Le 22 octobre 2018 à 00:13:58 RisitasUltime a écrit :
Lis Le banc du temps qui passe de Hubert Reeves. Plus Nietzsche (Zarathoustra/Ecce homo). Vraiment. Des trucs plus orientaux comme le Tao Te King ne sont pas nécessairement hors-sujet non plus (c'est assez occidental d'être troublé par de l'absence de sens, les orientaux vivent spontanément très bien avec ça).Et https://www.youtube.com/watch?v=MBRqu0YOH14 maybe
Dis-toi que si tu éprouves une frustration qui te mine le moral, c'est que tu as des valeurs (qui s'avèrent être frustrées). Dès lors, tu sais que ces valeurs existent (en toi, pour toi, je dis pas dans l'absolu, dont il s'agit de se taper). Tu te rends alors compte que bah ça va, le monde qui te concerne n'est pas aussi vide que ce que tu croyais. Tu croyais que le monde qui te concernait était celui purement objectif et qui est tout vide. Il est selon moi vrai que ce monde est vide, mais de fait, tu constates que ce n'est pas celui qui te concerne : celui qui te concerne est le monde panaché subjectif/objectif en tension entre tes pensées profondes et ce que tu perçois du monde réel.
Bref, le jour où tu seras en effet profondément "nihiliste", ce jour-là ce néant t'oseffera complet (et ce ne sera pas un problème ; si ce jour arrive, j'entends). Tant que ce n'est pas le cas, c'est que tu n'es pas réellement nihiliste. Tu ne l'es qu'en surface, donc autant ignorer ce mirage.
J'ai longtemps été réaliste, mais il s'avère que l'optimisme a du bon en fait. A principalement mettre la focale sur le positif, ce n'est pas qu'on se leurre, c'est qu'on aura plus tendance à aller arracher les ambitieuses potentialités positives.
Bon courage khey
Merci pour ces conseils kheyou
C'est justement pour ça que je trouve la vie incroyable. On n'est rien mais on peut vivre sans devoir chasser ce qu'on mange, on peut aider son prochain, faire de l'art ? Nice.
Le 22 octobre 2018 à 00:16:03 CatalunyaSempre a écrit :
C'est justement pour ça que je trouve la vie incroyable. On n'est rien mais on peut vivre sans devoir chasser ce qu'on mange, on peut aider son prochain, faire de l'art ? Nice.
Ouais mais justement n'ont pas de sens et ne sont réeles que pour notre conscience
Le 21 octobre 2018 à 23:59:32 Washabi a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:58:27 Mozarabe a écrit :
Ils n'y pensent pasBa si on a tous , même les plus cons, ces petits moments où on réfléchit au "sens de la vie"
Oui évidemment mais ils s'efforcent de ne pas y penser pour retourner vaquer à leurs distractions, distractions n'ayant littéralement aucun sens selon eux puisqu'ils n'existent aucune finalité à quoi que ce soit. Si, durant un instant, ils prennent connaissance de l'absurdité de la vie que leur offre leur paradigme ils réaliseront que toute chose est vaine et alors la parole de l'Ecclesiate s'accomplira en eux « Vanité des Vanités, tout est vanité »
Tu connais Sisyphe?
Le 22 octobre 2018 à 00:22:11 Mozarabe a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:59:32 Washabi a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:58:27 Mozarabe a écrit :
Ils n'y pensent pasBa si on a tous , même les plus cons, ces petits moments où on réfléchit au "sens de la vie"
Oui évidemment mais ils s'efforcent de ne pas y penser pour retourner vaquer à leurs distractions, distractions n'ayant littéralement aucun sens selon eux puisqu'ils n'existent aucune finalité à quoi que ce soit. Si, durant un instant, ils prennent connaissance de l'absurdité de la vie que leur offre leur paradigme ils réaliseront que toute chose est vaine et alors la parole de l'Ecclesiate s'accomplira en eux « Vanité des Vanités, tout est vanité »
Tu connais Sisyphe?
