Mis en avant par l’intermédiaire de démonstrations bluffantes où des utilisateurs se téléportaient aussi bien sur Mars que dans le salon de leurs proches, Hololens est aujourd’hui sorti de bien des radars. Le casque capable de faire apparaître des hologrammes dans notre réalité a pourtant rapidement attiré l’attention des joueurs, encouragés par un Microsoft trop heureux de les confronter aux blocs de Minecraft et aux facéties de Conker. Néanmoins, depuis que l’objet s’est rendu disponible aux développeurs en 2016, la renommée de l’appareil semble avoir été quelque peu égratignée. Trois années et une nouvelle version plus tard, Hololens est toujours vivant. Mais est-il devenu l’hologramme de lui-même ?
Une technologie plus que jamais tournée vers les industriels
Dévoilée pour la première fois au Mobile World Congress en février 2019, la version 2 du casque de réalité mixte n’a pas eu le droit à la même exposition que celle de son modèle d’origine. Oubliez les présentations dans l’univers coloré de Minecraft, la compagnie américaine a pour le moment décidé de tourner la page du gaming pour ses hologrammes. Greg Sullivan, directeur de la réalité mixte chez Microsoft, reconnaissait lors de l’annonce d’Hololens 2 que le jeu vidéo n’était pas du tout la priorité du périphérique. Interrogé plus tard chez CNN Business, il expliquait que la firme de Redmond n'avait aucune autre ambition que de démocratiser sa création dans le monde professionnel. Toute proportion gardée, cela rappelle forcément Kinect qui avait meilleure presse chez les industriels que chez les joueurs. Microsoft a par ailleurs annoncé au début de l’année la résurrection de son petit capteur avec un “Azure Kinect” totalement dédié aux professionnels. La boucle est bouclée.
Contrairement au premier modèle soutenu par Minecraft et par quelques expériences ludiques telles que Fragments ou Young Conker, Hololens 2 axe sa discrète communication sur les bienfaits qu’il peut apporter à différents secteurs industriels. Le casque de réalité mixte a surtout profité de sa période d’absence pour faire peau neuve. Comme son nom le sous-entend, Hololens 2 est avant tout une version améliorée du modèle d'origine. Le champ de vision est agrandi, la reconnaissance des mains est améliorée, les yeux sont traqués et la technologie embarquée est dotée de divers ajouts. L’appareil, disponible depuis début novembre sur commande, est à l’instar de son grand frère plutôt onéreux. Vendu au tarif de 3500 dollars (environ 3200 euros), l’objet prouve par son prix qu’il n’est pas destiné au grand public.
Un casque utilisé par une armée de clients ?
Selon les informations publiées par Microsoft, environ 1300 entreprises auraient fait appel à la firme américaine dans le but d'utiliser Hololens. On retrouve, entre autres, Airbus, Capgemini, Nec ou encore T-Systems. Des sociétés se sont également spécialisées dans le développement de technologies facilitant l’utilisation de la réalité mixte dans le milieu industriel, à l’image de Holo-Light ou d’HoloForge, la division spécialisée dans la réalité mixte d’Asobo Studio. Où est Hololens aujourd’hui ? Dans des entreprises se trouvant aux quatres coins de la planète. Des Français d’Immersion aux Japonais de Kobe Digital Labo, les nationalités sont variées, et les secteurs d’activité sont nombreux avec de la formation, du divertissement, de l’aéronautique, des géosciences mais aussi de la santé. Il serait néanmoins présomptueux d'affirmer que le périphérique est un succès, Microsoft refusant pour le moment tout commentaire au niveau des ventes de son casque.
Alors que Microsoft a décroché un contrat à 10 milliards de dollars auprès de l’armée américaine pour y installer son Cloud, la firme de Redmond équipe certains soldats de son “IVAS”, un dérivé d’Hololens 2 transformant le champ de bataille en véritable jeu vidéo, selon les termes de Todd Haseton de CNBC. Le fait que l'on distingue une mini-map, une boussole et un réticule de visée en superposition à la réalité doit particulièrement conforter cette impression. Malgré la colère de quelques employés de la firme, “IVAS” devrait se poser sur la tête d'une centaine de milliers de soldats américains dans les quatre années à venir.
À bien des égards, Hololens engendre un questionnement sur ce qui devrait ou ne devrait pas être concrétisé. Alex Kipman, papa d’Hololens, voit loin pour la technologie qui se cache à l’intérieur de son périphérique. Dans un article publié il y a quelques jours sur Smithsonian, Kipman rêve d’un futur où il serait possible de discuter avec la version numérisée d’une personne possiblement décédée. Il avoue aussi de façon plus raisonnable que sa mission sera réussie quand un journaliste n’aura plus besoin de se déplacer pour s’entretenir “physiquement” avec son locuteur.
Hololens est toujours soutenu par Microsoft, et la nouvelle version du casque fraîchement sortie apporte différentes améliorations techniques demandées par les industriels. Néanmoins, la firme de Redmond préfère pour le moment mettre tous ses œufs dans le large panier du monde professionnel plutôt que de laisser une porte ouverte au jeu vidéo. Pourrions-nous voir débarquer prochainement un autre casque, peut-être plus accessible, dédié aux jeux ? Greg Sullivan assure que non. Mais Microsoft nous a régulièrement habitués à des changements de cap plus ou moins prévisibles.