Trou noir

Artorias était un chevalier jadis. Un grand chevalier de Gwen. Il connaissait sûrement les points faibles de l'ancien seigneur du feu. Brunante d’Oolacile que j’avais libérée récemment avait peut-être été en contact avec ce héros d’un temps ancien. Je me dépêchai de traverser le village afin de retrouver la princesse. Ses informations pourraient m’être utiles pour le combat contre Gwen. A l’endroit où j’avais délivré Brunante, je ne trouvai rien d’autre qu’une sorte d’ombre qui volait à quelque distance du sol. Je me penchai pour l’examiner mais à ce moment-là, une immense main en sortit. Elle me saisit et m’emmena avec elle. Je me débattis pendant quelques secondes et soudain la main me lâcha. Je me retrouvai dans une sorte de caverne, complètement hébété.

Le sanctuaire d'Oolacile

Je scrutai les alentours. Où me trouvais-je ? Et comment étais-je arrivé ici ? Il n’y avait qu’une issue : un boyau qui conduisait dehors. Et là je trouvai une créature étrange. A l’instar des bêtes qui étaient un mélange entre un rat, un chien et un chat, celle-ci évoquait plusieurs animaux dont le lion, le griffon et le bélier. Elle avait aussi une queue de scorpion. Elle tira une salve de boules d’énergie puis elle me chargea. Elle me fit basculer. Et quand j’atterris, j’entendis un craquement sinistre.

La bête s’envola et passa juste au-dessus de moi. D’un coup de patte, elle essaya de me déchirer le visage. Mon bouclier s’interposa et me sauva la vie. Nous nous défiâmes un instant du regard puis c’est moi qui chargeai. L’ennemi était redoutable en tant qu’attaquant mais son corps n’offrait aucune protection. Mon épée s’enfonça dans son cœur comme dans du beurre.

Je ne me trouvais plus à Lordran. Du moins c’est la pensée que j’eus en explorant les environs. La nature était plus vivante. Il y avait des arbres et de l’herbe en abondance. J’entendis même un oiseau chanter. Mais tout ceci n’excluait pas les créatures hostiles et bizarres, comme cette chose que je venais d’abattre. Il semblerait que le coin ait été fréquenté par des hommes car des constructions étaient visibles ça et là.

J’aboutis d’ailleurs dans un sanctuaire, similaire à celui de Lige-feu. Là je me reposai un instant sous le regard vide mais oppressant de nombreuses statues de pierre. Je me serais presque cru de retour à la vie, par je ne sais quel enchantement.

Puis je le remarquai. Il y avait un peu plus loin une série de champignons mais l’un d’eux était bien plus grand que les autres. Il était identique à ceux que j’avais vus dans la forêt. Mais celui-ci n’avait pas de membres. Je m’en approchai et une voix s’éleva. Je regardai autour de moi. Il n’y avait personne. Elle provenait du champignon…

— Un humain ! De quelle époque débarquez-vous ? — Heu… Je cherche la princesse Brunante, répondis-je timidement. — Elle n’est plus là. Elle s’est faite enlever. Par un autre humain. Vous qui pouvez vous déplacer… Retrouvez-là, je vous en prie. Je suis en quelque sorte sa marraine.

Je me frottai les yeux. Il devait s’agir d’une nouvelle hallucination. Un effet de mes précédentes morts, sans doute. Cependant le champignon, qui se nommait Elizabeth, retint mon attention :

— Les Abysses sont l’œuvre de la bête ancestrale et elles menacent d’engloutir Oolacile. Le chevalier Artorias est venu pour les affronter. Il va finir dévoré par les Abysses…

Je ne compris pas exactement le sens de cette remarque. Artorias était mort depuis longtemps. Et il avait déjà échoué dans les Abysses. En tout cas, il semblerait que je me trouvais à Oolacile. J’acceptai de délivrer une nouvelle fois la princesse Brunante. Après tout, je la cherchais justement.

