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Sujet : Sanglots de Guerre

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rapido-man rapido-man
MP
Niveau 3
06 décembre 2006 à 23:07:15

Mon esprit est mort depuis quelques minutes. Depuis que je suis ici. Assis sur cette misérable caisse de bois pourri, les cuisses noyées dans l´eau boueuse qui inonde la tranchée. Ce n´est même plus de l´eau, ce n´est rien qu´un écœurent mélange de terre, de pluie, de larmes et de sang. Ca ne me dégoûte même plus. Mon corps et mon esprit se sont adaptés à cet environnement sale et impropre, au point d´en devenir un des plus représentatifs éléments. Plaqué contre le mur terreur grossièrement creusé dans le sol, mon dos endolori se meurt, décharné et balafré, taillé par les silex qui s´échappent de la tranchée. Qu´importe la douleur. Quelle futile sensation finalement. Celles qui tranchent mon esprit à chaque seconde surpassent tout. Mes maigres bras raidis le long de mon corps tremblent, ébranlant de leurs spasmes l´intérieur de mon thorax. Les os saillants de mes coudes étirent douloureusement ma peau, blanche et pale comme la lune, et me percent les entrailles lorsqu´ils viennent se cogner à ma poitrine. Mes jambes tremblent encore plus, car elles, en plus, ont froid. L´eau sale dans laquelle elles sont plongées semble pénétrer ma peau et s´infiltrer dans ce qui reste de mes muscles. J´ai froid. Très froid. Je me recroqueville lentement pour espérer me réchauffer, mais à cause de cet horrible grelottement, tous mes os s´entrechoquent et la douleur qui en résulte me fait renoncer à mon idée. De toutes manières, mon corps ne contient plus aucune chaleur. De la tête au pied, dans mon esprit, dans mon sang, dans mon coeur, vous ne trouverez aucune chaleur. Rien. Tout est froid, maladif, agonisant. Ca y est, j´arrive au bout du chemin, je suis à bout de souffle, mon corps l´a compris apparemment.
Autour de moi, j´ai l´impression d´avoir affaire à des dizaines de miroirs. Des miroirs qui me refléteraient, mon image, celle d´un reste d´homme tremblant et perdu, dans ce lieu de sang et de mort. Tous sont comme moi. Mes camarades, mes amis, mes frères, mes compagnons, tous partagent avec moi les mêmes sentiments, les mêmes sensations. La faim, le froid, la maigreur, la maladie, toutes ces saletés ont eu raison de nos différences. A présent nous sommes pareils, nous nous ressemblons tous. Nos visages blancs, sans chair, sont des lumières dans ce trou sombre. Nos gros yeux projettent tous le même regard, la même peur. La peur.
La pire des maladies, celle qui nous ravage tous. Nos expressions vides et nos regards qui ne vont nulle part sentent cruellement la peur. Nos visages creusés par la faim s´agitent, bougent dans tous les sens. Personne ne parle. Ce mutisme engendré par la peur n´est pas pour arranger notre situation. Sans communication, sans parole, nous sommes là, assis dans cette misérable fosse crasseuse, tous les sens en alerte, le regard furtif et fuyant, cherchant une issue. Derrière nous, le tonnerre gronde. Le fracas des armes et des bombes se fait entendre, la puissance destructrice du feu explose la plaine, déversant le sang et consumant les âmes. Les souffles de mort traversent la région, nous passent au dessus du crâne sans nous toucher, car nous sommes à l´abri, pour le moment. Effrayés, les hommes ont des visages d´enfants. Des enfants maigres, sales et repoussants, mais dont l´expression de naïveté et d´incompréhension est restée intacte. Ils attendent, alors que la peur leur ronge les os. Certains pleurent, des pleurs cachés, des sanglots étouffés, comme pour tenter de préserver le peu d´honneur qu´il reste encore. Tout à coup, un homme habillé en vert débarque par le tunnel qui relie les tranchées. Il a l´air effrayé lui aussi... Rapidement, il désigne une dizaine de mes camarades, en énumérant à voix haute leurs noms. Les compagnons appelés se lèvent lentement, les jambes frêles et supportant difficilement le reste du corps. Debout, leurs tremblements paraissent encore plus grands. Ils savent pourquoi on les appelle. Certains refusent, crient, se jettent à terre, s´accrochent aux racines mortes qui dépassent de la tranchée, hurlent en pleurant des choses insignifiantes, mais ils sont rapidement remis à leur place par l´homme en vert, aidé des autres camarades appelés, qui savent bien que cela ne sert à rien. La petite troupe constituée s´avance alors peureusement vers les échelles. Ces échelles de bois vermoulu, dont la base est inondée par l´eau boueuse, placées contre la tranchée, mènent à la plaine, la plaine où brûle la terre, où souffle la mort et où coule le sang. Placé en file indienne, le bataillon voit grossir ses rangs d´autres soldats, arrivés de nulle part. Alors on les fait attendre un peu. Debout, les bras ballants, les jambes tremblantes, ils doivent attendre le signal. Tous pleurent, certains plus fort que les autres, mais aucun ne reste placide. Les yeux inondés, ils nous regardent avec envie, nous qui sommes restés assis, à attendre d´être appelés. Certains murmurent des paroles, probablement des versets de la Bible ou des prières, d´autres embrassent une dernière fois toute sorte d´objets, montres, bagues, photographies... Les plus vieux ne bougent pas, ont le regard fixe, leurs yeux clignant uniquement pour faire glisser les larmes sur la joue. Les plus jeunes doivent avoir dix-sept ans tout au plus, ceux-là sont incontrôlables, ils hurlent de désespoir et leurs sanglots bruyants entraînent le plus souvent des pleurs chez les compagnons autour d´eux. Tous se soutiennent, tous se serrent la main, certains s´éteignent chaleureusement, tous partagent les mêmes larmes, la même tristesse. Soudainement, l´homme en vert, lui aussi les larmes aux yeux, compte à haute voix jusqu´à trois. Un... Le visage des hommes debout se fige soudainement, une expression d´horreur mélangée à de la tristesse apparaît sur leurs visages... Deux... Les sanglots se font plus nombreux et sont plus forts. Un homme lève les bras au ciel et implore le pardon. Trois. Aussitôt, la foule se met à courir vers les échelles, les premiers y grimpent rapidement, les autres se tassent en bas. Les plus hardis crient, lèvent au ciel leurs fusils baïonnettes, défiant courageusement la machine mortelle qui rôde en face d´eux. La montée par les échelles se fait rapidement, les cris et les pleurs cessent peu à peu. Ca y est, ils sont tous montés. Dès lors, le fracas sur la plaine recommence, des explosions, des coups de feu, des cris, un nouveau souffle de mort traverse l´air.

