cimer ciel repost de la version finale je crois <spoil> j'espère </spoil>
L'île des animaux
Il existe une terre effleurant l'horizon
Entre lune et soleil, entre ciel et abysse
De toute carte absente, ordonnée comme abscisse
À l'abri de l'humain, la guerre et l'oraison
Les animaux y sont en parfaite harmonie
L'aigle règne le jour, et la nuit le hibou
Le serpent va rampant quand le singe est debout
Car tous ont par nature une vie définie
Un jour dans l'utopie vient l'astucieux vautour
Qui devant ce spectacle affiche un regard triste
Il s'adresse aux nigauds d'une voix altruiste
Assuré du festin qu'annonce son détour
"Quel est donc ce pays où la femelle enfante
Et où du mâle heureux la douleur est absente?
Mes amis, reprend-il, je suis presque certain
Que ce joug puéril dicté par votre instinct
Vous rendra malheureux: l'affaire parentale
Bannit l'égalité, et trahit la morale!"
Des suites du discours vient un chaos ardent
La fourmi veut avoir de l'araignée les toiles
Le poisson sort de l'eau pour côtoyer l'étoile
La tigresse a le cou du tigre entre les dents
La discorde et la haine entachent l'ancien havre
De la cime s'élance au nom de l'équité
Le chien qui croit sans aile outrer la gravité
Et bientôt toute l'île est jonchée de cadavres
Le vautour se repaît sur le dos des naïfs
Et s'étonne pourtant de l'esprit créatif
Qui croit qu'à l'harmonie est toujours préférable
Une uniformité au nom de l'équitable
"Voilà qui est bien fait, dans ce bain hématique
Je ne sais séparer la mouche du moustique
J'ai enfin réuni le faible avec le fort:
La seule égalité se trouve dans la mort!"
J'aime beaucoup ce dernier poème. Une forme très agréable et un fond juste
Je ne sais pas trop quoi dire d'autre, à part... Continu ?
Tu es très agréable à lire, Klux ; et, chose trop rare parmi les poètes, tu as de l'humour. Ton éventail de thèmes est large, c'est très appréciable
Il y a cependant beaucoup d'irrégularités dans tes sonnets qui gênent un peu la lecture de ceux qui en accord avec la tradition font toutes les liaisons du pluriel ("Détruites les cultures, abattues le vieux chêne" = 13 syllabes normalement). Les coupes épiques existent mais quand elles sont ainsi isolées et injustifiées, on sent un peu la triche
Tu respectes globalement la césure à l'hémistiche, mais à certains endroits tu la détruis et l'effet est un peu bizarre, on sent que c'est peut-être pas voulu. J'ai trouvé les sonorités plutôt réussies dans l'ensemble, même si certains hiatus m'ont un peu piqué l'oreille. D'autres passaient assez bien au contraire; l'euphonie est évidemment très subjective
J'ai trouvé certaines images très réussies, d'autres un peu plus malheureuses:
Que s'échoueront au sein des célestes écueils
Ses rêves de grandeur, sa quête d'éternel
La locution "au sein de" connote le comfort maternel, donc n'a pas vraiment sa place ici (sauf si tu souhaites faire de la mort un havre de repos, comme dans ton premier sonnet).
J'ai admiré la réussite rhétorique de certains vers: par ex, "J'ai enfin réuni le faible avec le fort: / La seule égalité se trouve dans la mort!"
Dans l'ensemble, et malgré les irrégularités, tu renouvelles bien la forme du sonnet et tu montres un certain talent narratif (voire un talent narratif certain ? haha) dans les poèmes plus longs.
Si tu as des questions générales ou sur des poèmes en particulier, j'y répondrai avec plaisir.
Bonne soirée camarade
Il y a cependant beaucoup d'irrégularités dans tes sonnets qui gênent un peu la lecture de ceux qui en accord avec la tradition font toutes les liaisons du pluriel ("Détruites les cultures, abattues le vieux chêne" = 13 syllabes normalement). Les coupes épiques existent mais quand elles sont ainsi isolées et injustifiées, on sent un peu la triche
yes, pour la plupart ceux qui avaient ce genre de liaisons sont déjà corrigés chez moi, mais j'ai pas reposté les versions finales
je sais pas pourquoi quand je mets une virgule j'ai tendance à zapper la liaison derrière
il y a clairement plein de petites erreurs au-delà de ça, surtout si on se place par rapport aux modèles classiques
dans certains poèmes elles sont déjà corrigées, dans d'autres je les ai laissées comme elles sont sur ce topic, tout simplement parce que je suis moins satisfait du rendu même quand je les remplace par quelque chose de plus correct selon la règle
quand je m'y remets j'essayerai d'en faire quelques-uns 100% clean, histoire de dire que je peux le faire, mais globalement j'aime bien me laisser un peu de marge et suivre ce qu'en dit mon oreille
Il y en a plein que j'apprécie et je sais que si je voulais en corriger les défauts techniques il faudrait que je les éclate complètement et j'ai pas envie, je préfère autant en réécrire des nouveaux sans défauts dès le départ
Merci de ta lecture de connaisseur
N'oublie pas de poster tes futurs poèmes
L'insatisfait
J'ai cru dans ses cheveux retrouver le parfum
Qui émanait des tiens lorsque tu n'étais mienne.
