The Wrestler - Darren Aronofsky

Bonjour à tous et à toutes, et bienvenue dans La 7ème Prise, l'émission qui parle de Catch et de Cinéma. Après avoir fait le point sur la carrière cinématographique du légendaire Hulk Hogan, nous nous retrouvons aujourd'hui pour parler d'un film un peu plus sérieux que Mr Nanny, sorti le 18 février 2009 en France, réalisé par Darren Aronofsky et dont le Catch est au centre du sujet. En effet, aujourd'hui nous allons parler de The Wrestler !

The Wrestler, réalisé par Darren Aronoksky (Requiem For A Dream, Black Swan, Mother!), nous narre l'histoire de la star du catch des années 80, Randy « The Ram » Robinson, ou plutôt la fin de son histoire. Randy est obligé d’enchaîner les matchs peu payés dans des petites fédérations, mais également obligé de travailler dans un supermarché pour payer ses médicaments et son loyer. En froid avec sa fille, il ne retrouve du réconfort qu'auprès des fans et de Cassidy, une strip-teaseuse soufrant du poids des années. Un soir, après un match, Randy fait une crise cardiaque et doit faire un choix terrible : risquer sa vie et continuer le catch, ou prendre sa retraite définitivement.

Dans le rôle de Randy « The Ram », nous retrouvons Mickey Rourke, l'ancienne star des années 90, mais aussi Marisa « Tante May » Tomei dans le rôle de Cassidy et Evan Rachel Wood dans le rôle de Stéphanie, la fille de Randy.

Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=61-GFxjTyV0

Je vous conseille tout d'abord si vous ne l'avez pas vu d'y jeter un œil avant de commencer la lecture de ce topic, car malheureusement ça va spoiler comme un porc.

Avant de commencer le sujet, j'ai fait un léger travail d'investigation sur le forum, et finalement je suis tombé sur cette analyse superbe de SgtBouboul, qui a mon sens résume parfaitement les tenants et aboutissants de ce long-métrage :

Le 18 février 2009 à 18:33:54 SgtBouboul a écrit :
salut fan de catch

Cette apres midi je suis aller voir the wrestler en tant que fan je ne pouvait rater ce film

J'ai adorer le film Surtout le debut et la fin le milieu est assez ennuyeux mais bon . mickey rouk joue tres bien le role et on voit le catch sous un nouvel angle . La fin m'as fait couler une larme va t'il mourir ou va t-il finir le match ?

__________________________________________________

Rebirth4Life

Après avoir vu ça, je me suis dit que faire une critique du film n'aurait pas de sens, étant donné que tous les enjeux scénaristiques sont évoqués dans ce post. Mais je relève tout de même le défi.

(bon ok c'est mesquin)

Le Mythe de Randy « The Ram », de son apogée à sa chute

Le film s'ouvre sur les anciens exploits de Randy « The Ram », et une musique de Quiet Riot passe en fond sonore. On peut voir notamment des affiches, des photos, mais aussi sa grande rivalité contre Ayatolah. Cette introduction permet aux spectateurs de comprendre les grandes lignes de la longue carrière de Randy, ou du moins l'apogée de sa carrière. Mais toutes ses victoires, c'est du passé. Et on le comprend dès la première apparition de Randy. La musique s’arrête, remplacée par des bruits de toux. Le jeune catcheur victorieux est remplacé par un vieil homme malade. Le Madison Square Garden est remplacé par une école maternelle. Dès la première apparition de Randy, tout ce que l'on a pu voir auparavant sonne faux, le personnage du « Bélier » est totalement démystifié, et c'est par ce cruel retour à la réalité que l'on est projeté directement dans l'univers de ce film : un monde froid, triste, dans lequel les désillusions fleurissent plus vite que l'espoir et les succès se font de plus en plus rare. Vous êtes chauds ? C'est parti.

On constate donc assez rapidement que Randy est un homme détruit physiquement, il a de gros problèmes de santé et prend énormément de médicaments, achetés pour la plupart clandestinement. L'action se passant évidemment aux États-Unis, Randy n'a pas de sécurité sociale, et doit payer ses médicaments plein pot. Il y a donc un véritable cercle vicieux, il doit faire plus de matchs pour payer ses médicaments, et il doit prendre toujours plus de médicaments après ses matchs. Cette boucle infernale, Randy n'arrive pas à s'en sortir, et est obligé de travailler à côté, comme beaucoup de catcheurs dans sa situation.

