J’attendais la montre connectée Google Pixel Watch depuis longtemps, et après avoir passé deux semaines avec ce modèle pourtant prometteur au poignet, le bilan de mon expérience n’est pas glorieux. Dommage, car cet objet connecté avait clairement un joli potentiel.
Sommaire
- Google Pixel Watch : la fiche technique
- La Pixel Watch, une montre connectée plutôt jolie
- Une prise en main qui aurait pu être plus intuitive
- Google se perd avec Fitbit
- Deux applications sur le smartphone, est-ce vraiment nécessaire ?
- La Google Pixel Watch, une montre connectée à la proposition complète, mais...
- Envie d’un suivi poussé de votre activité physique ? Il faut payer
- L’autonomie, le vrai point noir de la Google Pixel Watch
Quand on commence à porter une montre connectée au quotidien, s’en passer devient compliqué. Il s’agit d’un appareil utile aussi bien pour recevoir des notifications sans avoir forcément son smartphone à la main, mais aussi pour avoir un suivi de son activité physique. Personnellement, je suis convaincue que mon utilisation d’une montre connectée m’a permis de bouger plus et de limiter une trop grande sédentarité.
C’est pourquoi, lorsqu’il a été confirmé que la Google Pixel Watch allait intégrer des fonctionnalités de Fitbit, entreprise rachetée par Google l’année dernière, j’ai immédiatement été séduite par ce nouveau modèle. Le fait que Google y ait longuement travaillé semblait aussi être un point intéressant. C’est donc relativement confiante que je me suis lancée dans le test de la Google Pixel Watch. Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu…
Google Pixel Watch : la fiche technique
Avant de détailler cette prise en main de la Google Pixel Watch, voici ce qu’il faut savoir sur les spécifications techniques de la première montre connectée développée par la firme de Mountain View.
Google Pixel Watch | |
Taille d'écran | 1,2 pouces |
Type d'écran | AMOLED |
Définition d'écran | 450 x 450 pixels |
Batterie | 294 mAh |
Autonomie | (Moins de) 24 heures |
Capteurs | Accéléromètre, altimètre, boussole, capteur de fréquence cardiaque optique, capteur d'oxygène sanguin, gyroscope, capteur de lumière |
Connectivité | Bluetooth 5.0 / Wi-FI 4 / LTE (en option) |
Poids | 36 grammes |
Prix | A partir de 379,99 euros |
La Pixel Watch, une montre connectée plutôt jolie
Le choix conséquent de montres connectées disponible sur le marché permet à tout le monde d’en trouver au moins une qui lui convient. Cependant, je regrette bien souvent que de nombreuses montres se copient les unes les autres : combien de constructeurs ont notamment lorgné du côté de l’Apple Watch ? Ils sont nombreux.
L’un des points que je ne peux pas reprocher à la Google Pixel Watch, c’est son design : il est original avec son écran bombé et tout en rondeur. Si l’écran OLED ne prend pas toute la surface de la montre, on en a quand même l’impression grâce à une surface lisse et brillante. Le boîtier mesure 41 mm et en dehors de l’écran lui-même, il est composé à 80% d’acier inoxydable.
La montre est très confortable à porter et Google a eu la bonne idée de fournir une longueur de bracelet supplémentaire pour les petits poignets. Dans mon cas, le bracelet de base suffit. J’apprécie par ailleurs le système d’attache qui consiste à glisser le bout du bracelet à l’intérieur de l’autre bout : c’est une fixation stable et robuste. Notons tout de même qu'Apple fait la même chose de son côté.
Une prise en main qui aurait pu être plus intuitive
En ce qui concerne la navigation dans les menus, les choses commencent à se compliquer. En pratique, la Google Pixel Watch s’utilise comme beaucoup d’autres montres connectées : en faisant glisser le doigt à gauche, à droite, en haut ou en bas, on accède à différents menus au sein desquels on peut naviguer. C'est notamment de cette manière que l'on accède aux nombreuses notifications qu'il est possible de recevoir depuis un smartphone.
