En septembre 2020, nous fêterons les 35 ans de Super Mario Bros., la cultissime série de jeu de plateforme signée Nintendo. Il semblerait que le géant nippon nous concocte dans l'ombre quelques surprises. Nous vous en parlions il y a quelques jours, différentes sources de médias fiables s'accordent à dire qu'une flopée de titres remastérisés des aventures de Mario sont en cours de préparation. Une bien belle surprise qui devrait notamment accompagner un nouvel épisode de Paper Mario. C’est l’occasion pour faire le point sur la politique de Nintendo en matière de remasters, remakes et autres portages.
Les remakes, une partie peu courante
Le dernier président de Nintendo, Furukawa, appartient à une tout autre génération que son prédécesseur. À 47 ans, il partage la même nostalgie qu'une frange des joueurs qui ont grandi avec les licences cultes de la firme. Il avait par ailleurs déclaré au journal Time en 2019 : « Nintendo est Nintendo grâce à nos jeux, personnages et IP. » En cela, l'avenir de Nintendo semble déjà tout tracé avec la capitalisation de son univers : un parc d'attractions surnommé Super Mario World, un film d'animation dans les tuyaux, un nouveau mégastore... Cela pourrait être aussi un signe avant-coureur de l'arrivée plus massive de réédition, remakes ou remasters. Pas si on en croit les dires du président Nintendo.
Dans le traditionnel jeu de Questions/Réponses , Furukawa a évoqué la vision de la société dans les remakes et rééditions et notamment, les idées qui ont germé autour de la ludothèque avec la commercialisation de Switch Lite, qui pourrait être l'occasion de ressortir des titres et licences pensées pour les consoles portables des années précédentes. Néanmoins, le président ajoute : «Nos discussions en interne se concentrent moins sur l'idée de publier d'anciens titres (...) que sur les types de nouveaux jeux que nous pouvons créer pour Nintendo».
Enfin, lorsqu'est évoqué le nombre de ventes colossal du dernier remake en date, Link's Awakening, et la supposition de remettre plus souvent le couvert dans les mois à venir, Furukawa précise et tempère :
« Nous n'avons pas de politique définie pour publier davantage et de façon répétée des remakes à l'avenir. D'un autre côté, les titres que nous avons développés au cours de ces 30 dernières années ont été joués par de nombreuses personnes qui se souviennent d'eux avec émotion, et ils sont également des atouts importants pour Nintendo. La nostalgie peut être très attrayante, mais il est plus important de pouvoir créer de nouvelles expériences de jeu et du plaisir, etc., même avec les remakes de titres classiques.»
Cela se vérifie dans l'histoire de Nintendo : les remakes se comptent sur les doigts de la main. Remontons le temps jusque dans les années 90. La compilation Super Mario All-Stars sortie sur Super Nintendo en 1993, regroupait Super Mario Bros. , Super Mario Bros. : The Lost Levels (soit Super Mario Bros. 2 au Japon), Super Mario Bros. 2 (la version occidentale inspirée de Yume Kôjô : Doki Doki Panic ) et Super Mario Bros. 3 C’était la première fois que nous autres non-Japonais découvrons le Super Mario Bros. 2 original. Il ne s’agit pas d’un simple portage, ni même de remaster, mais bien de remake puisque les moteurs de jeu ont été refaits. Eh oui, nous imaginons toujours que les remakes doivent être une claque visuelle, mais selon l’époque et l’écart de génération entre l’original et la refonte, la différence peut se montrer tantôt flagrante, tantôt discrète.
Bref, le gameplay de ces Super Mario Bros. revisités a subi quelques modifications notamment sur la physique des sauts de Mario, des bugs ont disparu et c’est bien un style 16-bits qui a remplacé les graphismes de la NES. Cette collection a eu tellement de succès que d’autres versions ont vu le jour par la suite comme la réédition sortie l’année suivante au Japon et l’année d’encore après en Europe, ajoutant le titre Super Mario World à la cartouche. Ces versions modifiées seront par ailleurs portées sur Game Boy Advance, comme Super Mario Advance 4 : Super Mario Bros. 3 et son Super Mario Bros 3. réévalué.