Mais Randy, c'est avant tout « The Ram », il est prêt à tout donner sur un ring, même dans du catch hardcore contre Necro Butcher à la CZW. Si il continue sa carrière, c'est parce que sur un ring il est quelqu'un. Malheureusement, les fans ont beau être présents et l'acclamer, ils ne se bousculent pas pour les dédicaces d'une vieille star en dehors de son temps. On peut le constater lors de la scène de la séance dédicace, dans laquelle Randy, accompagné d'autres catcheurs dans la même situation, s'emmerdent comme il faut en raison du peu nombre de fans présents pour voir ces vieilles gloires. Sa popularité oscillante démontre bien qu'il y a deux mondes qui séparent Randy sur le ring et Randy en dehors.

Malgré ça, il garde une excellente proximité avec les fans, et ils ont un véritable rôle à part entière dans le film et dans sa vie. Il est prêt à prendre d'énormes risques et à faire des choses toujours plus insensées pour ne serait-ce qu'exister aux yeux des fans. D'ailleurs son finisher, « Le Coup Du Bélier » (Ram Jam en VO) est une sorte de Diving Headbutt, une des prises de catch les plus dangereuses sur le long terme, mélangée à un double Elbow Drop. Et Randy a porté cette prise pendant 20 ans, entretenant toujours ce qui a pu faire sa gloire par le passé. Ses cicatrices sont en quelque sorte l’œuvre de sa vie, et Cassidy prononcera en les voyant “He was pierced for our transgressions, he was crushed for our inquities; the punishment that brought us peace was upon him, and by his wounds we are healed”. Cette citation provient du Ésaïe 53.5 de l’Ancien Testament, racontant l’histoire d’un « Homme de douleur » (Traduction littérale, mais qui reflète bien l’idée). Sa douleur est un divertissement.

Cette obsession pour le catch et les fans le mènera à sa perte, négligeant tout ce qui l'entoure dans l'unique but de faire lever la foule. A la fin du film, Randy n’a plus rien. Ce qu’il a construit durant tout le film finit par se briser morceaux par morceaux, et la seule chose qui lui reste, c’est se battre. Quand le spectateur le voit monter sur la 3ème corde, il retient son souffle. Et cette fin, coupée en plein saut, nous laisse conclure nous-même l’histoire de Randy. Cependant, il existe 2 autres fins à cette histoire, mais nous y reviendrons un peu plus tard.

Son rapport au monde extérieur

Randy est quelqu'un de très "Old-School". Il est même victime d'un véritable décalage avec cette époque moderne, et il s'accroche, impuissant, aux années qui ont fait sa gloire. On le remarque notamment lors de la scène dans laquelle il joue à un vieux jeu vidéo de Catch des années 80 avec un gamin du quartier qui essaiera en vain d'expliquer ce qu’est Call Of Duty à un mur. Mais ce décalage se retrouve également dans la Bande-Originale du film. Composée par Clint Mansell, compositeur habitué des films d'Aronofsky (il a composé pour tous ces films, à l'exception du dernier, Mother!), cette Bande-Originale contient principalement du Rock des années 80, à l'exception d'une chanson de Lil Wayne, apportant un retour brutal à la modernité que repousse Randy. Le thème principal du film est composé par Bruce Springteen, grand chanteur et compositeur, dont le pic de sa carrière a eu lieu également dans les années 80. Ce thème principal reflète bien la vision que l'on doit se faire du film, tout d'abord un air lancinant, presque misérable, et des textes faisant une comparaison directe entre les catcheurs et divers animaux estropiés. Alors dit comme ça ça ne donne pas forcément envie, mais la chanson est belle. Ce thème principal a d'ailleurs été composé gratuitement par Bruce Springteen, étant un grand ami de Mickey Rourke.

