Pokémon Épée et Bouclier sont arrivés sur Nintendo Switch le 15 novembre dernier. Mais deux jours avant leur sortie, ces nouveaux représentants de la saga de Game Freak se sont retrouvés au coeur d’une tempête médiatique, via le hashtag #GameFreakLied présent dans les tendances Twitter.
S’il n’est resté qu’une seule journée dans les tendances, celui-ci avait tout de même réuni déjà plus de 60 000 tweets dans l’après-midi du mercredi 13 novembre (et sans doute davantage dans la soirée qui a suivi), confirmant la colère d’une frange des fans sur le réseau social. Cet ensemble de tweets mécontents est né de l’extraction des données du jeu avant sa sortie, qui a en effet été l’occasion pour certains joueurs de faire fuiter de nombreuses informations à son sujet plus tôt que prévu. Et d’après les joueurs à l’origine du Hashtag, ces données auraient mis en lumière un mensonge de Game Freak.
Qu’a donc pu dire le studio japonais pour se mettre dans une telle situation ? Quelques mois plus tôt, c’est une interview conjointe de Shigeru Ohmori (directeur) et Junichi Masuda (producteur) auprès de Famitsu qui a été à l'origine du problème. Déjà critiqués pour leur choix publiquement assumé de proposer un Pokédex n’incluant pas l’ensemble des Pokémon existants, les deux hommes ont pris à cet instant le temps d’apporter une justification à cette décision, en précisant que le passage à la Switch nécessitait de “refaire les animations en partant de rien”. En effet, le faire sur 400 Pokémon est forcément moins difficile que de le faire sur l'ensemble des Pokémon existants, qui sont aujourd’hui plus de 800. Une justification qui a donc été contredite quelques mois plus tard avec les données dévoilées, via des preuves montrant que les animations restent les mêmes.
Plus que les animations, un mensonge en question
En comparant les modèles d’animations des versions Switch de Pokémon avec leur pendant sur Nintendo 3DS, quelques vidéos réalisées par des dataminers - dont celle de DJTHED Games - montrent effectivement que celles-ci sont similaires pour les créatures présentes sur les deux supports. S’il part à l’origine de ce problème d’animations, le hashtag a au passage tenu un rôle “fourre-tout”. En effet, de nombreux joueurs ont profité de l’occasion pour relayer l’ensemble des éléments leur ayant posé problème et qui ont été ici relevés à partir de l’extraction des données. On notera ainsi des références aux textures moins travaillées de certaines zones des terres sauvages, à la durée de vie, mais également au “Dexcut”, joli barbarisme désignant le choix assumé de la part de Game Freak d’exclure plusieurs Pokémon du Pokédex de Galar, afin de le réduire à 400 créatures. Autant de soucis finalement “hors-sujets” vis-à-vis du problème à l’origine du lancement du hashtag.
Ce n’est d’ailleurs pas directement le choix de conserver les mêmes animations qui pose souci, puisque c’était déjà le cas sur de précédents épisodes, mais bien le fait que Shigeru Ohmori et Junichi Masuda aient promis de les changer dans la fameuse interview accordée il y a des mois à Famitsu. Des déclarations finalement erronées au regard des informations sorties quelques jours avant le lancement des jeux. Certains adeptes de Twitter utilisant le hashtag sont certes déçus par la question du mensonge réalisé, mais font d'ailleurs montre d’indulgence sur le manque d’évolution des animations, à l’image de GemTrainer :
Honnêtement, j’aurais été heureux d’acheter Épée et Bouclier s’ils avaient gardé chaque Pokémon et animation, mais en revenant aux graphismes pixellisés en 2D de la plus vieille génération, avec laquelle j’ai grandi. En somme, ça aurait été le meilleur choix pour eux.
Parmi les francophones, certains tels que CptHype (“Mentir publiquement, c’est non”) ou MMatias49 (“ne sortez pas de fausses excuses pour vos décisions. Assumez, donnez la vraie raison et le backslash sera (peut être) moins fort”) ont également bien su recentrer le débat sur le coeur du problème, à savoir le mensonge supposé du studio japonais.
Une déclaration à l'épreuve de la traduction
Le soucis, c’est qu’un doute escorte alors les déclarations de l’interview, qui pourraient avoir été mal traduites du japonais vers l’anglais à cause d’une interprétation erronée du site NintendoEverything ayant assuré la traduction. C’est ce qu’évoquent notamment certains posts reddit, arguant que Shigeru Ohmori parlait ici d’une “nouvelle approche dans le développement graphique”, et non pas de modèles d’animations. Ce dernier témoignage laisserait penser que Game Freak n'a pas menti, mais la vérité est loin d'être si claire, car plusieurs autres voix appuient l’inverse, montrant la difficulté d'obtenir une réponse limpide concernant la traduction de l'interview. C'est notamment le cas de celle de Sliated (datant d’il y a 4 mois, dans la foulée de la déclaration donc) qui a même fait appel aux services d’un traducteur professionnel employé par le site Gengo pour appuyer ses propos, preuves à l'appui. Dans ce dernier cas, le traducteur estime que le terme utilisé ne prête pas à confusion :
Les mots exacts que Ohmori a utilisé sont “モデルを最初から作り直す”, ce qui signifie explicitement de les refaire à nouveau en partant de rien.
Contacté par nos soins, The Pokemon Company n'a pas souhaité commenter cette situation. Pokémon Épée et Bouclier sont disponibles sur Nintendo Switch depuis le 15 novembre.
L'introduction de Pokémon Epée et Bouclier