La saga Yakuza aura le droit à son adaptation Live-Action made in Hollywood à en croire 1212 Entertainment et Wild Sheep Content. Sega collabore avec ces deux sociétés de production pour porter à l'écran les aventures de Kazuma Kiryu et du clan Tojo. La saga Yakuza est une fresque vidéoludique empruntant nombre de ses codes au cinéma. La voir débarquer dans les salles obscures n’est qu’un juste retour des choses. Mais ce n’est pas la première fois que le Dragon de Dojima s’intéresse au 7ème Art.
Dès 2005, Takeshi Miyasaka imprime sur pellicule un moyen métrage peu voire méconnu en occident. Ryū ga Gotoku - Jissha-Ban sert d’introduction au jeu Yakuza sorti la même année. Deux ans plus tard, un autre réalisateur japonais porte sur grand écran la franchise de Sega. Takashi Miike réalise en 2007 Yakuza : L’Ordre du Dragon (ou Ryū ga Gotoku: Gekijō-ban de son titre original), une adaptation libre du premier jeu. Et si le nom de Takashi Miike fait remonter à la surface certains souvenirs, c’est normal. Les cinéphages et les amateurs de mangas lui doivent moultes adaptations dont Crows Zero, Jojo's Bizarre Adventure : Diamond is unbreakable - Chapter 1, Terra Formars, Yakuza Apocalypse…, mais aussi plusieurs perles cinématographiques. Je pense à la trilogie Dead or Alive et au controversé Ichi the Killer… sans oublier le bariolé Sukiyaki Western Django avec des caméos de Quentin Tarantino lui-même.
Cessons de tourner autour du pot et venons en au fait, à savoir le film de 2007. Yakuza : L’Ordre du Dragon s’adresse aux fans et uniquement aux fans de la série, ou tout du moins aux joueurs ayant terminé soit Yakuza soit son remake Yakuza Kiwami. Cette adaptation met bout à bout les événements marquants du jeu, les transforme pour gagner en clarté, mais sans véritablement créer de liens entre eux. Le récit condense l'intrigue sur une seule nuit au coeur du quartier de Kamurocho (version fictive du quartier de Kabukicho situé à Tokyo), et passe d’un personnage à l’autre sans prendre le temps de poser clairement le contexte faute de temps. Il faut dire que résumer une aventure de 30 heures dont 4 à 5 heures de cinématiques/dialogues en 2 heures de film n’est pas chose aisée, pour ne pas dire une tâche impossible.
Ryū ga Gotoku: Gekijō-ban rushe son sujet, ne fait que l’effleurer, et demeure confus pour la majorité des spectateurs qui - néophytes aux yeux de la saga Yakuza - parviendront que trop rarement à recoller les bribes de scénario pour en faire un tout cohérent. Pire encore, les quelques modifications apportées à l’histoire originale pourraient perturber par instant les initiés. Pour le reste, Yakuza : L’Ordre du Dragon cherche à plaire aux amateurs de la licence en intégrant à sa trame narrative les personnages emblématiques du titre de Sega, à commencer par Kazuma Kiryu et son costume blanc, Majima Goro et sa batte de baseball, Akira Nishikiyama ainsi que Haruka, la jeune protégée du Dragon de Dojima.
Par contre, les scénaristes n'introduisent à aucun moment les personnages, n'apportent aucune réponse ou presque quant à leurs origines, leurs motivations, et ne s'attardent jamais sur ce qui les lient. Puis le métrage se focalise en grande partie sur l’affrontement entre Kiryu et Goro au détriment de l’intrigue et de son développement. Ce n’était pas forcément la meilleure chose à faire… sauf si le but était de séduire les connaisseurs quitte à perdre en route le quidam. Les easter eggs et clins d’oeil à la série devraient tout de même faire sourire les fans que ce soit la boisson énergisante Staminan Spark, la tour Millenium et les supérettes Poppo. L’ambiance de Kamurocho est à saluer au passage, même si cela tombe sous le sens. Yakuza le jeu étant une reconstitution à l'identique du quartier chaud de Tokyo, le retrouver tel quel dans le film n’a rien de surprenant, mais fait toujours son petit effet.
Yakuza : L’Ordre du Dragon est l’occasion de renouer avec la filmographie de Takashi Miike ou de la découvrir sans s’attaquer directement à ses oeuvres les plus extrêmes. Cette adaptation de Yakuza mixe ultra violence graphique et comédie le temps d'un périple nocturne. Le film est simplement à l’image de la saga de Sega, louvoyant entre tons et situations tantôt sérieux tantôt over the top.
Yakuza Kiwami : le Story Trailer