Une franchise qui revient de loin

S.T.A.L.K.E.R. 2 est un projet qui revient de loin, de très loin même. Effectivement, les amoureux de la franchise post-apocalyptique savent sans doute que le nom du jeu avait déjà circulé en 2010 où, un an seulement après la sortie de Call of Pripyat, les développeurs avaient annoncé la mise en chantier de S.T.A.L.K.E.R 2 pour une sortie estimée à 2012. Cependant, dès 2011, des signaux de fumée, et pas des moindres, indiquaient la mauvaise santé du projet. En effet, le directeur de GSC Game World avait laissé entendre que le studio pourrait bien fermer, avant que le mois de janvier 2012 ne soit le théâtre d'une annonce du studio faisant état de sa volonté de continuer le développement, mais que l'avenir de ce dernier demeurait incertain, notamment pour des raisons financières. Et comme il n'y a pas de fumée sans feu, le compte officiel facebook du jeu a laissé tomber le couperet : le jeu était bel et bien annulé, les développeurs et leurs nouveaux investisseurs n'étant par parvenus à trouver un terrain d'entente à propos de droits de la propriété de la franchise. L'équipe a alors été démantelée, certains de ses membres ont fondé Vostok Games et s'attelle à travailleur sur Survarium.

Avec la sortie du discutable Cossacks 3 , l'avenir de GSC Game World était assez incertain, et c'est aussi pourquoi, derrière l'enthousiasme qui a auréolé le mois de mai 2018, où un site internet faisait simplement figurer la mention "S.T.A.L.K.E.R.2 2.0.2.1", officialisant le projet de cette suite tant attendue et dessinant les contours d'une sortie fixée à 2021, a été teintée d'une certaine méfiance. Si le silence radio a été assez longuement de mise, pendant près de deux ans (le titre étant très peu avancé lors de son annonce), cette année a en revanche été celle de signes plus précis d'activité. Un screenshot dévoilant une anomalie a été dévoilé en mars dernier et nous a donc conduits au Xbox Games Showcase, ou un trailer a été diffusé, témoignant ainsi de la bonne santé du projet. Si les informations concrètes sont diffusées au compte-gouttes, un communiqué et une FAQ diffusés dans la foulée du trailer nous ont éclairci un peu plus sur ce que l'on peut attendre de S.T.A.L.K.E.R. 2.

Tout le monde est bienvenu dans la Zone (ouverte)

L'un des personnages principaux de la saga S.T.A.L.K.E.R. est incontestablement sa carte, son terrain de jeu, comme l'a rappelé le directeur du studio. Cette aire désolée est située dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, zone qui, dans l'univers du jeu, n'a pas seulement été le théâtre de l'explosion du réacteur 4 de la centrale en 1986, puisqu'une seconde est intervenue au même endroit en 2006, façonnant ainsi l'univers de S.T.A.L.K.E.R. tel qu'on le connaît derrière nos écrans. En premier lieu, et en dépit des 3 itérations de la franchise, il faut savoir qu'il ne sera pas nécessaire d'avoir fait les premiers épisodes pour jouer à S.T.A.L.K.E.R. 2. Si les développeurs reconnaissent que jouer aux épisodes précédents renforcera l'immersion dans le jeu, ce ne sera pas nécessaire pour plonger dans ce nouvel épisode et GSC Game World s'efforce manifestement de satisfaire les vétérans comme les nouveaux venus. Aussi immersifs soient-ils, les premiers volets de la franchise accusent aujourd'hui un certain âge, et plonger de plain-pied dans la saga telle qu'elle était à l'époque pourrait en rebuter plus d'un. Un pas vers la modernité et l'accessibilité sera nécessaire si le studio ne souhaite pas perdre une partie de son public potentiel.

