, une petite ville pleine de charme ou encore des marécages lugubres. Ces niveaux abritent des adversaires terrestres et aquatiques jamais vus jusque-là. Il y a tout d’abord les pirates fantômes, capables de faire feu, de combattre avec des lames, de se téléporter et de charger un ennemi. Il y a ensuite les monstres électriques, à l’aise à distance comme au combat rapproché grâce à leurs éclairs de génie. Les humanoïdes à tête de coquillage, quant à eux, peuvent empoisonner l’équipage et se déplacer sous le sol. Enfin, les crabes géants sont des molosses particulièrement résistants qui créent des ondes de choc destructrices. Sous l’eau, les sirènes corrompues hantent les fonds marins et se révèlent bien plus dangereuses que les requins ordinaires. Cette galerie des horreurs n’est pas cloisonnée aux Tall Tales puisqu’elle peuple également la sandbox. Les créatures belliqueuses viennent donc accompagner les armées de squelettes et autres poissons cartilagineux lors de l’exploration des îles ou de la mer. L’Arène, quant à elle, ne bénéficie pas de ces ajouts et fait l’impasse sur la nouvelle arme. Car oui, histoire de repousser tout ce petit monde efficacement, les îles de Sea of Thieves accueillent le Trident des sombres marées, un bâton magique qui disparaît après une utilisation intensive capable d’envoyer des boules d’énergie. Il est à noter que cette arme est à trouver sur la carte, et qu’elle ne peut pas être stockée dans la caisse d’armement. Tous ces ajouts bienvenus rendent la progression plus dynamique alors que les nouvelles espèces de monstres apportent enfin de la variété aux affrontements terrestres. Il ne reste plus qu’à revoir le système de combat au corps-à-corps pour laisser exploser notre joie. Bonne nouvelle, Rare serait en train de se pencher sur la question.
Pour faire rentrer toutes ces nouveautés dans le monde de Sea of Thieves, les développeurs ont dû agrandir la carte. Cette dernière gagne en effet quelques km² à l'Ouest et au Nord. Que vous soyez un inconditionnel de Sea of Thieves ou non, que vous soyez fan de Pirates des Caraïbes ou pas du tout, l’épopée imaginée par Rare est construite de manière à plaire à tous les forbans en herbe. Le souci du détail accordé aux univers visités, la manière dont les deux lores fusionnent pour former un tout cohérent, la superbe ambiance sonore, le dynamisme apporté par les nouveaux adversaires dans les combats sur la terre ferme comme sous les eaux… A Pirate’s Life est une plongée impressionnante dans les eaux agitées de ces drôles de mondes. Un émerveillement de tous les instants que nous devons à des Fables plus scénarisées que jamais, et donc plus linéaires que ce à quoi nous étions habitués. Les scripts déclenchent des événements souvent grandioses, à l’image d’éléments sortant soudainement des eaux sombres ou encore du Kraken qui vient montrer sa frimousse pour la toute première fois. L’action est évidemment au rendez-vous avec des batailles rangées contre des armées d’ennemis, tandis que les énigmes, relativement simples, sont toujours de la partie. La plate-forme est en tout cas au centre de l’expérience, il est donc nécessaire de bien maîtriser les sauts de son avatar pour espérer progresser. Ce cocktail haut en couleur et riche en sensations est agrémenté par de nombreux clins d'œil sur les histoires de pirates ayant brillé, un jour, dans un petit écran. Les connaisseurs seront aux anges. Des séquences plus contemplatives sont également au programme, comme cette longue descente sous les eaux couverte par un chant a capella envoûtant menant à l’épave d’un gigantesque navire. L’absence d’aller-retours, l'expérience condensée et les distances courtes à faire en bateau au sein des Tall Tales prouvent que Rare a écouté ses fans. L’aventure A Pirate’s Life donne presque l’impression d’être un jeu solo à faire en coopération plutôt qu’un soft multijoueur auquel s’est greffé un mode narratif. Une redoutable réussite.
Cœurs Caraïbes
La promesse de Sea of Thieves : A Pirate’s Life, c’est de donner le frisson de la grande aventure par l’intermédiaire de cinq Fables mettant en scène Jack Sparrow. Le seigneur pirate de la mer des Caraïbes revêt ici une forme spectrale le faisant apparaître et disparaître au gré du scénario, un habile procédé utilisé par les développeurs afin de ne pas avoir à fournir d’animations trop coûteuses tout en respectant l’intrigue des Tall Tales. Les aventuriers qui ne jurent que par le PvE seront ravis de découvrir que certaines missions sont instanciées, plus précisément celles qui demandent de pénétrer dans un portail magique. Cela signifie que ces Fables empêchent les joueurs ennemis de venir gâcher la partie. Néanmoins, la majorité des Tall Tales se déroule dans la sandbox habituelle et autorise les rencontres avec d’autres participants. Durant le deuxième chapitre, il nous est arrivé de trouver des barils vidés de leurs boulets de canon lors d’un passage nécessitant d’affronter des vagues d’adversaires, tonneaux dont le contenu fut pillé par l’équipe qui nous précédait.
Développer un tel contenu pour une sandbox aux mécaniques bien huilées comporte des risques évidents et doit répondre à diverses problématiques. Si l’exercice est réussi haut la main par Rare, nous notons tout de même quelques accrocs causés par des bugs plus ou moins frustrants. Il y a par exemple ces portes qui ne s’ouvrent plus si les corsaires déclenchent une zone de script mais font soudainement demi-tour. Dans le même ordre d’idées, il y a des conditions de défaite qui manquent de clarté. Lors d’une attaque surprise sur l’épave d’un bateau, nous avons échoué à cause de dégâts reçus trop nombreux, sans qu’une jauge ou sans qu’un retour visuel n’ait indiqué véritablement l’état du navire abandonné. Un simple texte “le bateau a pris trop de dégâts” est apparu à l’écran alors que l’escouade se faisait expulser de la Fable manu militari. La présence de checkpoints adoucit néanmoins le ressentiment, bien que ces derniers ne téléportent pas l’équipage comme par magie sur les lieux d’une mission. Rare se dit au courant des divers soucis rencontrés par les joueurs et assure que des patchs arriveront prochainement. Au rayon des ultimes regrets, nous relevons l’absence de doublages en français pour l’audio. Quand Jack Sparrow lâche des conseils utiles en plein milieu d’un combat de boss, il n’est pas toujours aisé de suivre l’action tout en lisant les précieuses lignes de texte situées en bas de l’écran.
A Pirate’s Life est la fontaine de jouvence dont Sea of Thieves avait besoin. Après deux premières saisons relativement pauvres en contenus, cette extension gratuite apporte enfin de nouveaux types d’ennemis ainsi qu’une arme inédite à la sandbox tout en livrant cinq Fables d’une très grande qualité. Amusantes, belles, diversifiées dans ce qu’elles proposent et formidablement bien intégrées à tout ce qui a déjà été mis en place, les aventures de Jack Sparrow rendent la mer des voleurs plus brillante que jamais. Un véritable crochet du droit qui, nous l'espérons, ouvrira la voie à d'autres extensions de ce calibre.