Sorti sans vraiment crier gare, Knock Out City est devenu le petit phénomène du moment dans l'industrie du jeu vidéo. Il faut reconnaître que ses graphismes colorés et son gameplay nerveux qui revisite avec beaucoup de panache le jeu de la balle au prisonnier ont eu de quoi séduire un public large en mal d'expériences légères ou rafraîchissantes. Mais au-delà de ses qualités, c'est aussi surtout le pari pris par Electronic Arts qui a permis au jeu de prendre beaucoup de lumière ces derniers temps car le jeu est proposé gratuitement et dans son intégralité pour une période de 10 jours. Une manière imparable de s'assurer des ventes solides lors du passage au modèle payant ?
Tout pour être accessible
Après une phase de bêta plutôt bien accueillie par celles et ceux qui s'y étaient essayés, Knockout City, développé par les studios Velan, est sorti en version finale sur PC, PS4, Xbox One et Nintendo Switch. Vous proposant de prendre part à des affrontements en ligne opposant deux équipes de trois joueurs, Knockout City décline une version bien particulière de la balle au prisonnier tout en conservant ce qui en fait l'essence : toucher les adversaires en leur lançant un ballon, obtenir ainsi dix points et au final gagner deux manches pour être déclaré vainqueur. Récompensé par la note de 15/20 dans nos colonnes, ce nouveau jeu multijoueur remporte un vrai succès critique et public. Il faut reconnaître que le jeu est taillé pour séduire : immédiatement accessible, fun, coloré pour séduire un public large, mais un gameplay basé sur l'esquive et sur la coopération pour faire de l'oeil aux amateurs d'expériences un peu plus pointues.
Immédiatement proposé en cross-plateforme et favorisant très largement la création de clans pour jouer facilement avec vos amis, Knockout City semble avoir pensé à tout pour rendre la plongée en jeu immédiate et peu contraignante. Mais au-delà de ça, Electronic Arts a fait un pari plutôt rare dans le milieu : celui de proposer gratuitement le jeu dans son intégralité à toutes et tous, pour une durée limitée à 10 jours, jusqu'au 30 mai à l'heure où vous lirez ces lignes. À toutes fins utiles, rappelons que, dans le vivier grouillant des abonnements divers et des différentes offres permettant d'obtenir un vaste catalogue à moindre coût, que non, Knockout City n'a pas vocation à être free to play dans l'immédiat. Cependant, le titre de Velan faisant partie du programme EA Play, il est disponible dans le Gamepass si toutefois vous y avez souscrit. En outre, vous n'aurez pas à vous acquitter de la somme de 19,99€ au terme de la période d'essai gratuite si vous êtes membres premium d'EA Play.
Ce n'est en tout les cas pas la première fois qu'Electronic Arts chasse sur le terrain du multijoueur compétitif et cherche à appâter le public en mettant en avant la gratuité. Son principal coup d'éclat était sans aucun doute Apex Legends. Toujours aussi populaire, le Battle Royale avait marqué son époque autant pour le vent de fraîcheur qu'il apportait à un genre de plus en plus en mal d'innovation, mais aussi et surtout grâce à son modèle free-to-play permanent. Si l'on pouvait voir à l'époque une opportunité pour EA de remettre la lumière sur son catalogue, de faire installer Origin aux joueurs PC avant la sortie d'Anthem, force est de constater que la technique a fonctionné et largement contribué au succès du jeu. Apex Legends est un jeu aux qualités multiples, gratuit et au modèle économique équitable, qui est parvenu à se trouver une place de choix dans le monde sans pitié du Battle Royale. Mais cet exploit pourrait-il être reproduit par Knockout City qui lui, deviendra prochainement payant ? Pas nécessairement.
Un environnement favorable à l'achat
Si vous jetez un bref coup d'oeil sans trop vous y intéresser à ce nouveau jeu compétitif, vous pourriez légitimement y voir une filiation avec l'indéboulonnable Fornite. Direction artistique criarde et cartoon, commandes en un certain sens similaires... la poule aux œufs d'or d'Epic Games est passée par là et son influence se fait sentir dans la proposition au moins visuelle de Knockout City. Par ailleurs, c'est un pari sur le long terme qu'entend évidemment faire Electronic Arts. En mettant un place un système de saison, comme c'est désormais la coutume dans les jeux compétitifs, Knockout City va chercher à rester sur le devant de l'actualité, essayer de concurrencer les mastodontes du genre et pourquoi pas jeter un œil du côté de l'e-sport.