Notez que S.T.A.L.K.E.R. 2 sera cette fois-ci un monde totalement ouvert, contrairement aux précédents épisodes. Annoncé comme étant l'un des « plus grands open world à ce jour », l'ensemble est développé sous l'Unreal Engine 4, la motion capture sera utilisée pour les visages et pour les corps, tandis que la photogrammétrie a été utilisée pour insuffler une dose de réalisme supplémentaire à l'univers du jeu. Notez que, par une élégante pirouette, à la question de savoir si le trailer était in-game, la réponse est que ce trailer représente « le niveau de graphisme et d'atmosphère que nous (le studio -ndr) voulons atteindre pour la sortie ». Si nous ne doutons pas de la capacité de GSC à façonner une atmosphère très sombre et pesante, comme il l'a déjà fait sur ses précédentes productions, il faudra patienter encore un peu, donc, pour savoir à quoi ressemblera véritablement le jeu. En son temps, le studio était parvenu à faire de son S.TA.L.K.E.R. un modèle d'exploitation des technologies disponibles, même si malheureusement, il devait se traduire par de nombreux bugs, parfois, voire souvent, handicapants, pour la progression. Le parcours de la franchise a toujours été semé d'embûches et d'imperfections. Nul doute que le studio en a conscience et qu'il a pour ambition de proposer une expérience finie, stable, faute de quoi il pourrait manquer le coche d'un lancement attractif pour un nouveau public.

une histoire lambda pour un monde plus vivant ?

Côté histoire, les propos ont été relativement laconiques et résument le propos de base comme suit :

Les chasseurs de primes plongent profondément dans la Zone, poussés par les trésors et les mystères qu'elles renferment. Certains d'entre eux fuient leur passé, d'autres sont aveuglés par l'argent et certains sont obsédés par la recherche de la vérité derrière tous les mystères. Peu importe ce qui fait battre leur cœur, ces personnes sont connues sous le nom de S.T.A.L.K.E.R. Vous êtes l'un d'entre eux. - GSC Game World

Si nous ignorons donc pour l'heure les enjeux profonds qui régiront l'histoire de S.T.A.L.K.E.R. 2, on nous assure cependant que le jeu conservera le mix de FPS, d'immersive sim et d'horreur qui caractérisait les premiers épisodes. Par ailleurs, l'approche choix / conséquences à court et long terme de l'histoire a été confirmée, et plusieurs embranchements devraient conduire à « beaucoup » de fins différentes, qui vous conduiront dans des zones connues des vétérans de S.TA.L.K.E.R., comme dans de nouvelles, au travers desquelles vous serez en contact avec de nouveaux mutants et une nouvelle anomalie.

Pour rendre l'univers crédible et vivant, une version 2,0 de l'A-Life sera mise ne place. Cette technologie d'Intelligence artificielle ayant fait les grandes heures du S.T.A.L.K.E.R. : Shadow of Chernobyl par son caractère plutôt avancé sera ici remise au goût du jour, et devrait permettre de façonner un monde vivant, dans lequel il peut se produire des événements, comme des rencontres entre Stalkers et mutants, sans pour autant que le joueur soit en présence pour observer les faits. Le monde devrait donc être impacté par les décisions du joueur avec une ampleur d'une intensité variable, mais le souci de cohérence et de crédibilité semble ici être à l'ordre du jour.

Pour conclure, il reste quelques certitudes, et beaucoup d'inconnues concernant S.T.A.L.K.E.R. 2. Même la question de la date de sortie, initialement fixée pour 2021 a été éludée dans la FAQ qui fait savoir que le studio n'est pas encore prêt à la communiquer, laissant à penser que la fenêtre établie en 2018 n'est plus à l'ordre du jour.

S.T.A.L.K.E.R. 2 existe encore, donc, et il avance, manifestement. L'ambition de GSC Game World semble au beau fixe, puisqu'il annonce que le titre sera le plus gros sur lequel il a travaillé à ce jour. Il arrivera directement sur le Game Pass au jour de sa sortie et sera une exclusivité provisoire Xbox, sans pour autant oublier la traditionnelle version PC. Un public que d'ailleurs, le studio entend rassurer, si toutefois il s'inquiétait de voir sa franchise de cœur arriver sur consoles de salon :

Avec notre amour infini et toujours grandissant pour nos fans sur PC, nous sommes incroyablement excités d'inviter de tout nouveaux joueurs dans cette chevauchée sauvage. - GSC Game World