Témoignages d'anciens employés à l'appui, le journal économique Forbes dresse le bilan du développement du jeu Star Citizen, projet d'une ampleur colossale et dont la sortie semble toujours aussi lointaine. En cause ? "L'incompétence et une piètre gestion à une échelle galactique", selon Forbes.
C'est peu de le dire, Star Citizen est un projet qui divise comme rarement : si certains croient en ce jeu d'exploration spatiale et à sa promesse d'une centaine de systèmes solaires explorables (pas un seul n'est achevé actuellement), d'autres n'y voient qu'une vaste arnaque. Financé à hauteur de 288 millions de dollars selon les chiffres fournis par Forbes, dont 242 millions proviennent du financement participatif, le jeu subit d'incessants reports et autres soucis de développement, si bien qu'aucune fenêtre de sortie n'est annoncée.
Pour réaliser ce papier, Forbes a recueilli les témoignages de 20 ex-employés du studio Cloud Imperium Games. Ces derniers ne gardent pas spécialement un bon souvenir de leur expérience auprès de Chris Roberts, cofondateur et figure emblématique de CIG. Forbes dresse ainsi un portrait peu flatteur :
Ce n'est pas une arnaque, Roberts travaille vraiment sur un jeu, mais il s'agit ici d'incompétence et de piètre gestion à une échelle galactique. Forbes.
Les témoignages décrivent un environnement de travail chaotique et la mauvaise gestion de fonds opérée par Chris Roberts. Mark Day, l'un de ses anciens collaborateurs, n'est pas non plus tendre envers l'ancien concepteur de Wing Commander :
Lorsque l'argent arrivait, ce que je considère comme les mauvaises habitudes de Roberts ont refait surface, il n'était plus très concentré sur le projet. Cela l'a complètement dépassé, de mon point de vue. J'ai été choqué par les promesses qu'il pouvait faire dans tous les sens.
Forbes mentionne la lettre de démission de David Jennison, artiste en charge du design des personnages, qui a fuité en 2015. Il y explique que s'il n'a pu réaliser que cinq personnages en 17 mois de travail, c'est avant tout à cause de l'intervention constante de Chris Roberts, qui ralentissait le processus. "C'est devenu clair qu'il s'agit d'une tendance s'appliquant à toute l'entreprise - Chris Roberts dicte tout". D'autres ex-employés appuient cette vision des choses en expliquant que le patron s'implique dans la moindre petite décision et "pousse des investissements énormes et complexes dans des domaines qui n'en valent pas la peine". Certains employés auraient notamment passé des semaines à concevoir des démos dans le seul but de vendre des vaisseaux pour lever plus de fonds.
Malgré les sommes récoltées par ce système efficace sur la durée et l'investissement d'actionnaires (un milliardaire sud-africain a apporté 46 millions de dollars en automne dernier), Chris Roberts dévoilait, en fin d'année 2017, qu'il ne restait plus "que" 14 millions de dollars dans les caisses de Cloud Imperium Games. Avec 537 employés répartis dans cinq bureaux localisés dans le monde entier, le studio a dépensé près de 30 millions de dollars en salaire en 2017. Tout cela pour un projet qui s'éternise et qui continue de prendre de l'ampleur, mais qui propose déjà "plus de contenu que beaucoup de titres achevés", assure Chris Roberts. Le jeu, dans sa version alpha, a réuni plus de 40 000 joueurs récemment. Une semaine d'essai gratuit est également en cours jusqu'à demain.
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