Indisponible sur de nombreux stores, The Sinking City est actuellement au cœur d'un conflit majeur entre son créateur, Frogwares, et l'éditeur Nacon.
Depuis cette année, Frogwares s'engage sur le chemin de l'auto-édition, une nouvelle stratégie qui résulte de mauvaises expériences avec des éditeurs externes, loin d'être terminées. En fin d'année 2019, la société entretenait déjà des relations compliquées avec Focus Home Interactive, dont la licence d'exploitation avait pris fin. Certains jeux du catalogue du studio disparaissaient alors des vitrines et devaient entamer un nouveau processus de certification, long et coûteux.
Lancé pour la première fois le 27 juin 2019, The Sinking City n'est plus disponible à l'achat sur Steam, sur l'Epic Games Store ou encore sur le store PlayStation. Dans un long communiqué publié cette semaine, Frogwares évoque des violations de plusieurs clauses de l'accord signé avec son éditeur Nacon. Une lettre ouverte qui ferait présentement partie d'une "procédure judiciaire".
Les deux sociétés ont signé un accord en 2017, octroyant à Nacon le droit de vendre et commercialiser The Sinking City sur consoles et PC. Et s'il contribuait au financement de son développement, la propriété intellectuelle et une partie des ventes du jeu appartenaient à Frogwares, déclare le studio. Celui-ci ajoute également devoir recevoir des paiements à chaque étape de la production.
Mais depuis, Nacon est accusé de devoir environ 1 million d'euros de royalties aux créateurs. En août 2019, le studio aurait même intenté un procès. Moment à partir duquel il aurait finalement commencé à recevoir des rapport de son éditeur au sujet des revenus, jugés toutefois "incomplets et non documentés". Et tandis que le contrat a été résilié au début de l'année, Nacon continuerait de percevoir les revenus des ventes du jeu, poussant Frogwares à le retirer de plusieurs stores majeurs.
Frogwares fait part de sa version des faits. Après l'acquisition d'un autre studio travaillant sur un jeu également Lovecraftian (possiblement Cyanide), l'éditeur aurait réclamé à Frogwares le code source de The Sinking City.
Une fois de plus, BBI/Nacon ne possède pas la propriété intellectuelle - ils sont titulaires d'une licence. Ils vendent le jeu, ils ne le développent pas et ne le co-créent pas. Après notre refus d'obtempérer, nous avons cessé de recevoir des contributions financières pendant plus de 4 mois.
D'autres accusations sont émises. Le logo de Frogwares aurait été retiré des jaquettes de jeux PS4 et Xbox One. L'éditeur aurait - toujours selon les dires du studio - commencé à acheter des dizaines de noms de domaine liés à The Sinking City mais également aux productions Sherlock Holmes, sans en informer l'équipe. Un RPG papier tiré du titre aurait aussi été créé sans le consentement des créateurs.
Concernant le retrait du jeu des plateformes, Frogwares indique informer prochainement le public de sa disponibilité.
Nacon répond et évoque une interprétation "erronée"
Nous avons aujourd'hui contacté Nacon pour obtenir sa version des faits. L'éditeur s'est exprimé, évoquant une "interprétation tout à la fois personnelle et erronée du contenu du contrat" de la part de Frogwares. Il entend désormais saisir la justice.
Un différend opposant NACON à FROGWARES sur l’interprétation du contrat d’édition du jeu vidéo « The Sinking City » est pendant devant les juridictions françaises. La décision n’est pas attendue avant plusieurs mois. Toutefois, FROGWARES a cru devoir anticiper le jugement à venir en publiant un communiqué sur son site internet et son fil Twitter, dans lequel il se livre à une interprétation tout à la fois personnelle et erronée du contenu du contrat et de la nature de ce différend. NACON conteste catégoriquement ce communiqué dont les termes sont contraires à la réalité. FROGWARES cherche ainsi à discréditer NACON tant aux yeux du public que des professionnels (en allant même jusqu’à leur livrer des éléments confidentiels !) et à compromettre la distribution de « The Sinking City » dont NACON a financé majoritairement le développement. Ce comportement indigne d’un professionnel est inacceptable et NACON entend saisir la justice afin de le faire condamner et obtenir réparation. NACON est confiante quant à l’issue du litige, quels que soient les artifices employés par FROGWARES pour tenter de lui nuire.