Les services d’abonnement sont désormais une manne financière pour les éditeurs. Au même titre que le Xbox Game Pass et le PlayStation Plus, et même si c’est à une plus petite échelle, Nintendo propose aussi un catalogue de jeux à télécharger. Pour le moment, l’offre se limite à la Super Nintendo et la NES mais la firme japonaise élargira peut-être ce service à d’autres de ses machines à l’avenir. En attendant que ce soit le cas, voilà une sélection de jeux NES à découvrir ou redécouvrir absolument. De grands classiques de l’ère 8-bits qui plairont aux petits comme aux grands. Prêts à ouvrir une page d’histoire ?
SUPER MARIO BROS. (1985)
40 ans et toutes ses dents ! À l’image de votre serviteur, le célèbre moustachu est né il y a quasiment quatre décennies ! Si son charisme fait toujours l’objet de débats, il n’en demeure pas moins LE personnage incontournable de l’industrie du jeu vidéo. À l’époque, Shigeru Miyamoto a imaginé ce design comme réponse aux contraintes techniques, d’où la casquette (pas de cheveux à animer) et la moustache (pas de bouche à animer). Cela permettait aussi d’éviter un calcul de pixels trop important. La salopette, quant à elle, a une explication encore plus amusante. Le créateur voulait que le mouvement de la course soit plus visible et il fallait donc une couleur de bras différente de celle du corps. En cherchant un vêtement pouvant correspondre, il est tombé sur la salopette ! C’est ainsi que le personnage, d’abord appelé Mr. Video puis Jumpman s’est peu à peu grimé en un héros bondissant. Le premier Super Mario Bros. (le premier jeu à scrolling sur NES) est une ode à la précision. Chaque parcelle de terrain a été réfléchie, chaque évènement a été soigneusement pesé afin que la difficulté soit progressive. Le premier niveau est enseigné dans toutes les écoles de jeux vidéo et ce n’est pas hasard tant celui-ci est inventif et pédagogique. Quant à l’univers, il vient de l’amour de Miyamoto pour la nature et des mangas de l’époque qui mettaient, très souvent, des décharges dans leurs planches. Le Japonais a alors eu l’idée d’utiliser les tuyaux comme moyens de déplacements. Sorti en 1985, Super Mario Bros. est un titre culte, un indispensable qui aurait pu aller encore plus loin si le duo de génie (Shigeru Miyamoto – Takashi Tezuka) avait gardé toutes ses idées initiales (une monture, Mario qui se déplace sur un nuage, Mario qui utilise un pistolet…). Inoubliable, intemporel, Super Mario Bros. a tout inventé – ou presque – du jeu de plate-forme.
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PUNCH-OUT !! (1987)
En 1983, le jeu de boxe Punch-Out!! débarque en arcade et fait un tel effet que les futurs fondateurs de Naughty Dog, Jason Rubin et Andy Gavin, décident de réaliser une version pour micro-ordinateurs (sans l’autorisation de Nintendo, ils étaient jeunes et n’avaient pas conscience de la propriété intellectuelle). Si le duo a été marqué par Punch-Out !!, c’est pour sa patte artistique unique, son humour et son concept tournant « en dérision » le noble art. Dans sa version originale, Punch-Out !! a un visuel très proche de la version Super Nintendo avec une caméra rapprochée et de gros sprites. Genyo Takeda, créateur du jeu de base, a donc dû ruser pour retranscrire l’œuvre sur NES. La console n’étant pas aussi puissante que la carte d’arcade, le Japonais opte pour de plus petits personnages et une caméra éloignée. L’esprit du jeu et ses personnages, restent inchangés. Aux États-Unis, la première version du jeu sera marquée par la présence de Mike Tyson, nouvelle star de la discipline. C’est Minoru Arakawa, Président de Nintendo of America, qui tombe sous le charme du sportif en assistant à l’un de ses combats. Il va alors contacter la maison-mère japonaise de Nintendo pour demander la signature d’un partenariat d’un athlète. Mike Tyson a ainsi été dessiné puis numérisé comme adversaire final de Little Mac, le jeune boxeur que le joueur incarne. Pendant longtemps, la croyance populaire a voulu que Mike Tyson a été remplacé (par Mr. Dream dans les versions de Punch-Out !! à partir de 1990) pour ses démêlés avec la justice mais il n’en est rien. C’est tout simplement que le contrat s’étalant sur trois ans avait expiré. Punch-Out !! est un jeu génial, très drôle et doté de mécaniques très ingénieuses. Il a vraiment ce charme des « petits » jeux NES mais porte la marque des grands.
