Commençons par faire un peu d’étymologie : le mot tolérance vient du latin classique Tolerantia « capacité à supporter » ou Tolerate « supporter », ce qui sous-tend la présence d'un élément déplaisant contre lequel nous n'agissons pas. Ce terme n'était qu'un jugement de fait qui ne véhiculait aucune valeur.
La tolérance ne devient un objet politique qu'avec John Locke, père fondateur du libéralisme qui écrira une Lettre sur la tolérance en 1686 suite aux guerres de religion. Il donnera cette définition peu exaltante de la tolérance :
La tolérance c'est cesser de combattre ce qu'on ne peut changer.
On retrouve cette définition dans la 8ème édition du dictionnaire de l’Académie française :
Condescendance, indulgence, action de supporter ce qu’on ne peut empêcher ou qu’on croit ne devoir pas empêcher.
Vous voyez où je veux en venir ?
Les homélies sur la tolérance sont des arnaques dépolitisantes qui saturent complètement les discours, elles sont liées au triomphe de l'individualisme, à la mort des grandes idéologies, au sentiment d'impuissance collective, à la montée du multiculturalisme, aux ambitions de gouvernance globale et surtout à la négation proprement libérale de la dimension conflictuelle inhérente à la politique (l'art de désigner l'ennemi comme le montre Carl Schmitt).
A mesure que "les choses que l'on ne peut pas changer" dont parlait Locke s'étendent dans les discours autorisés, les individus abandonnent leurs aspirations politiques pour se tourner vers du "développement personnel", sont de plus en plus prompts à penser que les affaires des autres ne les regardent pas ou que les opinions ne se discutent pas (c'est très frappant dans les copies de philosophie de terminale).
Ainsi nous sommes entrés dans une ère de résignation, de relativisme et d'anomie.
En dernière analyse, la tolérance apparaît paradoxalement comme une valeur conservatrice : en effet, comment rompre avec l'ordre établi sans volonté d'opposer un ordre nouveau aux autres ? Si l'homme est un animal politique et la politique est l'art de désigner l'ennemi alors la tolérance est la négation du politique et de l'homme.
Rien à rajouter.
La tolérance est vue comme une valeur positive alors que c'est un signe de faiblesse.
La tolérance est positive dans le sens où elle prouve une certaine résilience
Mais quand le seuil de tolérance est atteint c'est l'implosion qui vient
Plus le seuil de tolérance est haut plus il dénote paradoxalement d'une force, pouvant paraître comme faiblesse car en vérité force anesthésiante
Un peu comme un buffle qui a des rush d'adrénalines pour masquer sa douleur
On ne dirait pas qu'il serait faible car devant anesthésier la douleur à défaut de pouvoir la supporter, mais fort de savoir autant l'endurer
La France est un buffle qui endure depuis des années, elle s'anesthésie volontairement pour encaisser plus longtemps et épargner la mort certaine de son toréador
Mais à la fin c'est rarement au toréador qu'il incombe de succomber
Nope, ça implique juste que tu fasses pas violence à ton prochain parce qu'ils se conforment pas à tes lubbies, ça découle du régime de liberté propre aux sociétés occidentales, ça signifie pas respect ni absence de critique.
On considère simplement que la violence n'est pas le moyen de faire avancer une position, ni de brider la liberté de celui qui n'agit pas comme tu le voudrais.
Excellent
Le 19 mars 2021 à 20:41:04 SpleenDeChofa a écrit :
Commençons par faire un peu d’étymologie : le mot tolérance vient du latin classique Tolerantia « capacité à supporter » ou Tolerate « supporter », ce qui sous-tend la présence d'un élément déplaisant contre lequel nous n'agissons pas. Ce terme n'était qu'un jugement de fait qui ne véhiculait aucune valeur.
La tolérance ne devient un objet politique qu'avec John Locke, père fondateur du libéralisme qui écrira une Lettre sur la tolérance en 1686 suite aux guerres de religion. Il donnera cette définition peu exaltante de la tolérance :La tolérance c'est cesser de combattre ce qu'on ne peut changer.
On retrouve cette définition dans la 8ème édition du dictionnaire de l’Académie française :
Condescendance, indulgence, action de supporter ce qu’on ne peut empêcher ou qu’on croit ne devoir pas empêcher.
Vous voyez où je veux en venir ?
Les homélies sur la tolérance sont des arnaques dépolitisantes qui saturent complètement les discours, elles sont liées au triomphe de l'individualisme, à la mort des grandes idéologies, au sentiment d'impuissance collective, à la montée du multiculturalisme, aux ambitions de gouvernance globale et surtout à la négation proprement libérale de la dimension conflictuelle inhérente à la politique (l'art de désigner l'ennemi comme le montre Carl Schmitt).
A mesure que "les choses que l'on ne peut pas changer" dont parlait Locke s'étendent dans les discours autorisés, les individus abandonnent leurs aspirations politiques pour se tourner vers du "développement personnel", sont de plus en plus prompts à penser que les affaires des autres ne les regardent pas ou que les opinions ne se discutent pas (c'est très frappant dans les copies de philosophie de terminale).
Ainsi nous sommes entrés dans une ère de résignation, de relativisme et d'anomie.En dernière analyse, la tolérance apparaît paradoxalement comme une valeur conservatrice : en effet, comment rompre avec l'ordre établi sans volonté d'opposer un ordre nouveau aux autres ? Si l'homme est un animal politique et la politique est l'art de désigner l'ennemi alors la tolérance est la négation du politique et de l'homme.
https://www.jeuxvideo.com/forums/42-55-60496471-1-0-1-0-la-tolerance.htm