Alors, proposer un jeu avec ce type d'ambition totalement gratuitement pendant 10 jours, délai largement suffisant pour que le public puisse s'en faire une idée, est assurément un bon moyen de se garantir des ventes lorsque la période gratuite arrivera à expiration. Si le constat est moins valable pour les jeux solos, qui, comme nous vous en parlions dans cet article, sont plus difficiles à vendre au plus grand nombre dans le cadre d'une version d'essai, le jeu multijoueur est un excellent candidat à la gratuité sur de courtes périodes. Comme nous l'évoquions un peu plus haut, entrer dans l'univers de Knockout City n'est en aucun cas compliqué. Inviter des amis dans son clan ne prend que quelques clics et les joueurs n'auront pas à se préoccuper de la plate-forme sur laquelle leurs partenaires de jeu ont installé le titre de Velan, puisque le cross-plateforme est directement proposé. Pour peu que l'expérience donne satisfaction aux joueurs, et qu'ils progressent suffisamment pour obtenir des récompenses en jeu, récompenses qui créent de l'engagement et qui seront conservées une fois la période de gratuité finie, la vente du jeu est quasiment garantie. Difficile effectivement si les moyens le permettent, de refuser de poursuivre une expérience collective fun et immédiate, proposée à 19,99€ et que l'on commence tout juste à maîtriser.
Car au-delà de ces considérations, la performance dans un jeu compétitif en multijoueur ne vient qu'avec la pratique, et une dizaine de jours laisse le temps au joueur de devenir suffisamment performant dans la pratique du jeu pour apprécier ses aspects les plus techniques et donc, vouloir perfectionner la leur sur le long terme.
Des signaux free-to-play dissuasifs ?
Mais malgré tout, le boost des ventes suite à cette période gratuite n'est pas pour autant gravé dans le marbre. Bien entendu, le public qui ne s'amusera que peu au cours de ces 10 jours ne sera évidemment pas converti en clients, mais la difficulté ne réside pas forcément là, elle se niche plutôt dans les signaux qu’envoi Knockout City dans l'écosystème du jeu multijoueur compétitif. Presque tous les codes du jeu gratuit y sont présents. Nous les avons évoqués un peu plus haut : univers familial fortement inspiré de Fortnite, système de saison, boutique intégrée pour personnaliser son avatar, parties rapides et principe simple... autant de références que l'on trouve naturellement dans pléthore de free-to-play. Une fois la période d'essai arrivée à son terme, à la lumière de ces codes, il est tout à fait probable que les personnes ayant raté les 10 jours gratuits n'aient pas nécessairement l'envie de dépenser une vingtaine d'euros dans un jeu dont ils pourraient penser trouver l'équivalent gratuitement ailleurs.
En outre, Apex Legends qui, en apparence du moins, avait une présence plus « premium » aux yeux des joueurs, est resté gratuit depuis son lancement. Le fait de lancer en version définitive un jeu comme Knockout City, qui renvoie une fois encore aux codes du free to play, pour par la suite le passer en payant peut rester assez déceptif et finalement dissuader les joueurs de même s'y essayer.
Pour contrer cet effet pervers susceptible de se produire, il faudra à Knockout City une vraie capacité de renouvellement, un engouement populaire important (la présence dans le Xbox Game Pass devrait aider à cela) et une proposition forte autant pour persister dans le monde impitoyable du jeu multijoueur compétitif que pour convaincre le plus grand nombre de passer à l'achat en dépit des signaux laissant à penser qu'il s'agit d'un jeu gratuit. Quoi qu'il arrive, l'issue de cette période gratuite déclenchera sans doute de nombreuses ventes, mais seront-elles à la hauteur des espoirs placés en Knockout City ? L'avenir nous le dira.