Non je connais pas, tu me parle d'eclesiaste mais je suis pas du tout religieux hein
Mec sonde en toi, et identifie ce qui est pour toi source de joie. Chaipas, passer du temps avec des amis/enfants/animaux, marcher, faire des ricochets, être dans la nature, apprendre des choses, créer, se dépasser, s'accomplir, être en accord avec comment on veut gérer ses journées, lire, chanter, faire l'amour, danser, faire du sport, etc. Et fais un max de telles choses.
Déjà, indépendamment du sens, si tu peux trouver de la joie, c'est précieux.
Et puis pareil, en sondant en toi, tu peux trouver du sens aussi. Genre tu ne veux pas faire de mal à tes proches. Ou à des humains tout court, ptêtre ? Ou à des animaux, ou êtres vivants ? Ou ptêtre que tes valeurs profondes ne sont pas tant que ça de nature morale. Tu veux comprendre comment le monde fonctionne. Ou pas forcément comment il fonctionne en vrai, mais comment il pourrait fonctionner (genre tu ne veux pas un modèle qui est nécessairement valide, juste un modèle qui rend déjà concevable des réponses aux grandes questions métaphysiques). Ou alors tu cherches le beau. Ou le plaisir. Ou la reconnaissance. Ou bien un mix de tout ça. Dans ce cas, parfois ça rentre en conflit, et tu trancheras alors au cas par cas, sans qu'il y ait forcément une meilleure façon de trancher dans l'absolu.
L'écriture est un excellent moyen d'aller sonder en soi. Tu t'observes, et tu retranscris sur le papier les pensées qui te viennent. Les formuler les précise, et les empêche de se défiler. Et on peut faire tenir nettement beaucoup de pensées dans un cahier, et les contempler, là où le volume qui tient en tête est plus restreint. N'hésite pas à écrire "Il me semble qu'en vrai blabla, mais je refuse absolument d'accepter cela", si tel est le cas. Tu peux écrire nettement ton "hypocrisie". Puis chaque phrase appelle la suivante. Pourquoi est-ce que je pense ça ? Pourquoi ne puis-je pas me résigner à cela ? Ah, là ça fait mal : je ne vais pas creuser, mais je peux noter que ça fait mal, et que donc y aura peut-être matière à regarder quand ça aura décanté ou quand je serai plus mûr, moins fragile.
C'est juste qu'il faut faire le deuil d'un absolu absolu. Ca veut pas dire que tout est absolument relatif non plus. C'est relativement relatif. Il y a des choses bien moins relatives que d'autres.
La solution est ; n'y songe pas. Si tu y songes quand même, eh bien dis toi de ne pas y songer. Après un certain temps, tu n'y songera plus, ou très rarement. Toutes les personnes que je connaisse et qui ont eu ce soupeçon existentielle se sont remis à vivre comme auparavant - même avec un amour plus particulier à la vie - après un lapsus de doute et d'angoisse.
Le 22 octobre 2018 à 00:24:09 Washabi a écrit :
Le 22 octobre 2018 à 00:22:11 Mozarabe a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:59:32 Washabi a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:58:27 Mozarabe a écrit :
Ils n'y pensent pasBa si on a tous , même les plus cons, ces petits moments où on réfléchit au "sens de la vie"
Oui évidemment mais ils s'efforcent de ne pas y penser pour retourner vaquer à leurs distractions, distractions n'ayant littéralement aucun sens selon eux puisqu'ils n'existent aucune finalité à quoi que ce soit. Si, durant un instant, ils prennent connaissance de l'absurdité de la vie que leur offre leur paradigme ils réaliseront que toute chose est vaine et alors la parole de l'Ecclesiate s'accomplira en eux « Vanité des Vanités, tout est vanité »
Tu connais Sisyphe?
