Outre les traditionnels bilans de l’année côté jeux vidéo et une liste éclectique de tops de la rédaction, nous vous proposons de revenir sur les principales innovations et nouveautés de 2019 côté hardware. Remontada d’AMD sur le CPU, coup de boost de la VR, arrivée du cloud-gaming… Quelles sont les tendances qui ont marqué l’année ?
L’année “tech” est en général calée comme une horloge suisse, au fil de salons et événements mondiaux. En janvier, le CES est l’occasion de découvrir les grandes avancées en matière de TV, d’écrans et plus généralement d’affichage. Quelques semaines plus tard, le Mobile World Congress de Barcelone trace la feuille de route de la mobilité, tandis que le Computex de Taiwan en juin et l’IFA de Berlin en septembre vont se concentrer à la fois sur du 100% hardware et sur les produits que le grand public va pouvoir acheter à la fin de l’année. Et il ne faut pas oublier d’autres événements importants dans l’univers la technologie, comme la traditionnelle conférence de rentrée d’Apple pour découvrir les nouveaux iPhones, Google IO ou Microsoft Build. Bref, difficile de s’ennuyer quand on évolue dans ce milieu. 2019 a cependant été une année relativement tranquille, davantage transitionnelle. Le calme avant la tempête de 2020, qui devrait offrir son lot de moments excitants pour les fans de technologie que nous sommes. Nous allons ici procéder par grandes thématiques, quitte à faire quelques allers retour dans le temps.
Processeur et carte graphique : AMD revient sur le CPU, mais reste en retrait sur le GPU
C’est l’histoire d’une remontada spectaculaire : alors qu’Intel dominait le marché du processeur depuis des années, AMD s’est retroussé les manches et parvient, avec sa gamme Ryzen, à faire peur à son éternel concurrent. Si les parts de marché restent toujours en faveur du premier (70% contre 30%), AMD n’a jamais connu pareil succès depuis 2007. Il faut dire que les processeurs Ryzen sont d’excellents choix pour un PC de bureau et commencent doucement à se retrouver dans une grand nombre d’ordinateurs portables. Intel est à la traîne, c’est un fait, à tel point que le fondeur a récemment publié une lettre auprès de ses clients et partenaires, pour s’excuser des retards de livraison de CPU. Intel a de plus du mal à finaliser son procédé de gravure en 10 nm, alors qu’AMD est déjà au 7 nm avec sa troisième génération de Ryzen.
L’ambiance est cependant moins à la fête pour AMD côté carte graphique, l’avance de Nvidia en la matière étant indéniable. 2019 a cependant été une année plutôt calme sur ce segment et les nouveautés ont surtout été à trouver du côté de l’entrée et milieu de gamme. Nvidia a en effet mis en avant ses GTX 1650 et 1660, avec des déclinaisons “Super”, de bons GPU à moins de 250 euros qui permettent de jouer confortablement en Full HD, tandis qu’AMD mise sur sa série “5500” sur le même créneau. Sur le haut de gamme, il est difficile de ne pas se tourner vers Nvidia, qui continue de miser sur sa génération Turing et ses GeForce RTX boostées au ray-tracing.
Réalité virtuelle : cette fois, c’est la bonne ?
Tous les ans la même rengaine : “c’est l’année du décollage de la VR”. Mais en fait non. On ne vous refera pas ce coup-là pour 2019, mais force est d’admettre que le marché commence à atteindre une maturité intéressante, aussi bien en matière d’offre matérielle que logicielle. Une fois n’est pas coutume, applaudissons ici Facebook qui a su faire les bons choix pour ses casques Oculus, notamment avec le Quest. Ce casque 100% autonome est ainsi une véritable réussite : simple à paramétrer et à utiliser, il propose une immersion immédiate et efficace, et ce malgré des performances graphiques moindres. Bien conscient de ce manque de puissance, Facebook a eu l’excellente idée de proposer tout récemment l’option “link”, qui permet de connecter le casque à un PC via un câble USB C 3.0. L’appareil devient certes moins autonome, mais permet de profiter de titres très ambitieux techniquement.
Bref, à l’heure actuelle et sur PC, difficile de ne pas conseiller l’achat d’un Oculus Quest pour découvrir le potentiel de la VR. Les chiffres de l’année sont d’ailleurs encourageants : 8,5 millions de casques vendus dans le monde entier en 2019, contre 6 millions l’année dernière, et 330 000 rien qu’en France. Si la réalité virtuelle reste encore un marché de niche - et c’est peut-être très bien comme ça - le business est lancé et la progression devrait continuer dans les années à venir, d’autant plus lorsque l’on sait que le prochain jeu Half Life sera jouable exclusivement en VR.
