L’E3 2019 est maintenant loin derrière nous. Sony ne s’en est d’ailleurs jamais vraiment approché, à l’image d’une année qu’il a traversé comme un fantôme, ou presque. Car si Microsoft a profité de la dernière édition du salon californien pour dévoiler ses projets pour la nouvelle génération et même livrer une fenêtre de lancement pour fin 2020, le constructeur historique de la PlayStation n’y était pas et le mystère demeure sur la date de sortie de la prochaine génération de son produit phare : faut-il l’attendre pour 2019, 2020, 2021 ou au delà ? Petit tour d’horizon des informations déjà connues et des prospections les plus crédibles sur le sujet.
Nous l’évoquions dans un billet d’humeur en début d’année, pour des raisons de durée de vie d’une génération et de besoin d’occupation de l’espace médiatique, il nous semblait peu probable que Sony ne fasse aucune annonce au sujet de sa machine courant 2019. La surprise est finalement venue de la forme employée, puisque c’est en avril que la firme a choisi de livrer ses premières informations concernant sa PlayStation 5, via la divulgation auprès de Wired de quelques informations sur ses spécificités techniques.
La piste d'une date de sortie 2019 déjà écartée
Nous avons toutefois été un peu cavalier en pensant alors que la possibilité que la machine pointe le bout de son nez dès cette année n’était pas écartée. Malgré un cycle de vie qui flirte déjà avec la moyenne haute du secteur, la PlayStation 4 verra bien 2020 sans successeur à l’horizon: une dizaine de jours après la divulgation des premières informations sur la nouvelle génération, c’est Sony lui-même qui annoncé la nouvelle en marge de la publication de ses résultats financiers. Il faudra même attendre au minimum le mois d’avril puisque l’annonce vaut pour l’ensemble de l’année fiscale du groupe, qui court du 1er avril 2019 au 31 mars 2020. Cette confirmation fut tout de même accompagnée de précisions sur l’importance de l’investissement réalisé (31 milliards de Yen, soit environ 264 millions d’euros), montrant bien que si Sony n’est pas encore prêt à dévoiler publiquement sa machine, il a déjà entamé le plan de communication à son sujet en dévoilant les informations au compte-goutte.
Cette non-sortie en 2019 fait également sens pour d’autres raisons, directement liées aux jeux : les dates de sortie de The Last of Us Part II et Ghost of Tsushima sont à l’heure où nous écrivons ces lignes encore inconnues. Or, il aurait été commercialement difficile à justifier de sortir une nouvelle machine avant ces jeux initialement attendus sur sa grande soeur : un constat d’autant plus logique que Sony nous a toujours affirmé que quoi qu’il arrive en terme d’éventuels futurs portages, les deux titres cités ne feront pas l’impasse sur la PlayStation 4. Une affirmation également valable pour Death Stranding, qui débarquera lui avant ses deux compères puisqu’il est attendu pour le 15 novembre, et dont la question de l’exclusivité réelle fait ici débat. Au delà des titres annoncés, Il est d’ailleurs légitime de penser que pour sa sortie, la PlayStation 5 se doit d’arriver avec un moins un titre de lancement fort, capable d’endosser sans difficulté le costume de “console-seller”.
Là aussi, le timing semble trop serré pour une majorité de studios majeurs de Sony Worldwide Studios. Santa Monica Studios a sorti God of War en avril 2018, Guerrilla Games son Horizon Zero Dawn début mars 2017… À ce titre, l’horizon 2020 semble donc être un grand minimum si nous voulons voir une suite à ces deux titres majeurs de la génération actuelle. Et même là, il semble encore trop proche pour affirmer avec certitude que l’un des deux jeux concernés puisse accompagner la sortie d’une nouvelle génération.
Début 2020, la tentation “exotique” ?
Si la perspective de sortir sa nouvelle console en février ou en mars est donc écartée, il reste encore le deuxième trimestre 2020 comme première alternative. Un timing qui peut sembler délicat, à moins que la divulgation de la machine ne s’opère d’ici à la fin de l’année. L’affaire semble compliquée, car elle couperait là aussi l’herbe sous le pied des deux prochaines exclusivités attendues, qui devraient au minimum annoncer une date de sortie en même temps sous peine d’être occultées médiatiquement parlant par celle de la PlayStation 5. Ce choix ne serait pas réellement préjudiciable au nouveau titre de Naughty Dog tant l’attente autour de celui-ci est forte, mais il pourrait tout de même amener une réelle confusion : comment communiquer efficacement sur l’arrivée de gros titres PS4 tout en annonçant dans le même temps qu’une nouvelle console arrive ? L’existence du système de rétrocompatibilité pourrait certes compenser d’éventuelles inquiétudes des joueurs en leur permettant de passer d’une console à l’autre sans se soucier de la question de la ludothèque, mais il court-circuiterait à terme les ventes de PS4 pour Noël. Et vu la bonne santé de la console, pas sûr que Sony opte pour cette formule.
Dans les faits, il n’est pas spécialement opposé à l’idée de sortir sa machine lors de cette période si l’on se fie à ses précédentes habitudes pour ses consoles. La PlayStation 2 est ainsi arrivée en mars 2000 au Japon, tandis que la PlayStation 3 n’a pointé le bout de son nez en Europe qu’en mars 2007. Récemment et du côté de la concurrence, la Nintendo Switch a opté pour un lancement à la même période de 2017 : une démarche couronnée de succès au regard des 35 millions d’unités écoulées au 30 juin 2019, en un peu plus de deux ans de commercialisation donc. Mais le contexte était bien différent, puisqu’après les ventes plus décevantes de la Wii U (sous les 15 millions), Nintendo n’avait ni le luxe d’attendre, ni la peur d’influer négativement sur l’écoulement du stock de Wii U à Noël 2016.
