Alors que la majorité des minis consoles contient un nombre fixe de jeux qu’il est officiellement impossible d’étendre et que, de l’autre côté du spectre, tout un marché “gris” existe, avec des machines asiatiques intégrant des centaines voire milliers de Roms illégaux, l’Evercade propose une philosophie différente. Nous sommes ainsi face à une une console portable dédiée au rétro-gaming période 8 et 16 bits, qui n'inclut aucun jeu, mais se dote d’un bon vieux port pour cartouche à l’arrière. Des cartouches qui intègrent chacune entre 6 et 20 titres, issus d’un éditeur différent. Blaze Entertainment, la compagnie anglaise à l’origine de l’Evercade, a ainsi signé des partenariats avec Namco, Atari, Data East ou encore Interplay. En résulte une collection de cartouches à acquérir séparément en fonction de ses affinités avec tel ou tel éditeur. La démarche est résolument rétro, puisque la volonté du constructeur est de retrouver le plaisir simple d’insérer une cartouche dans sa console, le tout dans un format portable, au design là encore très typé années 80.

Parlons justement de la console : l’Evercade intègre un écran 16:9 de 4,3 pouces affichant une définition de 480 x 272 pixels. C’est peu, mais suffisant étant donné l’âge de la plupart des jeux du catalogue. À l’avant, la console profite d’une croix directionnelle qui n’est pas sans rappeler celle du pad Mega Drive, quatre boutons d’action A, B, X, Y, Start et Select ainsi qu’une touche “Menu” qui permet d’accéder aux options de la console. Sur le dessus de la console, on trouve le bouton d’allumage, deux boutons de tranches, ainsi qu’un port mini HDMI, qui permet de connecter la console sur un téléviseur. Enfin, sur le dessous se trouvent une prise jack pour des écouteurs, un bouton pour régler le volume et une prise micro-USB pour la recharge (pas d’USB-C, mais le câble est fourni). La batterie intégrée de 1200 mAh promet entre 4 et 5 heures d’autonomie, ce qui se vérifie dans notre test. Côté son, on peut également compter sur deux haut-parleurs étonnamment puissants pour une si petite console.

La première impression lorsque l’on prend en main l’Evercade est très bonne : la coque en plastique durci semble solide et ne craque pas sous les doigts, tandis que l’ergonomie de l’ensemble s’avère très convaincante. La console est en effet plutôt épaisse, avec des contours arrondis, ce qui permet une préhension très agréable. Nos doigts tombent impeccablement sous les boutons, que ce soit sur ceux en façade ou sur la tranche. La croix directionnelle ressort bien de la coque et se montre précise et réactive, quelles que soient la ou les directions demandées. Quant aux différents boutons d’action, ils répondent bien et offrent un retour agréable. Ils sont en revanche très bruyants : les boutons de tranches, notamment, émettent un clic très sonore, qui peut vite devenir désagréable surtout pour la ou les personnes qui sont dans la même pièce que vous. Mais en dehors de ces soucis sonores, il faut reconnaître que l’Evercade est une belle réussite en matière de design et de conception. La machine arrive ainsi à marier un look à l’esprit rétro, tout en offrant une prise en main moderne.

Blaze n’a d’ailleurs pas soigné que sa console, puisque les cartouches ont bénéficié du même soin. Le format est compact, mais pas trop et, surtout, leurs boîtes en plastique évoquent les emballages Megadrive ou Master System, en un peu plus petit. Chaque “collection” s’accompagne de plus d’un fascicule entièrement en couleurs, qui présente les jeux inclus. Un très beau travail de mise en avant, qui devrait ravir les collectionneurs.

À l’allumage, l’Evercade continue de convaincre : le démarrage se fait en quelques secondes et la navigation dans le menu se fait sans accroc. La présentation du jeu est très simple, et l’on choisit son jeu via une série d’écrans. Chaque titre est présenté avec sa jaquette d’origine et une capture d’écran. Figurent aussi l’année de sortie, le genre et la génération de hardware (8 ou 16 bits). Les options de la console sont peu nombreuses, puisque l’on peut seulement changer le format d’affichage (4:3 ou 16:9), la langue, couper ou non l’audio et modifier la luminosité de l’écran selon 3 niveaux. En jeu, s’ajoute la possibilité de sauvegarder et charger à tout moment, et c’est tout. On aurait apprécié la possibilité d’appliquer différents filtres à l’image ou encore une fonction “retour en arrière” comme sur la Super Nintendo Classic Mini. Ici, il faut se contenter du strict minimum.