Non je connais pas, tu me parle d'eclesiaste mais je suis pas du tout religieux hein
C'est un texte intéressant pour un athée aussi
Même les évangiles en fait, c'est des textes forts. Et c'est un athée qui a toujours été athée qui parle.
"on sait qu'on est qu'un tas d'atome qui bougent, que l'existence même de la vie au sens où l'entend est une anomalie dans cet univers, quelque chose d'improbables"
Ce n'est pas une connaissance ça, juste une prise de position philosophique.
Le 22 octobre 2018 à 00:24:09 Washabi a écrit :
Le 22 octobre 2018 à 00:22:11 Mozarabe a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:59:32 Washabi a écrit :
Le 21 octobre 2018 à 23:58:27 Mozarabe a écrit :
Ils n'y pensent pasBa si on a tous , même les plus cons, ces petits moments où on réfléchit au "sens de la vie"
Oui évidemment mais ils s'efforcent de ne pas y penser pour retourner vaquer à leurs distractions, distractions n'ayant littéralement aucun sens selon eux puisqu'ils n'existent aucune finalité à quoi que ce soit. Si, durant un instant, ils prennent connaissance de l'absurdité de la vie que leur offre leur paradigme ils réaliseront que toute chose est vaine et alors la parole de l'Ecclesiate s'accomplira en eux « Vanité des Vanités, tout est vanité »
Tu connais Sisyphe?
Non je connais pas, tu me parle d'eclesiaste mais je suis pas du tout religieux hein
On s'en fiche, t'as pas besoin d'être religieux pour lire un livre sapiential. Je t'ai pas demandé de te rendre à la messe à ce que je sache.
Bref, lis-le et fais-toi ton avis. Il représente merveilleusement ce que ton topic dénonce.
Sisyphe est une personne ayant osé défier les dieux et pour ceci il fut condamné à pousser une pierre qui descendrait sans cesse une fois le sommet atteint. Il y a un mythe similaire grec dans lequel des femmes sont condamnées à remplir un tonneau troué et ce indéfiniment, ce sont les Danaïdes. C'est l'absurdité de la vie sans finalité et sans aucun sens. Camus ira imaginer un Sisyphe heureux qui, face à l'absurdité de sa tâche, se contentera d'y trouver un plaisir malgré l'absurdité de cette tâche. C'est la révolte de la vie face à l'absurde.
Le deuil de "olol les valeurs existent dans l'absolu le plus pur" (idem pour le sens ou ce que tu veux) n'est pas le deuil des valeurs ou du sens, seulement d'un critère d'existence qui était en fait trop exigeant. J'ai déjà pondu deux pavés qui apportent certains éléments à ce sujet.
En un sens, la vie est plus intéressante si la valeur, c'est à toi d'aller te la crafter. Mais ouais, go Nietzsche khey. Ne serait-ce que Les trois métamorphoses, ça donne une première base.
Sinon, ton truc m'a fait penser à La vision de Brahma. Pas besoin de croire à une mythologie pour apprécier un bon poème.
Tandis qu'enveloppé des ténèbres premières,
Brahma cherchait en soi l'origine et la fin,
La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
Et son coeur sombre et froid se fondit en lumières.
Aux pics du Kaîlaça, d'où l'eau vive et le miel
Filtrent des verts figuiers et des rouges érables,
D'où le saint Fleuve verse en courbes immuables
Ses cascades de neige à travers l'arc-en-ciel ;
Parmi les coqs guerriers, les paons aux belles queues,
L'essaim des Apsaras qui bondissaient en choeur,
Et le vol des Esprits bercés dans leur langueur,
Et les riches oiseaux lissant leurs plumes bleues ;
Sur sa couche semblable à l'écume du lait,
Il vit Celui que nul n'a vu, l'Âme des âmes,
Tel qu’un frais nymphéa dans une mer de flammes
D’où l’Être en millions de formes ruisselait :
Hâri, le réservoir des inertes délices,
Dont le beau corps nageait dans un rayonnement,
Qui méditait le monde, et croisait mollement
Comme deux palmiers d’or ses vénérables cuisses.
