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Grand inconditionnel, joueur et, collectionneur à mes heures perdues de la marque à la brique jaune, je n'avais pas encore eu l'occasion de poser mes mains sur sa déclinaison MMO free-to-play : Lego Minifigures Online, développé et édité par Funcom. Après une incursion dans le domaine de la sueur et des muscles sur Age of Conan, puis un détour par le monde ésotérique de The Secret World, le studio norvégien change radicalement d'univers et de public avec cette déclinaison en MMO du célèbre jeu de construction maintes fois adapté en jeu vidéo. "A tout, un début il y a !" comme dirait Yoda. En route donc pour cette aventure carrée (garantie sans éponge) qui souhaite casser des briques.
Demande à ta mère !
L'univers dépeint dans Lego Minifigures Online (LMO) fait directement référence aux figurines du même nom. Pouvant facilement être trouvées dans le commerce dans des petits sachets hermétiquement fermés ne permettant pas de voir ce qu'il y a à l’intérieur, le MMO s'accompagne donc d'une déclinaison physique afin que la collectionnite aiguë s'empare des plus acharnés. Le choix diaboliquement judicieux du packaging opaque permet d'avoir une surprise lors de l'ouverture du paquet. Ouais, j'ai tellement envie que ce soit le justicier galactique, il est tellement classe ! ... Ah bah en fait ça sera le plombier... Les échanges dans les cours de récré sont donc lancés.
Un gros "Jouer sans attendre" attire mon regard dès mon arrivée sur le site officiel du jeu. Ça tombe bien, je suis un joueur moderne qui doit tout avoir tout de suite, l'attente n'est pas envisageable, il me faut ma dose de briques. Car LMO ne nécessite pas d'installation, moins de cinq minutes après, je suis en jeu. Le site dispose également d'un étrange onglet "Parents" propre à l'orientation jeune public du soft. Le texte suivant apparaît lorsque papa ou maman clique dessus :
LEGO : Minifigures Online est un jeu gratuit accompagné de possibilités d'achat optionnelles. Il est possible d’y jouer en totalité sans débourser le moindre centime, mais des diamants (la monnaie du jeu) et le statut de membre sont disponibles à la boutique pour qui le souhaite. Les enfants de moins de 13 ans doivent demander l'autorisation de leurs parents s’ils veulent réaliser de tels achats.
Première étape, on me demande de m'inscrire en choisissant mes logins, avec obligation de mettre l'adresse mail de mes parents pour la validation. C'est le drame, il est deux heures du matin et mes parents dorment ! J'inscris le mail de ma mère et je vais dormir stressé, en espérant avoir l'autorisation de jouer le lendemain matin. Joie, ma môman a dû valider le mail au réveil entre deux spam et un cagé. Je peux enfin lancer le jeu. On me demande de choisir un personnage parmi trois trios. Ce bon vieux plombier est de la partie, mais mon choix se porte sur l'alien dans son armure spatiale. Je suis toutefois un peu déçu de l'absence de toute forme de customisation de notre avatar, un détail assez étrange pour une licence telle que Lego non ?
Une fois ce choix cornélien effectué, j'arrive à une nouvelle étape charnière de tout MMO qui se respecte, le choix du nom. Là encore, le jeu ne fait rien comme tout le monde. Impossible d'utiliser son propre pseudonyme, il faut obligatoirement passer par un triple générateur de noms aléatoires, oui triple, impressionnant n'est-ce pas ? Après moult réflexions, je décide d'opter pour quelque chose qui me sied tout à fait : "Spectral Crunchy Mosquito", ça en jette grave, quoi qu'on puisse en dire !
Ma propre identité hyper-impressionnante en poche, me voilà lancé dans le tutoriel où je me fais tout de suite interpeller par un personnage énervant qui me donne des ordres. Le gameplay reste classique pour un hack'n slash, le tout dans un décor sympathique fait de boîtes de Lego empilées les unes sur les autres. Très vite, le jeu nous offre d'autres figurines bien viriles, comme la starlette d'Hollywood !
La mission de l’exhibitionniste !
Les épreuves de ce tutoriel passées avec brio, je rencontre enfin ce mystérieux bonhomme autoritaire. Il m'avoue vouloir donner une fête en mon honneur avec tous ses amis pour célébrer notre amitié. Je n’ai jamais rencontré cette personne auparavant bon sang ! Envisageant fortement de lui montrer qu'il est possible de faire des angles droits non naturels avec certaines parties de son anatomie, un autre individu à moitié dénudé fait son apparition. Il m'explique alors que je dois sauver des Minifigures mystérieusement disparues à travers le monde. L’exhibitionniste m'invite alors à traverser le Chappa'ai au bout du chemin.
Une fois de l'autre côté, pas de Teal'c pour m’accueillir, mais une fenêtre dont je me serais bien passé. L'onglet de la boutique en ligne me saute au visage sans crier gare pour me déballer toutes ses offres. Et vous subirez le même rituel à chacune de vos connexions. Sympa et pas du tout énervant à la longue...
Prison Brique !