Le champ aux iris

Je m’enfonçai plus loin. Je traversai un pont qui courait au-dessus d’une rivière. En haut d’une butte, deux créatures m’attendaient. Il s’agissait d’épouvantails faits à partir de branches d’arbres animées, qui portaient des habits et maniaient une fourche. Après avoir rencontré un champignon qui parle, ce genre de chose ne m’interloquait plus. La forêt m’entourait de nouveau. Des grands chevaliers s’y trouvaient et m’attaquaient à vue, avec leur masse.

Plus loin je trouvai une tour en ruine. A l’intérieur, je faillis tomber dans un trou à même le sol. Encore plus loin, je découvris une sorte de colisée. Je ne pouvais pas m’y rendre depuis ma position et de toute façon, je voulais d’abord explorer la forêt avant de trouver un chemin. D’autres épouvantails erraient plus loin. Quelques-uns me tendirent un piège dans un champ couvert d’iris orange. C’était la première fois que je voyais des fleurs depuis longtemps. Un chevalier se trouvait là également. Je le tuai promptement. Il m’avait semblé voir un anneau à son doigt mais je ne trouvai rien de tel ici.

Un son de cascade attira mon attention. Je posai le pied sur un pont, qui conduisait vers le colisée. Et à ce moment-là surgit du ciel un dragon noir, qui se servit de la balustrade du pont comme perchoir. Il me regarda comme s’il m’examinait soigneusement puis il redécolla. Il me remit en mémoire le dragon rouge du village qui avait eu le même comportement. Je le regardai s’éloigner puis disparaître derrière la montagne. Mon cœur s’était emballé car d’un seul mouvement il aurait pu me dévorer. J’ignorais ce qui l’avait poussé à m’épargner de la sorte.

Confusion temporelle

Je découvris quelque chose d’insolite. Même si peu de choses me surprenaient encore, celle-ci me fit sourire. Plusieurs épouvantails étaient armés de tenailles et certains s’en servaient pour tailler les arbres de la forêt. Des végétaux jardiniers… Cela ne m’empêcha pas de les couper en deux avec mon épée.

Je m’étais sérieusement rapproché du colisée. Et en contrebas s’étalait une ville. Une autre tour en ruine contenait un ascenseur qui m’amena en bas, près de l’entrée du bâtiment. Avant de pénétrer dans la structure et comme d’habitude, je visitai d’abord la région. Je rencontrai un homme qui, comme moi, s’était fait happer par la main géante. Il était clair que nous avions fait un bond dans le temps. Le chevalier Artorias n’était donc pas encore mort. J’avais alors une chance de le rencontrer et je pourrais obtenir de sa bouche le moyen le plus efficace de vaincre Gwen.

La chute de l'aigle

Je pénétrai dans le colisée. J’y trouvai seulement une créature bizarre, musclée et portant un casque de ronces. Mais au bout de quelques secondes, quelque chose tomba dessus et l’embrocha avec une énorme épée. La même que celle maniée par Sif dans les bois. Puis je reconnus l’armure du chevalier Artorias. Je m’avançai vers lui. Il m’aperçut et alors un nuage de fumée noire l’envahit. Il se releva et poussa un cri totalement inhabituel pour un humain. Il s’avança vers moi, l’air menaçant. J’eus un mouvement de recul tout en essayant d’engager la discussion. Mais le chevalier n’écoutait pas. Je n’avais pas d’autre choix que de le combattre.

Et quel combat… Il était très rapide et trop puissant. Mon bouclier se révéla très peu efficace. Artorias frappait tellement fort que les rares coups que je parvenais à parer me déstabilisaient tout de même. Quand je m’éloignais pour me soigner, il bondissait à une hauteur impressionnante et atterrissait sur moi, tout en m’occasionnant des blessures graves. Je mourus une première fois, sans même lui avoir porté la moindre attaque.

Je retournai dans le colisée mais cette seconde tentative se solda par une autre mort. La troisième fois, je tentai une approche différente. Je rangeai mon bouclier et je me concentrai sur ses attaques pour les esquiver. Cette technique se révéla payante car je pus entamer son armure. Au bout d’un moment, il s’éloigna de moi et il se mit en boule. Il hurla et une vague d’énergie déferla. L’aura noire et violette qui le suivait partout s’intensifia et ses attaques redoublèrent d’énergie.

