Après son enquête consacrée au développement tumultueux d'Anthem, le journaliste Jason Schreier de Kotaku fait le point sur "le passé et le présent" de Dragon Age 4 dans un nouvel article, témoignages anonymes à l'appui.
Officialisé lors des Game Awards 2018 par un bref teaser, Dragon Age 4 est entré en pré-production dès 2015. Du moins, sa première itération, avant que le projet soit contraint de redémarrer depuis le début fin 2017. Après la parution de l'extension Dragon Age Inquisition : L'Intrus, l'équipe qui a travaillé sur le jeu, véritable succès commercial, s'est séparée en deux : la plupart des développeurs ont rejoint le chantier Mass Effect Andromeda, tandis qu'une équipe de quelques dizaines de personnes ont commencé à plancher sur le prochain Dragon Age, dont le producteur Mark Darrah et le directeur créatif Mike Laidlaw. Nom de code du projet : Joplin.
Jason Schreier décrit l'excitation qui régnait chez BioWare à ce moment-là : en s'appuyant sur les méthodes de production et les outils mis en place sur Inquisition, la phase de prototypage était fluide. Joplin se présentait comme un jeu plus compact que Dragon Age Inquisition, mais aussi plus réactif et plus profond en matière de choix. Il aurait été question de suivre les aventures d'un groupe d'espions de Tévinter, un empire dirigé par un système politique reposant sur la magie. À l'époque, aucune composante multijoueur n'avait été évoquée, ce qui ne rentre pas dans la politique d'Electronic Arts.
Même si EA tend à donner à ses studios suffisamment d'autonomie, il y a toujours des consignes à respecter. En 2017, EA ne cachait plus son désir de transformer toutes ses sorties majeures en "jeux services", soit des titres qui peuvent être joués - et monétisés - pendant des mois voire des années après leur sortie. Les Dragon Age traditionnels ne rentraient pas dans cette catégorie. Jason Schreier.
La première complication du projet s'est présentée fin 2016. Joplin est mis en pause, l'équipe entière étant forcée de passer sur un Mass Effect Andromeda en difficulté pour ses derniers mois de développement. Lorsque le jeu sort en mars 2017, l'équipe de Joplin peut retourner au travail, mais les développeurs savent déjà qu'Anthem aura tôt ou tard besoin de leur aide, chose qui se confirme en octobre 2017. Casey Hudson, vétéran de longue date ayant travaillé sur la trilogie Mass Effect, fait son retour en tant que General Manager. EA et BioWare prennent alors une décision drastique : annuler Joplin et assigner l'essentiel de son staff, dont Mark Darrah, sur Anthem.
Une petite équipe reste alors consacrée à Dragon Age 4. Renommé Morrison en interne, il s'appuye cette fois-ci sur les outils et le code d'Anthem. C'est cette itération qui est toujours en développement aujourd'hui chez BioWare Edmonton. Contrairement à Joplin, il prévoit d'inclure une composante "live service". Un reboot qui a provoqué le départ du directeur créatif Mike Laidlaw, désormais employé d'Ubisoft Québec. Pour l'heure, difficile de dire à quoi ressemble Dragon Age 4. Rien n'est gravé dans le marbre, et la situation peut encore évoluer drastiquement au fil des prochains mois et années. Chez BioWare, certains le décrivent comme un "Anthem avec des dragons", mais d'autres assurent que l'idée n'est pas de transformer complètement les franchises comme Mass Effect et Dragon Age pour en faire des jeux entièrement connectés. Tout comme Inquisition, il faut imaginer une campagne solo complétée par des éléments multijoueur pour tenir en haleine les joueurs sur le long terme.
Ce qui est peut-être le plus triste concernant l'annulation du Dragon Age 4 de 2017, c'est que les membres de l'équipe pensaient être dans le vrai. Cette fois, ils avaient un ensemble d'outils établis, des objectifs réalisables et des idées qui emballaient tout le monde. Et ils avaient aussi des dirigeants qui promettaient de ne pas répéter les erreurs commises au temps de Dragon Age Inquisition. Jason Schreier.
Le nouveau Dragon Age s'invite officiellement - Game Awards 2018