Mais revenons-en au film. Randy est un homme très seul et, comme beaucoup de catcheurs après un match, il va retrouver du réconfort dans un des seuls endroits ouverts tard la nuit : un club de strip-tease. Ou plutôt, il va trouver du réconfort auprès d'une strip-teaseuse, Cassidy, incarnée par Marisa Tomei. Cassidy est une strip-teaseuse « vieillissante », obligée de continuer ce travail pour pouvoir réaliser son rêve : partir vivre à Tampa Bay avec son fils. Son histoire est une véritable parallèle à celle de Randy : deux personnes détruites (mentalement pour Cassidy, physiquement pour Randy), se réfugiant dans un personnage (Cassidy s'appelle en réalité Pam), un métier basé sur le physique, la peur de vieillir et la nostalgie est omniprésente dans leurs vies. La vieillesse et le corps qui change a déjà atteint Randy, et est en train d'atteindre Cassidy, rejetée par des jeunes hommes. Ils subissent également des jugements sur ce qu'ils font (Randy est moqué tandis que Cassidy subit quotidiennement un manque de respect). Ils finissent donc par se retrouver dans la peur de finir seul, malgré la volonté de « garder leurs distances ». Leur histoire est une fresque tragique moderne, il n'y a pas de beau mariage, de belles retrouvailles, mais deux amants, qui ne termineront jamais ensemble quoi qu'il arrive. C'est une histoire intime, peu visible, mais qui sera le véritable cœur de cette histoire. Cassidy est une représentation de l'espoir du changement de vie de Randy, mais ce n'est pas son principal amour. Elle n'est qu'une bulle d'air, dans cet univers étouffant.

Stéphanie est la fille de Randy. Leur relation est plus que tendue, Randy ayant privilégié sa carrière au détriment de sa fille. Il va essayer de recoller les morceaux plusieurs fois avec la petite fille qu’il a détruit, mais finira par ne pas tenir ses promesses, au profit d’une soirée Alcool-Coke-Sexe. Stéphanie est le reflet des conséquences indirectes du Catch, des tournées à l’autre bout du monde, etc.... L’abandon qu’elle a subit par son père la pousse à ne plus faire confiance et à former une carapace pour se protéger, et on le remarque dès sa première apparition, c’est une fille qui n’est pas à l’aise. Le peu de lest qu’elle laissera pour son père, lui reviendra en plein visage comme une gifle.

Entre deux prises de catch et deux cœurs brisés, Randy travaille dans un supermarché afin de pouvoir manger et payer ses médicaments, pour un mec qu’il méprise au plus haut point. Il commencera avec un métier de l’ombre, en réceptionnant les commandes très tôt le matin, mais après avoir été obligé d’arrêter sa carrière à cause de son cœur, il finira devant un public, en tant que Caissier dans le Rayon Traiteur. Son passage à travers les « coulisses » du magasin se fera avec un cri de foule, comme s’il s’apprêtait à monter sur le ring, mais c’est ironiquement le passage du rideau qui marquera un cruel retour à la réalité et la fin du rêve, pour Randy comme pour les spectateurs. Finalement, son charisme et sa capacité à jouer avec la foule ressortira directement, le permettant de rigoler avec les clients (qui ne sont d’ailleurs pas des acteurs mais de véritables clients du magasin qui se sont fait servir par Mickey Rourke, expliquant le jeu étrange qu’ils ont tous). Malheureusement, son passé de catcheur va également ressortir de manière plus directe, après avoir été reconnu par un client du magasin. C’est à cet instant précis, que tout va s’écrouler en l’espace de quelques secondes. Il arrive à supporter l’éloignement de Cassidy ou de sa fille, mais pas celui du Catch. Humilié, il va trouver réconfort dans la seule chose à disposition qui lui rappelle son ancienne vie : la douleur. D’un coup de tête, il va alors mettre son doigt dans la trancheuse à jambon avant de démissionner. C’est ainsi, durant cette scène emblématique du film, que tout ce qui s’est construit depuis le début du long-métrage va être abandonné par Randy, en échange d’une seule chose : un dernier combat contre Ayatolah, son plus grand rival.

A suivre...

Autour du film

Pour cette partie, je me suis procuré le Blu-Ray du film (vous me devez 10 balles), afin de pouvoir visionner premièrement le Making-Off, mais aussi la Table Ronde organisée avec de nombreux ex-lutteurs réputés. Et c’est par cette Table Ronde que je vais débuter.