J’esquivai tant et plus. Et après chaque roulade, j’effectuais un moulinet avec mon épée. Ainsi je lui emportais tantôt un bout de chair, tantôt une partie d’armure. Il s’enfuit une nouvelle fois pour se charger en énergie. Je le rattrapai et d’un coup d’épée, j’interrompis son rituel. Il était désemparé. Cette petite victoire me rendit du courage tandis que mes récentes morts m’avaient ramené une part d’ombre. Soudain il défaillit. Sa vigueur l’avait quitté. Je sautai dessus et durant ma chute nos regards se croisèrent. Je lus une infinie tristesse dans ses yeux. J’abattis ma lame. Son casque se fissura en deux et il tomba, mort.

Je me reposai un instant. Depuis le début de mon périple, c’était l’un des combats les plus difficiles et les plus éprouvants. A même niveau que celui qui m’avait opposé aux gargouilles de la paroisse des morts-vivants. Quand je me sentis en forme pour continuer, je me levai et je passai l’autre porte du colisée, à présent libre d’accès. Je maudis Artorias pour s’être laissé corrompre par l’ombre. Il aurait pu m’aider et à la place il n’avait été qu’un obstacle de plus. Mais avant de repartir à Lordran, il me fallait comprendre et si possible éliminer le mal qui rongeait Oolacile.

Je gravis un grand escalier. Je me rendis ainsi à un étage supérieur du colisée. A partir de là, j’arrivai à une tour. J’entendis nettement un son qui s’en dégageait, comme si un couteau raclait du bois. Mais la porte de la tour était verrouillée. Je revins en arrière. Je quittai le colisée et je me dirigeai vers la ville d’Oolacile en contrebas. Je ne réalisai que maintenant que j’avais déjà tué deux des quatre chevaliers légendaires de Gwen : Ornstein et Artorias. J’ignorais où se trouvaient les deux restants. J’allumai un feu hors du colisée et je me reposai pendant une heure. Et durant tout ce temps, un bruit agaçant montait depuis la bâtisse.

Le dernier chevalier

Je ne tins plus. Je retournai à l’endroit où j’avais battu Artorias. Son corps avait disparu et à la même place se trouvait une tombe et une silhouette se recueillait devant. Je m’en approchai, l’épée au poing prête à frapper. Et alors je la reconnus, d’après les tableaux que j’avais vus du temps où j’étais vivant. Ciaran, le seul chevalier femme de Gwen. Elle réclama l’âme d’Artorias que j’avais capturée. Mais il était hors de question que je lui donne un trophée que j’avais gagné si difficilement. Contrairement à mes attentes, elle ne m’attaqua pas.

Je pris les devants. Je levai mon épée et je l’abattis sur sa tête. Son casque était plus résistant que je ne l’avais prévu. Elle se leva et elle riposta mais sa puissance était ridicule comparée à celle d’Artorias. Elle effectuait des mouvements rapides à l’aide d’un couteau, que je bloquais avec mon bouclier. Quelques passes suffirent à la déstabiliser. Je la tuai d’un grand coup d’épée. J’avais occis trois chevaliers. Il ne me restait plus qu’à tuer le dernier, Gough. Et alors l’ancien pouvoir de Gwen serait anéanti.

Je me rendis en ville. Il y avait là des créatures identiques à celle qu’Artorias avait tuée avant de me combattre. Leur comportement était étrange. Elles riaient sans raison et elles levaient les épaules pour paraître plus imposantes qu’elles ne l’étaient. Plus loin je tombai sur un mage qui riait aux éclats quand ses projectiles me touchaient. J’éliminai tous ces ennemis facilement. Un faux coffre se dressait sur ma route. Il renfermait un objet particulier. C’était un visage en terre cuite qui disait « Très bien » quand je le lançais à terre. Depuis combien de temps cette ville avait sombré dans la folie ?

Je parcourus la ville. Je n’y trouvai que des créatures au masque de ronces, des mages et des coffres piégés. L’un d’eux me donna une clé. Je rebroussai chemin afin de déverrouiller la porte de la tour, près du colisée. J’introduisis la clé et je la fis tourner. Un déclic suivit et d’une poussée de la main, la porte s’ouvrit. Je grimpai une échelle. Au sommet de la tour se tenait un géant. Je reconnus Gough, dernier chevalier de Gwen. Il était assis et il taillait du bois avec un couteau, comme je l’avais deviné plus tôt. Derrière lui se trouvait un arc d’une taille démesurée.

