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S'il reste encore pas mal d'inconnues sur la Playstation 5, quelques informations sur ses performances, notamment, ont d'ores et déjà été diffusées au compte-gouttes. Sa date de sortie, en revanche, si elle devrait selon toute vraisemblance intervenir fin 2020, fait partie des données qui restent à connaître au même titre que son prix, qui sera déterminant pour déclencher l'acte d'achat. Mais quel tarif peut-être vraiment envisagé pour la future machine de Sony ?
Il faut bien le reconnaître, les spéculations sur le prix éventuel de la PS5 lors de sa sortie font couler beaucoup d'encre, et pour cause, le constructeur a déjà eu tendance à proposer un prix de lancement presque prohibitif. Quiconque était là au jour du lancement de la PS3 et son disque dur de 60Go au tarif affiché à 600€ s'en souvient très certainement. L'histoire a d'ailleurs prouvé que Sony, si l'on prend en compte l'inflation, avait déjà flirté avec des sommes bien supérieures à la PS4 pour ses machines. En 2000, la PS2 était commercialisée à 2990F, ce qui représenterait 590€ aujourd'hui alors que la première PlayStation, vendue 2099F en 1995, vous coûterait 441€ si elle avait été vendue aujourd'hui.
Si l'on excepte les baisses de prix connues pour chaque machine au cours de leur cycle de vie et que l'on sait que la PS4 était facturée 399€ à son lancement, difficile d'affirmer ou d'infirmer un tarif équivalent pour la PlayStation 5. Les facteurs sont en tout cas multiples et, si certains analystes estiment une envolée du prix de commercialisation, il est cependant improbable de voir le constructeur proposer un tarif nettement supérieur aux 500€ et c'est en tout les cas ce que Mike Cerny, principal architecte de la PS4 et de la PS5 a insinué dans le cadre d'une interview accordée à Pete Rubin; journaliste de Wired, comme il l'a indiqué sur Twitter.
Peter Rubin : Cette partie (de l'interview - ndr) ne figurait pas dans mon article "PlayStation Story", mais compte tenu du nombre de personnes spéculant sur le prix de la console (essentiellement en raison du combo puce/SSD), je pense que je devrais donner une petite partie de la retranscription de l'interview à ce propos.
- Il y a toujours eu une gamme générale de prix de lancement. La prochaine console sera-t-elle conforme à cette gamme?
Cerny - Je pense que nous pourrons la publier à un prix de vente conseillé qui séduira les joueurs compte tenu de ses fonctionnalités avancées
Une question de Hardware
À la question de savoir si elle pourrait donc coûter un peu plus cher que la dernière génération de machine, mais que la technologie embarquée justifierait le prix plus élevé, Cerny botte en touche, ne pouvant s'exprimer davantage sur le sujet. Et il est vrai que certains analystes s'accordent à dire que le coût de construction de la PS5 pourrait être assez élevé, compte tenu des avancées matérielles que connaîtra la machine. Équipée d'un processeur AMD Ryzen de 3e génération doté 8 cœurs, la PS5, d'un GPU AMD Radeon de génération Navi, de la présence d'un SSD, l'évocation du Ray-Tracing et d'expérience audio boostée et rétro-compatibilité PS4... la PS5 connaîtra un bond technologique cohérent avec un changement de génération, mais ces technologies ne sont pas gratuites. Une analyse, prédictive, certes, mais complète menée par Digitaltrends estime un coût de production de la machine à 516$, et donc un prix de départ estimé à 500$. Certes il est interdit de vendre à perte, mais les négociations lors des achats de composants, souvent en très grande quantité, permettent au constructeur de rapprocher au maximum le coût de production du prix de commercialisation.
Le prix pourrait en revanche varier selon le SSD embarqué dans la machine. Une version de 256Go sera facturée fatalement moins chère qu'une version d'1To, si tant est qu'il en existe une. Auquel cas, Digital Trends estime un prix fixé à 600$ pour une version «Deluxe » à haute capacité de stockage. Il faut également noter que Sony semble insister assez lourdement sur les performances de la machine évoquée comme un produit pour hardcore gamer, public plus enclin à investir dans son loisir que le public le plus occasionnel, mais la réception plus que mitigée du prix de 600$ de la PS3 pourrait cependant freiner Sony dans sa volonté de trop taper dans le porte-monnaie du joueur. La compromission entre bond technologique et accessibilité tarifaire est un équilibre assez délicat à obtenir, et rien n'indique que Sony tranchera en faveur de porte-monnaie, de la compromission ou du prix fort pour une technologie avancée.
En revanche, la rétro-compatibilité serait de son côté un argument de poids pour justifier l'augmentation du prix par rapport à celui de la PS4. Les joueurs tentés de rejoindre l'écurie Sony mais n'ayant pas cédé à l'appel de la PS4 pourraient disposer, pour 500€ d'une ludothèque n'ayant pas tant vieilli que ça (notamment compte tenu des sorties majeures et exclusives à la machine ces prochains mois) et qui aura aussi pour avantage d'avoir connu, d'ici la sortie de la PS5, des baisses de prix, notamment au cours du Black Friday 2020.
L'ombre de la politique internationale
En outre, un facteur américain pèse comme une épée de Damoclès au-dessus des constructeurs, avec l'annonce par l'administration Trump, plus tôt cette année, d'une hausse éventuelle de +15% des taxes applicable à une grande quantité produits manufacturés en Chine et importés sur le territoire étasunien. La taxe passerait donc de 10% à 25% et naturellement, la Chine étant un lieu charnière pour la production de consoles, l'industrie du jeu vidéo et le prix des machines pourraient être grandement impactés chez l'Oncle Sam. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Sony, Microsoft et Nintendo se sont associés pour écrire une lettre commune de contestation de cette perspective, et Sony, puisque c'est lui qui nous intéresse ici, a rappelé au Wall Street Journal la fatalité de la hausse de prix qui se répercutera donc sur le consommateur si la taxe est maintenue. Pour éviter une telle déconvenue, Nintendo a déjà transféré une partie de la production de son nouveau modèle de Switch à destination des États-Unis en Asie du Sud-Est afin d'éviter de subir de plein fouet la taxation américaine. Sony n'a à notre connaissance pas procédé à ce type de délocalisation, mais n'a pas manqué de rappeler, dans la lettre écrite avec Microsoft et Nintendo que 840 millions de dollars seraient à amortir par les consommateurs et que le prix des machines serait plus éloigné encore de la portée de leur bourse.
Mais ce scénario noir n'est pas encore opérationnel et l'on peine tout de même à imaginer des tarifs de lancement prohibitifs, comme une poignée d'analystes peuvent l'affirmer au regard de la technologie embarquée que nous avons évoquée plus haut. Les inconnues sont encore nombreuses, mais certains facteurs, notamment hardware indiquent tout de même une tarification supérieure à celle de la PS4, dont le prix assez compétitif et inférieur à la concurrence semblait être une réponse aux 600€ de la PS3, qui avaient été mal accueillis par les consommateurs à l'époque. Reste à savoir dans quelle mesure le public trouve acceptable l'achat d'une machine et comment Sony établira un compromis entre accessibilité et performances technologiques.