Tout comme le marxisme et le féminisme matérialiste qui analysent l'exploitation de classes sociales, nous pouvons analyser l'exploitation économique des personnes handicapées, qui sont en majorité dans des emplois précaires ou au chômage.
Dans le cas de l'autisme, le niveau de diplômes des personnes autistes autonomes hors institution est à peu près le même que le reste de la population: http://www.fondationhandicap-malakoffmederic.org/wp-content/uploads/2016/03/Etude_Ethik_n2.pdf, tout en prenant en compte que les autistes sont en majorité des hommes et que les hommes ont en général un niveau d'études plus avancés que les femmes. Nous comptons bien plus d'autodidactes chez les autistes diplômés, car ils ne sont pas en adéquation avec les attentes des formations. Ce qui cause plus de difficultés à l'emploi ou des emplois plus précaires.
La CNSA estimait en 2010 qu'entre 1 et 10% des autistes avec un emploi travaillaient à temps complet. (https://www.cnsa.fr/documentation/cnsa-dta-2016_web.pdf).
Les autistes travaillent en dessous de leurs niveaux réels de compétences, du fait d'environnements qui ne sont pas adaptés pour eux et de discriminations à l'embauche du fait de l'incompréhension de leurs difficultés.
Economiquement, il est donc problématique de reléguer au sous-emploi des personnes qui ont un niveau de compétences égal.
Les discriminations envers les autistes apparaissent dès le milieu scolaire (harcèlement etc.), ce qui fait que la dépression et l'anxiété sociale sont des comorbidités de l'autisme. Nous nous retrouvons donc avec des autistes qui du fait de leurs pathologies sont placés en institutions, ce qui les empêche de s'épanouir professionnellement et socialement. Dans le cas des autistes autonomes, les discriminations à l'emploi et au sein de la sphère professionnelle se perpétuent, ainsi qu'un environnement qui ne leur est pas adapté, ce qui nuit également à leur épanouissement
Nous nous retrouvons donc avec une classe sociale de personnes valides qui sont considérées selon leur réel niveau de compétences, et une classe de personnes non-valides (dans ce cas précis les autistes) qui sont vus comme en dehors des normes sociales dans les rapports de production, et sont reléguées au sous-emploi ou au chômage.
Nos sociétés qui ont une certaine vision de la productivité adaptent ces normes de productivité à une personne valide, et empêchent ainsi l'intégration dans la société et la contribution économique égale des personnes non-valides.
Avec ces éléments, peut on enfin penser matériellement la place des personnes autistes dans les rapports de production, et plus généralement celle du handicap?