II y a quelques jours, Yves Guillemot nous adressait un énième message, cette fois face à la caméra, concernant les nombreuses accusations d'agressions sexuelles et de harcèlement dont Ubisoft fait l'objet depuis plusieurs mois. Le patron a depuis partagé publiquement les premiers résultats d'une enquête interne.
Rapide rappel des faits. En juin dernier, Ubisoft devenait le centre d'accusations d'agressions sexuelles et harcèlement. Des témoignages pointaient du doigt des cadres haut placés. Quelques jours plus tard, une série de mesures et le lancement d'enquêtes soutenues par des consultants externes étaient annoncés par le PDG Yves Guillemot. Au centre des directives, ce dernier prévoyait de "réviser la composition du Département Éditorial, transformer les processus de ressources humaines et améliorer la responsabilisation de tous les gestionnaires sur ces sujets". Plus tard, nous apprenions la démission de Maxime Béland et la mise à pied de Tommy François, vice-présidents de l'éditorial, puis le départ de Serge Hascoët (directeur créatif), Cécile Cornet (responsable monde des ressources humaines) et Yannis Mallat (directeur des studios Ubisoft au Canada), pour finir sur le licenciement du directeur d'Assassin's Creed Valhalla , Ashraf Ismail.
25 % des employés d'Ubisoft victimes ou témoins de comportements inappropriés
Dans une longue lettre adressée à ses employés et relayée à certains médias vendredi dernier, Guillemot rapporte les résultats d'une enquête indépendante et d'un audit regroupant près de 14 000 réponses du personnel, et résultant de 100 entretiens et 40 groupes de discussion. D'après les conclusions, 25 % des employés d'Ubisoft auraient été victimes ou témoins de comportements inappropriés au travail au cours des deux dernières années. Aussi, une personne sur cinq ne se sentirait pas pleinement respectée ou en sécurité dans son environnement de travail.
Dans le détail, le harcèlement toucherait 30 % plus les femmes que les hommes, et 43 % plus les non-binaires que les hommes. Autre pourcentage soulevé, 66 % des répondants qui ont signalé un incident ont estimé avoir reçu le soutien de la direction.
J'attends de tous les responsables d'Ubisoft qu'ils s'engagent à atteindre, voire à dépasser, nos objectifs de diversité dans leurs équipes respectives, y compris parmi leurs subordonnés directs. De mon côté, je vais revoir la composition du Comité exécutif d'Ubisoft pour l'enrichir de nouvelles fonctions et perspectives. - Yves Guillemot.
Quatre principaux axes d'amélioration
Face à ces statistiques, le PDG indique alors quatre domaines clés d'amélioration, qu'Ubisoft devra respecter pour l'avenir :
- Garantir un environnement de travail où chacun se sent respecté et en sécurité.
- Mettre la diversité et l'inclusion au cœur de tout ce que nous faisons.
- Recentrer et renforcer notre fonction RH.
- Rendre les managers du groupe responsables et leur donner les moyens d'agir.
Guillemot rappelle la création d'unités d’aide et de soutien spécialisées, mises en place avec le cabinet de conseil Idoko, afin de poursuivre le traitement d'éventuels cas et suivis de sanctions. À cela s'ajoute l'obligation de signer le code de conduite de l'entreprise, qui profitera d'une révision complète, de manière à y inclure "des directives plus concrètes". Les différents bureaux d'Ubisoft se doivent également d'intégrer une formation obligatoire à la lutte contre le sexisme et le harcèlement, déjà expérimentée mi-octobre par 86% des équipes.
D'ici quelques semaines, une personne sélectionnée parmi plusieurs candidats occupera le poste de responsable de la diversité et de l’inclusion. De nouveaux vice-présidents viendront enrichir l’équipe éditoriale, et un comité de révision du contenu et du marketing sera mis en place afin de veiller au respect des principes évoqués. Enfin, un poste de Chief People Officer consistera à recentrer la fonction RH en s'appuyant sur les résultats des différents audits. Concernant les managers, ces derniers devront suivre un programme obligatoire relevant des questions culturelles et sociétales. Dernier souhait évoqué par Guillemot, celui que les femmes représentent au minimum 24% des équipes d’Ubisoft d’ici l'année 2023.
À lire également
- Agressions sexuelles et harcèlement : une nouvelle vague d'accusations secoue l'industrie
- Agressions sexuelles et harcèlement : Yves Guillemot annonce une série de mesures
- Agressions sexuelles et harcèlement : Ubisoft fait le point sur les mesures prises
- Agressions sexuelles et harcèlement : Ubisoft annonce les démissions de plusieurs cadres
- Agressions sexuelles et harcèlement : Yves Guillemot répond aux polémiques en vidéo