Je me bouche les oreilles pour ne pas entendre ce bruit atroce. Le monde du silence m´ouvre ses portes, un monde reposant, en paix, où je me prélasse quelques instants. Je prends le risque d´ôter lentement une de mes mains, mais je me rends compte avec surprise que le bruit est retombé. C´est déjà fini... La bête furieuse vient de recevoir sa ration de chair humaine, mais ne semble apparemment pas rassasiée. L´homme en vert s´assoit sur une caisse de bois, tout comme moi, dépité. Le regard vide, il fixe ses bottes. Un à un, il nous regarde, moi et mes camarades restants. Il semble désolé pour nous. On a compris pourquoi, on ne se fait plus d´illusion. C´est lui qui aura la dure tache de compter jusqu´à trois... Mais on ne lui en veut pas, son tour viendra... Je ne me suis pas rendu compte qu´une larme coulait sur ma joue. Une larme fuyante, furtive, qui semble venir de nulle part et glisse maintenant le long de mon cou. Je ne sais pas d´où elle vient, mon corps, lui, le sait, et a pris un peu d´avance. Un silence de mort règne dans la fosse. Nous ne sommes qu´une dizaine. Au début de la journée, nous étions facilement deux cent. Tous sont partis, tous les uns après les autres, aucun n´est revenu. Nous sommes les derniers. Je lève les yeux au ciel. Je ne vois rien, sinon une étendue grise, qui s´assombrit peu à peu alors que file la journée. Une journée comme tant d´autre après tout, une simple journée de rationnement de la bête furieuse. Le vent claque sur ma joue décharnée, où rampe une deuxième larme, plus rapide que la première. Mes compagnons ont le même regard que moi, un regard triste, tout simplement. Certains passent la main sur leur fusil, tous savent qu´ils n´en auront pas besoin. Le silence se fait de plus en plus profond. On pourrait croire que la bête furieuse s´est endormie, mais non, elle est toujours là, croupie et tapie dans l´ombre, attendant sa viande. Nous, nous ne bougeons pas. Nous restons là, stupidement, à attendre que l´homme vert fasse un signe. Justement, ce dernier se dresse soudainement, et sort de sa poche une feuille de papier froissée, qu´il commence à lire à voix haute...

