Avec la conférence de Mark Cerny, on peut considérer que la guerre des chiffres entre PlayStation 5 et Xbox One Series X est officiellement ouverte. Et si tous ces Teraflops, Gigaoctets et GigaHertz ne vous aident pas à y voir plus clair, voici quelques explications sur ce que l’on en sait et sur ce que l’on peut en déduire.
Xbox Series X | PlayStation 5 | |
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CPU | Zen 2 - 8x Cores cadencé à 3.8GHz (3.6GHz en SMT) | Zen 2 - 8x Cores cadencé à 3.5GHz (fréquence variable) |
GPU | 12 TFLOPs, 52 CU cadencés à 1.825GHz | 10.28 TFLOPs, 36 CUs cadencés à 2.23GHz (fréquence variable) |
Architecture du GPU | RDNA 2 Custom | RDNA 2 Custom |
Mémoire | 16GB GDDR6 | 16GB GDDR6/256-bit |
Bande passante de la mémoire | 10GB à 560GB/s, 6GB à 336GB/s | 448GB/s |
Stockage interne | 1TB Custom NVMe SSD | Custom 825GB SSD |
IO Throughput | 2.4GB/s (Raw), 4.8GB/s (Compressé) | 5.5GB/s (Raw), 8-9GB/s (Compressé) |
Extension de stockage | Carte d'extension 1TB | NVMe SSD Slot |
Stockage externe | USB 3.2 HDD | USB 3.2 HDD |
Lecteur optique | Lecteur 4K UHD Blu-ray | Lecteur 4K UHD Blu-ray |
Des Teraflops à gogo
C’est évidemment ce que tout le monde a retenu. Avec ses 12 TFlops, le GPU de la Xbox One Series X est simplement plus puissant que celui de la PlayStation 5 qui n’affiche que 10,28 TFlops. Et difficile de remettre en cause cet indicateur qui, aux yeux des développeurs, reste à la fois fiable et déterminant pour leur permettre d’évaluer les capacités d’une machine. Cependant, et comme l’a souligné Mark Cerny dans sa présentation des caractéristiques techniques de la machine , ce nombre ne résume pas à lui tout seul la capacité de calcul d’une machine et bien d’autres facteurs rentrent en jeu.
Surtout, tous pourront se rassurer du bond en avant assez important dont vont profiter nos consoles de salon et nos jeux. Il faut se rappeler qu’en 2014, PS4 et Xbox One sortaient avec respectivement 1,8 et 1,3 TFlops sous le capot, quand les versions de mi-génération affichaient 4,2 TFlops pour la PS4 Pro et 6 TFlops pour la Xbox One X. Et pour comparer avec les cartes graphiques de NVidia, on se situerait aux alentours d’une RTX 2080 Super. On devrait donc profiter, dans les deux cas, d’une qualité d’image très largement accrue, et probablement d’un 4K 60hz sur l’ensemble des jeux, avec gestion en hardware du ray-tracing. Le bond de génération est bien réel comme nous le montrons avec ce comparatif PS4 / PS5.
On notera néanmoins une différence assez importante du côté du nombre de calculateurs et de leur fréquence de fonctionnement. Côté Microsoft, on voit que le choix s’est porté sur un nombre élevé de CU avec une fréquence assez basse, quand Sony a parié sur un nombre réduit mais une fréquence plus élevée. Sauf qu’en absence d’informations sur les caractéristiques des unités de calculs de part et d’autre, ou des systèmes de refroidissement, impossible de tirer la moindre conclusion quant aux véritables capacités en régime de croisière ou aux possibilités d’overclocking.
Le processeur au second plan
PlayStation 5 et Xbox Series X se basent toutes les deux sur la technologie d’AMD Zen 2, avec des modèles qu’on imagine dérivés des Ryzen 7 avec leurs 8 coeurs. Une vitesse de 3,8 GHz pour le modèle Xbox et de 3,5 Ghz pour le modèle PlayStation font immédiatement penser aux processeurs Ryzen 7 3900X et 3700X du fabricant. Il faut néanmoins tempérer ce genre de comparaisons, les deux consoles étant probablement équipées de modèles custom, adaptés à la mémoire graphique, comme c’est une habitude désormais depuis la sortie des PS4 et Xbox One.
Il est néanmoins assez frappant de constater que dans le cadre de ces machines dédiées au jeu, les deux présentations sont assez vite passées sur le processeur central et ses capacités, preuve que c’est bien le processeur graphique qui est au coeur de la console et de la plupart des enjeux.