Le smartphone “gamer” : merci, mais non merci
Une autre tendance qui n’est pas tout à fait nouvelle, mais qui a particulièrement fait parler d’elle cette année, c’est la sortie de nombreux smartphones “gamer”. Des appareils mobiles vendus souvent à prix d’or (de 600 € pour un Black Shark 2 Pro à plus de 1000 € pour un Rog Phone 2 très haut de gamme) et qui misent sur la puissance brute, en nous promettant de gros jeux AAA à 60 FPS et plus sur des écrans de 6 pouces. Puissants, certes, ces smartphones souffrent cependant d’un look et d’un design “qui fait débat” - en restant poli - et laisse souvent de côté d’autres aspects primordiaux pour ce type d’appareils (appareil photo, ergonomie). Et surtout, il est difficilement acceptable de mettre une telle somme quand un équivalent plus convaincant existe dans le circuit classique. Pourquoi mettre 900 euros dans un Rog Phone 2 quand l’on peut s’offrir, pour le même prix ou même moins cher, un iPhone 11, un Galaxy Note 10 ou un OnePlus 7T ? Existe-t-il seulement un seul jeu sur mobile qui mérite de tourner sur un terminal au GPU boosté ? Des dizaines d’excellents jeux sont disponibles pour smartphone, mais l’immense majorité d’entre eux n’ont pas besoin de toute cette puissance. Bref, cette mode du smartphone “gamer” reste avant tout une combine marketing pour séduire un public que l'on a du mal à définir.
Côté écran, l’OLED prend son temps, mais arrive doucement
On ne vous dira jamais assez tout le bien que l’on pense de l'OLED, d’autant plus que les TV équipées de cette technologie sont de plus en plus abordables. Contraste infini, noir d’une profondeur imbattable, finesse de design… Les constructeurs de TV rivalisent d’ingénierie pour nous proposer le plus bel affichage possible dans un salon. La bonne nouvelle, c’est que les dalles OLED arrivent sur d’autres appareils, doucement, mais sûrement : nous avons eu droit cette année à quelques modèles de PC portables particulièrement convaincants, comme l’Aero 15 de Gigabyte, le Zenbook Pro Duo d’Asus ou le Razer Blade 15 Advanced.
Des produits puissants, mais qui restent très chers et pas encore totalement adaptés pour le jeu vidéo, étant donné la limitation du taux de rafraîchissement à 60 Hz. Mais la tendance est bel et bien là, et nul doute que 2020 verra de plus en plus d’OLED arriver sur des écrans de 15 ou 17 pouces.
Le cloud gaming est là, et il faut faire avec
Enfin, terminons sur la grande tendance tech’ de 2019, qui n’en est encore qu’à sa préhistoire, mais qui ne peut que prendre de l’ampleur dans les années à venir. Car il faut se rendre à l’évidence : la culture va vers le dématérialisé, c’est inéluctable. C’est déjà le cas depuis un moment pour la musique et la vidéo et il n’y a aucune raison que le jeu vidéo ne suive pas le même chemin. Plus que le dématérialisé, c’est le streaming qui tend à se démocratiser, même si nous sommes encore loin d’une offre grand public et fiable, n’en déplaise à Google. Stadia devait révolutionner notre façon de jouer, il a surtout frustré des milliers “d’early adopters” dont la douche a dû paraître bien froide devant un faible catalogue et des dizaines de fonctionnalités absentes au lancement. Et pourtant, le cloud gaming reste l’une des tendances de l’année et devrait surtout prendre de l’ampleur en 2020. Stadia est certes sorti dans un état déplorable, mais ne peut que s’améliorer et, surtout; les concurrents sont nombreux : Shadow est désormais bien installé, GeForce Now de Nvidia sortira bientôt de sa phase de bêta et, bien entendu, Microsoft a théoriquement une force de frappe inouïe grâce à son xCloud intégré au Game Pass. L’arrivée de la 5G en force l’année prochaine devrait également accélérer les choses.
2019 est donc une année de transition pour la technologie et le hardware, et annonce surtout les révolutions, ou au moins les évolutions, qui nous attendent en 2020. De nombreuses technologies commencent à se démocratiser et l’on attend surtout de voir comment les grands constructeurs vont se mettre à la page. L’arrivée de la prochaine Xbox et la prochaine PlayStation devrait par ailleurs mettre sous le feu des projecteurs certains usages (le SSD sur les consoles, notamment) et les futures habitudes de consommation évolueront drastiquement dans les mois à venir. Reste un point important à soulever : quid de l’empreinte écologique de tout ça ? L’explosion des data-centers, où sont stockés les catalogues de jeux en streaming notamment, a un réel impact que l’on a encore du mal à quantifier, surtout par rapport à la fabrication d’objets “physiques”, mais ces préoccupations semblent assez lointaine des constructeurs, malgré un discours souvent de façade, et même du client final.