Je m’approchai et il prit la parole :

— Vous devez être la personne qui a libéré Artorias. C’était un ami. Et grâce à vous, il a su partir avec honneur. Quant à moi, je suis à la retraite depuis que j’ai perdu la vue…

Sa voix était la même que celle qui était sortie du masque que j’avais récupéré en ville. C’était une voix étouffée et calme dont on ne percevait aucune méchanceté. Je remis mon projet de l’exécuter à plus tard. Il me parla ensuite des dragons et me mit en garde contre eux, contre leur férocité.

— Il s’en trouve justement un dans la région, répondis-je. Un grand dragon noir.

Il ne répondit rien. Toute son attention était focalisée sur le bout de bois qu’il était occupé à tailler. Il releva enfin la tête et la tourna vers moi. Sur son casque, à l’endroit où se trouvaient les trous pour les yeux, se voyait une matière séchée, comme du sang ou de la résine. Il me souhaita simplement bonne chance contre le dragon après m’avoir indiqué l’endroit où je pourrais le trouver. Je m’en allai, décidant de régler ce problème-là immédiatement.

La mort ailée

Je quittai le colisée par la porte attenante aux bois. Et à partir de là je descendis plus bas. Je suivis une étroite vallée. Quelques chiens errants m’attaquèrent, mais rien de bien sérieux. Et puis j’arrivai à l’antre du dragon : un grand cirque en contrebas de la vallée. Je pouvais distinguer des cascades d’eau sur le flanc de la colline, de l’autre côté. A droite il y avait un précipice. Je descendis par une échelle et j’attendis que le dragon se montre.

Il fit son apparition au bout d’un moment. Mais il ne se posa pas. Il bougea la tête et un énorme souffle de feu noir sortit de ses narines. Il envahit toute la zone. Je me réfugiai derrière mon bouclier. Il arrêta une partie des flammes mais pas suffisamment pour m’en prémunir. Je me sentis bouillir et je mourus.

Il était évident que tous les dragons n’allaient pas docilement se poser pour me permettre de les tuer. Jusqu’à maintenant j’avais eu de la chance à ce niveau-là. Je n’étais pas un tireur habile mais pour en venir à bout, je n’avais pas d’autre choix que de le canarder. Je possédais d’ailleurs un arc et une arbalète. Mais pour abattre une telle créature il me faudrait des projectiles adaptés. Gough était un archer extrêmement talentueux et sa seule activité se résumait maintenant à tailler des bouts de bois. Il me paraissait logique qu’il fabriquât aussi des flèches de qualité. Je retournai chez lui pour lui en acheter.

Mais dès qu’il m’entendit, il aborda le sujet du dragon. Celui-ci s’appelait Kalameet et c’était un dragon redoutable, même du temps où Anor Londo était encore puissante. Quand il me demanda si j’étais prêt à mourir pour en venir à bout, je répondis par l’affirmative. Le géant se mit à rire puis il prit une profonde inspiration :

— Maintenant regardez Gough chasser le dragon.

Il tâtonna derrière lui à la recherche de son arc et quand il le trouva, il l’enserra dans son poing. Il se leva lentement et tout en le faisant, de la sciure s’échoua de son corps. Depuis combien de temps n’avait-il pas bougé de cette tour ? Il encocha une flèche digne d’une baliste et il tendit la corde. L’empennage de la flèche se colla à son œil. Le géant attendit dans cette position. Le dragon s’envola brusquement au-dessus de la montagne. J’attendis dans un silence de mort. Gough retint son souffle et la tension était telle que je fis de même. Depuis ma position, je pouvais voir que la flèche était braquée sur Kalameet, qui paraissait minuscule à cette distance. Gough relâcha l’étreinte et le projectile fendit l’air. Il percuta le dragon en plein vol. Celui-ci hurla et son cri retentit en écho pendant plusieurs secondes dans toute la ville. Puis il s’échoua dans son antre.

