Nichée entre une boutique de vêtements au rideau de fer tiré et une épicerie fine qui embaume la rue, une librairie du sud de Paris profite de son statut de rescapé de la culture. Contrairement aux théâtres, cabarets et autres salles de spectacles, cette petite échoppe indépendante conserve son rôle de pourvoyeur de savoir en temps de crise sanitaire. À mi-chemin entre les grandes œuvres de Proust et les romans de gare de Musso, un chapelet de bouquins à la couverture impeccable. Le grammage du papier est généreux, le contenu aussi ; le fond et la forme sont là. Dark Souls, Zelda, L’Histoire de la Gameboy, L’Art du Pixel… “Ça se vend bien, il y a un public pour ce genre de bouquins", nous affirme le gérant de la boutique. La culture vidéoludique a envahi nos librairies et n’a pas de quoi rougir ; elle y a trouvé sa place.
Des trésors d’une rare profondeur
En fouillant parmi tous ces ouvrages, on comprend rapidement qu’ils ne sont pas le fait de grands pontes de l’édition. Aucune filiale de Lagardère Publishing en vue, Hachette n’a pas sa place au milieu d’une ribambelle d’éditeurs indépendants tels que Pix’n Love, Third Editions, Omaké Books, Geeks-Line ou encore Mana Books. Chacune de ces maisons possède ses propres collections, naviguant entre des livres copieux, faisant souvent autorité sur des licences ou sujets précis, et des mooks au ton plus léger. Qu’importe la paroisse, une passion commune anime tout ce petit monde : donner la parole à des auteurs amoureux et célébrer le jeu vidéo.
Des ouvrages tels que L'Histoire de Nintendo (Omaké Books), nous donnent de quoi bomber le torse : la France bénéficie de publications fascinantes et richement documentées. Dans son quatrième volume, consacré à la Gameboy, Florent Gorges est allé jusqu’au Japon pour glaner une myriade d’informations inédites sur la légendaire portable de Nintendo. On y apprend ainsi les détails d’une relation conflictuelle entre son père officiel, Gunpei Yokoi, et Satoru Okada, autre ingénieur de la firme nippone. Un travail de fond que l’on retrouve dans une foule de livres, à l’image de L'Œuvre de Peter Molyneux. Les trois (vis)âges d'un créateur de Raphaël Lucas (Third Editions). Façonné au fil des entretiens avec le papa de Populous, Fable ou Black & White, ce livre regorge d’informations jusqu’alors inconnues.
Les œuvres originales sont légion, mais les éditeurs français s’évertuent également à proposer des versions traduites de publications étrangères à succès. C’est notamment la spécialité de Mana Books, “éditeur connecté” et responsable de l’importation d’une large quantité de romans et produits dérivés officiels dans l’Hexagone. L'artbook du jeu God of War est par exemple à mettre au compte de cette petite société comptant une poignée d’employés. Un complément qui termine de faire de l’offre française l’une des plus riches et pertinentes du monde.
L’exception culturelle française
Cette offre abondante est-elle le fruit d’une passion française ou plus généralement d’une tendance européenne ? Si les librairies allemandes, espagnoles ou encore italiennes proposent elles aussi quelques références, il faut bien reconnaître que leur nombre est bien plus restreint. Traduction d'œuvres officielles pour beaucoup, seule une maigre frange de bouquins s’avère des productions originales. Leurs éditeurs sont par ailleurs bien loin de se spécialiser dans le domaine du jeu vidéo, à l’image de l’allemand Tokyopop qui semble avant tout occupé par les mangas. Surprise, au détour des rayons espagnols, nous retrouvons “L’Histoire de Nintendo”, ou plutôt “La Historia de Nintendo”, ici édité par Heroes de Papel ; l’une des rares maisons d’édition européenne installée sur le même créneau que nos nombreux indépendants français. Selon Florent Gorges, directeur d’Omaké Books, une partie de ses homologues européens auraient justement pris exemple sur le modèle hexagonal.
