Il est de ces dimanches, mornes et gris... ou après de terribles insomnies, il faut bien se forcer pour sortir de son lit.
ça aurait dut être un Dimanche en famille. Un de ces Dimanches ou on rit.
Ma soeur fête son anniversaire, en ce mois de novembre ou l'hiver se fait attendre.
J'aurais du, moi aussi, venir, à la maison du bord du lac.
Pour la revoir, et boire, de nos fameux crémants d'Alsace.
Mais c'est la maladie qui m'a choisit, aujourd'hui, pour me tenir compagnie.
ça fait trois jours que je suis couché, avec de la fièvre, des poignards dans la gorge, des démons dans mes poches et du rhum dans mon hydromel.
Me voila bien misérable. En ce mois de Novembre. Ou l'hiver se fait attendre.
Je pense à toi souvent tu sais.
Quel âge as-tu maintenant ? 18 ou 19 ans ?
Je ne le sais plus vraiment.
Je sais juste, humblement, que tu existe mon enfant.

Ta mère porte toujours son nom de jeune fille sur les réseaux.
Elle ne s'est donc jamais marié ?
Il m'arrive de la stalker.
Et quand je le fais, je compte les jours, je compte pour estimer les jours, du nombres desquels tu as vu le jour.

Ta mère est toujours aussi belle, sur son profil LinkedIn.
Je n'ose imaginer à quel point elle doit me détester.
Je n'ose imaginer à quel point tu dois me détester !
Je suis véritablement désolé.
Je ne sais même pas si tu es une fille ou un garçon.
Je ne connais que ton nom.
Je ne peux qu'imaginer les traits de ton visage.
Mon Arlésienne.

Nous nous sommes connu beaucoup trop jeunes !
En 2005, sur Caramail.
Ta tante Emma était toujours en vie à cette époque.
Elle avait 7 ans.
Ta mère en avait 19, et moi 21.
Nous n'étions que des gamins !

Je pense qu'avec moi, elle cherchait à se venger de quelque chose.
Il y avait ce vide dans ses yeux, profond, insondable.
Je ne l'ai découvert que bien plus tard.
Au début, tu te doute bien, nous ne faisions que flirter.
Nous discutions d'un jardin, pour y planter des graines, pour y cultiver des fleurs.
Je n'avais pas compris que tu serais l'une d'entre elles.

Ta mère travaillait dans l'hotellerie à cette époque. A Cardiff.
Moi, je m'occupais de ta tante malade, aux cotés de ta grand mère.
Dans notre petit village Platt.
Je sais, c'est abstrait tout ça. Pour moi aussi.
J'aurais pu ne jamais monter dans cet avion.
J'aurais du peut être.
Et pourtant.

Même si je ne l'ai pas connu très longtemps, ta mère a eu une influence immense dans ma vie.
Elle fut mon véritable premier amour passionnel.
Oui, tu es né de la passion, du désir charnel.
De la fusion de deux corps et de deux esprits.
On ne se rencontrera peut être jamais toi et moi.
C'est pourquoi je n'aimerai ommetre aucun détail.
Je crois en les hasards prédestinés, et qu'un jour, tu liras ces mots !

C'est ta mère également qui m'a donné le gout pour le bouddhisme.
Elle possédait sur sa table de nuit, cette édition reliée en cuir, de la vie de Siddhartha Gautama.
Je l'ai lu en entier.
Ta mère était si bonne avec moi.
Le matin, elle m'interdisait de me lever.
Je continuais ma lecture, et elle m'apportais au lit une tasse de café à la crème, qu'elle faisait monter avec le fouet.
C'est un peu de sa faute également si je suis devenu photographe durant 15 ans.
Quand nous discutions sur le net, avant de nous rencontrer, elle m'avait partagé ces photos d'elle, d'un shooting photo professionnel.
Je la trouvais si belle.
Je ne possède plus ces photos depuis bien longtemps. Pourtant tout ce que je te raconte est encore gravé parfaitement dans ma mémoire.
Nos discutions sur caramail, puis MSN, Messenger.
Ma venue à Cardiff.
La photo de mes frères et soeurs que j'ai regardé dans l'avion, qui me souhaitaient bon courage pour cette nouvelle vie.
Les maisons, faites de briques rouges, et toutes allignées de la même manière.
La maison ou nous avons vécu, brièvement certes... mais tout est là, le couloir étroit menant à la chambre.
La petite cuisine ou ta mère m'interdisais de l'aider à préparer le repas, car c'est aux femmes de prendre soin de leur mari. J'étais contre ça, mais elle ne me laissais pas le choix.
Le grincement des escaliers qui montaient à la salle de bain.
L'odeur de ce carré de shit, que ta mère fumait, pour se rebeller contre la société.
Le marché en plein air ou nous allions faire les courses.

Je n'aimais pas quand ta mère fumait du shit.
Elle se mettait de mauvaise humeur et ne m'aimait plus.
Mais peut-être fumait-elle à cause de moi et ma perpetuelle nonchalance...
Je n'aimais pas non plus être enfermé dans cette chambre.
Ne pas fréquenter les autres collocs de la maison.
Ne jamais sortir autrement que pour faire quelques achats au marché.
Nous nous sommes peut être ettouffés.
Tout ceci était trop petit pour nous.
Nous avons commencé à nous disputer.
La passion s'est refroidi.
Et nous avons décidé de nous quitter.

Je suis revenu en France. Nous avons continuer à nous parler un peu, mais la flamme était éteinte.

J'ai compris bien plus tard, que ta mère n'était plus seule.
Ce n'est même pas le jour ou elle est revenue me parler sur Messenger, ou nous avons eu des mots si durs, que nous nous sommes déchirés et bloqués à tout jamais.
Ce n'est que quelques semaines plus tard.
Quand un soir ou je repensais à elle, je me suis rendu compte, que la dernière fois ou elle est venu me parler, cela faisait 9 mois que nous nous étions quittés.

Alors à toi qui, je l'espère, me lira un jour.
Je te demande pardon.