De plus, l’occasion était idéale pour lancer en même temps la version Switch de The Legend of Zelda : Breath of the Wild, qui ne pouvait de toutes façons pas compter sur un parc suffisamment important de Wii U pour multiplier ses ventes. Tous les voyants étaient donc au vert pour cette prise de risque, tandis que pour Sony, et comme évoqué en conclusion du précédent paragraphe, les ventes actuelles de la PS4 restent bonnes (17,8 millions sur l’année fiscale 2018) malgré un premier ralentissement finalement logique au regard du cycle de vie actuel de la machine. Sony espère d’ailleurs vendre 16 millions de machines sur l’année fiscale en cours, chiffre qui serait forcément impacté négativement par la perspective imminente de voir une machine lui succéder.
Fin 2020, le choix de la raison… et de la confrontation
C’est donc fort logiquement une sortie fin 2020 qui semblerait être le choix le plus rationnel. Avec ce calendrier, l’annonce aurait probablement lieu début 2020, un timing qui permettrait de ne pas influer sur le cours des ventes de PS4 pendant la période de Noël et de pouvoir tenir leurs objectifs sur l’année fiscale, mais qui offrirait également un calendrier d’annonce proche de celui de sa prédécesseure. Celle-ci avait en effet été dévoilée lors d’un évènement organisé par Sony en février 2013, avant de se révéler physiquement pendant l’E3 puis de sortir en novembre. Les récentes rumeurs d’une annonce au 12 février 2020 viennent d’ailleurs appuyer cette thèse, bien qu’elles restent à prendre avec des pincettes puisqu’elles évoquent notamment une potentielle exclusivité PlayStation 5 de Ghost of Tsushima. Or, selon la communication officielle de Sony et comme nous le rappelions plus haut, il est toujours attendu sur PS4. Une présence sur les deux générations via un portage ou une sortie simultanée ne fait guère de doute, mais un passage exclusif sur PlayStation 5 risquerait d’avoir un effet déceptif important pour les possesseurs de la dernière console de Sony, qui reviendrait alors sur ses propos.
Une sortie fin 2020 serait également l’occasion pour la firme tokyoïte de se confronter directement à Microsoft et sa console de nouvelle génération pour l’instant connue sous le nom de “Projet Scarlett”, qui sera accompagnée pour l’occasion du prochain épisode de la saga Halo, sous-titré Infinite. Sony est certes dans une position de leader qui l’incite davantage à protéger ses acquis qu’à prendre des risques en se confrontant directement à la concurrence. Toutefois, prendre du retard sur cette dernière en lui laissant le champ libre pour les fêtes de fin d’année n’apparaît pas non plus comme une manoeuvre plus intéressante. Et le premier argument cité peut également être appliqué dans l’autre sens, en considérant que fort de son succès sur cette génération, Sony n’a pas à craindre une concurrence frontale. Pour peu qu’il ne reproduise donc pas les erreurs de son passage de la PlayStation 2 à la PlayStation 3, mais c’est un autre sujet.
2021, un horizon trop lointain
Il semble difficile d’imaginer la PlayStation 5 arriver en 2021 ou au delà. D’une part parce que la communication à son sujet a déjà commencé, de manière plutôt discrète certes, mais livrer les premières informations sur une console 2 ans avant sa sortie apparaît tout de même comme très précipité. D’autre part, les premiers échos de présence de kits de développement PS5 auprès d’éditeurs et développeurs tiers et first party remontent déjà à de longs mois, en témoignent notamment les remarques du très bien informé Daniel Ahmad en janvier dernier :
Les dev kits PS5 sont de sortie et j’ai eu des échos positifs à leur sujet. Mais je ne m’attends pas à de nouvelles informations dans un futur immédiat.
Le temps lui a donné raison, avec l’annonce seulement trois mois plus tard des premières spécificités telles que la rétrocompatibilité ou le temps de chargement réduit via un nouveau modèle de SSD. Plus récemment, c’est la divulgation d’un étrange brevet représentant une machine qui a beaucoup fait parler d’elle : Matthew Stott, senior artist chez Codemasters a confirmé sur Twitter qu’il s’agissait bien d’un devkit de la PS5, avant de supprimer son post. Pour la sortie des premiers jeux fin 2020, le timing semble donc crédible, d’autant plus que les studios travaillant exclusivement avec Sony ont eu accès plus tôt à ces fameux kits.
Évidemment, à plus d’un an de cette potentielle échéance, il serait précipité d’affirmer que la PlayStation 5 sortira forcément fin 2020. Beaucoup d’évènements peuvent encore se produire entre temps et modifier les plans de Sony, qu’ils concernent un léger ajustement de la configuration technique de la machine ou l’impossibilité de livrer un titre de lancement dans les temps, même si ce second exemple semble nettement moins probable que le premier. L’année 2019 plutôt discrète du constructeur, qui ne tiendra pas non plus de conférence au Tokyo Game Show, devrait toutefois gagner en consistance sur les derniers mois avec d’une part la sortie de Death Stranding, et d’autre part une possible annonce de date de sortie pour The Last of Us Part II. Un timing qui libérerait alors Sony de ses dernières échéances majeures concernant la PlayStation 4, exception faite de Ghost of Tsushima, et lui laisserait donc le champ libre pour lancer des annonces plus précises sur l’avenir de la marque. Premier éléments de réponses attendus d’ici quelques mois donc, et peut-être même dès novembre avec la potentielle tenue d’un nouveau State of Play.
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