Je vois que c'est la grande mode ici en ce moment alors je m'essaye aussi à l'alexandrin
Tout commentaire est le bienvenu.
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La mer où je suis né, l'océan de ma vie
Ravagé tous les jours d'un tumulte sans fin
Pourrait prendre de court le plus brave marin
Mais renferme pourtant une âme moins hardie
Qu'ai-je donc fait au ciel, pour n'avoir qu'ouragans?
Recevoir frêle esquif en guise de berceau?
Contre vents et marées, une toile en lambeaux
Usée par les récifs, linceul au fil du temps
Voilà que je m'éveille en un lieu singulier
Sans typhon, sans orage, et du froid isolé
Havre de paix pour l'âme, alanguissant le corps
Voilà que vers un songe enfin je suis porté
Le courant, conciliant, ne fait que m'inviter
Embarcation sans rames, au repos dans la mort.
Le bal masqué ohé ohé
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Adossé à la porte, hésitant à partir
De cette triste fête, odieux cabaret
Maquillage duquel chacun force le trait
Du regard il dévore une femme et soupire
La belle danse et rit, sait qu'on veut la ravir
Montre au premier venu le plus exquis ballet
Se propose au menu par des regards secrets
Passée reine dans l'art des hommes alanguir
Viens! Entre dans la ronde, elle ne t'attendra pas
Car tu n'es pas le seul destiné à son bras
Il n'est point en ce monde âmes sœurs à unir
Ne sors pas! Tu vivrais solitude et regret
Rejette la morale, à jamais fuis le vrai
Car au jeu de la vie, il faut toujours mentir
Franchement pas mal. Les poèmes c'est pas trop mon genre, surtout ici où la mode est aux trucs dégoulinants d'un sentimentalisme répulsif.
chapeau
Merci bien du coup j'ai pas le droit d'écrire du sentimental faut que je trouve d'autres sujets
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L'homme qui venait de nulle part
Mille yeux rivés dehors, observent l'étranger
Qui d'un pas insolent vient troubler la maison
Silhouette inquiétante apportant l'horizon
En un lieu qui voudrait le garder éloigné
Le vagabond au bar s'installe sans parler
Brave tous les regards, ne baisse point le front
Une clameur s'élève, on demande son nom
Si de Mort ou de Peste il se fait messager
« Me traiter d'ennemi est une triste erreur
Je ne cherche que lit et couvert quelques heures
Ni décès ni malheur ne suivent mon passage
Pour celui qui possède enfer et firmament
La terre en ses deux pôles, et le vaste océan
J'arpente les demeures: Mon seigneur est Voyage. »
J'adore! point de morale dans tes poèmes, point de parti pris, n'es tu pas là un vrai poète? un naufragé du monde sous l'esprit d'un esthète?
L'astronaute
L'astronaute au départ ne sait si regretter
Le choix de l'autre part, grande course aux étoiles
Qui d'un monde inconnu veut soulever le voile
Par un saut incertain droit dans l'immensité
À mesure que fuit la cruelle fusée
Un horizon nouveau peu à peu se dévoile
Le prisonnier des nues le voit comme une toile
Absorbant la blancheur, de ténèbres encrée
Il est désormais sûr qu'elle sera son cercueil
Que s'échoueront au sein des célestes écueils
Ses rêves de grandeur, sa quête d'éternel
Par orgueil de tous temps les hommes sont esclaves
De solitude car insatisfaits ne savent
Plutôt que d'y aller, lever la tête au ciel.
Souvenirs
Qu'est devenu le temps des forêts et des champs?
Des amis éternels qui dès le jour levé
Jusqu'au soir cherchent cent terres inexplorées
Chassent la sauterelle à l'heure du couchant?
Nous prenions pour géant chaque moulin à vent
Faisions des bastions de maisons écroulées
Contre quelque sorcière enrôlions une armée
Effleurant le bonheur de nos doigts innocents
Dans ces jardins la ville en robe de béton
Méprisante et avide, a planté ses talons
D'enfants de la nature a fait des orphelins
Détruites les cultures, abattu le vieux chêne
Notre fière aventure arrivée à sa fin
A désormais allure de légende urbaine.
Le contrôleur
À l'arrivée du train les couples se séparent
Le fils part sans mot dire, et sanglote la mère
Qui d'instinct va maudire un temps trop éphémère
Durant lequel son ventre au monde offrait rempart
Un silence pesant s'installe dans la gare
Dans le wagon distant règne une autre atmosphère
Enfant, femme, ancien, devenus solitaires
Se saluent humblement, compagnons de départ
Souriants désormais ils questionnent Charon
"Quel endroit magnifique est la destination?
Allons-nous visiter montagne ou littoral?
— Au bout du grand voyage un pays parmi deux:
Une cime éternelle, un océan de feu
Le choix n'appartient qu'à la machine infernale."