Autre souci, plus gênant cette fois-ci : l’impossibilité de modifier le layout des jeux, c’est-à-dire changer l’emplacement des touches. Certains titres sont en effet étrangement configurés, avec le bouton de saut sur Y et le combat sur B, par exemple. Un manque de naturel gênant, surtout sur les jeux de plateforme. Enfin, la qualité de l’écran est bonne, notamment côté luminosité, mais l’image a tendance à largement s’assombrir lorsqu’on la regarde en dessous (ce qui est heureusement peu courant). Sur les côtés, en revanche, la lisibilité reste très bonne. Blaze nous confirme qu’il s’agit d’une dalle TN et non IPS, ce qui explique l’assombrissement l’image par le dessous. Les angles de vision restent tout de même bons étant donné la technologie d’affichage utilisé (le TN est souvent critiqué pour son manque de visibilité). Quant à l’émulation, elle nous semble de qualité, même s’il est toujours difficile de s’en assurer sans avoir le jeu original à côté pour comparer. Mais nous n’avons pas remarqué de bugs d’affichage ou sonore ni le moindre ralentissement. Blaze reste assez vague concernant le processeur et les émulateurs qui tournent sur la console; mais nous précise qu’il s’agit d’un CPU "mobile" ARM 4 coeurs cadencés à 1,4 GHz et que les émulateurs utilisés sont les “meilleurs disponibles” : “Nous les utilisons sous licence ou travaillons directement avec les développeurs respectifs”, ajoute la compagnie.

Hormis quelques petits accros, notamment sur la partie logicielle, la console Evercade est pour le moment une petite réussite dans son genre, proposant un format cohérent avec sa philosophie, une bonne prise en main et une qualité de fabrication convaincante. Reste à évoquer l’essentiel : les jeux. Sur ce point, pas de miracle : avec pour le moment une petite poignée d’éditeurs dans l’aventure, Blaze Entertainment a encore du mal à convaincre. Vous ne trouverez ainsi pas de jeux Sega ou Nintendo (sans surprise) et encore moins du Capcom ou du SNK. La sélection de titres se veut cependant variée, avec à la fois des portages issus de l’arcade comme des consoles 8 et 16 bits. Précisons d’ailleurs que le pack de base, vendu 69,99€, est livré avec la cartouche Namco Museum Collection 1 qui intègre 11 jeux parmi lesquels Pac-Man, Xevious, Dig Dug ou encore Galaxian.

Pour 20 euros de plus, vous avez droit à trois cartouches : Namco Museum 1, Interplay Collection 1 et Atari Collection 1. À l’heure actuelle, une dizaine de cartouches sont proposées à 19,99€ l’unité, la liste étant disponible sur le site officiel de la console . On apprécie notamment la présence des deux premiers Earthworm Jim (mais pas sur la même cartouche), d’une collection Data East intéressante avec Joe & Mac 2, Two Crude Dudes, Magical Drop II et Burger Time ou encore la Piko Interactive Collection, qui permet de découvrir des titres pour la plupart jamais sortis en Europe. Mais il est bien difficile de s’emballer pour l’ensemble du catalogue, notamment sur les inénarrables jeux issus de l’Atari 2600 ou 7800, qui ont pour la grande majorité beaucoup trop vieilli pour être intéressants en 2020.

L’Evercade vaut donc pour le moment plus pour l’objet de collection que pour l’amusement qu’il procure, même si c’est toujours un plaisir de relancer Earthworm Jim, Double Dragon ou Joe & Mac 2. Le choix d’une console à cartouche est intéressant et permet de se créer une collection à la carte, mais l’on espère à terme que d’autres éditeurs intègreront le roster. Deux autres cartouches sont d’ailleurs prévues dans les mois à venir : une Atari Lynx Collection et un combo Xeno Crisis/Tanglewood. Ce dernier est intéressant puisqu’il met en avant deux jeux récents (le premier est encore en cours de développement) destinés à la Megadrive. C’est peut-être d’ailleurs là l’un des futurs atouts de la console : mettre en avant des productions néo-rétro issues de studios indépendants et leur faire profiter d’une sortie physique. En attendant, l’Evercade est un bel objet de collection, bien conçu et agréable à utiliser. C’est déjà pas mal.

Conclusion

Avec l’Evercade, Blaze Entertainment nous propose une console portable dédiée au rétro-gaming qui mise sur un catalogue de cartouche “ à l’ancienne” pour se démarquer de la concurrence. Loin des offres souvent illégales et à la qualité très variable des nombreuses consoles chinoises, la console propose encore relativement peu de jeux, mais se plaît à les mettre en avant via un packaging très séduisant. En résultent un bel objet et une série de cartouches qui pourront fièrement trôner sur votre étagère. Le catalogue de jeux manque cependant encore d’attrait.