De son parasol rose, en guirlandes, flottaient
Des perles et des fleurs parmi ses tresses brunes,
Et deux cygnes, brillants comme deux pleines lunes,
Respectueusement de l’aile l’éventaient.
Sur sa lèvre écarlate, ainsi que des abeilles,
Bourdonnaient les Védas, ivres de son amour ;
Sa gloire ornait son col et flamboyait autour ;
Des blocs de diamant pendaient à ses oreilles.
À ses reins verdoyaient des forêts de bambous ;
Des lacs étincelaient dans ses paumes fécondes ;
Son souffle égal et pur faisait rouler les mondes
Qui jaillissaient de lui pour s’y replonger tous.
Un Açvatha touffu l’abritait de ses palmes ;
Et, dans la bienheureuse et sainte Inaction,
Il se réjouissait de sa perfection,
Immobile, les yeux resplendissants, mais calmes.
Oh ! qu’il était aimable à voir, l’Être parfait,
Le Dieu jeune, embelli d’inexprimables charmes,
Celui qui ne connaît les désirs ni les larmes,
Par qui l’Insatiable est enfin satisfait !
Comme deux océans, troubles pour les profanes,
Mais, pour les coeurs pieux, miroirs de pureté,
Abîmes de repos et de sérénité,
Que ses yeux étaient doux, qu’ils étaient diaphanes !
À son ombre, le sein parfumé de çantal,
Mille vierges, au fond de l’étang circulaire,
Semblaient, à travers l’onde inviolée et claire,
Des colombes d’argent dans un nid de cristal.
De bleus rayons baignaient leurs paupières mi-closes ;
Leurs bras polis tintaient sous des clochettes d’or ;
Et leurs cheveux couvraient d’un souple et noir trésor
La neige de leur gorge où rougissaient des roses.
Dans l’onde où le Lotus primitif a fleuri,
Assises sur le sable aux luisantes coquilles,
Telles apparaissaient ces mille belles filles,
Frais et jeunes reflets du suprême Hâri.
À la droite du Dieu, penché sur ses cavales,
L’ardent Archer faisait sonner le plein carquois ;
Et l’Aurore guidait du bout de ses beaux doigts
L’attelage aux grands yeux, aux poils roses et pâles.
À gauche, un Géant pourpre et sinistre, portant
Des crânes chevelus en ceinture à ses hanches,
L’oeil creux, triste, affamé, grinçant de ses dents blanches,
Broyait et dévorait l’Univers palpitant.
Sous les pieds de Hâri, la mer, des vents battue,
Gonflait sa houle immense et secouait les monts,
Remuant à grand bruit ses forêts de limons
Sur le dos âpre et dur de l’antique Tortue.
Et la Terre étalait ses végétations
Où tigres et pythons poursuivaient les gazelles,
Et ses mille cités où les races mortelles
Germaient, mêlant le rire aux lamentations.
Mais Brahma, dès qu’il vit l’Être-principe en face,
Sentit comme une force irrésistible en lui,
Et la concavité de son crâne ébloui
Reculer, se distendre, et contenir l’espace.
Les constellations jaillirent de ses yeux ;
Son souffle condensa le monceau des nuées ;
Il entendit monter les sèves déchaînées
Et croître dans son sein l’Océan furieux.
Sagesse et passions, vertus, vices des hommes,
Désirs, haines, amours, maux et félicité,
Tout rugit et chanta dans son coeur agité :
Il ne dit plus : Je suis ! mais il pensa : Nous sommes !
Ainsi, devant le Roi des monts Kalatçalas,
Qui fait s’épanouir les mondes sur sa tige,
Brahma crut, dilaté par l’immense vertige,
Que son cerveau divin se brisait en éclats.