Visiblement incapable de tout afficher sur quatre menus et sous menus, Google a décidé d’en ajouter deux de plus, accessibles via deux boutons physiques cette fois-ci. Le bouton principal active le menu des applications lorsqu’on clique dessus : il est ensuite possible de dérouler ce dernier via l’écran tactile, ou bien en faisant tourner la molette. Le second bouton est quant à lui situé au-dessus de la molette, et il donne accès aux dernières applications utilisées.
De prime abord, ce second bouton apparaît comme complètement accessoire : il est d’ailleurs très difficile à activer, car il n’est pas très bien situé. Cependant, en grattant un peu du côté des fonctionnalités, on lui trouve un autre usage dont je reparlerai plus bas.
Mémoriser où se trouvent tel ou tel menu et quel bouton active quoi est un peu compliqué, d’autant que les menus sont parfois à tiroir. Comme souvent sur les montres connectées, certains pictogrammes ne sont pas non plus très clairs sur leur proposition. Il faut prendre le temps de maîtriser les menus et les sous-menus pour s'assurer une bonne maîtrise des fonctionnalités, qui sont nombreuses au sein de Wear OS 3.5.
Google se perd avec Fitbit
J’ai déjà eu affaire à Wear OS, le système d’exploitation pour les montres de Google, sur les récents modèles de Samsung Galaxy Watch. Sans la surcouche du constructeur sud-coréen, cette interface s’avère plutôt sympathique d’un point de vue esthétique. Les difficultés surviennent surtout du côté de la proposition globale, à vrai dire.
En effet, la Google Pixel Watch affiche des ambitions évidentes : valoriser le savoir-faire de Google en matière d’objets connectés, mais aussi l’expertise de Fitbit pour tout ce qui est mesures sportives et bien-être. Et là, autant le dire sans détour : le mélange n’est pas très bien fait.
Le constat le plus étonnant, c’est qu’il y a des applications installées qui proposent peu ou prou la même chose. L’exemple le plus probant est Exercice Fit et Fitbit Exercice. La première apparaît en premier dans la liste et lorsque j’ai voulu activer une séance de natation en piscine, je me suis donc tournée vers elle. Problème : en faisant défiler les dizaines de sports disponibles, impossible de trouver la nage. Pourtant, la montre est bien étanche 5 ATM, comment est-ce possible qu’elle ne propose pas la mesure de longueurs de piscine ?
J’ai finalement trouvé la réponse plusieurs jours plus tard : la natation se trouve dans l’application Fitbit Exercice ! Ce qui est encore plus étonnant, c’est que de multiples sports apparaissent en double dans ces deux applis, installées par défaut sur la montre. Ce n’est pas du tout ergonomique.
Par ailleurs, pour faire apparaître l’application ECG Fitbit, j’ai dû forcer une mise à jour de la montre, puis mettre à jour l’application sur mon smartphone… Vraisemblablement, cette fonctionnalité ne devait pas être tout à fait prête au moment d'emballer les montres. On note enfin que s’il est possible de télécharger de nombreuses applications sur la Google Pixel Watch, dans les faits, il y en a énormément qui proposent des fonctionnalités déjà existantes sur la montre. Lorsqu’on fait le tri, on ne trouve finalement pas autant de nouveautés que cela.
Deux applications sur le smartphone, est-ce vraiment nécessaire ?
Pour rester dans le thème des applications, abordons le sujet de celles dont il faut disposer sur smartphone pour utiliser la montre : j’ai décidé de l’utiliser avec mon Google Pixel 6 et j’ai dû y installer à la fois l’application Watch, pour gérer les différents paramètres de la montre, et l’application Fitbit pour le suivi de toutes les données liées aux activités physiques.
Devoir jongler entre les applications n’est pas vraiment agréable. Une seule application aurait clairement été plus adaptée, mais une fois encore, on ressent clairement que le lien entre Google et Fitbit n’est pas encore très clair. Il faudrait que Google décide de concevoir une application qui fusionne les deux pour créer une proposition réellement personnalisée pour l'écosystème Pixel Watch. Peut-être pour la prochaine génération ?