Dans ses yeux ton regard, ta malice incertaine
M'invitait à plonger dans un plaisir sans fin.
À l'écoute des sens, embrassant le passé,
Gouverné par le coeur libéré de l'esprit,
Je voulais retrouver sur son sein attendri
Le plaisir disparu de nos corps enlacés.
Quand la lueur de l'aube a chassé les ombrages,
Familier de son corps, lassé de son visage,
J'ai de nouveau perdu l'objet de mon plaisir.
Devrai-je pour toujours poursuivre des chimères?
Si l'attrait d'une femme est un songe éphémère
Je livrerai mon âme aux démons du désir.
Ôte-toi de mon ciel
Il éclaire le monde au matin revenu,
Baigne dans ses rayons d'une chaleur égale
Le manant, le félon, le prince oriental
Car aucun coeur humain ne lui est inconnu.
Vivons sous son regard face auquel l'âme est nue
Mais n'oublions jamais que son éclat royal,
En révélant la terre, éclipse les étoiles,
Fait du ciel un plafond, de l'homme un détenu.
Tu rejettes, Soleil, dans la nuit le malheur,
Le tourment, le péché, les méfaits du voleur,
Mais ton règne à mes yeux est celui du tyran:
Tu retires la vue à celui qui t'observe,
Tu brûles l'orgueilleux de peur qu'il ne te serve
Mais j'irai parmi l'ombre et resterai savant.
L'œil d'enfant
Nous nous sommes promis de revenir un jour
au château merveilleux par-delà la cascade,
Caché dans la forêt, gardé par les dryades,
À l'intérieur duquel débuta notre amour.
Voilà que désormais je me perds au détour
D'un bosquet, d'un ruisseau, d'une hutte maussade,
Habités de crapauds à l'allure malade
Dont le cri me prescrit de faire demi-tour.
C'était pourtant ici ! Au bout de ce chemin !
Comment en dix-sept ans ce paradis humain
A-t-il pu devenir un étang de malheur ?
Peut-être que le temps n'a pas changé le monde,
Que toujours était là cette cabane immonde :
La vieillesse n'agit que sur l'œil et le cœur.
Je sais pas , c'est beau mais il manque un petit plus . Que j'arrive pas à trouver .
Je crois que c'est le fait que ça se plie facilement aux règles académiques ce qui me donne un air d'avoir vu le style quelques part , enfin peut être je sais pas , c'est juste l'impression que ça me donne , je me trompe sans doute .
dans toutes les cas tu as du talent c'est indéniable
salut,
tes sonnets sont plutôt agréables et maîtrisés. Je vais peut-être sembler directe, mais ne le prends pas mal.
Tu t'ennuies pas dans ce que tu fais ? Enfin, je comprends le plaisir d'écrire et le caractère confortable du sonnet (en ce qu'il est très codifié) mais tu en as écrit pas mal. Tu n'as pas envie de passer à autre chose, d'étendre de nouveaux horizons poétiques et de quitter les chemins déjà creusés par l'histoire littéraire ?
Ce message n'a pas pour présomption d'être un jugement de valeur, j'espère seulement te faire réfléchir sur toi-même et ton écriture (c'est nécessaire).
Mais j'y réfléchis déjà tout seul ne t'en fais pas
à vrai dire je songeais plutôt à tout simplement arrêter, parce que côté poésie en ce moment je ressens aussi qu'il manque quelque chose, et que d'un autre côté, la poésie c'est déjà un domaine de niche, et si je m'amuse à m'écarter d'un de ses plus grands représentants, j'ai l'impression que je vais tomber dans quelque chose qui ne parle à personne
j'ai pas spécialement d'idée de changement au niveau de la forme, la plupart des formes existantes m'intéressent peu, donc je songe tout bêtement à repasser sur de l'écriture
Tu gères ce grand niais d'alexandrin et c'est déjà bien. Y'a énormément de formes existantes et pas forcément très connues. Chez Gautier par exemple.
Sinon tu peux essayer le vers libre, la poésie en prose, ou inventer quelque chose de nouveau. Il y a encore des choses à inventer.
C'est réussi et parfois très baudelairien, notamment "femme idéale".
Blasphème
J'ai reçu, paraît-il, d'un être tout-puissant
Par erreur le pouvoir de façonner le monde
D'allumer à ma gloire un brasier indécent
Portant la vérité dans ses flammes fécondes
Mais, amis de la foi, tout en vous bénissant
Je vous dis que ce Dieu pour qui l'éloge abonde
Me paraît être en proie à l'ennui languissant
D'un règne solitaire, océan privé d'onde.
