Project xCloud se lance progressivement en France, à travers une phase de bêta pour le moment réservée aux smartphones et tablettes sous Android. Face à Stadia ou encore GeForce Now, comment se place ce nouveau service de cloud-gaming 100% Microsoft ? Premiers éléments de réponse après quelques heures passées sur le service.
Notez en préambule que cet article sur xCloud ne fait pas office de test, le service étant pour le moment incomplet et limité à un seul type d’appareil. Cette bêta permet cependant d’accéder à un catalogue de près de 100 jeux et de les streamer sur un smartphone équipé d’Android 6 au minimum et du Bluetooth 4. Sachez également que vous pouvez vous inscrire gratuitement . Il faut cependant faire preuve d’un peu de patience, Microsoft distribuant les accès au compte-goutte.
Une accessibilité sans pareil
Pour notre part, nous avons accès à xCloud depuis hier, et nous avons pu le tester sur un smartphone Huawei P30 Pro et une connexion Internet à domicile (fibre à 300 mb/s), ainsi que sur une connexion 4G débitant environ 60 mb/s. Des connexions, sur le papier, largement suffisantes, puisque Microsoft préconise au minimum 10 mb/s pour profiter du service. La compagnie conseille cependant d’utiliser un WiFi en 5 GHz au lieu de 2,4 GHz, afin de profiter de l’expérience de jeu la plus stable possible.
Concrètement, l’installation et le paramétrage de xCloud sont d’une simplicité enfantine : une fois votre accès reçu (un email vous prévient quand c’est le cas), il suffit de télécharger l’application Xbox Game Streaming sur le Play Store et de vous connecter avec votre compte Microsoft. Il faudra également connecter une manette en Bluetooth. Celle de la Xbox One reste conseillée, mais rien ne vous empêche d’y appairer une DualShock 4 ou même un pad Stadia. La section “Project xCloud” dans le menu latéral gauche vous permet ensuite d’accéder à l’ensemble du catalogue.
Chaque jeu est présenté avec sa jaquette et il suffit de taper sur l'icône, ou la sélectionner avec le stick de votre manette, pour le lancer. Et c’est tout. Pas de réglages au préalable, pas d’achat supplémentaire : l’expérience est fluide et sans accroc, mais il n’y a en contrepartie aucune option de réglages proposée. S’ensuit alors un chargement de 30 à 40 secondes, puis vous voilà sur le menu principal du jeu. À noter qu’il s’agit ici des versions Xbox One S, puisque les data-centers Azure qui hébergent l’infrastructure xCloud intègrent des composants de la console.
Sans WiFi 5 GHz, point de salut
Nous n’avons pas testé les 96 jeux inclus dans la bêta, mais nous avons essayé une large variété de titres, aussi bien de l’écurie Microsoft que d’éditeurs tiers : A Plague Tale : Innocence , Gears 5 , Devil May Cry 5 , Forza Horizon 4 , Bleeding Edge , Ori and the Blind Forest , Vermintide II ou encore Halo 5 sont passés entre nos mains… pour presque autant d’expériences différentes en matière de latence et qualité de rendu. D’une, si vous n’êtes pas sur un WiFi en 5 GHz, oubliez : jouer sur du 2,4 GHz est quasi impossible et la 4G est bien trop capricieuse pour une longue session de jeu. En 5 GHz, l’expérience s’avère globalement satisfaisante, même si certains titres ont l’air d’être plus sensibles à la latence que d’autres.
Nous avons ainsi eu du mal à ne pas la ressentir sur Gears 5 ou Forza Horizon 4, tandis qu’elle s’avère presque imperceptible sur Halo 5, Ori and the Blind Forest ou A Plague Tale. Sur ce dernier, en revanche, la compression vidéo se voit particulièrement, alors que les autres jeux sont bien plus propres en terme de rendu. L’autre constat que nous faisons, appuyé par plusieurs confrères avec qui nous avons discuté pendant ce test, est que la latence est liée au nombre de FPS en jeu : les titres bloqués à 30 images/secondes sont ainsi plus sensibles à cet aspect, que les jeux qui montent à 60 i/s. Ce qui explique le fait que Gears 5 (qui tourne à 30 FPS sur One S) est moins jouable que Halo 5, qui affiche du 60 FPS quasi constant.
Précisons, enfin, que la définition se limite pour le moment à 720p. Une résolution limitée qui n’est pas gênante sur un écran de moins de 6 pouces, mais qui sera beaucoup plus problématique sur un écran de PC ou, pire, une TV. Le 1080p devrait cependant arriver “très bientôt” selon Microsoft. On touche d’ailleurs là les limites de cette bêta : en restreignant l'accès à des smartphones Android, xCloud limite forcément le plaisir de jeu. Certes, il est possible de l’utiliser sur une tablette Android, mais l’impact visuel reste diminué. Notons d’ailleurs que MalloDelic, qui a également accès au service, a constaté une nette différence de latence entre son smartphone Huawei P20 et sa tablette Samsung Galaxy S5E. Sans raison apparente, le premier offre une expérience satisfaisante, tandis que l’usage de la seconde reste très décevant.
En quelques mots : cette bêta de xCloud est prometteuse mais s’avère plus frustrante qu’autre chose. Entre la limitation aux smartphones Android, le 720p maximum et la latence très variable d’un jeu à l’autre, elle soulève plus d’interrogations qu’elle ne comble de certitudes. Ceci étant dit, Microsoft tient là un service très intéressant, ne serait-ce que parce qu’il donne accès à plusieurs dizaines de très bons jeux, sans surcoût, et que l'utilisation de l’ensemble reste très simple. Nous attendons cependant désormais l’ouverture à d'autres plateformes, en tête les PC/MAC et les appareils iOS. Le modèle économique de la version finale reste également encore floue, même si la perspective d’un “Game Pass ++” offrant aussi bien du streaming que du jeu en local est alléchante. En attendant, on vous encourage à vous inscrire pour vous faire votre propre idée.