Metroid aussi a eu le droit à quelques remakes et on pense notamment au tout premier à l’origine sorti sur NES et repensé pour la Game Boy Advance en 2004. Sous le nom de Metroid : Zero Mission , ce titre reprend bien entendu le background et l’environnement de celui à qui il rend hommage, mais s’inspire par la même des autres épisodes de la saga. Outre les efforts fournis pour améliorer la partie visuelle et sonore, cet opus bénéficie d’un gameplay retravaillé, de nouveaux objets comme les Power Bombs, mais aussi d’un scénario prolongé. Une manière de faire découvrir le plus confidentiel premier épisode de la saga, tout en l'enrichissement de fonctionnalités plus récentes.
Nintendo a aussi offert une seconde jeunesse à plusieurs épisodes de la franchise Pokémon. Pokémon Let's Go, Pikachu / Évoli apportent vraiment davantage qu’un simple hommage, puisqu'ils profitent d’un gameplay renouvelé qui concilie à la fois les habitués de la saga et les néophytes. Tous n'ont pas reçu un aussi bon traitement ; Pokémon Donjon Mystère : Équipe de Secours DX , commercialisé un peu plus tôt cette année sur la Switch se différencie de ceux sur Game Boy Advance et DS davantage par son passage à la 3D que par l'ajout d'un réel nouveau contenu.
Terminons avec un dernier exemple de remake, plus récent cette fois : Link's Awakening (2019) . Pour passer de la 2D à la 3D sans trop trahir l’esprit de l’originel, Link’s Awakening adopte une direction artistique proche de celle de A Link Between Worlds , la suite du fameux A Link to the Past . Même si le titre ne fournit pas autant de nouveautés que dans les exemples cités précédemment, il faut reconnaître qu'il tire profit de la Switch. Avec bien plus de boutons disponibles, la jouabilité gagne en confort.
Le cas des remasters
Une partie des remasters les plus emblématiques de la société pourraient même faire penser qu'il s'agit là de remake, tant ils se montrent généreux en nouveautés. C'est le cas de Super Mario Bros 64 DS, Ocarina of Time 3D et Majora's Mask 3D. Le moteur du jeu orignal est conservé, nous avons donc là bien affaire à des remasters. Prenons l’exemple de Super Mario 64 qui a trouvé une seconde vie sur la Nintendo DS en 2005. Considéré comme l’un des meilleurs jeux de plateforme jamais exécutés Super Mario 64 DS n’avait rien à prouver sur sa qualité intrinsèque. En plus des graphismes qui gagnent en détails et finesse, c’est du côté du contenu que le remake gagne en intérêt : des niveaux inédits, des personnages supplémentaires à incarner avec pour chacun des spécificités qui leur sont propres, du multijoueurs et des mini-jeux tirant profit du stylet.
The Legend of Zelda aussi a eu le droit à quelques remasters de qualité avec Ocarina of Time 3D , Majora's Mask 3D et The Wind Waker . C’est peut-être Majora’s Mask qui a subi le plus de changement avec un écoulement du temps moins sévère que dans le jeu de 2000 grâce à la fonction rappel. Ainsi, le jeu se montre plus accessible. En ce qui concerne Wind Waker HD, un important travail a été fait pour améliorer le jeu de départ sans pour autant dénaturer ce dernier. Le gameplay a été sensiblement allégé grâce au système de navigation sur les mers simplifié afin de gagner en rythme.
La politique de Nintendo est claire : même si les remakes et remasters sont très souvent une reproduction fidèle de l’original, ils offrent de nouveaux contenus. Un équilibre bien trouvé entre la mise en lumière d’un classique, ce qu’il a apporté au média vidéoludique et sa modernisation grâce à quelques ajouts bienvenus.
