Le 1er janvier 2021, l’entreprise Adobe tirera un trait définitif sur Adobe Flash Player. Ce logiciel né en 1996 permettait notamment de faire tourner des animations ou des jeux vidéo sur une page Web. Jusqu'en 2015, YouTube l'utilisait encore pour ses vidéos. Des milliers de créations d'amateurs et quelques gros soucis de failles de sécurité plus tard, Adobe officialise la fin de Flash en 2017. Un départ qui marque également le tournant d'une autre production phare de la décennie, Habbo.
Aujourd'hui, le langage HTML5 remplit parfaitement le rôle de Flash. En 2018, d'après Google, 8% des internautes utilisant Chrome avaient chargé une page qui incluait du contenu Flash. Quatre ans plus tôt, ils étaient 80%. Mais les plus nostalgiques tiennent encore à conserver la plupart des innombrables pépites nées sous le player. Internet Archive, qui agit comme une bibliothèque numérique contributive, abrite déjà 1000 créations, visionnables grâce à un émulateur du nom de Ruffle. Ce dernier peut fonctionner comme une application pour votre ordinateur, ou comme une extension pour navigateur web.
Alice Bernard, présidente de l'Association des Bibliothécaires de France, s'est exprimée dans les colonnes de Marianne sur ce que représentait la disparition de ce symbole de l'Internet des années 2000 :
Ces jeux représentent une époque. Comme ils sont gratuits, ils étaient facilement accessibles pour tout le monde. Peut-être même que ce sont ces contenus qui ont contribué à démocratiser l'usage du jeu vidéo par la suite. C'est quelque chose dont on va se souvenir, même de loin, on saura qu'on peut y rejouer et y revenir un jour ou l'autre. Pour tout une génération, c'est un certain marqueur culturel, même si la nouvelle génération peut ne pas comprendre. Le jeu vidéo a une histoire et ces contenus flash en font partie, il s'agit d'en garder une trace tout en faisant plaisir à ceux qui veulent retourner 20 ans en arrière.
Pour pallier la disparition de ce "marqueur culturel", un autre représentant des années 2000 emploie sa propre stratégie. Habbo, le monde virtuel destiné adolescents, devient Habbo 2020 et passe sous Unity. La bêta ouverte est d'ailleurs déjà lancée. En parallèle, l'éditeur Sulake continue de proposer une alternative 3D avec Hotel Hideaway. Avec ce changement, la production phare déploie une nouvelle interface, une meilleure fluidité, et également quelques fonctionnalités supplémentaires. D'autres, en revanche, disparaissent. Par exemple, il est impossible de faire du troc, les accréditations ne sont plus de la partie, et surtout, les taxes augmentent considérablement. La mise à jour, prévue depuis octobre 2019, est alors loin de faire l'unanimité. Sur Twitter, une communauté a lancé le hashtag #SaveHabbo, visible dans les tendances européennes le 30 décembre 2020 au soir. En France, il arrive même en première position. On déplore les modifications apportées au jeu de base, mais aussi quelques milliers de bugs rapportés. De leur côté, ni Sulake, ni Azerion, société mère, n'ont encore réagi au mécontentement affiché sur les réseaux.
Dear @Habbo, we ask that you continue to find a stronger compromise to restore core functionalities that are vital to how we play and enjoy the game. Sincerely, the world community. #SAVEHABBO #WEARETHEGAME
— pulx / joe (@pulxpulx) December 22, 2020
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