Femme idéale
Beaucoup cherchent la femme à l'infinie beauté
Au geste gracieux qui tout homme impressionne
Dont l'humble chasteté même le ciel étonne
Statue de perfection dans la vertu sculptée
Tu n'as rien de ce charme, avatar du péché
Ta démarche erratique à l'excès s'abandonne
La sirène antique oublie quand ta voix résonne
Qu'elle n'est pas le marin approchant ton rocher
Mais il aura fallu, ô vile enchanteresse
Qu'à un être si noir un cœur fou s'intéresse
Et sans ce cauchemar, chaque jour est ennui
Attise mon envie, jette-moi dans les flammes
Provoque l'hystérie en déchirant mon âme
Mais de grâce à jamais fais durer cette nuit.
C'est très beau, j'adore.
Ma foi, tu excelles dans l'art du sonnet. Et je t'invite à continuer car la lecture est un vrai plaisir.
Bon mon avis ne va peut-être pas t'importer après que tu m'aies vue dire que je n'y connaissais rien en poésie sur le blabla, mais je trouve ça très joli et agréable
Au contraire c'est assez plaisant de savoir que ça peut plaire à quelqu'un pas fan de base
Je respecte les poètes comme toi, vraiment
Je suis pas très poésie donc je les ai pas tous lu encore, mais ils sont très fluides, imagés, ils transportent pas mal quoi
Nan franchement j'aime beaucoup
Merci bien
Ouai c'est vachement bien ))
Repost, il y avait un truc à corriger sur celui-ci
À un poète
Lasses, sombres, sans goût, piteuses simagrées
Elles ne voient de partout qu'un malheur amical
Suintent le décès du bout de leurs pétales
Fleurissent de la mort, ces pensées avortées
Luminescents bijoux, diamants raffinés
Erigés à la gloire du plus fol idéal
Un appel aux cieux à splendeur minérale
Racontant un poète entre horreur et beauté
Séraphins, voyez-y de divins sacrements
Démons, prenez-les donc pour d'infernaux tourments
Unis observant la condition humaine
Melpomène, Erato, Calliope à voix d'or
Arrosez leurs bourgeons déjà prêts à éclore
Laids bien que cristallins, aussi divins qu'obscènes.
Comme Brad, je sais pas trop quoi dire pour commenter, mais je vais essayer d'exprimer un ressenti, je sais que ça fait toujours plaisir ^^
J'ai d'abord des questions : ce sont tes premiers sonnets ? en alexandrins (tu dis que tu t'y essayes en début de topic) ? Parce que je trouve ça réussi et me demande ce que tu pourrais pondre dans ton genre favoris, si tu en as un !
Premier sonnet : la construction est bien réalisée mais l'approche me semble assez classique, si ce n'est clichée. Je ne sais pas si tu parles de toi, peu importe, mais l'idée du poète plaintif, voire maudit, qui utilise l'image de la mer // l'océan comme métaphore de la vie, bon, c'est pas ce qu'il y a de plus moderne. Pas emballé par le rythme. Est-ce ta vision du poète ?
Le bal masqué : une fois de plus la construction est sympa, j'aime l'image de la femme que tu y développes. En revanche je ne suis pas sûr de comprendre le dernier vers. J'ai eu du mal avec le terme "cabaret", je rattache ça à un environnement médiéval alors que j'imagine la scène à l'époque moderne. A la deuxième strophe, le verbe "Montre" est trop neutre pour moi, j'aurai préféré quelque chose de plus accentué, comme "exhibé", avec un coté amoral comme tu souhaites dans le poème.
L'homme qui venait de nulle part : je suis pas fan du début, c'est la scène assez clichée du bar et du bad guy, boarf, j'aurai préféré un vagabond désabusé que dark. Tu utilises le terme "bar" qui fait très contemporain alors que j'imagine la scène dans un cadre médiéval (un vagabond moderne ça court pas les rues quand même), d'autant plus que les paroles du personnage accentuent cet effet "ancien temps". J'aime d'ailleurs beaucoup les deux tercets, très beaux.
L'astronaute : j'apprécie le thème, mais pas la musicalité, je le trouve lourd, un peu maladroit.
Souvenirs : j'aime celui là, mais un peu déçu par le dernier vers. Belle image avec les talons de la ville. C'est mélancolique à souhait et la forme du sonnet est assez courte pour ne pas être plaintive, bien vu.
Le contrôleur : j'aime une fois de plus le thème et l'approche du poème, je n'avais pas saisi le sujet au début. Il n'empêche que la construction me semble moins inspirée que d'autres de tes poèmes, la musicalité ne me convainc pas non plus.
Femme idéale : mon préféré, un petit bijou, je le relis à haute voix, la musicalité est superbe et le sujet m'anime, j'aime ce que tu fais de la femme.