(Toutes ces publications) créent une exception culturelle française qui a fait beaucoup parler. Beaucoup d’américains et d’européens disaient "pourquoi vous ne traduisez pas vos bouquins ?". Ils ont pensé "si ça marche en France, il n’y a pas de raisons pour que ça ne marche pas chez nous". On a vu pulluler quelques années plus tard des maisons d’édition qui reprenaient le même format, que ce soit Heroes de Papel ou un éditeur en Russie, The White Label, qui ne traite que le jeu vidéo. Ça a essaimé pas mal. – Florent Gorges, co-fondateur de Pix’n Love et fondateur d’Omaké Books.
Privilégiée, la France se révèle une excellente élève et aucun de ses voisins européens ne paraît lui arriver à la cheville. Comment expliquer cette formidable offre française ? Notre beau pays aurait-il une appétence supérieure pour les jeux vidéo ? Sur le plan purement statistique, notre marché vidéoludique n’est pourtant que troisième du continent européen selon Newzoo, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. La réponse se cacherait-elle dans une relation passionnée avec la manette ? Plus que de simples loisirs, que de bêtes objets de consommation, les consoles de jeu et leur histoire jouissent d’une aura unique auprès du public français. NES, Master System, PC Engine, Neo Geo… Autant de machines que nous avons eu la chance de voir largement distribuées chez nous, contrairement à certains de nos voisins.
Une vague d’entrepreneurs français
L’amour du public francophone pour ces œuvres est réel, mais ne suffit pas à expliquer l’importance de l’offre locale. Pour Florent Gorges, l’une des clés de cette énigme serait l’éclatement de l’un des premiers acteurs, Pix’n Love. Cette maison d’édition qu’il a fondée en 2007 en compagnie de deux associés, Marc Pétronille et Sébastien Mirc, se présentait comme la première à publier exclusivement des ouvrages sur le jeu vidéo. Malheureusement, quelques années plus tard, les relations se tendent et malgré de bonnes ventes, l’écosystème se délite. Florent Gorges part en premier pour fonder Omaké Books en 2010, suivi quelques années plus tard par d'anciens camarades qui créent Geeks-Line en 2013 ou encore Third Editions en 2015. Parallèlement, de nouveaux venus indépendants à cette "fuite des cerveaux" donnent naissance à Ynnis Editions et Mana Books, respectivement en 2013 et 2017. En tout juste une décennie, la liste s’est considérablement allongée, rendant le marché de plus en plus concurrentiel.
Il n’y aurait dû y avoir que Pix’n Love à la base et peut-être un autre concurrent. (…) Tout le monde est parti en créant sa propre boîte et Pix est resté, mais ça a éclaté le marché. C’est un peu dommage. – Florent Gorges.
Quid des mastodontes de l’édition ? Nous l’avons évoqué plus tôt, Hachette n’a pas sa place dans les rayons dédiés à la culture geek. Un rendez-vous manqué par ces multinationales qui, d’habitude si clairvoyantes, n’ont pas su prévoir la demande du public francophone pour ces ouvrages. C’est justement ce manque d’intérêt qui a poussé les fondateurs de Pix’n Love à jouer les aventuriers précurseurs. Un marché de niche qui se retrouve aujourd’hui entre les mains d’anciens journalistes et autres experts venus de l’industrie vidéoludique ; la garantie d’une véritable exigence.
En France, je pense qu’on a été les premiers à prendre le risque de publier des bouquins sur le jeu vidéo de façon un peu massive. Quand on a monté Pix’n Love, on ne s’est pas dit tout de suite "tiens, on va monter une maison d’édition". Comme n’importe quel auteur, j’ai d’abord cherché un éditeur. Ceux que j’ai rencontrés m’ont tous dit : « Ça a l’air intéressant votre truc, mais les gamers ne savent pas lire. On ne va pas en vendre, donc non, merci ». J’essuyais constamment des refus et je pense que c’est la même chose dans les autres pays. – Florent Gorges.