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KIRBY’S ADVENTURE (1993)
Née au début des années 1990, la petite boule rose de Nintendo se prénommait initialement… Popopo. À l’époque, le futur créateur de la licence Super Smash Bros. travaille de concert avec Satoru Iwata pour imaginer un jeu de plate-forme à destination de la Game Boy. L’idée de Sakurai consiste à dessiner un personnage que tout le monde peut s’approprier et redessiner à son tour. Sous les traits de son crayon naît un protagoniste rondouillard à l’aspect d’un ballon de baudruche. En s’appuyant sur ce design, le Japonais intègre des mécaniques amusantes : le gonfler d’air pour qu’il s’envole, le faire rebondir, etc. Entre temps, Popopo devient Kirby (en hommage à un avocat américain ayant aidé Nintendo à se démêler avec la justice durant l’affaire Donkey Kong) et rencontre un grand succès à sa sortie. Le personnage gagnant en popularité, Nintendo demande à Sakurai de créer une version NES. Au départ, il est simplement question de créer un portage coloré de la mouture monochrome (enfin verte/gris) mais le développeur veut aller plus loin. Kirby's Adventure est le fruit de cette longue réflexion. Coloré, varié et doté de niveaux ingénieux, le jeu propose de nouvelles mécaniques de gameplay puisqu’il est désormais possible de récupérer le pouvoir des ennemis gobés. Le titre NES donne la couleur définitive au personnage : le rose. Grand classique de la plate-forme, l’œuvre de HAL Laboratory est un indispensable du catalogue NES du Nintendo Switch Online.
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METROID (1986)
Développé pour le Famicom Disk System (une extension permettant de lire des disquettes) au Japon, Metroid est sorti chez nous sous un format cartouche. Conçu par une équipe de créateurs talentueux, le titre s’appuie sur le monde « ouvert » de The Legend of Zelda mais s’imprègne d’un univers beaucoup plus sombre avec un personnage chasseur de primes (ce n’est qu’à la toute fin de l’aventure qu’on découvre qu’il s’agit d’une femme - à condition d'avoir la bonne fin). C’est Yoshio Sakamoto qui va constituer le puzzle de ce qui deviendra la première aventure de Samus Aran. À son arrivée, le projet est embryonnaire mais le staff va parvenir à modeler un monde immersif en puisant dans Mario, Zelda et de nombreuses références du septième art telles qu’Alien de Ridley Scott. Grâce à la maîtrise du musicien Hirokazu Tanaka, le joueur est plongé dans une atmosphère mystérieuse, sombre voire par moments inquiétante. Le développement du jeu est chargé d’anecdotes amusantes, notamment au niveau des noms. Ainsi, l’héroïne s’appelle Samus Aran car Sakamoto voulait rendre hommage à Pelé, le joueur mythique de football, mais le Japonais pensait qu’il se prénommait Sams Arantes do Nascimento (alors que son véritable nom est Edson Arantes do Nascimento). La planète SR388, qui sera utilisée plus tard, tire son nom de la moto de Yamaha, la SR400 (une cylindrée de 388 cm3). Oui, le monde des développeurs est parfois étonnant. Mais Metroid reste une œuvre majeure de la NES et il est impensable de passer à côté de ce bijou d’exploration et d’aventure.