Autour de cette table : Brutus Beefcake – DDP- Roddy « Rowdy » Piper – Lex Luger – Greg Valentine

Beaucoup de sujets sont abordés dans cette table ronde, qui commence timidement avant de devenir un véritable cabinet de psy. Lex Luger va notamment parler de sa grosse descente aux enfers qu’il a vécu, et le sujet de la solitude va venir sur le tapis un peu plus tard. Ils parlent de leurs blessures, de la fatigue qu’ils ont engendrés durant des années, mais aussi du gros changement de vie qu’ils ont vécus après la fin de leurs carrières, sans retraite et avec un corps plus en état. Roddy Piper nous explique également la différence entre le jeu d’acteur dans le catch, plutôt explicite, et le jeu d’acteur dans le cinéma, implicite donc (Roddy Piper a joué le rôle principal de They Live de John Carpenter), et explique ainsi pourquoi il n’a pas pu continuer dans ce domaine. Une discussion sur la situation familiale de Randy est lancée, jugée clichée par quelques critiques, mais approuvée par les 5 hommes, expliquant que cet « abandon » est énormément subi dans ce milieu. Enfin, c’est par une parallèle avec le monde du Strip-Tease que l’on conclut cette Table Ronde.

Cette Table Ronde reste ce qu’elle est, un outil promotionnel en rapport avec le film, pour mieux le vendre. Mais, le choix des invités et la manière dont ils racontent leurs parcours en parallèle à celui de Randy est terriblement touchant et apporte vraiment quelque chose en plus au film. On comprend le long chemin émotionnel que vivent ces hommes, et le voir enfin montré à l’écran était une chose inconcevable. Ce n’est pas pour rien qu’après la projection du film, Roddy « Rowdy » Piper lui-même, a fondu en larmes.

Nous allons à présent parler du tournage et de la production du film, grâce au Making-Off et à quelques anecdotes trouvées sur le net. Ce film a d’abord été un véritable pari économique, avec un budget de seulement 6 M$. A la toute base, ce projet était censé se passer durant l’ère pré-WWF, et raconter l’histoire du catch à cet époque, mais le budget léger a posé de sérieux problèmes. Darren Aronofsky a donc utilisé une histoire plus « terre à terre », en proposant quelque chose d’assez différent de ce qu’il avait fait auparavant, avec un tournage plus intime et proche du milieu, et surtout sans story-board, pour pouvoir exploiter toutes les opportunités de mise en scène qui se présentait. Le tournage sera d’ailleurs extrêmement rapide, avec seulement 37 jours pour 37 lieux différents. Tournage rapide, certes, mais également assez compliqué, car tout à été tourné « sur le terrain », donc dans de vrais décors naturels, dans des vrais magasins, dans des vrais shows, etc… Donc il y a eu beaucoup de problèmes, notamment à cause du temps, du manque de confort lors du tournage, mais aussi à cause de Mickey Rourke, toujours assez difficile à vivre, et de l’équipe du film, très exigeante. Ce tournage amena donc l’équipe à tourner les combats de Randy dans des vrais shows de la CZW et de la ROH notamment, avec donc un public réel et peu contrôlable. C’est ainsi que le monologue final de Randy avant son ultime combat fut re-tourné à cause de la foule trop bruyante. Après qu’Aronofsky leur expliqua l’importance de cette scène, la foule scanda « We Fucked Up ! ». Des micro-interviews de Necro Butcher et Tommy Rotten sont également présentes, mais aussi d’Armond « Kid U.S.A » Ciceri, la doublure tapie dans l’ombre de Mickey Rourke. Et enfin, une chose très importante est visible dans le Making-Off : la fin du film, telle qu’elle a été tournée. Je vous invite alors dans la prochaine partie de cet chronique, dans laquelle on va parler de cette fameuse fin, qui aura très clairement marqué les esprits des fans de catch et des cinéphiles.

La fin du parcours

Après un show, Randy reçoit une proposition de la part d’Ayatolah, son plus grand rival dans les années 80. Il lui propose un match, un ultime match entre les deux lors du prochain show ROH, afin de conclure cette rivalité. Randy accepte, mais sa crise cardiaque et son rapprochement de Cassidy et sa fille le fait douter. Mais finalement, après que tout ce qu’il a construit se casse la gueule, il décide de faire ce match, et de le faire bien. Il fera un dernier discours à la foule, puis le match commence.