Jamais je n’avais vu un tir aussi précis sur une si longue distance. L’exploit était d’autant plus extraordinaire qu’il avait été réalisé par un aveugle. J’éprouvai un infini respect pour cet archer hors pair.

— Il est mort ? demandai-je au bout de quelques secondes. — Non. Kalameet n’est pas un dragon ordinaire. Mais cette vermine va être clouée au sol pour un moment. A vous de le mettre à profit pour le tuer.

Il ajouta, pour lui-même :

— La chasse au dragon, la raison d’être de la chevalerie…

Avant de m’en aller, je l’interrogeai sur Artorias. D’après lui, les ténèbres des Abysses qui avaient dévoré le chevalier menaçaient maintenant d’engloutir Oolacile. Pour m’en débarrasser, je devais affronter Manus, père du fléau. Gough fit aussi mention d’un serpent ténébreux, peut-être responsable de la situation. S’agissait-il de Frampt ? Il n’ajouta plus rien. Je me remémorai la promesse que j’avais faite de tuer les quatre chevaliers. Gough était le dernier. Mais il s’était montré amical et l’aide qu’il venait de m’apporter pour tuer le dragon n’était pas à négliger. Je choisis de l’épargner. D’ailleurs il ne représentait aucune menace pour moi.

Je retournai à l’antre de Kalameet. Après un court instant, le dragon remonta le précipice, fou de rage. Il envoya un jet de flammes noires et jaunes que j’esquivai facilement puisque je me tenais loin de lui. La flèche de Gough dépassait de son corps et bloquait son aile gauche. Je m’approchai prudemment, sans jamais baisser mon bouclier. Kalameet balaya l’air avec sa tête et rencontra par deux fois mon écu. La violence du choc était à la limite du soutenable.

Je passai derrière et j’essayai de trancher ses jarrets. Mais mêmes ses pattes étaient couvertes d’écailles noires brillantes. Et aucune d’entre elles ne se fendit. Le dragon s’éleva soudain dans les airs et à quelque distance du sol, son unique œil rouge brilla de mille feux. Un son strident sortit de sa bouche. Je décollai du sol alors que mes oreilles étaient prêtes à exploser. Je retombai quand le son mourut. Une nouvelle bordée de flammes déferla sur moi. La chaleur était épouvantable. Je me jetai dans une mare proche pour éteindre le feu. Pour peu que la chose fut possible, la douleur était encore pire que la fois précédente, quand j’étais venu dans l’antre de Kalameet pour la première fois.

Je repris le combat alors que le dragon venait de me survoler. Il se posa près de moi et je m’attaquai à son ventre qui n’avait aucune protection. Du sang noir visqueux coula le long de mon bras. Kalameet se débattit. Il tambourina le sol avec ses pattes, sa tête et sa queue. Sans succès. Ma claymore le perfora à plusieurs endroits. Il sauta pour m’aplatir mais c’est lui qui s’affala sur le sol. Je me déportai à l’avant et d’un grand coup d’épée, je lui sectionnai la gorge. Il tenta de me dévorer mais là encore j’étais trop rapide pour lui. Un dernier coup dans son œil mit fin à son existence.

Gough me félicita pour ma prouesse. Abattre un dragon comme Kalameet était une chose très rare. Il me remit son arc, n’en ayant plus besoin lui-même. Je l’acceptai. Mais en un sens c’était dommage de dépouiller un archer si talentueux d’une telle arme. Je lui achetai quelques-unes des flèches qu’il fabriquait. Je n’utilisais d’ordinaire pas d’arc mais je pourrais peut-être tirer profit de celui-ci contre Gwen. A défaut d’avoir obtenu des conseils, j’avais au moins une arme redoutable entre les mains.

La ville morte

Je retournai en ville. Il me fallait encore tuer Manus pour rétablir l’ordre dans cette contrée. Ceci fait, je pourrais revenir à Lordran pour y achever ma mission. Je découvris, dans une tour, un passage secret à l’aide de ma lampe crâne. Et là je trouvai un pendentif. Je le passai autour de mon cou et l’ombre qui embrumait mon esprit se dissipa quelque peu.