Première mission, explorer l'île de pirates. Après un génocide de singes lanceurs de bananes et la destruction d'un mur en plein milieu de mon chemin, je suis jeté en prison comme un malpropre. Je m'évade sans avoir à tatouer le plan sur mon dos tout en désintégrant des dizaines de Lego matons qui ne faisaient que leur travail. La vie est cruelle au pays des briques.
Une fois sorti de cet enfer sans avoir fait tomber la savonnette, je me retrouve nez à nez avec un camion de glaces fort sympathique bien qu’un poil anachronique dans l'univers de la piraterie. Une bonne occasion de me rafraîchir ! Mais là encore, une mauvaise surprise m'attend puisque la seule utilité de ce camion flashy est d’ouvrir la boutique du jeu déjà facilement accessible via le bouton bien voyant en forme de chariot de supermarché dans l'interface de base. Vous êtes prévenu, on croisera de tels camions à peu près tous les 250 mètres sur l'île. Ils nous rappellent à quel point c'est fantastique d'être abonné. Ce statut privilégié offre 50 diamants (monnaie virtuelle du cash shop) par semaine, une figurine par mois et la possibilité de trouver des "super coffres". C'est très tentant pour 6,99 € par mois, mais je vais tout de même résister. En sera-t-il de même pour le public visé par le jeu ? Pas si sûr...
L'abonnement c'est la vie !
Car pour les plus jeunes, le constat est alarmant. Tout, absolument tout pousse le joueur à passer à la caisse. Le vendeur de glace n'est que le sommet bien visible de l'iceberg. Comme dans tout MMO, il y a des donjons appelés ici "Aventures de poche" (il y en a d'autres plus rares appelés "Aventures épiques" plus longs et avec plusieurs boss). Il s'agit en fait de petits parcours instanciés d'un peu plus de cinq minutes vous permettant de remporter, avec de la chance, des morceaux de Minifigures à compléter (trois morceaux : la tête, le torse et les jambes) ainsi que la plaque de base pour les rassembler. L'idée consiste à avoir davantage de personnages à utiliser. Une fois le donjon accompli, on pourra éventuellement avoir envie de le refaire. Mais à moins de payer ou d'attendre huit heures, c'est malheureusement impossible.
Lors des donjons et de certaines activités, le joueur est récompensé par deux coffres aux trésors bien distincts. L'un est en bois et visiblement pas de première fraîcheur, l'autre est imposant, incrusté d'or, il brille à s'en fracturer la rétine. D'après vous, lequel est réservé aux non abonnés ? Bingo, c'est bel et bien le coffre miteux qui sent le renfermé ! Si par malheur vous essayez d'ouvrir le coffre royal, un gentil message sous forme de délicate attention vous rappelle immédiatement de vous abonner pour accéder à son contenu.
Le système va même jusqu’à vous empêcher d’accéder aux univers suivants si vous n'avez pas un certain nombre de Minifigures, ce qui est relativement compliqué, frustrant et chronophage quand on ne possède pas d'abonnement, cela va de soi.
Qu'on se le dise, Lego : Minifigures Online n'est clairement pas un mauvais jeu. Il n'est pas compliqué, pas gourmand, relativement beau, facile d'accès et possède l'humour caractéristique des Lego. Mine de rien, il est aussi plutôt agréable à jouer avec son switch permanent de personnages et de capacités. Mais son système économique est beaucoup trop intrusif pour les joueurs en mode free-to-play désirant simplement vivre l'aventure sans dépenser un centime. D'autant plus qu'il s'adresse à un jeune public, rarement patient et friand de collection. Tout est fait pour pousser le jeune joueur à demander à ses parents de mettre la main à la poche. J'ai d'ailleurs une petite astuce pour permettre à vos enfants de 7 à 85 ans de faire quelques économies.
Astuce de grand-mère !
Dans la boutique, acheter un pack de 1250 Diamants à 4,99 euros vous permet d'acheter une Minifigure au choix. Aléatoire, cette dernière est proposée pour 750 Diamants. Mon conseil est simple, achetez directement ces petits sachets en magasins, généralement vendus 2 euros, voire moins suivant les enseignes. En plus d'avoir la figurine physique à l’intérieur, on trouve dans chaque sachet un code permettant également d'obtenir sa version numérique dans le jeu. C'est tout de même plus intéressant, que ce soit d'un point de vue financier ou ludique.
Voilà qui conclut mes premiers pas au sein de Lego : Minifigures Online, un MMO F2P agréable à jouer mais qui gagnerait tant à adopter un système économique un poil moins envahissant. Ce n'est pas forcément très agréable de se sentir largement inférieur à ceux qui mettent la main au porte-monnaie. Certes, Funcom doit bien manger à la fin du mois et je suis le premier à défendre les free-to-play au modèle économique réglo. Or ici, le public visé n'aura pas toujours suffisamment assez de recul pour pointer du doigt certaines pratiques intrusives. On comprend donc bien mieux l'étape de validation par les parents lors de l'inscription. Je tiens également à remercier mon confrère Krintal pour son aide lors de la conception de cet article.