Chaque semaine, l’actualité Sony bat son plein. Suite à l’enquête de Jason Schreier, la société japonaise a pris la parole pour évoquer le développement de nombreux jeux en interne ainsi que chez différents partenaires, dont la moitié sont de nouvelles licences. En parallèle, la PS5 fait toujours les frais de la pénurie. Mais Sony garde le cap. On vous dit tout ce qu'il faut savoir sur sa stratégie.
Pas de temps mort sur la planète Sony. Dans le dernier épisode, une enquête du journaliste Jason Schreier mettait en lumière l’obsession de la firme japonaise à l’égard des triples-A, ainsi qu’une certaine frilosité quant au développement de nouvelles licences (du moins en interne) et l’émergence de studios clés au sein de PlayStation. Une frilosité qui a notamment eu raison de Days Gone 2, suite supposée du survival horror en monde ouvert de Bend Studios, jugée comme une option risquée malgré un premier opus rentable. Mais aussi du Visuals Arts Service Group, équipe de soutien chez Sony qui s’est heurtée à la prudence voire à l’indifférence de la société, au moment d’affirmer ses ambitions et de vouloir prendre davantage d’ampleur.
Aujourd’hui, comme pour renvoyer la balle après le papier de Schreier, Sony affirme que sur les 25 productions actuellement en développement en interne et chez différents partenaires, près de la moitié sont de nouvelles licences. C’est Hermen Hulst, à la tête des PlayStation Studios, qui a lâché l’info chez Wired, affirmant qu’il existe “une quantité incroyable (de jeux) variés provenant de différentes régions” dont des titres “grands, petits, et de genres différents”. Une déclaration qui renvoie évidemment aux projets des studios first-party de la firme (God of War : Ragnarok chez Santa Monica, Horizon : Forbidden West du côté de Guerilla). Mais aussi aux récents partenariats noués avec des équipes externes, dont Firewalk Studios et Haven. Le premier donnera naissance à un triple-A multi exclusif. Le second, à un nouveau jeu PlayStation.
Objectif 14,8 millions
Car pour faire en sorte que “la génération PS5 ait plus de logiciels dédiés que jamais”, comme le souhaite le PDG de Sony Interactive Entertainment Jim Ryan, la société mise sur des collaborations externes. Derniers exemples en date : Returnal, jeu d’action / science-fiction développé par Housemarque, et Destruction AllStars, des britanniques de Lucid Games, réservés à la dernière PlayStation. Et les exclusivités consoles - seulement chez Sony et sur PC - ne sont pas non plus en reste, avec parfois des sorties à la fois PS4 et PS5. Ces deux titres, en marge d’autres projets exclusifs confiés en externe (comme Sackboy : A Big Adventure) dessinent un catalogue plus varié chez Sony. Une perspective bienvenue, surtout après le démantèlement de Japan Studio, ancienne “caution arty” de PlayStation.
Nous comptons continuer d'investir dans les partenariats avec des studios externes, en plus d'investissements agressifs dans nos studios internes - Hiroki Totoki, directeur financier de Sony Interactive Entertainment, à l’annonce d’une hausse du budget pour le catalogue de la firme
Un catalogue de jeux capital pour atteindre les objectifs fixés. Avec près de 8 millions de PS5 distribuées dans le monde entre la mi-novembre et fin mars dernier (plus gros lancement de l’histoire), Sony se donne jusqu’à mars 2022 pour atteindre les 14,8 millions. Un but plus ambitieux que les résultats de la PS4 lors de sa seconde année fiscale. Mais il y a un hic : la pénurie. Sur ce point, Sony, comme les autres constructeurs, n’est pas sorti de l’auberge, même si Jim Ryan se veut rassurant. “Nous espérons voir un retour à la normale en termes d'équilibre entre l'offre et la demande (dans la seconde moitié de l’année, ndlr)” affirme le PDG, chez Wired. Un optimisme que ne partage pas Hiroki Totoki, directeur financier pour la société, qui estime que la situation devrait seulement se rétablir en 2022. D'autres sources penchent aussi pour ce scénario.
Sackboy : A Big Adventure - Sackboy fait son grand retour
Focus jeux et services
Pour PlayStation, l’enjeu est décisif : plus il y aura de PS5 vendues dans le monde, plus il y aura de joueurs susceptibles de dépenser de l’argent dans des jeux et des services. Nous l’avons appris en début d’année, Sony vend sa console à perte : le prix de production pour chaque exemplaire commercialisé est plus haut que celui de vente public. Une pratique courante, surtout au moment de sortir une nouvelle machine, et qui porte généralement ses fruits, dans la mesure où le tarif des composants baisse naturellement. Mais à cause de la pénurie, ce tarif augmente. Un détail qui n’était pas prévu au moment de fixer le prix de la PS5.
Avec cette situation inédite, Sony doit capitaliser encore plus sur les jeux et les services qu’en temps normal. Et si son catalogue semble être en bonne voie, la firme ne semble pas non plus négliger l’offre globale de l’écosystème PlayStation. À commencer par le PS Now, son offre par abonnement qui donne accès à tout un tas de jeux PS2, PS3 et PS4. Même s’il fait pâle figure face à Xbox Game Pass et ses 18 millions d’abonnés (à peine 2 millions chez Sony), le service a enfin accueilli le 1080p pour les jeux en streaming, et fera sans aucun doute partie du cloud gaming “unique et seulement sur PlayStation” évoqué par Jim Ryan, en avril. Pas plus de détails pour l’instant, mais ce qui est sûr, c’est que la société a les ressources pour surprendre. Il y a peu, elle officialisait le PlayStation Plus Video Pass, qui permettra à terme aux abonnés PS Plus de profiter de films et séries Sony Pictures sans frais supplémentaires. Sans oublier le récent accord avec Discord, afin d’amener la célèbre plateforme sur PS4 et PS5 d’ici l’année prochaine. Deux annonces que l'on n'avait pas vu venir.
C’est toujours un privilège de travailler avec d’excellents partenaires pour offrir de nouvelles expériences à nos fans, et nous aurons plus à partager dans les mois à venir - Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment, à l’annonce du partenariat avec Discord
Jeux exclusifs et services, tout en essayant bien sûr de ne pas trop souffrir de la pénurie, voilà donc la route choisie par Sony et PlayStation pour les prochains mois. Et malgré les problèmes d’approvisionnement, la société a signé une année 2020-2021 record, avec plus de 2 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires par rapport à l’année dernière. Une réussite qu’elle doit bien sûr à ses 114 millions de PS4 à travers le monde, mais aussi aux utilisateurs de PS5, qui auraient passé 81% de temps en plus sur la console nouvelle génération que sur l’ancienne PlayStation, au moment du lancement. Une hausse très certainement liée à la crise du Covid-19, du moins en partie. Un exemple des “impacts positifs” de la pandémie sur le monde du jeu vidéo.