Je m’enfonçais toujours plus loin dans la ville. Je passai un portail. Derrière se trouvaient deux rangées de statues qui se faisaient face. Au fond de la pièce, une forme s’agitait. Soudain elle fonça sur moi. Il s’agissait d’un homme enchaîné à un poteau. Il tirait aussi une lourde pierre. Un condamné à mort sans doute. Il m’attaqua, me confondant sûrement avec son bourreau. La pierre volait dans tous les sens et manqua à plusieurs reprises de m’éclater la tête. Le poteau était dangereux aussi car en se contorsionnant l’homme parvenait à l’aplatir sur le sol. Je mis fin à son tourment en passant mon épée entre ses côtes.

Un ascenseur un peu plus loin m’amena dans une prison. L’endroit était sinistre, sombre et humide. Des barreaux faisaient office de porte et certains étaient défoncés. J’arpentai un couloir sur une dizaine de mètres. J’arrivai ensuite dans une grotte extrêmement sombre. Je me croyais de retour dans les catacombes ou les Abysses. La présence d’halos scintillants, comme dans les catacombes, renforça cette impression. Des ennemis se tapissaient dans l’ombre. Mais leurs yeux rouges me révélaient leur présence.

Je m’enfonçais de plus en plus bas. Des formes sombres se détachaient de l’obscurité. Elles avaient vaguement la forme d’humains et leurs yeux blancs luisaient. Il s’agissait d’esprits qui défilaient un à un pour m’attaquer. Je les renvoyai tous dans l’ombre. Et soudain le sol sur lequel je marchais disparut. En bas, un chat se téléportait en miaulant à mon approche. Il disparut complètement juste devant un mur. Je posai la main sur ce dernier. Il me semblait friable et un coup d’épée le fit s’évaporer à son tour.

J’entrai dans une petite caverne. Des esprits entouraient une créature protégée par un bouclier magique. J’éliminai tous les intrus. Et je reconnus Sif, le compagnon d’Artorias, qui portait dans sa gueule l’épée de son maître. Mais il était beaucoup plus petit que lorsque je l’avais affronté. Il hurla à la mort puis il disparut. J’eus un pincement au cœur en repensant au combat qui m’avait opposé à lui dans la forêt de Lordran.

à l'assaut des Abysses

Je finis par trouver l’antre de Manus. Le monstre était là et je reconnus ses mains. C’était l’une d’elles qui m’avait agrippé et attiré jusqu’ici. Il ressemblait à un démon de titanite mais avec deux jambes. Il était aussi plus imposant et plus féroce. Ses mains étaient redoutables. Manus les envoyait à travers toute la salle à ma recherche. C’était aussi l’un de ses points faibles. A chaque fois qu’elles atterrissaient près de moi, je les déchiquetais.

De temps en temps il m’envoyait des boules d’énergie noire. Mais le pendentif que j’avais trouvé en ville m’aidait à me prémunir de leurs effets néfastes. Je chargeai soudain le monstre. Je lui portai quelques coups au niveau des hanches. Soudain mon bouclier s’envola. Manus venait de me l’arracher des mains. Une des siennes me frappa au visage et je crus perdre connaissance. Je m’étalai sur le sol et c’est sans doute ce qui me sauva la vie, car son autre bras passa à une vitesse fulgurante juste au-dessus de moi.

Je me relevai et je me précipitai sur mon bouclier de métal, tout en esquivant mains et projectiles. Je fis une roulade tout en récupérant mon écu. Je l’agrippai fermement et je m’approchai de Manus. Il poussa un grognement de rage car je n’étais pas encore mort. Il frappa tant et plus, sans succès. Je lui coupai finalement l’une de ses mains et il cria. Il frappa sans s’arrêter avec celle qui lui restait sans jamais me toucher, aveuglé par la rage. Je lui coupai une jambe. Puis, lorsqu’il rencontra le sol, je sautai pour enfoncer ma lame profondément dans son cœur.

Non loin du cadavre de Manus je trouvai Brunante. Elle était allongée et sa poitrine bougeait au rythme de sa respiration. Elle n’était pas morte mais elle était en état de choc. Elle resta allongée à pleurer. Je venais de sauver son royaume. Ma mission étant accomplie ici, il était temps que je retourne à Lordran…