Pas besoin de citer, nous savons parfaitement que chacun d´entre nous sera appelé. Les uns après les autres, mes camarades se lèvent, au son de leur nom. On finit par m´appeler moi aussi. Très calmement, je saisis mon fusil, et me lève sur mes maigres jambes. Aussitôt, une horrible sensation me transperce l´estomac. Comme un poids qui grandirait à l´intérieur même de mon ventre, aplatissant tous les organes. Je me sens mal. J´aperçois l´échelle, en sachant que je dois m´en approcher, mais je ne peux pas, je ne veux pas. Mon calme de tout à l´heure s´est envolé, et c´est la même chose pour mes compagnons. Certains manquent de s´évanouir, ils se tiennent contre la tranchée pour ne pas tomber. Les sanglots se font plus nombreux, plus forts, plus libres. A présent c´est terminé, plus rien n´a d´importance. Le chemin libre vers l´échelle nous appelle, par la voix rauque de l´homme en vert. J´ai de plus en plus de mal à respirer, je transpire, j´ai tout à coup très chaud. Mon coeur va transpercer ma poitrine s´il continue de battre aussi fort. J´ai la tête qui tourne, ma vue devient floue, alors que les premiers camarades décident enfin à se diriger vers l´échelle. Moi je ne peux pas. Les larmes sur ma joue coulent à un rythme effréné, je pleure comme un bébé, sans même m´en rendre compte. J´ai envie de vomir, je me cramponne à une racine et me penche. Les gens parlent autour de moi, me disent de venir. Soudain je me souviens. Je plonge ma main très rapidement dans ma poche. Il n´y a rien. L´aurais-je perdu ? Non ça y est je l´ai ! Une petite photo, jaunie et humide, de son visage. Son visage noir et blanc, fin et rayonnant, véritable source de lumière et de paix en ce lieu d´ombre et de mort. Je lâche mon fusil, qui plonge et disparaît sous l´eau boueuse. Je tiens à deux mains le petit bout de papier et le fixe bêtement, fasciné. Hypnotisé par son doux regard de femme, je me sens tout de suite beaucoup mieux. Reposé par ce visage d´ange, calmé par cette cascade de cheveux noirs, émerveillé devant ces yeux d´émeraude qui transpercent l´image pour réchauffer mon coeur refroidi et pour soigner mes membres endoloris, je me tiens debout devant elle, prêt à la prier de me rejoindre. Dès lors, mes camarades se souviennent et sortent eux aussi de leur poche les quelques photographies, qu´ils embrassent en pleurant. Moi aussi je l´embrasse, je serre fort le petit bout de papier contre moi, le mouillant encore plus de mes larmes froides, je l´embrasse, je le chéris, je le colle contre mon front, je deviens fou... L´homme en vert pose doucement sa main sur mon épaule. Je me retourne, il pleure lui aussi. Toute la journée il, n´a cessé de pleurer. C´était lui le bourreau, celui qui nous menait tous sur la plaine, le fil conducteur entre les deux mondes. Ses épaules devaient craquer sous le poids qui s´y trouvait. Il n´en pouvait plus, me demander de rejoindre le rang lui arrachait le coeur... Je ne veux pas le faire souffrir, je me dirige vers l´échelle. Dès lors, mon malaise reprend. Je me place dans le rang, de plus en plus important après que d´autres soldats sont venus. Je me retrouve coincé entre deux grands gaillards. Ils ont l´air apeuré eux aussi, malgré leur carrure assez importante. Ma respiration s´emballe alors que l´homme en vert se positionne pour commencer son compte à rebours mortel. Mon visage en sueur se bloque à nouveau sur la photo. Quelle beauté mon dieu quelle beauté !