La Google Pixel Watch, une montre connectée à la proposition complète, mais...
L’un des points essentiels d’une montre connectée moderne concerne sa capacité à effectuer un suivi fiable de certaines données, tout en offrant des fonctionnalités utiles au quotidien. Si je fais régulièrement du sport, mon activité sédentaire me pousse à utiliser une montre connectée pour m’aider à bouger plus au quotidien. Là-dessus, la Google Pixel Watch s’avère utile, puisqu’en cas d’inactivité prolongée, elle vibre et me conseille de me lever pour marcher : une proposition que j’apprécie beaucoup, mais qui est aujourd’hui disponible chez la plupart des constructeurs.
Le suivi des performances physiques s’avère plutôt fiable : en comparant le comptage des pas avec celui effectué par la Xiaomi Redmi Watch 2 Lite et la Huawei Watch Fit 2, j’arrive à des résultats similaires. Il en va de même pour la mesure du rythme cardiaque, même si la montre de Google galère un peu lors d’activités qui misent sur le fractionné. C'est cependant le cas de nombreuses montres du marché.
La fonctionnalité ECG est, de son côté, accessible à tout le monde, ce qui est une bonne chose : rappelons que Samsung, de son côté, la réserve aux possesseurs de ses smartphones uniquement. C’est là que le petit bouton (mal placé) situé sur le côté de la montre a une utilité, puisqu’il faut positionner son doigt sur celui-ci pour effectuer un électrocardiogramme. La position à tenir pendant 30 secondes est précise et si l’on bouge, il faut tout recommencer. De plus, il arrive très fréquemment que la montre déclare que le relevé n’est pas exploitable. C’est assez frustrant… Mais ça finit par fonctionner au bout d’un moment !
C’est le moment d’évoquer un point très frustrant de cette montre connectée : le manque de fiabilité de la détection automatique des activités. Aujourd’hui, même les montres à 50 euros sont capables de détecter lorsqu’on marche, qu’on court, qu’on fait du vélo ou même qu’on nage : elles lancent alors automatiquement un suivi sportif de l’activité. Pourquoi la Google Pixel Watch n’arrive-t-elle pas à le faire efficacement ?
J’ai d’abord cru à un bug, ou alors à une activité physique pas assez intense pour que la montre la détecte. Lors d’une séance de cardio un peu plus intense que les autres, elle a finalement détecté que mon rythme cardiaque était plus élevé que d’habitude, et a daigné m’enregistrer une « séance de jogging » alors que je n’ai jamais couru.
J’en déduis donc que la montre se base sur le rythme cardiaque et non pas sur la détection des mouvements, malgré la présence de tous les capteurs nécessaires pour le faire. Résultat, même après de la natation, du cardio ou de la VR un peu intense, je me retrouve avec un suivi rempli de séances de marche. Pour avoir un suivi de l'activité physique réelle, il faut l'activer manuellement avant de commencer la session de sport, depuis les menus de la montre. Autrement, la Pixel Watch décidera pour vous, parfois en tombant juste, parfois non. Il est fort probable d'une mise à jour viendra améliorer ce constat, mais en attendant, il faut faire avec.
D'ailleurs, en parlant de mise à jour, il est important d'aborder un autre point surprenant : si la Google Pixel Watch est bien équipée d'un capteur de SpO2, destiné à détecter le taux d'oxygène dans le sang, celui-ci n'est pas encore utilisable. Il s'agit pourtant d'une fonctionnalité qui est aujourd'hui basique sur la plupart des montres connectées. Il en va de même pour la fonction de détection des chutes, annoncée mais pas encore déployée. Google devrait proposer une mise à jour prochainement, mais c'est un constat qui reste étonnant sur un appareil de cette gamme.
