Le 21 novembre, le conseil des prud’hommes de Paris a rendu son verdict dans l'affaire des photomontages choquants que la direction de Quantic Dream aurait laissé diffuser en interne. Le studio parisien est condamné à verser une amende de 5000 euros au plaignant, l'ancien responsable du service informatique. Il en réclamait 114 000.
L'information est rapportée par Mediapart dans son édition du 29 novembre. Quantic Dream a été reconnu fautif d'une "violation de l’obligation de sécurité" que l'entreprise doit à ses salariés en restant "passif" devant la diffusion interne de photomontages "homophobes, misogynes, racistes, ou encore profondément vulgaires" créés par un "responsable important" du studio. L'affaire avait éclaté en janvier 2018 avec la publication d'enquêtes par Canard PC (qui montre certains des photomontages en question), Le Monde et Mediapart dénonçant une ambiance toxique au sein de la firme parisienne et un management oppressant.
Quantic Dream doit ainsi verser 5000 euros (auxquels s'ajoutent 2000 euros de frais de justice) au plaignant, l'ancien responsable informatique qui avait quitté la société en mars 2017 en même temps que trois de ses collègues visés par ces photomontages. Les prud'hommes ne lui ont toutefois pas accordé le droit de voir son départ considéré comme un licenciement illégal, permis par le Droit du Travail en cas de "manquements suffisamment graves pour empêcher la poursuite du contrat de travail" (par exemple, discrimination ou harcèlement commis par l'employeur), jugeant que l'entreprise avait fait cesser la diffusion de ces photomontages dès qu’il s’en est plaint, son auteur ayant reçu un avertissement.
Quantic Dream a réagi en diffusant un communiqué sur Twitter, se réjouissant d'un jugement qui les satisfait :
Le 21 novembre 2019, le Conseil des prud'hommes a rendu son jugement sur une affaire qui opposait Quantic Dream à un ancien salarié. Celui-ci demandait plus de 114 000€ de dommages et intérêts, et la requalification de sa démission en licenciement, pour un photomontage de lui en « Super Nanny ».
La juge l'a débouté de toutes ses demandes, considérant très clairement que l'image n'avait aucun caractère particulier qui pourrait justifier sa demande, et qu'il n'y a eu aucune dégradation des conditions de travail dans l'entreprise. Le jugement confirme en outre que l'entreprise a réagi de manière appropriée en prenant très rapidement toutes les mesures nécessaires.
Le salarié a uniquement obtenu un dédommagement de 5000€ (+2000€ de dépens) au titre de « l'obligation de sécurité » : bien qu'aucun signalement n'ait été fait et que ces images étaient créées en dehors des heures du bureau, l'entreprise aurait dû anticiper tous risques de dérapage possible.
Nous prenons acte de ce jugement et nous ne ferons pas appel.
Il nous semblait important de diffuser les informations exactes afin d’éviter toute désinformation dure à une mauvaise interprétation des faits.
L'affaire n'est toutefois pas terminée, le plaignant ayant fait appel du jugement. De son côté, Quantic Dream a répliqué et porté plainte à plusieurs reprises contre ce dernier, accusé d'intrusion illicite dans le système informatique du studio et d'avoir téléchargé des documents internes avant de démissionner. Rappelons enfin que Mediapart et Le Monde ont été attaqués en justice pour diffamation, l'audience de ce procès étant prévue pour le 5 décembre, sauf report dû à la grève générale qui débutera le même jour.