rapido-man rapido-man
MP
Niveau 3
06 décembre 2006 à 23:08:15

Un....
Le mot résonne dans ma tête comme un coup de fusil tiré en pleine montagne. Mon corps tout entier tremble dorénavant, impossible de me contrôler. Je me rends compte que je n´ai pas de fusil. Aucune importance... Ce que tiennent mes mains est nettement plus important. La foule autour de moi s´agite. Les pleurs recommencent, j´entends quelqu´un murmurer quelque chose d´incompréhensible à côté de moi. Devant, quelqu´un ne cesse de répéter un prénom de femme. Moi aussi, je chante dans ma tête une ode à son prénom, son doux prénom, volant comme une colombe dans mon crâne, surpassant tous les bruits d´explosions et de cris. Le haut de ma blouse est inondé de larmes. Aucune importance là non plus. Chaque respiration est un défi, car j´appréhende le moment où l´homme en vert prononcera le "deux..."
Deux...
La panique envahit la troupe. Les pleurs étouffés se libèrent de leur étreinte et retentissent dans la fosse. Peut-être que la bête furieuse les entend. Sûrement pas. J´ai l´impression de fondre. Je ne sens plus mes jambes engourdies par le froid et l´eau glacée. Mes mains tremblement tellement que je n´arrive plus à voir la photo. Elle bouge trop, elle devient floue. J´essaie de me calmer en me focalisant sur ses yeux, sur sa bouche, mais rien n´y fait. Je pleure, je pleure à n´en pas finir, les larmes se suivent et viennent s´écraser sur le morceau de papier humide, laissant apparaître de grosses taches. Je serre la main autour de la photo, et la plaque contre mon coeur, en semi léthargie. Alors je regarde le ciel. La nuit va bientôt tomber. Et alors que le soleil se couche, ce seront trente hommes de plus qui viendront l´accompagner dans sa descente. Les nuages s´estompent, peut-être que j´arriverai à apercevoir un morceau de ciel bleu. Ca y est, j´en ai vu un bout... aussitôt masqué par l´océan gris et orageux. Un morceau de ciel éphémère et furtif, tout comme nos vies...
Trois...
Je n´ai pas bien entendu. Je n´ai pas bougé, toujours debout à regarder le ciel. Les hommes derrière moi courent vers l´échelle, ceux devant moi également. Un soldat me cogne le dos, me renverse, et je manque de m´écraser dans la boue. Mais dans ma chute, je lâche malencontreusement sa photo. Non ce n´est pas possible ! Je vois le petit bout de papier tomber dans l´eau boueuse et se dissoudre lentement, disparaissant sous le flot beige et sale qui recouvre le sol. Non pas ça, pas sa photo ! D´un geste, j´essaie de la rattraper, mais mon bras claque dans l´eau sans rien attraper. Je ne peux pas me retourner, les hommes derrière moi continuent de courir, m´entraînant avec eux. Je ne peux plus faire marche arrière, je dois avancer. Dans ma course, accroupi, je me relève tant bien que mal, échappant de justesse par deux fois à la chute. Les soldats m´éclaboussent de leurs grands pas. Les cris pour se donner du courage retentissent alors. Moi, je pleure. Mes yeux continuent de créer des larmes, indéfiniment. Mes pleurs sont masqués par les cris et les fracas, qui recommencent sur la plaine. Enfin j´arrive à l´échelle. Puisant dans mes dernières forces, je pose un pied sur le premier barreau de bois, mais ma botte glisse et mon genou se fracasse sur le rocher calant l´échelle. Je saigne affreusement, mais ça ne fait rien, je ne ressens aucune douleur. Je repose mon pied, je m´agrippe à un barreau situé plus haut, puis lentement je me hisse. Le bois vermoulu glisse à travers mes doigts, et la chute ma paraît inévitable. Non, j´y arrive malgré tout. Le bruit de la plaine se rapproche. La plaine est à quelques échelons maintenant. Cet endroit tant redouté, près duquel j´ai vécu la dernière année de ma vie, et que je n´ai jamais fréquenté que dans mes pires cauchemars. Cette plaine, synonyme de mort certaine et de fin, qui avalait mes camarades les uns après les autres, et que jamais je ne pensais connaître en personne. Le moment était enfin venu. Mes mains arrivèrent en haut de la tranchée, là où se termine l´échelle. Alors je grimpe le plus rapidement possible, je hisse mes jambes au dessus du vide, et j´arrive, accroupi, en ce lieu qui sera ma dernière demeure. Je me lève maladroitement, la plaine s´étend indéfiniment devant moi, je fais face à la bête furieuse. Enfin, elle va pouvoir manger. Après m´avoir tué à petit feu, c´est maintenant le moment de porter l´estocade. Je repense à la photo. Pourquoi t´ai-je perdu ? Pourquoi n´es-tu pas avec moi, ici où tout se termine, aux confins de la vie. Devant moi, rien. Un brouillard aveuglant règne sur la lande inondée de sang, et je vois mes compagnons y pénétrer les uns après les autres. Le fracas de coups de feu recommence, les explosions, les mines, les obus, toutes ces choses se remettent à anéantir ce que la nature a crée. Criant, implorant, priant, hurlant, les soldats se ruent vers le brouillard, puis disparaissent. Je n´ai pas le choix. Je regarde derrière moi, tous sont montés par l´échelle. Nous ne sommes plus que trois, encore debout, à hésiter, au bord de la tranchée. Nous pleurons, nous fixons, effrayés, cette brume ensanglantée qui nous appelle, pour nous avaler. Alors j´embrasse mon poing, je murmure son prénom une dernière fois, et à mon tour je pénètre dans le brouillard.
Je ne vois absolument rien. Je fonce dans l´inconnu, sans prendre la peine de mettre mes bras en avant pour me protéger des obstacles. Je cours comme le vent, rien ne peut m´arrêter. Je marche sur toutes sortes de choses, des cadavres sans doute, des fusils peut-être, de toutes façons quelle importance, j´irai les rejoindre bientôt. Alors je crie, je crie de toutes mes forces, je crie pour user mes dernières forces, mes derniers ressentiments, ma dernière haine pour l´ennemi, qui pourtant n´a plus lieu d´être en cet instant où nous sommes tous égaux face à la mort, nous pauvres mortels, inutiles et fragiles comme un bout de papier dans l´eau. Je cours, comme un déjanté, attendant que la bête ne me trouve. Autour de moi j´entends des cris, des gémissements. Des camarades sont abattus, d´autres crient à l´aide, et moi je cours, sans arrêt, sans trouver le souffle nécessaire.
Puis soudain, je m´arrête. Sans souffle, je cherche à respirer, mais je ne peux pas. Je baisse les yeux, et vois mon abdomen ensanglanté. Deux trous rouges se dressent fièrement en plein milieu de mon ventre. Le sang s´est répandu partout, sur mes bras, sur mes mains, le long mes jambes. A mes pieds, une large flaque s´est déjà formée. Je sens la force de mes jambes me quitter. Elle s´envole, tout comme mon âme. Péniblement, je m´écroule en arrière. Je tombe, comme une plume, flottant dans l´air de la plaine. Mes bras en croix, je sens le sol se dérober sous mes pieds. Je chute, je tombe, au dessus de moi, le ciel bascule. Mais je n´atteins pas le sol, je le traverse, comme un fantôme. Dès lors, je continue de flotter dans les airs, je vole comme un oiseau, mes mains pleines de sang battant dans l´infini telles des ailes de colombes. Je fais des pirouettes dans le vide, je bascule à la renverse, les dernières larmes de mon corps quittent mes yeux pour flotter elles aussi dans ce tourbillon céleste. Les nuages au dessus de moi s´écartent, son visage se forme dans la voûte orageuse. Elle rit. Alors je ris aussi. Je prononce son prénom, une toute dernière fois. J´aperçois la fin du puit dans lequel je tombe. Le noir me rattrape. Elle disparaît, l´obscurité efface mes mains, mes bras, mes jambes. Mes rires s´estompent, le silence se fait, mes yeux se ferment, je sombre dans la nuit, c´est fini.
sus de moi s´écartent, son visage se forme dans la voute orageuse. Elle rit. Alors je ris aussi. Je prononce son prénom, une toute dernière fois. J´aperçois la fin du puit dans lequel je tombe. Le noir me rattrape. Elle disparaît, l´obscurité efface mes mains, mes bras, mes jambes. Mes rires s´estompent, le silence se fait, mes yeux se ferment, je sombre dans la nuit, c´est fini.

