Après une mise en demeure en novembre 2019 concernant le problème du Joy-Con Drift, l'UFC-Que Choisir passe à l'acte et porte plainte contre Nintendo. L'association de défense des consommateurs estime que le constructeur a continué de commercialiser des manettes défectueuses pour sa Nintendo Switch en connaissance de cause.
Dans un communiqué, l'UFC-Que Choisir annonce porter plainte ce mardi 22 septembre contre Nintendo "pour obsolescence programmée" auprès du Procureur de la République de Nanterre. L'association se dit "déterminée à ce que Nintendo revoit la fabrication de ses manettes pour éviter l’apparition quasi systématique" du Joy-Con Drift.
Plus de 5000 témoignages en 48 heures
Après avoir "dénoncé les dysfonctionnements affectant les manettes Switch en novembre dernier", l'UFC-Que Choisir indique avoir reçu plus de 5000 témoignages en 48 heures. Tous dénonçaient "une panne récurrente" de la manette, qui "subit des mouvements fantômes inopinés, empêchant les consommateurs d’utiliser correctement leur console de jeux". En novembre 2019, l'association avait mis en demeure Nintendo de réparer gratuitement les Joy-Con concernés, reprochant au constructeur de facturer 45 € leur remplacement. Deux mois plus tard, Nintendo France s'était engagé à prendre en charge la réparation des manettes victimes du Joy-Con Drift, même après la période de garantie.
Panne moins d'un an après l'achat
L'UFC-Que Choisir ne compte toutefois pas s'arrêter là, puisque selon l'association, "les signalements ont continué d’affluer", avec "65 % des consommateurs victimes qui ont constaté cette panne moins d’un an après l’achat des manettes". Elle a donc décidé de "diligenter une expertise sur plusieurs manettes défectueuses plus ou moins récentes afin d’analyser l’origine de cette panne". Voici le résultat :
Les experts ont relevé que des modifications ont été réalisées par Nintendo dans la conception de ses manettes, il y a quelques mois, mais pas sur le problème à l’origine des pannes. Alors que Nintendo était informée de ce dysfonctionnement, le géant nippon a choisi de ne pas intervenir sur les composants sujets à cette panne.
Selon les experts, deux causes seraient à l'origine du Joy-Con Drift : "une usure prématurée des circuits imprimés, et un défaut d’étanchéité qui entraine une quantité inquiétante de débris et poussières au sein du joystick, dont l’origine paraît être à la fois interne et externe". L'UFC-Que Choisir reproche à Nintendo de "continuer de vendre des manettes qui ont vocation à tomber en panne avant la fin de la première année d’utilisation, en connaissance de cause".
Dans la loi française, l'obsolescence programmée se définit par "l'ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement". Pour l'UFC-Que Choisir, il est bien question de cela ici, compte tenu de "la nature de la panne, sa fréquence d’apparition auprès des joueurs, la durée de vie limitée de ces produits, et l’inertie de Nintendo pourtant informée du dysfonctionnement".
En attendant que la justice fasse son travail, l'association invite les consommateurs à contacter le service après-vente de Nintendo pour "obtenir la réparation gratuite de leur manette défectueuse". Un formulaire de signalement de refus de prise en charge est également à disposition sur son site internet. Rappelons que Nintendo est aussi visé par un recours collectif aux États-Unis concernant le Joy-Con Drift.
Nous avons tenté de contacter Nintendo pour avoir une déclaration à ce sujet, sans succès pour le moment.