En mauvais état physique, Randy souffre dans ce match, mais ne lâche rien. Ayatolah, voyant qu'il n’est vraiment pas en état, essaye de conclure le match rapidement mais Randy n’en fait qu’a sa tête. Il ne veut pas décevoir la foule, celle qui a fait de lui ce qu’il a été auparavant. Il a vécu sur un ring, il est prêt à mourir sur un ring. Malgré son cœur qui lui fait souffrir le martyr, il se lance dans un dernier « Coup du Bélier », puis le film se coupe, laissant le spectateur dans le flou concernant la fin du match. Alors pourquoi Darren Aronofsky a décidé de couper à cet instant-là précis ? Randy survit ou non ? Pour ce qui est de la question de la coupure, j’ai plusieurs hypothèses. Il y a très certainement une question d’interprétation des spectateurs. Chacun conclut cette histoire comme il le souhaite, évitant une fin cruelle à ceux qui veulent voir Randy ailleurs que sur un ring. Ça peut également être une question de pudeur, on montre la chute, pas la fin. Ou bien une référence aux shows TV dont l’image fut coupée net après un accident, comme ce fut le cas pour Owen Hart. Ou bien la coupure net signifie également l’arrêt total du cœur de Randy. En tout cas, après avoir fait le tour sur le net, presque tout le monde a le même point de vue sur cette fin : Randy meurt en retombant. Mais est-ce la vraie fin ?

Et oui car lorsque l’on regarde le Making-Off, une chose surprend énormément : On voit Ciceri (doublure de Rourke) se jeter… et… faire le tombé sur Ayatolah, remportant ainsi ce match ! C’est surprenant, mais c’est bel et bien une fin filmée. Je vous rassure tout de suite, ce n’est pas la fin prévue par Aronofsky. En réalité, cette fin fut certainement tournée soit en tant que blague, sachant que ça en serait pas gardé au montage, soit en tant que fin alternative si les producteurs voulaient que Randy remporte le match. Mais ce n’est pas la vraie fin, car en réalité, Randy meurt ! :fete: :fete: :fete:

C’est en effet ce qu’affirma Darren Aronofsky, durant une session de Ask Me Anything sur Reddit. Le réalisateur confirmera donc l’hypothèse de la plupart des spectateurs, mais laisse tout de même le doute planer pour ceux qui découvrent le film.

Mickey « The Ram » Rourke

L’histoire de Randy « The Ram » est, comme nous avons pu le voir, une histoire sombre de descente aux enfers et de conséquences toutes plus désastreuses les unes que les autres. Mais qu’en est-il de son interprète, Mickey Rourke ?

Mickey Rourke, de son vrai nom Philip Andre Rourke, Jr, est un acteur bien sûr, je pense que tout le monde est au courant. Mais c’est également un ancien boxeur ayant eu un beau parcours en amateur entre 1964 et 1973, avec 27 victoires pour 3 défaites, avant de quitter le ring temporairement en 1973 après une commotion. Il reviendra dans le circuit plus tard dans sa carrière, mais nous y reviendrons. Rourke va donc commencer une carrière d’acteur, faisant des petites apparitions à la télévision ou au cinéma, notamment dans 1941 de Steven Spielberg ou encore Les Portes Du Paradis de Michael Cimino. Il aura ensuite quelques seconds rôles, chez Lawrence Kasdan et Barry Levinson, mais aussi surtout chez le grand Francis Ford Coppola pour le superbe Rusty James, dans lequel il se distingue tout particulièrement dans son rôle de grand frère, aux côtés d’un jeune Matt Dillon.