« Quand les américains écoulent 5 000 exemplaires, c’est un échec, pour nous, c’est un succès »
N’ayons pas peur de briser le mythe, malgré un volume d’édition qui pourrait laisser penser le contraire, publier des livres consacrés à la culture vidéoludique n’a rien d’un El Dorado. La première raison est une évidence froide : l’Europe ne compte que 67,5 millions de francophones. À l’inverse, une maison d’édition américaine pourrait compter sur un public cible quasiment cinq fois supérieur en nombre, rien que sur le marché local. Ajoutez à cela le Canada, l’Angleterre et votre retour sur investissement potentiel s’annonce déjà bien plus intéressant. Bien loin de garantir des ventes faramineuses, la puissance du marché hexagonal permet toutefois d’atteindre une forme d’équilibre. Il faut pour cela savoir jongler entre publications prestigieuses, parfois confidentielles, et best-sellers portant sur des licences en vogue. Florent Gorges le sait bien, le public en partie élitiste qui dévore les créations d’Omaké Books lapidera sans hésitation un petit format consacré à Minecraft. Qu’importe, c’est un lectorat qu’il serait arrogant de dénigrer et les recettes engendrées permettent de financer l’écriture d’ouvrages portant sur des sujets plus confidentiels, tels que Aux origines de Castlevania Symphony of the Night de Raphaël Lucas.
On équilibre les produits de niche et les produits très vendeurs et on établit notre catalogue de façon à contenter tout le monde, en évitant de se mettre trop en danger. Ça peut paraître absurde, mais on n’a jamais fait la moindre étude de marché. On connait notre marché, on sait très bien qu’un Aux origines de Castlevania : Symphony of the Night, ça va être 2 000 exemplaires maximum ! – Florent Gorges.
Grâce à cette excellente connaissance du lectorat, les surprises, bonnes ou mauvaises, ne sont que peu nombreuses. La sacro-sainte courbe des ventes est généralement bien évaluée avant même la livraison du manuscrit final. Le nombre de tirages est prévu en conséquence. Quelques milliers tout au plus, les ventes ne sont pas dignes du dernier Marc Levy, mais suffisent à faire vivre ces maisons employant trois ou quatre salariés à temps plein.
« Une Bible pour les fans hardcore de Halo »
Tous ces éditeurs font preuve d’une productivité étonnante au regard de leur envergure de TPE. Ce sont chaque année des dizaines de nouveaux livres qui envahissent les rayons des librairies, portés par des écrivains prolifiques et passionnés. Là encore, n’ayons pas peur de le dire, un auteur ne fera pas fortune avec deux ou trois mille exemplaires vendus. Qui se cache derrière ces noms placés en haut des couvertures glacées ? Il s’agit la plupart du temps de journalistes venus de la presse écrite, prêts à consacrer de nombreux mois de leur vie à la rédaction d’un épais bouquin, heureux de pouvoir s’affranchir des contraintes inhérentes aux médias. Loïc Ralet, alias Epyon, est l’un d’entre eux. Ancien de Jeuxvideo.com, ce féru de la saga Halo s’est un jour retrouvé au beau milieu d’une discussion impliquant Mehdi El Kanafi, co-fondateur de Third Editions. Au détour de ce qui n’était en apparence qu’une blague, le projet d’un livre sur la franchise créée par Bungie est mis sur les rails.
Puisque j’étais un gros fan de Bungie et de Halo, depuis 2006 ou 2007, j’archivais tout ce qui concernait le studio ou les jeux. J’avais une base de données énorme d’articles de presse, c’était une mine d’or en termes de documentation.
Un jour, il y a eu une conversation Twitter dans laquelle il y avait Medhi (El Kanafi) de Third Editions et quelqu’un a fait une blague en disant : « Epyon, un bouquin sur Halo, ce serait trop bien ». Je vois passer ça, je vois qu’il y a Medhi dans la conversation, donc je réponds que je serais intéressé. Finalement, Medhi me répond quelque chose comme « Chiche ! » avec un petit smiley. Ça a commencé comme ça. – Loïc Ralet, auteur de "Halo : Le space opera selon Bungie".
Après un rapide entretien sur un stand de la Japan Expo, le projet est mis en branle et la grande aventure de la rédaction commence. Début août 2017, le contrat est signé et comprend une date butoir : le 1er septembre 2018. Douze mois pour écrire un ouvrage de référence, tout en conservant un emploi de journaliste à plein temps chez Jeuxvideo.com, la tâche s’annonce ardue. La première déconvenue ne tarde pas à s’inviter lorsque l’intéressé perd l’ensemble des données de son disque dur durant un violent orage. Ses dix années de documentation, cette mine d’or censée abreuver son écrit, disparaissent pour de bon. Pas de temps à perdre, Loïc passe cinq mois à rassembler tout ce travail perdu. Un mal nécessaire, car l’ambition est grande : créer "une Bible pour les fans hardcore de Halo".
