Il y a quelques semaines courrait une rumeur concernant un potentiel remake de Resident Evil 4. Alors que Capcom n'a pas commenté la chose et bien qu'il y ait des chances qu'un tel remake finisse par voir le jour à un moment ou à un autre, je pense pour ma part que Resident Evil : Code : Veronica mériterait bien plus d'attention de la part de la firme japonaise, ne serait-ce que dans l'optique de réhabiliter cet épisode plus ou moins présenté comme un spin-off alors qu'il s'avère être l'un des plus centraux.
Pour bien comprendre à quel point Code : Veronica est important dans la saga, il faut revenir en 1998, en novembre plus exactement. Alors que Capcom entend bien profiter de l'arrivée de la Dreamcast pour proposer un nouvel épisode de sa série phare, la firme japonaise va finalement attendre que le parc de machines soit suffisamment important pour sortir son titre alors pensé comme le véritable Resident Evil 3. Pour palier à ce retard, Capcom lance également la production d'un nouvel opus pensé initialement pour la PS2 et qui arrivera finalement sur PSone sous le nom de Resident Evil 3 : Nemesis . Reprenant certaines idées de Code : Veronica tout en utilisant le moteur de RE2 , RE3 est développé en un temps record et s'avère être, au delà de ses qualités, l'épisode canonique ayant le moins de personnalité. Logique vu son statut «d'épisode bouche trou» (Mikami le surnommait à l'époque Resident Evil 1.9, compte tenu de la temporalité de l'épisode se déroulant en parallèle de celle de RE2) en attendant Code : Veronica, plus élaboré techniquement et surtout plus sombre. Il est d'ailleurs frustrant de constater que l'un de ses atouts les plus intrigants et excitants (le monstre invulnérable pourchassant l'héroïne du début à la fin) sera finalement l'apanage de RE3 en tant que feature principale lui valant également son sous-titre.
Au delà de son développement extrêmement compliqué, Code : Veronica reste un opus qui aurait dû faire grandement évoluer la saga dès 1999 si tout s'était bien déroulé. En effet, le titre est le premier de la série à proposer non plus des décors en précalculé, mais en vraie 3D avec des mouvements de caméra fluides suivant les personnages dans les décors via d'élégants travellings. Outre des visages plus expressifs, cet épisode aurait également dû intégrer les démembrements de zombies qu'on ne verra au final qu'avec le remake de Resident Evil 2. Notons également que via un le mode Battle Game, il sera aussi le premier épisode à intégrer une vue FPS dans la saga, un an avant le premier Resident Evil Survivor .
Ensuite, il convient aussi de réhabiliter son scénario, le plus travaillé de la série à travers ses influences cinématographiques, de l'intro empruntant à l’attaque du commissariat de Terminator 2 en passant par l’affrontement entre Wesker et Alexia semblant issu de Matrix ou bien encore la relation très Hitchcockienne unissant les jumeaux Ashford et offrant à cet opus une noirceur étonnante ainsi qu'une ambivalence malsaine. Un remake pourrait également être le moyen de réintégrer ce qui n'avait pas pu être utilisé, des références aux nazis (dont il ne restera que le char Tiger et le Luger dans la version finale) en passant par certaines séquences coupées.
N'oublions pas également que chez Capcom, en interne, cet épisode est davantage vu par plusieurs têtes pensantes, dont Shinji Mikami, comme la véritable suite de Resident Evil à l'inverse des 2 & 3 qui ne feront qu’exploiter l'univers de façon certes convaincante mais à travers le prisme de l'action sans chercher nécessairement à innover à l'inverse de Resident Evil 4 , mais ceci est une autre histoire.
Si la raison voudrait donc que le prochain remake de la saga soit Resident Evil 4, plus récent, mais beaucoup plus populaire que Code : Veronica et surtout plus bankable (Veronica ne s'étant vendu qu'«à» 2,5 millions d'unités entre ses versions Dreamcast et PS2, contre plus de 7,7 millions pour RE4, ici aussi toutes versions confondues), le cœur, lui, n’est pas du même avis. Envisager ce que pourrait donner le remake de cette aventure qui se voulait à son époque ambitieuse, innovante, voire immorale, mais qui sortira finalement dans l'ombre de Resident Evil 3, a de quoi attiser la passion. Malheureusement, entre d'innombrables possibilités de remakes pour Capcom (Dino Crisis et, pourquoi pas, Onimusha : Warlords afin de surfer sur ce revival vidéoludique du Japon féodal) et l'implacable logique de rentabilité, voir arriver une réinterprétation Next-Gen de Code : Veronica tient, pour l'instant, davantage du fantasme que d'une possibilité crédible. Espérons que le temps me fasse mentir...