Et puis, ça commence déjà à déraper. Il tourne son premier rôle principal dans Le Pape De Greenwich Village, sorti en 1984, qu’il décrira comme un de ses meilleurs moments de sa vie. Mais entre temps, la société de production United Artists est racheté par Franck Yablans, et le film ne sera pas suffisamment promu pour éviter l’échec. Mickey Rourke, qui avait beaucoup de considération pour ce film, aura beaucoup de mal à accepter cet échec. Mais ça ne l’empêchera pas de continuer sa carrière et de devenir l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération, travaillant avec de très grands réalisateurs et acteurs. Mais il déclinera énormément de rôles dans d’énormes succès hollywoodiens, notamment dans des films comme Le Flic De Beverly Hills, Top Gun, Rain Man et j’en passe. Des comportements provocants, des échecs qui s’accumulent, des amitiés pas favorables pour son image (John Gotti, Christophe Rocancourt…), une plainte pour violences conjugales, de l’alcool, de la drogue, Mickey Rourke signera dans les années 90 un véritable détachement du monde du cinéma, qui le dégoûte au plus haut point, et se comporte comme une véritable rockstar. Il mélangera alors son métier d’acteur à celui de boxeur professionnel, mais son visage deviendra de plus en plus marqué par les combats. Mickey Rourke va alors découvrir un de ces prochains vices : la chirurgie esthétique.

Les années 2000 lui seront plus favorables sur le papier, ayant quelques seconds rôles à droite à gauche. Mais ça ne suffit pas à rembourser ses nombreuses dettes, et il ne réussit pas à ressortir de ce cercle infernal. Le visage bouffi et charcuté par la chirurgie, ses amis s’inquiètent pour lui et Mickey commence à avoir de nombreuses pensées suicidaires qui lui traverse l’esprit. Il se retrouve également avec des dettes de plus de 30 Millions de dollars, et il perdra son frère, Joey Rourke, des suites d’un cancer.

Et finalement, il acceptera un rôle qui le remettra d’aplomb : celui de Marv, grosse brute vengeresse, dans l’excellent Sin City de Robert Rodriguez et Franck Miller, en 2005. Il jouera la même année dans Domino de Tony Scott. Sa longue thérapie pour guérir ses pulsions autodestructrices commence à porter ses fruits, il se livre à de nombreuses reprises sur son comportement désastreux durant les années 90, mais continuera tout de même à s’en prendre aux acteurs du milieu, qualifiant Warren Beatty comme « l’une des plus effrayantes chiasses qu’il ait jamais rencontré » ou encore Sean Penn comme « l’une des personnes les plus homophobes qu’il connaisse » juste après l’Oscar de l’acteur pour son interprétation de Harvey Milk.

Mais revenons-en à The Wrestler. Lors de la production du film, le rôle de Randy « The Ram » devait être attribué à un autre acteur chaotique, Nicolas Cage. Nicolas quittera le projet un mois plus tard, sans expliquer ses raisons, et sera donc remplacé par le choix de prédilection de Darren Aronofsky, Mickey Rourke. Sylvester Stallone fût également envisagé mais il y a une autre personnalité qui aurait également été pressenti pour jouer ce rôle, et cette autre personnalité n’est nulle autre que le Hulkster en personne, HULK HOGAN

C’est du moins ce qu’il déclarera à la télévision américaine, en ajoutant qu’il dû décliner le rôle « parce qu’il trouvait qu’il n’était pas le bon personnage pour jouer ce rôle ». Le problème, c’est que Darren Aronofsky n’a jamais envisagé Hulk Hogan pour jouer Randy. Pas terrible pour la crédibilité donc.

Il faut savoir que Mickey Rourke, en tant qu’ancien boxeur, avait une véritable aversion pour le catch et les catcheurs. Ça n’a donc pas été simple pour les producteurs et Darren Aronofsky de le convaincre de signer. Mais finalement, il accepta après qu’Aronofsky le laissa réécrire ses dialogues. Après avoir été entraîné par l’ancien catcheur Afa Anoa’i, Mickey signera l’une de ses plus belles prestations dans ce rôle d’ancienne star meurtrie, et recevra notamment sa première nomination aux Oscars et le Golden Globe du « Meilleur acteur dans un film d'action – Drame ». Sa performance sera également saluée par énormément d’acteurs ou de réalisateurs, à commencer par Wim Wenders.

