Si j'ai bien compris, Schopenhauer objecte à Kant qu'il est possible de connaître la chose en soi à propos de nous-même, vu que l'on est soi-même en soi, pour ainsi dire.
Or j'ai l'impression que la base du raisonnement est faux, puisqu'on se connaît mais à travers le prisme humain, donc à travers nos présupposés et notre entendement, il est faux de dire qu'on se connaît de manière objective parce qu'on est en nous, connaître la chose en soi serait la connaître sous tous ses aspects (y compris ceux qui échappent à l'entendement humain) non ?
Je crois que pour Schopenhauer on ne peut pas savoir absolument ce qu'est la chose en soi mais qu'on peut en dire plus que ce que Kant en dit.
L'expérience de la volonté comme tout le reste est dans le domaine du phénomène, mais elle se fait indépendamment du temps, de l'espace et de la causalité. Elle est délestée de ces 3 formes de connaissances plus restrictives qui structurent par ailleurs le reste de notre expérience, et donc d'une certaine manière elle permet de se rapprocher de ce qu'est la chose en soi
Apres il pousse quasiment jusqu'à l'amalgame chose en soi = volonté, mais il répète quand même plusieurs fois que la réalité absolue est inaccessible
Très intéressant merci
J'avoue que c'est difficile de voir si un pont est possible ou pas entre la chose en soi en nous et la chose en soi dans son ensemble. Il a sûrement des chapitres où il essaye d'expliquer pourquoi ce pont est impossible, mais j'ai oublié
mais elle se fait indépendamment du temps
C'est complètement invraisemblable, et c'est faux. Schopenhauer ne dit jamais ça.
« N’oublions pas cependant (pour moi, je me suis toujours attaché à ce point de vue) que cette perception intime que nous avons de notre propre volonté est loin de fournir une connaissance complète et adéquate de la chose en soi. Ce serait le cas, si cette perception était tout à fait immédiate. Or, elle nous arrive à travers toute une série d’intermédiaires : la volonté en effet se crée un corps, au moyen de ce corps un intellect qui lui permette d’entrer en relations avec le monde extérieur, et enfin, grâce à cet intellect, elle se reconnaît dans la conscience réfléchie (pendant nécessaire du monde extérieur) comme volonté ; par conséquent cette connaissance de la chose en soi n’est pas complètement adéquate. Car dans la conscience même le moi n’est pas absolument simple, mais il se compose d’une partie connaissante, l’intellect, et d’une partie connue, la volonté : le premier n’est pas connu, celle-ci ne connaît pas, bien que tous deux se rencontrent et se confondent dans la conscience d’un même moi. Aussi ce moi n’est-il pas intimement connu dans tous ses éléments, il n’est pas absolument transparent, mais opaque, et c’est pourquoi il demeure une énigme à lui-même. Ainsi donc dans la connaissance de notre être interne aussi il y a une différence entre l’être en soi de l’objet de cette connaissance et la perception de cet être dans le sujet qui connaît. Toutefois, cette connaissance intérieure est affranchie de deux formes inhérentes à la connaissance externe, à savoir de la forme de l’espace et de la forme de la causalité, médiatrice de toute intuition sensible. Ce qui demeure, c’est la forme du temps, et le rapport de ce qui connaît à ce qui est connu. Par conséquent dans cette conscience intérieure, la chose en soi s’est sans doute débarrassée d’un grand nombre de ses voiles, sans toutefois qu’elle se présente tout à fait nue et sans enveloppe. Comme la forme du temps est inhérente à notre volonté, nous ne la connaissons que dans ses actes isolés et successifs, non pas dans son tout, telle qu’elle est en soi et pour soi ; et c’est pourquoi aussi personne ne connaît a priori son caractère, qui ne se révèle qu’imparfaitement par la voie de l’expérience. Mais, malgré toutes ces imperfections, la perception dans laquelle nous saisissons les impulsions et les actes de notre volonté propre, est de beaucoup plus immédiate que toute autre perception ; elle est le point où la chose en soi entre le plus immédiatement dans le phénomène, où elle est éclairée de plus près par le sujet qui connaît. Aussi ce processus ainsi connu est-il seul apte à devenir le point de départ pour une explication du reste. »
Voilà ce que dit vraiment Schopenhauer.
Si être en soi n'est pas qu'être en soi, être en soi est sans être.