-Mutako -Mutako
MP
Niveau 10
22 février 2007 à 17:04:52

http://www.youtube.com/watch?v=Y1docS8aLGk

-Mutako -Mutako
MP
Niveau 10
19 avril 2007 à 00:49:21

La douceur de l’herbe caressant son visage donnait à Kryos cette envie irrésistible de rester allongé là, toute sa vie. Au dessus de lui s’étendait la gigantesque toile azurée du ciel, parsemée de temps à autre de quelques nuages écarlates, et Kryos aurait pu la contempler encore des heures. Il n’avait pas encore totalement récupéré et sentait encore au fond de lui la fatigue caractéristique d’un travail long et difficile, qui l’avait occupé toute la nuit. Il n’avait aucune idée d’heure qu’il pouvait être. Sans doute la fin de l’après-midi, à en juger par la position du soleil. Seul, il était seul dans cette clairière. Les autres soldats avaient préféré se reposer à l’ombre des arbres de la forêt ou à proximité de la rivière qui traversait la plaine, en restant ensemble. Mais Kryos était bien ici. Il appréciait la solitude, le calme, la paix. Les jeux grotesques des autres pour passer le temps ne l’intéressaient absolument pas, il préférait de loin la volupté naturelle de ce lieu si paisible. Quelques oiseaux pénétraient furtivement dans son champ de vision projeté sur le ciel, et en ressortaient immédiatement. Leurs petits cris étouffés reposaient l’oreille du jeune soldat, souillée par tous les cris de la nuit précédente. Il préférait ne pas y penser de toutes façons.
Cette fois, il était sûr de ne pas se rendormir, alors il préféra se relever doucement. Assis sur le sol humide, il s’étira une ou deux fois et bailla un grand coup, avant de regarder autour de lui de ses yeux bouffis par le sommeil. Il aperçut la forêt et y remarqua du mouvement. La plupart de ses camarades s’y trouvaient assurément. Dans la clairière qui s’étendait, il n’y avait vraiment personne à part lui, et il déplora d’être le seul à apprécier ce calme si relaxant. Mais la solitude lui paraissait nécessaire à ce moment là. Il tenta alors de se souvenir de la nuit… Des cris, des bruits sourds, de l’obscurité, un noir complet… Il se souvint de n’avoir rien vu et de n’avoir pas très bien compris ce qu’il se passait. Ses souvenirs étaient tout aussi obscurs. Une image fit soudain surface… Un rocher tranchant… Il avait glissé sur de la boue et s’était probablement écrasé contre… La douleur de la plaie sur son genou réapparut immédiatement et lui éclaira un peu l’esprit. Par la suite, il avait suivi les autres, fuyant l’endroit où il y avait tous ces bruits, et on lui avait demandé de dormir. Il n’a pas cherché bien loin, s’est posé dans l’herbe et s’est laissé emporter par le sommeil immédiatement.