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NINJA GAIDEN / SHADOW WARRIORS (1988)
À la fin des années 1980, la NES reçoit un beau succès en occident et notamment aux États-Unis. Les éditeurs, conscient de l’importance du continent américain, décident de mettre en place des jeux pouvant répondre aux attentes du public occidental. À l’époque, l’univers des ninjas est en vogue et le terme « ninja » est de plus en plus employé. Tecmo décide alors de créer un titre gravitant autour des combattants de l’ombre, à savoir les Shinobi. Excellent de bout en bout, Ninja Gaiden (aussi appelé Shadow Warriors en Europe) s’inspire de Mario pour l’aspect plate-forme et de Castlevania pour ses mécaniques de combat. En plus de son katana et ses shuriken, le héros peut déclencher des sorts et il était même question, à un moment du développement de l’équiper d’un casque pour scanner son environnement. La particularité du jeu réside dans ses cinématiques mêlant images fixes et animées (plus de vingt minutes de cinématiques, une première sur NES). Les musiques de Keiji Yamagishi et Ryuichi Nitta sont d’ailleurs fabuleuses. Assurément un grand jeu !
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THE LEGEND OF ZELDA (1986)
Dans un top dédié à des jeux NES, il paraît invraisemblable de passer à côté du fabuleux The Legend of Zelda. Une nouvelle fois, le duo Shigeru Miyamoto et Takashi Tezuka fait des merveilles en plongeant le joueur dans une aventure en monde ouvert. Alors qu’il réfléchissait à un titre, Miyamoto s’est souvenu du nom de l’épouse de l’auteur américain Francis Scott Fitzgerald. Prénommée Zelda, il a vu en ce nom la représentation d’une femme belle et forte. Pour donner vie à cet univers, le Japonais a tout simplement puisé dans son amour pour la nature et son enfant. Lorsqu’il était petit, il avait l’habitude de se balader en forêt et de profiter des lacs, grottes et villages de sa région du Kansai. Un jour, alors qu’il est en pleine exploration, il découvre l’entrée d’une petite grotte et décide de s’y aventurer, non sans craintes, avec une petite lampe. Ce souvenir marquant va dessiner les contours de The Legend of Zelda. Tout ou presque a été dit sur cet incontournable de la ludothèque NES. Mélange de multiples mythologies, le jeu est un hymne à la découverte et à l’adaptation face à des ennemis toujours plus résistants et futés. Composé de 128 zones, il a notamment été inspiré par le film Legend (encore Ridley Scott, visiblement un réalisateur très apprécié des équipes de Nintendo) et par l’heroic fantasy en général. Encore en 2020, son ingéniosité est impressionnante et passer à côté d’un tel chef d’œuvre serait mettre de coté un pan entier de l’Histoire du jeu vidéo. Chose amusante, il a été mené de front avec Super Mario Bros. et certains éléments qui devaient se retrouver dans l’aventure de Link se sont retrouvés chez Mario – et vice-versa.
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DOUBLE DRAGON (1987)
Emblème du beat’em up, Double Dragon est le pendant occidental du jeu Nekketsu Kōha Kunio-Kun (Renegade chez nous). Conçu par le génial Yoshihisa Kishimoto (l’histoire de la vie de cet homme, ancien délinquant repenti, est hallucinante), le jeu met en scène deux frères, Billy et Jimmy, confrontés au gang des Black Shadows. Pour délivrer Marion, la petite amie de Billy, le duo doit traverser des zones hostiles, vaincre des ennemis de plus en plus forts et s’enfoncer dans la forêt et dans le temple des kidnappeurs. Double Dragon profite d’un gameplay amélioré par rapport aux précédents beat’em up car il est désormais possible de s’emparer des armes des adversaires (bâton, fouet…) ou même récupérer des bidons et autres projectiles. La mouture NES s’en sort vraiment bien. Les thèmes graphiques sont bien retranscrits, les musiques sont dynamiques et on note une animation vraiment réussie – même si on note des effacements de sprites. Pour un jeu 8-bits, Double Dragon est une sacrée performance dans la diversité des coups. Poings, pieds, chopes… tout y passe ! Mais cette version dispose d’une particularité historique amusante : Double Dragon est sorti en France APRÈS Double Dragon II : The Revenge. Voilà qui est cocasse !