A un poète : je ne suis pas sûr d'avoir compris, tu parles de la beauté de l'inspiration d'un poète puisant dans la douleur ? Pour le thème, comme toujours, ça me plaît (même beaucoup), mais je suis pas convaincu par la construction.
J'aime beaucoup ton esthétique et les sujets que tu abordes me parlent, c'est agréable de ce coté. Niveau construction ce doit un être un sacré travail, combien de temps prends-tu pour un sonnet ? Certaines musicalités sonnent mieux que d'autres à mes oreilles, mais tu es capable de faire de très belles choses. Bravo à toi, si tu continues, je passerai pour te lire à l'occasion !
Merci !
Le 07 janvier 2017 à 00:49:46 ggiot a écrit :
Comme Brad, je sais pas trop quoi dire pour commenter, mais je vais essayer d'exprimer un ressenti, je sais que ça fait toujours plaisir ^^J'ai d'abord des questions : ce sont tes premiers sonnets ? en alexandrins (tu dis que tu t'y essayes en début de topic) ? Parce que je trouve ça réussi et me demande ce que tu pourrais pondre dans ton genre favoris, si tu en as un !
Disons que je m'y suis essayé une ou deux fois il y a fort fort longtemps pour une ex, mais c'était vraiment embryonnaire
De base je suis plutôt attiré par les textes très très courts, mais le principal reproche qu'on me fait c'est d'avoir une écriture très plate et sans âme, donc bon
Premier sonnet : la construction est bien réalisée mais l'approche me semble assez classique, si ce n'est clichée. Je ne sais pas si tu parles de toi, peu importe, mais l'idée du poète plaintif, voire maudit, qui utilise l'image de la mer // l'océan comme métaphore de la vie, bon, c'est pas ce qu'il y a de plus moderne. Pas emballé par le rythme. Est-ce ta vision du poète ?
Tout à fait d'accord, j'ai vraiment pas cherché l'originalité ici. Ni la modernité, d'ailleurs c'est pareil pour la plupart des autres. Mais je pense que si c'est aussi récurrent, c'est parce qu'effectivement c'est une vision que les poètes (les gens?) partagent
Le bal masqué : une fois de plus la construction est sympa, j'aime l'image de la femme que tu y développes. En revanche je ne suis pas sûr de comprendre le dernier vers.
Mon personnage ici est trop moral et voit les interactions sociales et amoureuses comme du mensonge/de la tromperie, mais ces interactions sont nécessaires. Je tranche pas vraiment mais comme le premier, celui-ci peut-être pris entièrement comme une métaphore.
L'homme qui venait de nulle part : je suis pas fan du début, c'est la scène assez clichée du bar et du bad guy, boarf, j'aurai préféré un vagabond désabusé que dark. Tu utilises le terme "bar" qui fait très contemporain
C'est vrai? c'est pas voulu pour le coup
A un poète : je ne suis pas sûr d'avoir compris, tu parles de la beauté de l'inspiration d'un poète puisant dans la douleur ? Pour le thème, comme toujours, ça me plaît (même beaucoup), mais je suis pas convaincu par la construction.
J'ai fait exprès de garder le sujet un peu flou pour celui-ci, tout simplement parce qu'il est "caché" quelque part dans le texte. Si tu le trouves et que tu as des souvenirs du lycée ça va tout de suite te paraître plus évident Le titre est un indice aussi.
J'aime beaucoup ton esthétique et les sujets que tu abordes me parlent, c'est agréable de ce coté. Niveau construction ce doit un être un sacré travail, combien de temps prends-tu pour un sonnet ?
Jamais moins d'une heure, jamais plus de trois, c'est surtout au niveau des pieds et des liaisons que ça devient vite du casse-tête
Certaines musicalités sonnent mieux que d'autres à mes oreilles, mais tu es capable de faire de très belles choses. Bravo à toi, si tu continues, je passerai pour te lire à l'occasion !
Merci !
Merci beaucoup pour l'effort du commentaire, très content d'avoir un avis au cas par cas, ça m'a inspiré quelques modifications pour les versions finales
À un second
L'immense forêt cache un soldat fugitif
Entourée de montagne, elle semble se plier
Dans ses griffes crochues l'homme veut expier
Oublier des déchus les fantômes plaintifs
Roulants sur le versant, des ennemis hâtifs
Manquent déjà de voir sur le plateau boisé
Entre quelques buissons humides de rosée
Un fuyard éreinté, de maints remords captif
Ravi d'apercevoir entrer dans sa clairière
Des frères déserteurs préférant à la guerre
Un havre de nature, il affiche un sourire
Venant venger les leurs morts dans le désarroi
Aveuglés par la haine, ils tirent au flanc droit
Le malheureux s'endort dans un dernier soupir.
Très bon. Ai déjà écrit des textes avec des morales similaires. Ne peut qu'approuver le propos
La forme est bonne elle aussi. Ça fait du bien de lire du français correct
Propre, poto, très propre