Puis arrive ce fameux segment de Wrestlemania 25. Tout commence lors de la cérémonie des Screen Actors Guild Awards, dans laquelle Mickey Rourke, malgré l’avis de ces agents, défie Chris Jericho sur un ring. Ces agents avaient très peur qu’il n’ait pas l’Oscar à cause de ça, mais Rourke a été trop vite en besogne et a mis un peu tout le monde dans la merde, étant donné que Chris Jericho n’était même pas au courant de ce projet et Vince ne pouvait pas promouvoir ce match avant les Oscars. Donc à partir du moment où il a annoncé ce match, tout le monde savait qu’il allait être annulé. Vince a donc remplacé Mickey Rourke par 3 anciennes superstars qui ont eu du mal à raccrocher des rings : Jimmy « Superfly » Snuka, Roddy « Rowdy » Piper et Greg Valentine Ricky Steamboat, qui montrera par ailleurs à l’Univers WWE qu’il en avait encore sous la jambe. Le porte-parole de Mickey Rourke fût donc obligé de faire machine arrière, et de préciser qu'il sera présent à Wrestlemania effectivement, mais qu'il ne catchera pas. Tout ceci amènera donc à un segment, dans lequel Chris Jericho se prend une droite par l’ancien boxeur, censé être là pour catcher. Voilà voilà

Mickey Rourke a enchaîné plusieurs rôles après ça, notamment dans Les Immortels, Expendables, ou encore dans la suite de Sin City, mais malheureusement ça ne guérira pas tout ses vices. Le visage déformé par une chirurgie ratée, Mickey va continuer à se faire opérer à de maintes reprises, et voici son visage ces dernières années:

Conclusion :

Pour conclure, je dirais que The Wrestler est objectivement l’un des films traitant le mieux le sujet de l’après-gloire, quelque soit le domaine, et est l’un des films les plus déprimants des années 2000. Voir la chute d’un homme, auparavant Héros, devenir un moins que rien toxicomane aux yeux des autres nous offre une version cinglante de la gloire et de son éphémérité. Je me rappelle avoir vu ce film à 10 ans, avec mon père. Je regardais du catch depuis plus d’un an, et ne connaissait que la WWE et la TNA. Je me rappelle que, voir cet univers que je ne connaissais pas encore dans le catch, m’avait profondément marqué et choqué à l’époque. Je me rappellerai donc toujours cette soirée Catch sur Canal +, avec The Wrestler pour ouvrir le bal et commencer la soirée. Bon le deuxième film c’était Super Nacho avec Jack Black, et c’est pas vraiment la même ambiance.

Le film remportera de nombreux prix, notamment grâce au duo Mickey Rourke - Marisa Tomei, et s’imposera comme un des nombreux classiques des années 2000. Il permit également à de nombreux néophytes de comprendre comment fonctionne le monde du Catch, et que ce n’est pas que des mecs huilés en slip qui font semblant de se battre. Ce fût un véritable tout de force de Darren Aronofsky, qui n’était même pas particulièrement fan de ce sport à la base. Pourtant, il a réussi à implanter une histoire tragique dans un milieu mal jugé, et proposa une mise en scène plus proche des personnages que du catch en lui-même. Au final, l’histoire de The Wrestler n’est pas tant différente de celle de Requiem For A Dream, l’un des premiers films de Darren Aronofsky et celui qui lui apportera le succès. Des personnages perdus, s’accrochant à la seule chose qui leur donnent envie de continuer à vivre, quitte à en abuser.

______________________________________________________________

J'espère que ce pavé vous aura plu, pour ma part ça a été beaucoup de boulot mais également un grand plaisir de faire cette chronique.

N'hésitez pas à donner votre avis sur le film dans le sondage ci-dessus !

La prochaine chronique sera sur un film un peu plus d'actualité, mais je ne vais pas vous en dire plus pour le moment

A la prochaine !

https://www.youtube.com/watch?v=5e7gG6yGhp4

J'ai bien aimé parce que c'était sur le catch, mais c'est un peu long et tristounet alors tu ressors pas joyeux du ciné

Loué soit le Roi Nom

On parle de moi ?

Super film mais c'est clair qu'il est badant

Le 05 juillet 2019 à 14:15:18 Manrose a écrit :
J'ai bien aimé parce que c'était sur le catch, mais c'est un peu long et tristounet alors tu ressors pas joyeux du ciné

Il dure moins de 2h pourtant

Le 05 juillet 2019 à 14:19:07 linksthebg a écrit :
Loué soit le Roi Nom

Le 05 juillet 2019 à 15:26:28 Wrestlerdu93-1 a écrit :
On parle de moi ?

