Déjà reporté de février à mai, The Last of Us Part II devra de nouveau attendre avant de pointer le bout de son nez : Naughty Dog a hier annoncé que son prochain titre était repoussé à une date encore inconnue en raison des problèmes logistiques découlant de la crise du Coronavirus. Une explication sur laquelle il convient d’apporter quelques éclaircissements, afin de mieux cerner pourquoi ce choix concerne The Last of Us et pas certains jeux sortis avant, mais aussi pourquoi il ne sera sans doute pas le seul titre concerné dans les semaines et mois à venir.
Il convient d’abord d’écarter plusieurs éléments : le titre n’a pas été repoussé à cause d’un nouveau retard dans son développement, d’un remaniement potentiel lié aux récentes polémiques sur le crunch des équipes, ou même du passage des employés en télétravail (bien que l’organisation de ce dernier point ait pu engendrer un léger retard). La raison officielle est bien le problème logistique causé par la crise actuelle du COVID-19, un point qui aurait d’ailleurs été confirmé par plusieurs membres du studio auprès de Jason Schreier, journaliste chez Kotaku. Mais ce dernier évoque également une décision “économique”, qui s’avère en fait étroitement liée à celle purement “logistique”.
A message from us about the delay of The Last of Us Part II: pic.twitter.com/aGsSRfmJ8a
— Naughty Dog (@Naughty_Dog) April 2, 2020
Comme vous l'avez probablement vu, la sortie de The Last of Us Part II a été retardée. Nous sommes sûrs que cette nouvelle vous déçoit autant qu'elle nous déçoit. Nous voulions alors vous contacter pour vous donner un peu plus d'informations.
La bonne nouvelle est que nous avons presque terminé le développement de The Last of Us Part II. Nous sommes en train de corriger nos derniers bugs.
Cependant, même avec la fin du développement, nous étions confrontés à la réalité qu'en raison d'une logistique hors de notre contrôle, nous ne pouvions pas lancer The Last of Us Part II comme prévu. Nous voulons nous assurer que tout le monde puisse jouer à The Last of Us Part II à peu près en même temps, en veillant à ce que nous fassions tout notre possible pour préserver la meilleure expérience possible. Cela signifiait retarder le jeu jusqu'à ce que nous puissions résoudre ces problèmes logistiques. Nous avons été déçus par cette décision, mais c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour tous nos joueurs. Nous espérons que ce ne sera pas un long retard et nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons de nouvelles informations à partager. Nous vous souhaitons à tous, à vos familles et à vos amis, une bonne santé.
Restez en sécurité ! L'équipe de Naughty Dog via Twitter
Impression, fabrication et distribution des copies physiques au coeur du problème
Les derniers mois de travail sur le développement d’un AAA ne sont plus consacrés à la création d’environnements, la finalisation d’un scénario ou l’implantation de nouveaux éléments, mais bien au polissage technique. À moins de deux mois de sa sortie, The Last of Us Part II est donc bien un jeu terminé… pour ce qui est de son contenu. Les équipes (et en particulier les testeurs QA) sont donc déjà depuis de longues semaines en train de traquer les bugs et les corriger afin de sortir une version aussi dépourvue de problèmes techniques que possible. Ce n’est qu’une fois cette étape terminée qu’un titre devient “Gold”, et s’avère fin prêt à passer à la dernière étape, la fabrication à grande échelle des versions physiques.
Une étape que The Last of Us Part II aurait vraisemblablement pu atteindre fin avril ou début mai, mais pas avant. Mais la crise du Coronavirus a évidemment des conséquences sur la production que nous avions déjà évoquées dans un article paru il y a quelques semaines : si les chaînes de productions de différents matériels informatiques étaient alors impactées dans une moindre mesure, la tendance pourrait s’accentuer dans les semaines à venir. Les conséquences seraient alors plus qu’évidentes, puisqu’un titre aussi attendu que The Last of Us Part II pourrait ne pas offrir suffisamment de copies physiques à disposition de son public. Et même si c’était le cas, l’explosion du nombre de cas de COVID-19 auprès de ses plus gros marchés - l’Europe et les Etats-Unis - ira potentiellement de pair avec des mesures de sorties de plus en plus restrictives, qui n’inciteront donc pas les joueuses et les joueurs à sortir acheter une version.
Le tout-dématérialisé n'est pas encore la solution
Tout cela reste encore flou, mais c’est justement le manque de visibilité à long terme qui rend toute sortie de jeu risquée, car les conséquences d’une incapacité de produire ou d’écouler correctement ses versions physiques seraient désastreuses commercialement parlant. La solution d’une vente entièrement dématérialisée semble là aussi évidente, mais elle se heurte d’une part aux problèmes de connexion qui régissent encore de nombreux territoires, et d’autre part à l’importance de l’attachement des joueurs sur console à leurs versions physiques. En France, en 2019, les jeux vidéo physiques représentent encore 43% du chiffre d’affaires de l’écosystème consoles si l’on se fie à l’étude parue par le S.E.L.L en février 2020. Il n’est pas insensé de penser qu’une partie des joueurs souhaitant acheter une copie physique seraient prêts à basculer sur une version dématérialisée dans de telles circonstances, mais il est tout aussi raisonnable d’imaginer qu’une part non négligeable de ces 43% ne le feront pas.
Des titres comme Animal Crossing : New Horizons, Resident Evil 3 Remake ou Final Fantasy VII Remake, tout aussi attendus, n’ont pourtant pas subi de reports alors que la crise affecte déjà de nombreux pays depuis plusieurs semaines. La raison est plus simple : les mesures restrictives ayant potentiellement une influence sur les chaînes de production de jeux n’étaient pas encore suffisamment fortes pour justifier d’un report des titres concernés. L’impact s’est pourtant fait ressentir sur l’un des trois titres évoqués, Final Fantasy VII Remake, qui a décidé... d’avancer la distribution de ses versions physiques auprès des revendeurs des marchés européens et australiens, quitte à prendre le risque que ceux-ci sortent le jeu auprès du grand public avant la date convenue. Une idée risquée, mais qui lui permet justement de mieux répartir l’envoi de ses versions à travers le globe, dans un contexte logistique compliqué.
The Last of Us Part II n’est pas le seul titre concerné par un report : Marvel's Iron Man VR a lui aussi été repoussé à une date inconnue alors qu’il était attendu pour le 15 mai prochain. D’une manière générale, les sorties du mois d’avril ne devraient pas être trop impactées, mais il faut s’attendre à d’autres annonces de reports pour les titres attendus en mai et au delà.