Malgré des bénéfices records en 2018, Activision Blizzard annonçait en février dernier vouloir se séparer de 8% de ses effectifs totaux. Les rumeurs indiquaient alors que la France, qui accueille le QG européen du groupe, serait particulièrement touchée. Une information que les syndicats Solidaires Informatique et Game Workers Unite confirment dans un communiqué de presse publié hier.
Sur les 400 employés que compte le siège européen d'Activision Blizzard, situé à Versailles, 134 seraient bientôt licenciés par le biais d’un plan de sauvegarde de l’emploi. De tous les bureaux du groupe américain, celui de l'Hexagone serait ainsi le plus proportionnellement touché, les divisions logées en France (relations publiques, marketing, esport…) étant celles visées par les restructurations.
Les syndicats Solidaires Informatique et Game Workers Unite dénoncent la situation, en évoquant un "licenciement plus boursier qu'économique" et un "plan social au rabais". Il est notamment pointé du doigt le fait qu'une partie des postes supprimés en France sont réouverts dans les bureaux irlandais, "une délocalisation qui cache son nom", ainsi que les mesures "scandaleusement insuffisantes" (dixit le syndicat) proposées par la direction. "Le montant des indemnités financières est de l’ordre du minimum imposé par la loi française, qu’on s’attend plutôt à trouver dans les plans d’entreprises de taille modeste souffrant de véritables difficultés financières ; ce n’est pas le cas de Blizzard Entertainment SAS qui a beau jeu d’oublier que cette même loi précise que ces montants se doivent d’être proportionnés aux moyens financiers du groupe international", explique le syndicat. Avec l'aide de Force Ouvrière, les syndicats promettent une assistance aux employés qui souhaiteront contester leur licenciement aux Prud'hommes si Blizzard ne "retrouve pas ses esprits" et ne met pas "les moyens nécessaires sur la table en regard de la situation".
Pour rappel, Activision Blizzard justifiait son plan de restructuration par une volonté de baisser ou abandonner des investissements dans "les initiatives qui ne rencontrent pas le succès escompté". L'objectif affiché : augmenter de 20% sur l'année les effectifs des équipes dédiées aux franchises Call of Duty, Candy Crush, Overwatch, Warcraft, Hearthstone et Diablo. Le groupe américain avait bouclé 2018 sur un chiffre d'affaires de 6,61 milliards d'euros, un bénéfice opérationnel de 1,75 milliard et un bénéfice net de 1,6 milliard. "Même si nos résultats de 2018 sont les meilleurs de notre histoire, nous n'avons pas réalisé notre plein potentiel", expliquait alors le PDG Bobby Kotick.
Contacté par nos soins, Blizzard France n'a pas encore réagi au communiqué de Solidaires Informatique.