Envie d’un suivi poussé de votre activité physique ? Il faut payer
Pour rester dans le thème du suivi des activités, sportives ou autres, il y a un autre point à aborder : celui de la proposition de Fitbit. Oui, c’est une référence du secteur, on ne va pas le nier. Là où Google se montre un peu mesquin, c’est qu’il incite à payer Fitbit Premium tout au long de l’expérience d’utilisation.
Pour ce test, j’ai pu utiliser l’abonnement de 6 mois qui est offert à chaque nouveau possesseur d’une Google Pixel Watch : je n’ai donc rien payé, pour le moment. En pratique, j’ai rapidement constaté que le suivi était nettement plus complet avec cette souscription : cela signifie que la montre effectue des mesures qui ne sont débloquées qu’en passant à la caisse. C’est notamment le cas en ce qui concerne les données liées au sommeil. Les analyses sont également plus poussées. En somme, à partir du moment où l’on a commencé à utiliser Fitbit Premium, il semble difficile de s’en passer sans avoir l’impression de sous-exploiter la montre.
L’autonomie, le vrai point noir de la Google Pixel Watch
Enfin, difficile de ne pas évoquer ce qui se présente comme le défaut le plus flagrant de la Pixel Watch : son autonomie. En ce qui me concerne, il n’y a pas une seule journée où je n’ai pas eu besoin de la recharger à un moment où à un autre. Cette montre connectée est incapable de tenir la charge pendant plus de 24 heures, ce qui est réellement problématique pour un appareil dont le principal intérêt est d’effectuer un suivi en continu. Cerise sur le gâteau : j’ai activé l’always-on pour le tester, ce qui a nécessité une deuxième recharge dans la journée.
Si vous avez un quotidien essentiellement sédentaire, vous pouvez espérer l'utiliser du matin au soir sans trop de difficulté. Si vous avez le malheur de faire un peu de sport dans la journée, alors prenez votre chargeur avec vous. Durant les sessions d’exercice, elle peut perdre entre 10 et 15% d'autonomie en 30 minutes, ce qui est conséquent. Il est alors nécessaire de la brancher pour la recharger. Elle est livrée avec son chargeur propriétaire, qui est en USB-C : il n’y a pas de chargeur secteur fourni. Elle n’est pas non plus particulièrement véloce à la charge puisqu’il faut environ 1h15 pour passer de 0 à 100% de batterie : cela encourage à ne pas attendre le déchargement complet pour la recharger.
L'autonomie de la montre est encore plus problématique quand on sait que certaines fonctionnalités ne sont pas encore disponibles. Qu'en sera-t-il lorsque l'on voudra utiliser le capteur d'oxygène sanguin durant la nuit, ou activer le détecteur de chute ? C'est d'ailleurs peut-être pour cette raison que Google a décidé d'attendre avant de proposer ces fonctionnalités, en vue d'affiner la manière de fonctionner de la Pixel Watch à coup de mises à jour.
Conclusion
Points forts
- Très jolie montre
- Des capteurs fiables
- Fitbit Premium a un réel intérêt
- L'ECG plutôt cool (quand il fonctionne)
Points faibles
- Des doublons surprenants dans les applications
- Des fonctions bridées à moins de payer
- Un suivi automatique des activités sportives très hasardeux
- Des fonctions inutilisables à la sortie (SpO2, détecteur de chute...)
- Une autonomie catastrophique
Note de la rédaction
La Google Pixel Watch est une montre connectée particulièrement frustrante dans l’ensemble. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est pleine de potentiel. Elle est belle, riche en fonctionnalités et à condition de s’acquitter d’un abonnement Fitbit Premium, elle offre l'un des suivis les plus complets du marché. Son application ECG est également bienvenu. Mais le côté franchement fouillis de son interface, son manque d’efficacité lorsqu’il s’agit d’effectuer un suivi intuitif de l’activité sportive et son autonomie réellement problématique en font un objet connecté vraiment en retard sur les tendances actuelles. Au final, cette Pixel Watch fait l’effet d’un brouillon qui annonce l’arrivée d’un nouveau modèle plus abouti dans les années à venir : autant attendre que Google corrige les défauts de sa montre avant d’investir.