SUPER MARIO BROS. 3 (1988)
Après Super Mario Bros., il y a eu… Super Mario Bros. 2 Original, n’est-ce pas ? En réalité, cette suite – que l’on a occidentalisé sous le nom The Lost Levels – est une copie très proche de l’original, extrêmement difficile et restée exclusive au Japon. Nintendo of America a bien compris que ce titre n’avait aucun avenir en occident. En réaction, les développeurs japonais ont récupéré le jeu Yume Kôjô : Doki Doki Panic (un programme télévisé local) en remplaçant les éléments du programme par les personnages et les thèmes graphiques de Mario. Shigeru Miyamoto, quelque peu désolé de cette situation, a alors fait le pari que le troisième épisode serait d’un niveau nettement supérieur. Super Mario Bros. 3 est le résultat de ce challenge lancé par le créateur du moustachu. C’est comme si Nintendo avait pris un shaker et réuni des centaines d’idées dans un seul et même jeu. Véritable chef-d’œuvre, tant ludiquement que graphiquement, Super Mario Bros. 3 est insolent de générosité et repose sur un concept ultra efficace consistant à reproduire, sous la forme d’un jeu vidéo, un parc d’attractions autour de différentes thématiques (monde des géants, monde de l’eau, monde des nuages, monde de la glace…). Il a fallu deux ans à une équipe de dix personnes pour réaliser ce titre. Deux ans, c’est énorme pour un jeu NES. Super Mario Bros. 3 est peaufiné dans ses moindres recoins, le moustachu profite de nouvelles aptitudes et peut se métamorphoser de différentes manières, dont le fameux raton-laveur. Il a même été question à un moment d’un costume de centaure mais cette idée a été abandonnée. Une merveille !
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DR. MARIO (1990)
Chapeauté par Gunpei Yokoi, mentor de Shigeru Miyamoto, Dr. Mario est un jeu de réflexion prenant place dans l’univers de la médecine et des virus. Très sobre dans son visuel, le jeu est très addictif et mise sur un concept tout simple. Chaque niveau est représenté par une bouteille contaminée par des virus de trois couleurs différentes : rouges, bleus et jaunes. Grimé en docteur, Mario lance des gélules par le goulot de la bouteille et le joueur doit utiliser ces fameux projectiles pour éradiquer la menace virucide. Pour éliminer chaque virus, il suffit de faire correspondre la couleur de la gélule (chaque gélule étant découpée en deux couleurs) avec celle du virus à détruire. Mais ces satanées bestioles étant résistances, il est indispensable d’aligner trois blocs de couleurs identiques sur le virus pour l’annihiler. En somme, il faut créer des rangées de 4 – soit 3 blocs de gélules et un virus, soit 4 blocs de gélules si l’écran commence à être surchargé. Ce qui est amusant, c’est que les développeurs ont créé une interface rigolote avec des virus qui chambrent et qui chutent lorsqu’on les élimine. Dans l’esprit, on est proche d’un Columns dans un univers médical mais Dr. Mario propose sa propre approche et demeure un classique du genre.
GHOSTS’N GOBLINS (1986)
Saviez-vous que ce brave Arthur porte un caleçon brodé… de fraises ? C’est ce que vient de révéler le créateur de Ghosts'n Goblins, Tokuro Fujiwara. Dans ce jeu mêlant action et plate-forme, le chevalier en armures se retrouve au cœur d’une aventure effroyablement difficile et chaque coup ennemi lui fait perdre, peu à peu, sa virilité. En clair, le jeu est si dur que bon nombre de joueurs ont passé leur temps à arpenter les niveaux hostiles avec un sprite vêtu d’un simple caleçon. Celui-ci est un cadeau de la princesse et agit comme une sorte de « protection » pour le héros. Voilà pour la petite histoire. Pour le reste, Ghosts’n Goblins est une œuvre majeure des années 1980. D’abord paru en arcade, il a été porté sur un grand nombre de supports, dont la NES. Pour sauver sa moitié, Arthur défie de multiples créatures ténébreuses (zombies, squelettes, plantes carnivores, volatiles…) en projetant sa lance aiguisée ou en lançant des sorts enflammés. C’est d’ailleurs dans ce titre que la célèbre gargouille, Firebrand, fait son apparition (et deviendra, à son tour, l’héroïne de jeux géniaux). Sur NES, la réalisation est forcément moins impressionnante que dans les salles obscures mais les graphismes sont plutôt propres, la musique bien retranscrite et le titre offre quelques surprises rigolotes, comme lorsqu’on se transforme en grenouille. Un excellent jeu mais à ne pas mettre entre toutes les mains tant sa difficulté est historique.
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