Cléon ! Où était donc passé Cléon ! Aussi loin que remontent ses souvenirs, il l’avait vu se coucher au même endroit que lui… Il avait simplement du se réveiller avant, et aller chercher à manger dans la forêt près des autres. La paresse de Kryos allait encore lui être reprochée… Sur ce, il grommela et se leva brutalement. Sa tête lui tourna affreusement durant quelques secondes, puis le paysage rentra dans l’ordre. Il aurait normalement du se diriger vers la forêt où l’agitation semblait augmenter, mais il voulait profiter de ce moment de calme encore un peu et puis de toutes manières il n’avait pas très faim. Il descendit la petite butte sur laquelle il était couché, non sans ressentir une pénible douleur au genou, mais pas de quoi arrêter un soldat comme lui. Il jeta alors un œil à ses habits… Il n’y avait presque pas de sang, c’était assez surprenant. Mais il n’aurait pas dit non à une petite douche avant de recommencer. Son épée était toujours là, bien enfoncée dans son fourreau. Elle non plus n’était pas sale, il ne s’en était pas servi cette nuit-là. Il aperçut à proximité une rivière, probablement la même que celle qui traversait la forêt, et décida d’aller en sa direction. Le paysage était absolument idyllique : un ciel monochrome d’un bleu vif, et une plaine d’un vert éclatant également uniforme. Cette dernière semblait s’étendre à l’infini, et donnait à Kryos une impression de liberté jouissive. S’il avait été dans un de ses rêves, il aurait couru, couru en écartant les bras et en sentant la brise lui claquer le visage. Il se serait arrêté en haut de la butte, et aurait roulé par terre jusqu’à s’arrêter, en riant au contact de l’herbe qui lui chatouillerait la peau. Seulement il n’était pas un rêve, la douleur de sa blessure ne manquant pas de le lui rappeler. Il se contentait de marcher, les bras ballants, en direction de la rivière, traînant sa pauvre jambe endolorie. Il arriva enfin à côté du cours d’eau et y plongea ses deux mains, qu’il plaqua aussitôt sur son visage. Il en avait grandement besoin, car il constata que l’eau qui coulait de ses joues et de son front prenait une couleur rouge, ce qui signifiait que du sang séché se trouvait sur sa figure. Il prit soin de se débarbouiller entièrement, et mouilla ses cheveux noirs afin de les débarrasser plus facilement des multiples brindilles qui les parsemaient. Il lava également son épée, ses bottes, ses bras ainsi que sa nuque. Il aurait aimé pouvoir se laver entièrement, en se prélassant dans l’eau tiède et cristalline de la rivière, mais il savait que l’heure de rentrer était maintenant arrivée. Il s’en alla et prit la direction de la forêt. L’air s’était un peu rafraîchi, à moins que ce ne soit l’effet de l’eau… Kryos commençait à ressentir des frissons et se sentit soudainement moins à l’aise. Le vent soufflait plus fort, et le ciel avait perdu de sa couleur. Il était maintenant pressé de rejoindre Cléon et les autres.