Puis, abaissant les yeux, il dit : – Maître des maîtres,
Dont la force est interne et sans borne à la fois,
Je ne puis concevoir, en sa cause et ses lois,
Le cours tumultueux des choses et des êtres.
S’il n’est rien, sinon toi, Hâri, suprême Dieu !
Si l’Univers vivant en toi germe et respire ;
Si rien sur ton essence unique n’a d’empire,
L’action, ni l’état, ni le temps, ni le lieu ;
D’où vient qu’aux cieux troublés ta force se déchaîne ?
D’où vient qu’elle bondisse et hurle avec les flots ?
D’où vient que, remplissant la terre de sanglots,
Tu souffres, ô mon Maître, au sein de l’âme humaine ?
Et moi, moi qui, durant mille siècles, plongé
Comme un songe mauvais dans la Nuit primitive,
Porte un doute cuisant que le désir ravive,
Ce mal muet toujours, toujours interrogé ;
Qui suis-je ? Réponds-moi, Raison des Origines !
Suis-je l’âme d’un monde errant par l’infini,
Ou quelque antique Orgueil, de ses actes puni,
Qui ne peut remonter à ses sources divines ?
C’est en vain qu’explorant mon coeur de toutes parts,
J’excite une étincelle en sa cavité sombre…
Mais je pressens la fin des épreuves sans nombre,
Puisque ta Vision éclate à mes regards.
Change en un miel divin mon immense amertume ;
Parle, fixe à jamais mes voeux irrésolus,
Afin que je m’oublie et que je ne sois plus,
Et que la vérité m’absorbe et me consume. -
Il se tut, et l’Esprit suprême, l’Être pur,
Fixa sur lui ses yeux d’où naissent les Aurores ;
Et du rouge contour de ses lèvres sonores
Un rire éblouissant s’envola dans l’azur.
Et les vierges, du lit nacré de l’eau profonde,
D’un mouvement joyeux troublèrent en nageant
Ce bleu rideau marbré d’une écume d’argent,
Et, parmi les lotus, se bercèrent sur l’onde.
L’Açvatha, du pivot au sommet, frissonna,
Agitant sur Hâri ses palmes immortelles ;
Les cygnes, réjouis, battirent des deux ailes,
Et le Parasol rose au-dessus rayonna.
Sûryâ fit cabrer les sept Cavales rousses,
Rétives sous le mors, au zénith enflammé ;
Et l’Aurore arrêta dans le ciel parfumé
Les Vaches du matin, patientes et douces.
Tel que des lueurs d’or dans la vapeur du soir,
Chaque Esprit entr’ouvrit ses ailes indécises ;
La montagne oscillante exhala dans les brises
Ses aromes sacrés, comme d’un encensoir.
Les Apsaras, rompant les choeurs au vol agile,
S’accoudèrent sur l’herbe où fleurit le saphir ;
Le saint Fleuve en suspens cessa de retentir
Et se cristallisa dans sa chute immobile.
Un vaste étonnement surgit ainsi de tout
Quand Brahma se fut tu dans l’espace suprême :
Le Géant affamé, le Destructeur lui-même,
Interrompit son aeuvre et se dressa debout.
Et voici qu’une Voix grave, paisible, immense,
Sans échos, remplissant les sept sphères du ciel,
La voix de l’Incréé parlant à l’Éternel,
S’éleva sans troubler l’ineffable silence.
Ce n’était point un bruit humain, un son pareil
Au retentissement de la foudre ou des vagues ;
Mais plutôt ces rumeurs magnifiques et vagues
Qui circulent en vous, mystères du sommeil !
Or Brahma, haletant sous la Voix innommée
Qui pénétrait en lui, mais pour n’en plus sortir,
Sentit de volupté son coeur s’anéantir
Comme au jour la rosée en subtile fumée.
