Six Days in Fallujah est l'un de ces jeux qui sont des "arlésiennes" : depuis 2009, le titre a été repoussé et annulé, mais il devait finalement sortir cette année. Un groupe de défense des droits civiques des musulmans vient de monter au créneau pour demander à Sony, Microsoft et Valve de retirer le jeu de leur catalogue, avant même qu'il ne soit sorti.
Fallujah, la cité des Mosquées, est une ville d'Irak qui fut le théâtre d'un des affrontements les plus meurtriers (plus de 100 morts chez la coalition américano-anglo-irakienne, plus de 2100 morts chez la coalition formée par Al-Qaida et ses alliés, quand les estimations des civils morts vont de 470 à 6000 morts) de la guerre en Irak, durant les mois de décembre et novembre 2004. De nombreux articles de presse, des médecins présents sur place et des ONG avaient dénoncé l'utilisation par l'armée américaine de phosphore blanc au cours de la bataille. Voilà pourquoi Konami avait abandonné le projet de sortir le jeu Six Days in Fallujah en 2009, qui devait être développé par Atomic Games.
Mais le studio Highwire Games et l'éditeur Victura, avaient confirmé en février 2021 que le titre était en développement et sortirait cette année sur PC et consoles. Le studio souhaitait proposer une expérience qu'il disait "authentique", ayant collaboré avec les Marines, mais aussi des civils irakiens. Aujourd'hui, c'est le CAIR, Council on American-Islamic Relations, un groupe de défense des droits civiques des musulmans, qui dénonce le contenu du jeu. Le porte-parole du CAIR, Huzaifa Shahbaz déclare :
L'industrie vidéoludique doit arrêter de déshumaniser les musulmans. Des jeux vidéo comme Six Days in Fallujah ne servent qu'à glorifier la violence qui a pris la vie de centaines de civils irakiens, justifier la guerre en Irak et renforcer les convictions anti-musulmanes à une époque où le sectarisme anti-musulman continue de menacer des vies humaines.
Nous appelons Microsoft, Sony et Valve à interdire à leurs plateformes d'héberger Six Days in Fallujah.
Selon le CAIR, le jeu ne serait qu'un "simulateur de meurtres d'Arabes". Récemment, la journaliste Rebekah Valentin publiait un article chez IGN montrant la douleur que le jeu pourrait faire remonter chez ceux qui l'ont vécu, ou y sont liés. Récemment, l'Etat Turc s'est lui aussi intéressé au jeu, déclarant "Six Days in Fallujah révèle le problème de l'islamophobie dans l'industrie du jeu vidéo". Le patron de Victura avait été forcé de rappeler que le jeu ne serait pas une "déclaration politique", mais qu'il s'agirait d'un jeu de tir avec des "segments documentaires comprenant des témoignages de soldats et de civils", relatant des événements "inséparables de la politique".
Nul doute que Six Days in Fallujah continuera de faire couler beaucoup d'encre. Si pour l'instant aucune annonce n'a été faite quant au fait de retirer le jeu des catalogues de Sony, Microsoft et Valve, il n'est toujours pas certain que ce jeu, annoncé pour cette année, sortira bel et bien.
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