Je passe mon temps à lire des bouquins sur le jeu vidéo. Il y a plein de livres qui m’ont rendu accroc, mais à la fin de la lecture, je me disais que je n’en avais pas eu assez. J’aurais voulu que ce soit plus long, en savoir plus. Quand je commence à écrire sur Halo, je veux créer le bouquin qui, moi en tant que fan hardcore de Halo, deviendrait ma Bible, mon livre de chevet que je recommanderais à tout le monde. – Loïc Ralet.
« Il faut avoir la passion pour son sujet pour accepter de bosser aussi dur »
Durant plus d’un an, Loïc passe ses soirées et ses week-ends à écrire sur une série vidéoludique qu’il adule. Il a rendez-vous tous les trimestres avec les responsables de Third Editions pour les informer de l’avancée des travaux et rapidement, une évidence se dessine : le nombre de pages sera conséquent. Loquace, jamais avare de mots dans ses publications, le journaliste s’en donne à cœur joie et contacte les éminentes personnalités à l’origine de la série Halo. Martin O'Donnell, Marcus Lehto et de nombreux autres répondent à son appel, lui fournissant une foule d’informations inédites sur la grande histoire de Bungie. Une quête ardente transformée en sacerdoce pour celui qui nous confie avoir pris beaucoup de plaisir, malgré la charge colossale de travail.
Je rentrais chez moi, il était 19h30, je faisais un petit break. Après je bossais de 20h30 à 3h du matin, parfois plus. J’ai fait ça pendant un an. Le week-end, je me levais à 8h et je bossais jusqu’à 2h ou 3h du matin. Je me souviens avoir pris une semaine de vacances chez Jeuxvideo.com pour rester à la maison et ne faire que bosser sur mon bouquin. – Loïc Ralet.
Avec quelques semaines de retard, Loïc Ralet livre son manuscrit définitif en octobre 2018 avec un certain soulagement. Dans Halo : Le space opera selon Bungie, 424 pages racontant la création de Bungie, la genèse du projet Halo, son univers et son gameplay. Un bel objet, son premier ouvrage, qu’il retrouve en librairie et qui rencontrera son public. Une aventure humaine plus qu’un succès financier pour son auteur qui ne perçoit les retombées sonnantes et trébuchantes que comme un simple "complément de salaire". « Il faut avoir la passion pour son sujet pour accepter de bosser aussi dur, aussi longtemps, et pour des retombées financières finalement maigres », admet-il. Il demeure que, trois ans après cette course contre la montre, Loïc Ralet a repris son souffle et songe à récidiver.
Je ne dis pas non (à l’écriture d’un nouvel ouvrage). (…) Mon livre s’est arrêté à 2011, au moment où il y a officiellement la passation de pouvoirs entre Bungie et 343 Industries. Ce serait intéressant de faire la suite et de partir sur Halo 4, Halo Wars 2, Halo 5 et tout ce qui est sorti à côté, les comics, les romans… Mais ce serait compliqué parce que cette série est encore en cours et que la licence est très importante pour Microsoft. (…) Une autre idée serait de se concentrer sur Destiny, pour continuer à écrire sur Bungie. – Loïc Ralet.
L’ère du "tout collector"
Le choc entre la magie des librairies et la réalité des maisons d’édition est saisissant. Pour toutes ces entreprises et tous ces auteurs, s’attaquer à d’autres phénomènes culturels serait plus rentable, mais la passion agit comme une boussole. Reste que la pérennité de ces affaires passe par une forme de rationalisation. L’offre pléthorique qui ravi tant de lecteurs français ne fait pas sourire tout le monde et les éditeurs doivent maîtriser leur production. Peu d’essais philosophiques sur les enjeux du jeu vidéo moderne, comme nous pouvons en voir tant au rayon cinéma, ce sont avant tout les livres consacrés à des licences et consoles précises qui intéressent le public.
