Après les récentes affaires mêlant la Chine, Hong Kong et Blizzard, Epyon revient sur les liaisons parfois dangereuses qui unissent les éditeurs de jeux occidentaux et le pays le plus peuplé du monde.
Après un rapide tour d'horizon de la politique actuelle de la Chine et son dirigeant Xi Jinping, avec sa volonté d'étendre l'influence du pays à travers le monde pour en redevenir le Milieu (pas celui de Tolkien), Epyon s'attarde sur Tencent et Netease, deux entreprises de jeu vidéo chinoises, qui font partie de cette vision globale.
Tencent, créé en 1998, basé à Shenzhen : une entreprise de télécommunications, et qui s'est attaqué au jeu vidéo dans les années 2000. Ils ont commencé à racheter des studios coréens pour faire des free-to-play, puis petit à petit des studios et éditeurs occidentaux. Aujourd'hui ils possèdent totalement Riot Games, 48 % de Epic Games, 11 % de Bluehole, 84 % de Supercell, 5 % d'Activision-Blizzard, 5 % d'Ubisoft. Ils produisent aussi des jeux en interne. En plus d'avoir investi dans Discord, Tencent est le propriétaire de WeChat, application possédée par une énorme partie de la population chinoise, qui équivaut à Facebook + WhatsApp + PayPal chez nous.
Netease, créé en 1997, basé à Canton : une entreprise qui a commencé dans la communication sur le Web, puis s'est tourné vers le jeu vidéo. Netease organise beaucoup d'événement eSport, notamment avec Blizzard. Depuis 2008, Netease a un partenariat avec Blizzard pour éditer leurs jeux en Chine. Ils ont commencé avec WoW et Starcraft II, aujourd'hui ils éditent quasiment tous les jeux Blizzard en Chine. En 2018, Netease investit 100 millions de dollars dans Bungie. Ils n'en sont qu'actionnaires minoritaires, mais participent désormais au Conseil d'Administration. En 2019, ils investissent dans Quantic Dream, après que le studio se sépare de PlayStation. Netease a aussi beaucoup de contrats de distribution de jeu occidentaux en Chine, comme Minecraft ou les jeux Total War par exemple.
Pendant très longtemps, les éditeurs fuyaient la Chine, parce que c'était la terre du piratage et des contrefaçons de consoles. En plus, le PC et le mobile étaient ultra-majoritaires, ce qui ne les arrangeait pas vraiment. Puis, le marché s'est régulé et les éditeurs ont senti le filon : il y a 312 millions de joueurs PC en Chine ! Seulement, pour entrer sur le marché chinois, il faut que chaque produit étranger passe le contrôle d'un organisme d'état. Or, cela prend énormément de temps et peut échouer ... sauf si on est partenaire d'entreprises comme Tencent ou Netease ! C'est la principale raison qui a poussé beaucoup d'éditeurs à vendre des parts à ces entreprises, en plus de leur grande quantité de liquidités, et de leur capacité à adapter les jeux au marché chinois, avec du free-to-play, du jeu mobile, etc ... Le bon point c'est que jusqu'à présent, Tencent ou Netease n'ont jamais influencé les productions. Typiquement, Supercell est toujours en Suède, Riot est toujours en Californie ... Pour l'instant, ils se contentent de toucher des dividendes. Le mauvais point, c'est que ça peut provoquer des conflits d'intérêts, comme avec Blizzard récemment. Tout ça en mettant de côté les questions éthiques. Par exemple Tencent, qui possède en partie Epic Games, dont le patron Tim Sweeney a dit qu'ils ne censureraient jamais leurs joueurs ... Mais on sait à côté de ça que Tencent co-préside le comité de censure d'Internet en Chine.
On vous laisse écouter Epyon pour de plus amples informations sur le sujet, et surtout on vous donne rendez-vous jeudi dans 5 ans, pour le Journal et une chronique sur le marché du jeu vidéo en Inde, et ses liaisons dangereuses avec les éditeurs occidentaux !