Pas forcément accueillie avec un enthousiasme débordant parmi les fans lors de son annonce, la série Netflix The Witcher, dont la première saison vient d'être diffusée hier, les quelques images et trailers dévoilé ont permis aux réfractaires de passer en spectateur curieux. Et alors que la première saison est déjà terminée, que pouvons nous attendre de la seconde de cette série qui entend donner la réplique à un certain Game of Thrones.
La saga The Witcher, ou du Sorceleur en français, est né sous la plume de l'auteur polonais Andrzej Sapkowski qui y a consacré romans et nouvelles entre 1990 et 2012. Mélangeant folklore slave, mythologie, Dark Fantasy, intrigues politiques sexe et violence, la franchise réunissait sur le papier tous les ingrédient pour une adaptation cinématographique. Et si c'est d'abord le jeu vidéo qui a permis à la saga de s'offrir à la vue du plus grand nombre, Netflix a choisi d'investir dans une série destinée à proposer sa propre vision des romans de Sapkowski. Après les 8 épisodes diffusés ce matin et mettant en scène Henry Cavill (Geralt de Riv), Freya Allan (Ciri) ou encore Anya Chalotra (Yennefer), nous nous laissons aller à nos espoirs concernant la saison 2 de la saga, d'ores et déjà planifiée et dont le tournage se déroulera à Londres l'an prochain pour une diffusion prévue en 2021.
Le tout, garanti sans spoilers, car, s'il paraît évident que l'intrigue ici mise en place, qui gravite autour de la personnalité du Sorceleur, de sa relation avec Yennefer, Ciri, Jasquier ou du nœud politique ayant pour théâtre la guerre sanglante menée par Nilffgaard, est haletante et que nous désirons vite connaître la suite, le lecteur ou le joueur en connaît déjà l'issue et hors de question de gâcher le plaisir de découverte du profane.
The Henry « Grumph » Cavill Show
S'il est bien un atout qui a assuré le succès de The Witcher, qu'il s'agisse des œuvres littéraires ou vidéoludiques, c'est son personnage central, le charismatique, un rien bourru et taciturne Geralt de Riv. Si d'aucuns pouvaient penser que Cavill, que l'on connaît notamment pour son rôle de Clark Kent dans Man of Steel, était un peu trop « propre » et pas assez buriné pour incarner le Sorceleur, c'était sans compter sur le fait que l'homme était un fan des livres et des jeux The Witcher avant d'endosser le rôle. Si la saga Netflix se défend s'être inspiré des jeux vidéos, Cavill a sans aucun doute puisé dans l'interprétation qu'a fait CD Projket de l'imposant chasseur de monstres. Impassible, comme le veut le caractère du personnage, voix profonde pas loin du torrent de gravier, Cavill parvient à donner corps à Geralt et les charmes du personnages sont suffisamment bien brossés pour que l'envie d'appuyer sur ses atouts dans le cadre de la saison 2 soit réelle. Capitaliser sur l'incarnation du personnage, son cynisme, son caractère désabusé et son esprit de justice à plusieurs vitesses permettra à toutes et tous d'embrasser pleinement la cause de Geralt qui vogue toujours dans des zones de gris lorsqu'il s'agit de prendre des décisions qui comptent.
Une chronologie adaptée à tous
The Witcher de Netflix joue avec la chronologie et n'hésite pas à malmener la continuité des événements, menant le spectateur à différents endroits de la timeline et morcelle sa narration. Si une connaissance des jeux vidéo, ou mieux encore, des romans qui les ont précédés, sont un véritable atout pour la bonne compréhension de la chronologie des événements, nous espérons que la saison 2 sera plus formelle sur ce point afin de ne pas perdre celles ou ceux n'ayant aucune connaissance de la franchise. Avec son lot de personnages variés, la plupart occupant un poste d'importance pour l'intrigue, ses enjeux politiques divers, The Witcher peut rapidement égarer le profane qui, sur une timeline malmenée pourrait se retrouver perdu. Nous espérons que la prochaine saison offrira une vraie clarté afin que tous les publics puissent suivre les démêlés atypiques du Sorceleur et de son entourage.
Des créatures à foison
Bien avant de se retrouver prisonnier, souvent bien malgré lui, des tentacules de la politique du Continent, Geralt de Riv est avant tout un Sorceleur, à savoir un mutant depuis l'enfance, dont les capacités presques surhumaines lui permettent de triompher des créatures féroces et fantastiques qui peuplent les différentes régions qu'il traverse. Plus qu'un simple mercenaire, quoi que la plupart du temps motivé par l'argent pour survivre, Geralt de Riv est avant tout un fin connaisseur de la faune, dangereuse ou non et n'ignore sait distinguer une créature inoffensif d'un monstre belliqueux, en dépit des apparences souvent trompeuses. Si nous nous garderons bien de vous dévoiler les créatures que vous croiserez au cours des 8 premiers épisodes de la série, sachez qu'elles respectent l'image que l'on pouvait s'en faire, et là encore, il n'est pas interdit de penser qu'un coup d'oeil à l'estéthique de CD Projekt a été effectué par les directeurs artistiques de la série pour s'en inspirer. Cependant, la saison 2 pourrait faire preuve d'une audace supplémentaire et d'une plus grande diversité dans le bestiaire de l'univers de The Witcher. Omniprésentes et pesant comme une menace constante sur les habitants du Continent, les monstres pourraient occuper une place plus centrale que dans la première saison, si toutefois la Saison 2 choisit de se concentrer sur le quotidien de Geralt, aperçu avec parcimonie dans le cadre de la Saison 1.
Préserver l'équilibre politique et action, pour une écriture plus profonde
L'une des forces de la saga du Sorceleur réside dans son équilibre assez subtil entre complexité politique, fantastique, action et moments de vie. La saison 1 s'inscrit dans cette philosophie et sait alterner scènes spectaculaires et instants plus posés. S'il serait facile de se laisser aller à désirer un souffle épique, il semblerait que le ton adopté par la saga ne soit pas dans cette optique et que la prochaine saison s'ancre dans cette continuité. Effectivement, dans The Witcher, si l'univers est sombre et sanglant et que les combats s'y font nombreux, la violence est rarement gratuite et le droit de vie ou de mort sur un être ou une créature est souvent discutée voire vecteur d'enseignement. Si elle ne veut pas dénaturer le propos et l'absence de manichéisme de The Witcher, la saison 2 devra continuer de jongler entre les séquences qui permettent de mieux cerner l'univers et la psychologie des personnages tout un s'assurant suffisamment de rythme et de combats savamment chorégraphiés comme nous avons pu en apercevoir tout au long des 8 épisodes d'aujourd'hui. L'écriture, de son côté, pourrait ainsi gagner en profondeur maintenant que l'essentiel de l'univers et des différents personnages en présence est bien établit pour le spectateur.
Déjà prévue et confirmée, la saison 2 de The Witcher devra transformer l'essai de la Saison 1 pour s'assurer la perreinité du show télévisé sur les nombreuses saisons prévues par les réalisateur. Il faudra autant convaincre les fans des livres, des jeux, que les profanes que The Witcher version Netflix peut s'inscrire dans la durée et offrir une intrigue aussi haletante que celle née de la plume d' Andrzej Sapkowski.