Et cette Voix disait : – Si je gonfle les mers,
Si j’agite les coeurs et les intelligences,
J’ai mis mon Énergie au sein des Apparences,
Et durant mon repos j’ai songé l’Univers.
Dans l’Oeuf irrévélé qui contient tout en germe,
Sous mon souffle idéal je l’ai longtemps couvé ;
Puis, vigoureux, et tel que je l’avais rêvé,
Pour éclore, il brisa du front sa coque ferme.
Dès son premier élan, rude et capricieux,
Je lui donnai pour loi ses forces naturelles ;
Et, vain jouet des combats qui se livraient entre elles,
De sa propre puissance il engendra ses Dieux.
Indra roula sa foudre aux flancs des précipices ;
La mer jusques aux cieux multiplia ses bonds ;
L’homme fit ruisseler le sang des étalons
Sur la pierre cubique, autel des sacrifices.
Et moi, je m’incarnai dans les héros anciens ;
J’allai, purifiant les races ascétiques ;
Et, le coeur transpercé de mes flèches mystiques,
L’homme noir de Lanka rugit dans mes liens.
Toute chose depuis fermente, vit, s’achève ;
Mais rien n’a de substance et de réalité,
Rien n’est vrai que l’unique et morne Éternité
Ô Brahma ! toute chose est le rêve d’un rêve.
La Mâyâ dans mon sein bouillonne en fusion,
Dans son prisme changeant je vois tout apparaître ;
Car ma seule Inertie est la source de l’Être :
La matrice du monde est mon Illusion.
C’est Elle qui s’incarne en ses formes diverses,
Esprits et corps, ciel pur, monts et flots orageux,
Et qui mêle, toujours impassible en ses jeux,
Aux sereines vertus les passions perverses.
Mais par l’inaction, l’austérité, la foi,
Tandis que, sans faiblir durant l’épreuve rude,
Toute vertu se fond dans ma béatitude,
Les noires passions sont distinctes en moi.
Brahma ! tel est le rêve où ton esprit s’abîme.
N’interroge donc plus l’auguste Vérité :
Que serais-tu, sinon ma propre vanité
Et le doute secret de mon néant sublime ? -
Et sur les sommets d’or du divin Kaîlaça,
Où nage dans l’air pur le vol des blancs génies,
L’inexprimable Voix cessant ses harmonies,
La Vision terrible et sainte s’effaça.
Enfin, tu peux envisager de discriminer tes pensées selon leur fécondité. Certains gouffres métaphysiques sont de mauvaises questions parce qu'en fait ils ne mènent nulle part. Genre c'est pas que ça mène quelque part mais que cet endroit est terrifiant ou vertigineusement abyssal. Non. C'est juste une question qui ne mène nulle part. Elle a un mirage de profondeur. A première vue elle blesse et on en déduit que y a de la vérité là-dessous. Mais nan, en fait y a rien. Enfin, si : l'erreur de croire que c'était la bonne question à poser. Alors que la bonne était "Mais pourquoi je me cramponne tant que ça à des choses qui devraient exister dans l'absolu le plus absolu ?".
Je parle de comment je conçois la chose maintenant sachant que j'ai passé par ton stade. Je ne dis pas que tu dois passer au stade que je dis en 2 jours, ni même que j'ai raison. Simplement, je t'expose un point de vue autre que le tien, histoire que tu puisses voir d'autres façons d'aborder la question qui t'intéresse.
En tout cas, mon message est :
https://www.youtube.com/watch?v=Q7j5FolEcdA
Ah, et vive la poésie et la beauté ! Vive la joie du temps passé avec les enfants ou les animaux ! Au-delà des abstractions qui relativisent des choses, tu fais l'expérience de bien des choses au quotidien, donc ces choses existent (suffisamment), y a pas d'lézard. C'est la fiction mentale de l'absolu qui fait tout foirer : ce n'est pas tout qui pose problème, seulement le critère d'exigence. Un peu d'humilité, voilà tout, il faut juste redescendre à un plan tangible.