Néanmoins, on peut citer Mark Cerny qui a, durant sa présentation, rappelé la possibilité pour le système d'allouer des ressources du processeur central aux calculs du processeur graphique, en soutien, permettant “de gagner quelques pixels supplémentaires” grâce à la technologie SmartShift, brevetée par AMD. La Xbox Series X étant architecturée autour de composants similaires, on a peu de doute quant à sa capacité à faire de même.
Mémoire et stockage au coeur du système
Il n’y a pas de révolution du côté de la mémoire vive. Pas de grandes différences non plus, les deux machines proposant un confortable 16 Go en GDDR6. On ne devrait donc pas revivre la situation des deux générations précédentes où la PS3 sortait avec deux fois moins de RAM que la Xbox 360, alors que PS4 et Xbox One se présentaient avec deux types de RAM bien éloignés, GDDR5 pour la première et un couple DDR3 + eSRAM pour la seconde. Cependant, Sony a tenu à préciser que sa mémoire fonctionnait en 256 bits ce qui, si la concurrence présentait un BUS en seulement 128 bits, pourrait créer un avantage en termes de débit de données entre la RAM et le GPU.
On remarque aussi que les deux machines n’affichent pas les mêmes spécifications en termes de débit de la RAM. De son coté Microsoft sépare les 16 Go en deux, avec 10Go offrant 560Go/s et 6Go légèrement plus lents à 336GB/s, quand Sony affiche ses 16 Go à une vitesse de transfert de 448 Go/s. Si on ne peut exclure que le fabricant japonais ait fait une moyenne, les deux machines semblent tout de même s’affronter avec les mêmes armes côté mémoire.
Ce qui se vérifie aussi côté disque dur. Car comme nous vous en parlions tout récemment avec les premières informations sur la Xbox One X, c’est un nouveau type de SSD qui équipera la prochaine génération de consoles : le SSD NVMe. Chez Microsoft comme chez Sony, on parie donc sur cette technologie d‘interface qui offre des débits de transfert extrêmement élevés, comparables à ce que propose la mémoire vive DDR4, entre les données stockées et le processeur. Mais les informations à ce sujet sont assez différentes entre Microsoft et Sony.
Le premier nous avait impressionné avec l’annonce d’un disque d’1To dans lequel près de 100 Go seraient disponibles pour les développeurs, quasi immédiatement, grâce à un débit de 4,8Go/s en données compressées. Mark Cerny a lui parlé de 5,5 Go en Raw, sans compression, soit 9 Go/s en compressé. De quoi alléger grandement la charge de la RAM qui pourra alors se concentrer plus fortement sur d’autres tâches que le simple transfert de textures. Si ces données sont avérées, c’est ici la PS5 qui prendrait un certain avantage en termes de performance.
Un stockage extensible des deux côtés
La Xbox Series X nous a présenté cette semaine sa baie d’extension pour cartes propriétaires, en partenariat avec Seagate. Des cartes mémoires qui restent avant tout des SSD NVme, à l’instar de celui qui est dans la console, avec un accès au plus proche des processeurs de la machine. Le format propriétaire fait tout de même planer le risque d’un tarif plus élevé que les modèles que l’on trouve dans le commerce, à performances équivalentes.
De son côté, il semblerait que Sony ait opté pour un slot M2 classique pour étendre la capacité de stockage de sa console, compatible avec les différents SSD du marché, avec tout de même une recommandation pour ceux qui ne voudraient pas avoir à transférer d’un disque à l’autre : que les performances soient au moins égales à celles du SSD interne. Toujours selon les propos de Mark Cerny, Sony devrait proposer une liste de modèles recommandés, lesquels pourront alors profiter d’un accès direct aux entrées et sorties du traitement de données, au même titre que le SSD d’origine.
Des philosophies identiques malgré leurs différences
Il faudra en savoir plus, bien plus, pour départager les deux machines. A l’heure actuelle, et avec les détails qui ont été dévoilés, on voit tout de même que la philosophie qui anime le hardware de ces deux consoles reste similaire : un GPU puissant capable de gérer le ray-tracing, une RAM abondante et performante, une extension de mémoire grâce à la présence d’un SSD de nouvelle génération, et la possibilité pour le joueur d’augmenter sa capacité de stockage via le support des disques durs en USB, mais surtout avec un SSD au plus proche des processeurs.
Les variables étant particulièrement nombreuses par rapport aux données connues, il serait donc assez hasardeux de déclarer la Xbox Series X gagnante sur la simple base de ses 12 TeraFLOPS. Surtout que les rumeurs vont bon train sur l’existence d’une Series S côté Xbox et d’une version Pro côté Sony. De quoi renverser la table et remettre toutes ces analyses en question.