Les oiseaux étaient partis, Kryos avait beau tenter de les retrouver, ils n’étaient plus là. Leurs petits gazouillements lui manquaient. Maintenant, un silence froid s’était abattu sur la plaine. On pouvait percevoir le son du vent frappant la terre et fouettant l’herbe, et des ondes écarlates d’herbe couchée traversaient la grande clairière. Plongé dans cette atmosphère assez désagréable, Kryos se surprit à courir en direction de la forêt. Son cœur battait d’un rythme bien plus soutenu qu’auparavant et sa douleur au genou avait tout simplement disparu. Une peur apparemment sans fondement s’était emparée de lui, et c’est avec grand soulagement qu’il rejoignit la lisière de la forêt. Il s’enfonça rapidement à travers les arbres, et arriva enfin au campement des autres. Les soldats comme lui, ceux qui avaient combattu cette nuit, étaient regroupés à l’arrière, dans ce petit coin dégagé du bois où on pouvait apercevoir le ciel. La plupart des soldats étaient regroupés autour d’un feu, et se reposaient, certains assis que des souches d’arbre ou d’autres allongés sur des petits lits de fortune. Des semblants de tentes avaient été montés à la hâte. Tout cela était provisoire, rien à voir avec ce qui s’était élevé plus loin. Kryos chercha Cléon des yeux, et l’aperçut enfin au loin, en train d’aiguiser sa grande hallebarde (qui signifiait un grade élevé). Il se dirigea vers lui, en saluant des yeux les autres soldats qu’il croisait sur son chemin. Il n’avait pas tissé de liens particuliers avec eux, ses camarades les plus proches n’étant pas dans la même compagnie que lui. Son seul véritable ami, qui était par ailleurs son meilleur, était Cléon, qui s’était vite imposé par sa très grande habileté au combat comme capitaine de la garnison. C’était un grand gaillard, aux épaules larges et au visage marqué par une éducation guerrière. C’était néanmoins quelqu’un de très cultivé, qui vouait une véritable passion pour la littérature malgré ses heures quotidiennes d’entraînement au combat. Kryos était plus petit, moins imposant, et par ailleurs plus timide. Pour toutes ces raisons, il respectait particulièrement son ami, qu’il accompagne depuis son enfance partout où il va, et était également très fier de le voir monter en grade aussi rapidement dans l’armée, lui qui n’a toujours été qu’un simple soldat.

Lorsque Cléon aperçut son ami se diriger vers lui, il se leva doucement en gardant les yeux fixés sur son imposante arme, puis se tourna vers Kryos et lui serra chaleureusement la main, avant d’ajouter : « Ta paresse finira par te perdre Kryos ! L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, je te l’ai déjà dit pourtant. » Son sermon n’avait cependant rien de sérieux et les deux amis éclatèrent de rire, leur relation étant toujours ponctuée de petites taquineries dans ce genre. Ils reprirent place sur le tronc d’arbre couché qui leur servait de banc, et Cléon continua sa tache fastidieuse.
-« On recommence quand aujourd’hui ? demanda Kryos de sa petite voix fluette
-On va pas tarder à venir nous chercher je pense, répondit Cléon sans quitter des yeux sa hallebarde. Dès que la soixante-quinzième rentrera, ça sera à notre tour. Tu es prêt ? Tu as mangé ?
-Euh non pas encore… Il te reste quelque chose ?
-Il doit y avoir encore un peu de pain au fond de ma besace, mais je ne te promets rien… Vérifie pour voir. »
Kryos contourna le tronc d’arbre et ramassa le sac au sol. Il en sortit une bonne miche de pain, qu’il avala rapidement, en remerciant son ami. Ce dernier restait bien silencieux, l’esprit apparemment accaparé par son travail. Le jeune soldat reprit place à ses côtés et fixa le ciel, qu’on pouvait voir clairement ici à travers les cimes dénudées des arbres. Il était devenu entièrement gris, et le froid qu’il avait ressenti tout à l’heure s’était confirmé. La forêt était très inhospitalière : des branches brisées et des troncs abattus jonchaient le sol, qui était recouvert d’une large couche de feuilles mortes. La plupart des arbres étaient totalement nus, car morts, mais leur grand nombre donnait un aspect fantomatique à l’endroit. Il y avait plus de bruit ici que dans la clairière, même si les soldats étaient dans l’ensemble silencieux, l’appréhension nouant souvent la parole.
Au bout d’un quart d’heure, un grand cavalier tout de vert vêtu pénétra au galop dans la zone où s’était installée la troupe de Cléon et annonça à ce dernier que l’heure était venue. Tous les soldats se relevèrent, prirent leurs armes et les dernières pièces d’armure qu’il leur manquait, et se positionnèrent en rang. Kryos prit place parmi les autres fantassins, la partie des soldats qui ne combattent pas avec bouclier mais avec deux épées. Kryos, qui avait perdu sa seconde épée pendant la nuit, alla rapidement en chercher une autre dans la réserve, portant fort heureusement toujours sur lui son arme de prédilection, un large sabre qui appartenait auparavant à son défunt père. Cléon, en commandant, grimpa sur un imposant cheval gris comme le ciel, plaça sa hallebarde dans son dos et leva un bras au ciel pour faire signe à sa troupe d’avancer.