Lass a vraiment fait la confusion

Bordel Sgtbouboul c'est moi c'est un de mes très vieux pseudo

Je maintiens mon impression de l'époque le film est excellent et je l'apprécie encore plus aujourd'hui. On voit les dessous "crade" du catch et c'est très émouvant

Oups désolé

Le 06 juillet 2019 à 02:38:05 KingsName14 a écrit :
Oups désolé

Aucun soucis , j'avais 15ans c'était y a 10ans et effectivement mon avis n'était pas du tout développé

Ça m'a rappeler dès bons souvenirs de voir ce post

Dommage quand même que le film n'ait pas trouvé le moyen de faire apparaître Chris Hero sous This is awesome. Ca aurait pu donner un bon rendu au final.

Le 06 juillet 2019 à 11:50:46 GiomaMonolithe a écrit :
Dommage quand même que le film n'ait pas trouvé le moyen de faire apparaître Chris Hero sous This is awesome. Ca aurait pu donner un bon rendu au final.

Oui ça aurait pu être sympa de fou, mais bon

Le 06 juillet 2019 à 12:09:34 KingsName15 a écrit :

Le 06 juillet 2019 à 11:50:46 GiomaMonolithe a écrit :
Dommage quand même que le film n'ait pas trouvé le moyen de faire apparaître Chris Hero sous This is awesome. Ca aurait pu donner un bon rendu au final.

Oui ça aurait pu être sympa de fou, mais bon

En fait, après quelques recherches, la musique date de 2009 donc ça aurait pas été possible.

Très bonne review

kingsname le monstre bravo pour ton topic mon grand

Sa fille dans le film n'était pas sympa, elle l'a renié purement et simplement, j'aurais aimé voir sa réaction après le finish final du film.

Cette scène avec les dédicaces ressemble beaucoup au "Lonely Virgil", avec des personnes qui s'accrochent à leur passé en essayant de grappiller quelques thunes pour survivre, mais qu'ils ont vieilli et que plus personne ne s'intéresse à eux, pour Randy le bélier il a l'air de s'en sortir avec ses photos dédicaces à 5 dollars, mais les reste voilà quoi...
Le pire c'est que l'un d'entre eux vendait des VHS, chose démodé à cette époque.

Le 06 juillet 2019 à 15:33:29 WokenMattHardy a écrit :
Très bonne review

Merci Woken

Le 06 juillet 2019 à 16:03:39 prolinksthebg a écrit :
kingsname le monstre bravo pour ton topic mon grand

Merci mon bonhomme

Le 06 juillet 2019 à 19:05:13 CandyCane a écrit :
Sa fille dans le film n'était pas sympa, elle l'a renié purement et simplement, j'aurais aimé voir sa réaction après le finish final du film.

Randy l'a abandonné durant son enfance et l'a abandonné une deuxième fois après avoir voulu se racheter, c'est pas sa fille qui est a blamé

Le 06 juillet 2019 à 19:15:19 Inezh a écrit :
Cette scène avec les dédicaces ressemble beaucoup au "Lonely Virgil", avec des personnes qui s'accrochent à leur passé en essayant de grappiller quelques thunes pour survivre, mais qu'ils ont vieilli et que plus personne ne s'intéresse à eux, pour Randy le bélier il a l'air de s'en sortir avec ses photos dédicaces à 5 dollars, mais les reste voilà quoi...
Le pire c'est que l'un d'entre eux vendait des VHS, chose démodé à cette époque.

Oui j'en ai pas parlé parce que ça a déjà été évoqué sur le topic de Branholt (dont j'ai oublié de donner le lien je suis sincèrement désolé https://www.jeuxvideo.com/forums/42-79-47180343-1-0-1-0-culture-catch-1-the-wrestler.htm ) mais c'est clairement le même état d'esprit

j’ai bcp aimé le film pour ma part, après je l’avais regardé en étant gamin donc il y a bien des références ou des éléments que je n’ai pas dû saisir

il faudra que je me le refasse

une nouvelle fois bravo pour ce nouveau topic abordant cette thématique

Le 16 juillet 2019 à 11:11:56 reality a écrit :
j’ai bcp aimé le film pour ma part, après je l’avais regardé en étant gamin donc il y a bien des références ou des éléments que je n’ai pas dû saisir

il faudra que je me le refasse

une nouvelle fois bravo pour ce nouveau topic abordant cette thématique

Merci real