Ce n'est pas revenir en arrière par peur de ce qu'on a découvert, hein. C'est juste qu'à la base on tentait un critère ambitieux. On découvre la vacuité du domaine d'applicabilité de ce critère ambitieux. On passe donc à un critère moins ambitieux. Il n'y aucune raison de passer d'un critère ambitieux à pas de critère du tout. C'est juste un retour à la ligne après un raisonnement par l'absurde.
Ce retour à la ligne m'est évoqué ici :
https://www.jeuxvideo.com/kingof1825/forums/message/971139504
Donc, non, ce n'est pas une histoire de se voiler la face. C'est précisément prendre acte et poursuivre le raisonnement. Après, si jamais c'était se voiler la face, Nietzsche mentionne que face aux "faux prophètes" qui assènent de "sombres vérités", plutôt que de les accueillir et les réfuter, il faut les fuir et ne pas se laisser tremper. Ca fait très mal au cul à l'esprit critique, et je ne dis pas qu'il faut appliquer cette phrase à tort et à travers. Malgré tout, il me semble qu'il y a un germe de truc vrai/fort/sain là-dedans. Dans cette phrase (et mes posts), à toi de séparer le bon grain de l'ivraie.
Tu peux te réjouir d'avoir face à toi le problème de l'existence. Or comme tu le constates, plusieurs kheys se sont posés ces questions et se sentent bien aujourd'hui. Ils te partagent même leurs pensées. Bref : tu parviendras à une réponse qui te conviendra ! Car quand tu auras suffisamment réfléchi, ce qui t'est audible coïncidera avec ce que la réalité t'aura enseigné. Je ne dis donc pas que la réponse te conviendra par optimisme ou parce que tu te seras leurré pour t'en tirer (après, si ça arrivait, j'en serais pas choqué non plus). En plus, y a de quoi être optimiste, vu que pas mal de gens se posent ces questions, les affrontent, et s'en sortent.
Ba pour moi c'est justement parce qu'elle n'a aucun sens que ca me pousse a me bouger, a faire des choses que j'aurais jamais pensé faire avant de m'être rendu compte de ca. Je me dit que même si tout ce que je fais va finir en poussière, que l'idée d'une trace quelconque de mon existence veux rien dire ba au moins j'aurais joué le beau jeu . C'est dur de l'accepter mais au moins ca me pousse a accomplir mes projets de vie
Heureusement que la vie n’a pas de sens, cela te permet de donner un sens propre à la tienne.
Le problème de l'existence des choses (là, des valeurs) me paraît dorénavant souvent assez pauvre. Disons qu'il s'agit alors de définir le sens exact qu'on donne au mot existence, et dès lors le débat devient assez trivial.
Le seul truc qui donne une illusion de profondeur, c'est qu'il y a plusieurs définitions d'existence et qu'elles ne s'accordent pas entre elles (en gros, on peut vouloir que les choses existent dans l'absolu en soi, ou juste être en mesure de constater en pratique les effets de telle notion). La notion de chaise existe-t-elle ? On peut méditer autant là-dessus que sur l'existence des valeurs. Et dans le cas de la chaise, on voit bien que la question n'a pas d'intérêt. Ou plutôt, son unique intérêt porte sur le verbe "exister" (voire le mot "notion"), pas sur les chaises. De même pour les valeurs, le sens, la joie (ou les notions mathématiques, physiques, le libre arbitre) : la question ne porte pas sur les valeurs, etc. Or c'est d'elles qu'il s'agit de discuter pour gérer sa vie.
Pour gérer ta vie, ne néglige en aucun cas les expériences de vie ! Si jamais il y a contradiction entre tes expériences de vie et des abstractions, la démarche scientifique en déduit que les abstractions sont réfutées.