Beaucoup de portages et des éditions deluxe
Nintendo a beaucoup usé en revanche de l’émulation en portant de nombreux de ses classiques sur les consoles virtuelles WiiWare de la Wii et DS ainsi que ses héritières les Wii U et 3DS. Un moyen assez simple de se replonger ou de découvrir les titres qui ont fait l’histoire de la société japonaise. Les aventures de Mario, Link, Kirby, Yoshi, Donkey Kong ainsi que d’autres célèbres jeux de différents éditeurs comme SEGA, Konami et Capcom ont profité de ce catalogue. Aujourd’hui, avec le Nintendo Switch Online il est possible d’accéder à des jeux rétro historiques de la NES et SNES. À côté de cela, Nintendo s’est lancé avec les NES Mini et SNES Mini dans la miniaturisation et l’émulation de ses deux consoles cultes. Une façon simple pour faire découvrir aux plus jeunes les premiers succès de l’éditeur, mais aussi, une manière facile pour conquérir les nostalgiques et collectionneurs.
Faute de l’absence du succès escompté de la Wii U, un certain nombre des jeux sortis sur cette dernière se sont vus portés sur la Switch en une version plus ultime, accompagnée du suffixe Definitive ou Deluxe. C’est le cas pour Hyrule Warriors , Mario Kart 8 ou encore New Super Mario Bros. U . Le cas du premier cité s’apparente d’autant plus à du simple recyclage puisqu’il s’agit de la fusion des versions Wii U et 3DS avec l’ensemble des DLC intégrés. New Super Mario Bros. U Deluxe se montre lui aussi assez avare en nouveauté avec certes, la présence du spin-off Luigi sympathique, mais pas d’une grande pertinence. Mario Kart 8 Deluxe s’en sort un peu mieux grâce à l’amélioration de son mode bataille et quelques ajouts bienvenus.
L'expérience ludique avant les graphismes
La force de Nintendo, c’est sa ludothèque composée de séries fortes qui ont su rapidement s’imposer et surtout, perdurer dans le temps. S’il est vrai que la marque capitalise beaucoup sur ses sagas phares en multipliant les épisodes et les sous-séries, elle n’est pas tombée dans le recyclage bête et méchant en abusant des remakes. D’autres éditeurs s’en donnent à coeur joie et profitent de la nostalgie des joueurs et joueuses, jusqu’à pousser le vice avec même, la réédition HD de remake. Nous pensons bien entendu à Capcom et la franchise Resident Evil . Chez Nintendo, il y en a également, mais le ratio entre la totalité de sa ludothèque et celui de remakes et remasters se montre plus bas.
Il faut dire aussi que les jeux sur les consoles de Nintendo ne sont pas les mêmes que chez Sony par exemple. Rappelons-nous de la différence de la 3D entre un jeu sorti sur N64 et un autre sur PlayStation. Un Final Fantasy VII était sans doute plus impressionnant pour l’époque qu’un The Legend of Zelda : Ocarina of Time par exemple, reste que le premier a moins bien vieilli que le second : les polygones et les décors en 3D précalculés choquent plus que le flou homogène de Nintendo. Tout autant que le style d’un Super Mario ou The Legend of Zelda se place plus du côté du cartoon, contrairement aux jeux plus réalistes présents chez la concurrence et qui du coup, souffrent davantage de la comparaison avec les avancées techniques. Nintendo se focalise avant tout sur son univers et le pouvoir ludique de celui-ci, se démarquant ainsi de ceux qui poursuivent une course technologique. Cette pensée remonte aux débuts de la société qui, rappelons-le une fois encore, était fabricant de jouets.
Pour les 25 ans de notre ami italien, Super Mario All-Stars a revu le jour sur la Wii, accompagné d’un livre renfermant notamment des croquis de Miyamoto ainsi qu’un CD audio comprenant musiques et sons du premier Super Mario Bros. Voilà comment nous pourrions imaginer fêter les 35 ans de Mario : une belle sélection des meilleurs hits de la licence, avec un beau lifting et peut-être une modernisation légère, mais indispensable pour apprécier les jeux sur la Switch. Nul doute qu'après Super Mario 64, les épisodes Sunshine et Galaxy mériteraient d'être remis au goût du jour. La rumeur parle de nombreux titres qui seraient concernés, espérons qu'il ne s'agira pas simplement d'émulation comme sur WiiWare mais de la continuation logique de la pensée de Nintendo face aux remakes et remasters. Quitte à souffler les 35 bougies du plombier moustachu, autant le faire bien.