Il argue le courroux, mais transmet le pouvoir
Dans son triste jardin, il veut, je sais, me voir
Allumer l'incendie qui ravive les âmes.
Je viens voler ta plume, ô auteur démiurge
Mettre fin à ta peine usant du feu qui purge
Ou mourir en chemin, soit ! Acteur de ton drame.
La maison hantée
C'est un lieu singulier, habité de personne,
Souvent ceint par les monts, ou entouré de plaine,
Montrant même parfois son allure malsaine
Dans un bosquet lugubre au rameau qui frissonne.
D'étranges grincements y règnent par l'horreur,
Les meubles et parois mus par le maléfice
Réclament de leurs cris saturés de malheur
Qu'à la porte s'avance un nouveau sacrifice.
Les couloirs distordus aux cloisons cramoisies,
S'étirant, se tordant dans des ballets funèbres
Mènent constamment vers des profondes ténèbres,
Des microbes puants ou des chambres moisies.
Dans l'âtre, malgré lui se dépérit encore
Un feu maudit soufflant son dernier temps de vie
Dans la masure qui lentement le dévore,
Fatiguant sa lueur et sa flamme asservie.
Il peut saigner les murs d'une énergie funeste,
Laver les corridors du savon de la peste,
Rejetter par les trous du plancher le liquide
Ou claquer les volets aux fenêtres livides.
Le vieux manoir se rit du passant hésitant,
Laissant voir aux carreaux l'ombre insufflant la peur,
Un spectre solitaire y séjourne pourtant,
Hantant le mobilier de son esprit frappeur.
Fatigué de n'avoir pour seule compagnie
Qu'une prison sanglante infestée de remords,
Il voudrait partager sa triste litanie,
Prévenir ses voisins des félonies du sort.
"Si votre abri charnel vous paraît immuable
Conservez à l'esprit que le temps et la mort,
Ont eu raison de forts réputés imprenables
Et sauront s'installer jusque dans votre corps."
À un poète
Lasses, sombres, sans goût, piteuses simagrées
Elles ne voient de partout qu'un malheur amical
Suintent le décès du bout de leurs pétales
Fleurissent de la mort, ces pensées avortées
Luminescents bijoux, diamants raffinés
Erigés à la gloire du plus fol idéal
Un appel aux cieux à splendeur minérale
Racontant un poète entre horreur et beauté
Séraphins, voyez-y de divins sacrements
Démons, prenez-les donc pour d'infernaux tourments
Unis observant la condition humaine
Melpomène, Erato, Calliope à voix d'or
Arrosez leurs bourgeons déjà prêts à éclore
Laids bien que cristallins, aussi divins qu'obscènes.
A un poète : je ne suis pas sûr d'avoir compris, tu parles de la beauté de l'inspiration d'un poète puisant dans la douleur ? Pour le thème, comme toujours, ça me plaît (même beaucoup), mais je suis pas convaincu par la construction.
J'ai fait exprès de garder le sujet un peu flou pour celui-ci, tout simplement parce qu'il est "caché" quelque part dans le texte. Si tu le trouves et que tu as des souvenirs du lycée ça va tout de suite te paraître plus évident Le titre est un indice aussi.
-> référence aux fleurs du mal de Charles Baudelaire ?
Le 12 mars 2017 à 23:04:04 Klux a écrit :
À un secondL'immense forêt cache un soldat fugitif
Entourée de montagne, elle semble se plier
Dans ses griffes crochues l'homme veut expier
Oublier des déchus les fantômes plaintifsRoulants sur le versant, des ennemis hâtifs
Manquent déjà de voir sur le plateau boisé
Entre quelques buissons humides de rosée
Un fuyard éreinté, de maints remords captifRavi d'apercevoir entrer dans sa clairière
Des frères déserteurs préférant à la guerre
Un havre de nature, il affiche un sourireVenant venger les leurs morts dans le désarroi
Aveuglés par la haine, ils tirent au flanc droit
Le malheureux s'endort dans un dernier soupir.
-> référence à un trou de verdure d'Arthur Rimbaud ?
Le 14 mai 2017 à 20:28:19 shayde09 a écrit :
J'ai trouvé certaines images très réussies, d'autres un peu plus malheureuses:
Que s'échoueront au sein des célestes écueils
Ses rêves de grandeur, sa quête d'éternelLa locution "au sein de" connote le confort maternel, donc n'a pas vraiment sa place ici (sauf si tu souhaites faire de la mort un havre de repos, comme dans ton premier sonnet).
Au sein de cet enfer -> c'est assez confortable pour toi ?
2 solutions :
- "au sein" pas pas de connotation particulier
-l'emploie de "au sein" devant : enfer n'est pas approprié.
Ôte-toi de mon ciel
Tu brûles l'orgueilleux de peur qu'il ne te serve
-> Pas compris ce vers.
parle tu des croyants qui au nom de dieu > Deus > Lumiere > soleil ne peuvent être orgueilleux car c'est un péché ?