En France, il y a trop d’offre par rapport à la demande. Beaucoup de personnes se font des idées en pensant qu’un livre se vend en moyenne à 10 000, 20 000, 30 000 exemplaires. Non, c’est souvent moins de 3 000 exemplaires. C’est tout petit comme marché. Le marché a grossi par rapport à ce qu’il était il y a quinze ans, mais il y a tellement d’offres qu’aujourd’hui, tout ne se vend pas. – Florent Gorges, co-fondateur de Pix’n Love et fondateur d’Omaké Books.
Pour préserver l’intérêt du public, cette niche s’est trouvée quelques leviers supplémentaires au fil des années. Pix’n Love a par exemple mis à contribution le talent de ses maquettistes pour produire des éditions physiques de jeux indépendants, ou plus simplement des collectors de titres lancés uniquement en version simple. On y retrouve notamment les jeux signés SNK, Shenmue 3 ou Resident Evil 2. Mieux encore, la trouvaille adoptée par tous les acteurs de ce milieu : les ouvrages en édition collector. Généralement accompagnés d’un luxueux fourreau, d’un certificat d’authenticité, de lithographies et autres suppléments, ils sont produits en tirage limité. Un argument de poids pour les consommateurs qui, comme nous le révèle Florent Gorges, se tournent plus volontiers vers ces éditions sensiblement plus onéreuses.
Je vais révéler un secret de polichinelle, mais il y a parfois des bouquins qui se vendent plus en collector qu’en version normale. Ce qui fait que la version normale est en réalité plus rare que la version collector. – Florent Gorges.
Un patrimoine à rassembler
Après cette rapide plongée dans les arcanes du livre geek, on ne peut que se réjouir de l’exceptionnelle qualité du vivier hexagonal. Bien loin de représenter une manne financière miraculeuse, ces ouvrages viennent documenter une culture partagée par des millions de français. Etudier l’histoire de l’industrie vidéoludique et interroger ses faiseurs "tant qu’il est encore temps" font partie des missions que se fixent Pix’n Love, Omaké Books, Third Editions et tant d’autres. Un travail d’utilité publique ? Florent Gorges assume cette vision pour laquelle il se bat depuis de nombreuses années.
Clairement, c’est d’utilité publique. À ceux qui diront que ça peut paraître prétentieux, je leur répondrai de se pencher sur le cinéma. On a attendu quasiment soixante ans avant de se dire qu’il fallait étudier le cinéma, sauf que les frères Lumière étaient déjà morts. On n’a jamais récupéré leur témoignage. Il y a encore des bobines, mais personne n’a posé la moindre question aux frères Lumière, il n’y a pas d’interviews.
On est parti du constat qu’il y a quinze ans, le jeu vidéo avait déjà 30, 35 ans et on s’est dit qu’il ne fallait pas attendre. Le jeu vidéo, c’est de la sous-culture pour beaucoup de gens, mais le cinéma a vécu exactement la même chose. (…) Aujourd’hui, tous les historiens du cinéma regrettent que leurs prédécesseurs n’aient pas pris le temps de faire ce travail de documentation et beaucoup de choses sont perdues. Notre mission est donc d’aller voir les créateurs qui sont encore en vie, qui vieillissent, certains commencent à mourir, et les sociétés. Tous ces gens qui sont à la retraite aujourd’hui, je leur souhaite une longue vie, mais on ne sait pas ce qui peut leur arriver. Un jour il sera trop tard. C’est bien de faire ce travail. Donc d’utilité publique, ça peut paraître prétentieux, mais je m’en moque. Je sais que dans quelques années, les gens diront "heureusement qu’ils étaient là". – Florent Gorges.
Tant qu’il y aura des auteurs passionnés, ces livres continueront à nourrir les archives de la grande histoire du jeu vidéo. Plus que n’importe quel pays du monde, la France profite du travail de "ce petit marché de niche" qui rapporte peu à ses acteurs, mais beaucoup au patrimoine vidéoludique. Alors ne boudons pas notre plaisir, lisons ces livres que le monde entier nous envie ! Aujourd’hui, le jeu vidéo a toute sa place dans les librairies et c’est un honneur qu'il faut rendre à ces acharnés du papier qui ne ménagent ni leur temps, ni leurs efforts.