Gilles de Kerchove, coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, s'est entretenu avec l'AFP en vue de la présentation d'un projet de législation le 9 décembre prochain, le "Digital Services Act". Soulignant un domaine "sous-régulé" d'après le responsable, celui-ci est voué à mieux contrôler les jeux en ligne, mais aussi les autres plateformes numériques à forte audience.
"Je ne dis pas que tout le domaine du jeu est problématique, il y a deux milliards de personnes qui jouent en ligne et c’est très bien", a déclaré Gilles de Kerchove dans un communiqué relayé il y a quelques heures par l'Agence France-Presse. Le responsable en poste depuis 2007 dénonce tout de même un terrain qui aurait besoin d'une meilleure régulation.
Cela peut à la fois être un moyen pour propager de l’idéologie d’extrême droite notamment, mais pas uniquement, un moyen de blanchir de l’argent.
L'homme parle notamment de monnaies générées en jeu, qui sont capables, selon lui, d'être échangées en "monnaie fiduciaire". Il cite également un moyen de communication "chiffré", "de tester des scénarios d’attaque". En guise d'exemple, mais sans partager de noms, il cite "des groupes d'extrême droite en Allemagne qui ont développé des jeux consistant à tirer sur des Arabes, sur Soros, sur Mme Merkel pour sa politique migratoire, etc.". Déjà en discussion sur le sujet avec ses collègues étasuniens, il espère maintenant entrer en contact avec les studios de développement afin de peut-être "resserrer les mailles". La thématique entre dans la lutte antiterroriste, au coeur de l'agenda européen les 10 et 11 décembre.
Texte bruxellois considéré comme étant majeur pour l'économie numérique, le Digital Services Act est d'abord porté par Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur et ancien ministre de l'Économie. Il se destine à "garantir la sécurité des utilisateurs en ligne et permettre aux entreprises numériques innovantes de se développer". "Ce qui est autorisé off line doit l’être on line, ce qui est interdit off line doit l’être on line", déclarait ce responsable au mois d'octobre. Les plateformes concernées devaient alors être déterminées selon leur audience.