Le petit bataillon d’une trentaine d’hommes avançait à travers la forêt morte et touffue en suivant un petit chemin, qui n’était qu’un passage dégagé à travers les branches brisées à coups de sabre et d’épée. L’obscurité engendrée par les prémices du crépuscule et par la concentration d’arbres toujours grandissante donnait à l’endroit un air totalement effrayant, qui ne laissait personne indifférent. Le froid aussi faisait son apparition et un petit nuage de vapeur s’échappait de la bouche des soldats haletants. Puis à partir d’un moment le sol sembla être en pente et les arbres se firent de plus en plus rares. La sortie de la forêt apparaissait comme une lueur au bout du tunnel. Le silence qui régnait tout le long du voyage et qui pesait dans le bois se brisa soudainement, et des bruits sourds, de plus en plus puissants et de plus en plus nombreux se firent entendre. Des cris retentissaient, on pouvait entendre également des coups, des fracas, des bruits d’épées s’entrechoquant et de boucliers. La tension sembla monter d’un cran au sein de la troupe, et les soldats étaient de plus en plus excités. Aucun ne semblait avoir peur, et des sourires apparaissaient sur leurs visages. Certains agrippaient fermement leur épée, d’autres discutaient à voix basse avec leur voisin, et deux ou trois priaient, pour se donner courage plutôt que par signe de détresse. Kryos, lui, ne semblait pas effrayé mais ne paraissait pas euphorique non plus. C’était un bon combattant et il n’avait pas de soucis à se faire. Cléon quant à lui restait totalement impassible, le visage placide et les yeux sans aucune expression. Il paraissait extrêmement concentré sur la sortie de la forêt, qui décrivait une petite porte lumineuse dans la forêt grise et touffue. Une porte qui grandissait au fur et à mesure qu’ils s’en rapprochaient. Et puis enfin ils passèrent la lisière et sortirent de ce lieu effrayant. Devant eux se déroulait un spectacle impressionnant mais qui ne leur procurait plus autant d’émotions qu’avant : maintenant, ils étaient simplement pressés de rejoindre la boucherie. Car c’est comme ça que se présentait la scène : une grande vallée vierge de toute végétation, qui était le lieu de rendez-vous des deux armées des deux plus grandes puissances de ce monde, l’Empire Affenide et l’Empire Arrenide. Une bataille d’une violence rare, une vraie scène apocalyptique, où hommes, machines de guerre et bêtes s’affrontaient dans un carnage assourdissant. Aucun ordre dans les rangs, c’était l’anarchie totale. Les deux factions formaient de grands bancs de soldats et se rentraient dedans dans une folie frénétique et enragée. A l’arrière se dressaient les camps, où étaient soignés les blessés, où on tentait d’organiser un temps soit peu la bataille par renouvellement des unités et où étaient envoyées les machines de guerre telles que les catapultes ou les chars immolateurs. La terre souillée par le sang et la sueur prenait une couleur noire qui s’étendait sur les deux versants de la vallée. Une vision d’horreur, qui pourtant réjouissait la troupe. A la sortie de la forêt, chacun courut se mettre en place à leur poste respectif, tout en restant à proximité de Cléon. Ce dernier accomplissait sa tache de guide avec beaucoup de sérieux et de maturité. Il ne partageait pas l’excitation de ses soldats mais, face à la bataille et du haut de son cheval, on pouvait maintenant sentir de l’envie dans ses yeux. Les fantassins de la troupe se positionnèrent en arc de cercle derrière Cléon, les armes sorties. Kryos avait tiré son sabre familial et le dressait devant lui avec fierté, ne manquant pas d’embrasser le pommeau pour se donner un semblant de courage, lui qui ne croyait en aucun dieu. L’impressionnante hallebarde de Cléon se leva dans le ciel sombre et éclaira les nuages noirs de son éclatante lumière. Aucun discours n’était attendu, rien de solennel dans tout cela : simplement de se battre, sans notion d’honneur, de pitié ou de raison. Kryos pensa rapidement au moment où il était encore allongé dans l’herbe, reposant son corps et épanouissant ses sens. Il soupira puis leva son arme au ciel et, accompagné de ses compagnons de bataille, hurla un puissant : GLOIRE A LA LUMIERE ! dont le bruit fracassant résonna longtemps à travers la vallée.

Silenter Silenter
MP
Niveau 27
12 décembre 2007 à 05:07:45

ah ok d´accord :rire2:

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