Et si jamais ces contradictions relèvent du domaine de la vie plutôt que de l'élaboration métaphysique abstraite, ces abstractions sont réfutées quant à leur impact dans ta vie mais pas forcément du point de vue métaphysique abstrait (et ainsi cette question métaphysique abstraite, à défaut peut-être d'être dépourvue de sens, est soit vide d'intérêt, soit d'un intérêt purement intellectuel qui ne saurait empiéter sur la gestion de vie).
De manière générale, sur les grands questionnements métaphysiques, il peut y avoir des mirages de sens/de profondeur, et définir très précisément ce qu'on entend par chaque mot est vraiment salvateur. Typiquement "exister".
Bon, et puis l'amour quoi (au sens général du terme, famille et tout).
Le 22 octobre 2018 à 00:01:57 Washabi a écrit :
Le 22 octobre 2018 à 00:00:38 loladelrio84 a écrit :
Prendre du recul c’est bien mais là c’est exagéréLa vie n’a pas forcément énormément de sens hormis vivre des instants plaisants, faire plaisir aux gens qu’on aime, partager des trucs, réfléchir
Il y a encore des’choses Fascinantes et les questions les plus élémentaires de notre existence n’ont encore aucune réponse à ce jour
- Dieu existe t’il ?
- une vie après la mort ?Etc etc etc
Bref, le sujet est vaste
Justement tous ces mystères et questions me minent le moral en plus
Dès que je suis seul il y a tout ça qui me monte à la tête c'est assez chiant
Faut pas que ça te déprime khey, tous les écrivains et artistes intéressants auxquels tu peux penser étaient eux aussi assaillis par ce genre de tiraillements. C'est justement parce qu'ils ont accepté de les prendre à bras le corps et de pas se laisser aller à la facilité en essayant de ne pas y penser qu'ils ont créé des trucs qui valent le coup. Ya que dans l'adversité qu'on peut créer des choses qui en valent la peine, l'astreinte. Et quelle plus grande adversité que d'affronter toi-même tout seul des questions qui te dépassent ? Tout en restant humble, bien sûr.
Je suis retombé là-dessus "à cause de ton topic"
https://www.youtube.com/watch?v=FbS-sz1134Y
Comme le dit un khey plus haut, c'est aussi bien de pas se casser la tête outre mesure. Ya un truc bien foutu ici-bas, c'est que quand l'être humain prend soin de son prochain, s'oublie un peu, est exigeant envers lui-même, se cultive, refuse la facilité et cherche une profondeur, et bien il est heureux, où s'en rapproche. Le fait est que ce sont ces choses-là qui apportent un vrai bonheur, et pas une joie passagère assimilable à un passe-temps en attendant de mourir. Donc autant vivre humblement et de son mieux, on aura rien à regretter et en plus c'est le chemin qui a le plus de chances de nous offrir une vie qui vaille le coup.
Et puis sérieux, mec, qu'est-ce que t'en as à foutre de vivre heureux ?
Quelque chose visiblement... Cool, bah pars de là alors. Plutôt que de partir de "olol pour être heureux faudrait qu'il existe un sens et une morale, et qu'ils soient absolus, et puis gnagni, et puis gnagna". Tu as à cœur d'être heureux. Tu as déjà éprouvé de la joie et de la tristesse. Pars de ce vœu et de cette expérience pour amorcer ta trajectoire. Tu trouveras ton chemin : plein d'autres avant toi sont tombés sur cet écueil et ont su passer outre.
La version détaillée de ce speech ? Je te l'ai déjà pondue en multipavés, pas besoin d'un de plus.
La seule façon de trouver du sens à l'existence est de s'accommoder du fait qu'elle est en réalité un non-sens, et qu'il ne sert à rien de chercher sa voie, mais plus de profiter de la destinée qui nous est offerte sans trop se questionner sur ce que nous sommes réellement et ce que nous devons devenir, ainsi que de ce qu'il adviendra de nous.