Fan-Fiction
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ONIMUSHA
Nobunaga’s Guntlet
Tome 1 : Cinq Héros.
Introduction : A faire plus tard.
« Shiba, ou l‘histoire de la Force. »
Une légende raconte qu’à l’aube de la civilisation Nippone, des monstres appelés Genma existaient en grands nombres dans la Nature.
Seul un clan de Guerriers Ogres, appelé Oni, osait les affronter et pouvait les tuer.
On raconte également qu’un de ces Oni, après avoir irrité ses frères, fut envoyé en exil sur terre sous la forme d’un jeune homme.
Sous cette forme il affronta le plus terrible des Genma, un dragon noir immense appelé Yamata-no-Orochi qui sévissait en demandant des sacrifices de jeunes vierges à un village.
Le combat entre l’Oni du ciel Susano-o et le Genma dura 4 jours, au bout desquels l’Oni réussi à atteindre le cœur du Monstre après avoir marché les 3 autres jours tout le long de sa queue.
Depuis Susano-o est redevenu un Oni respecté pour sa force, et tous les siècles il réapparaît sur terre pour sauver une princesse et l’emporter avec lui dans le monde des Oni.
Comme tous les jours, le soleil se levait sur l’horizon de bleu infini qu’offrait la mer. Et outre ce spectacle féerique sans cesse renouvelé de l’astre sortant des eaux, l’océan offrait un autre cadeau encore plus inestimable à ceux qui vivaient à son bord : la pêche.
C’était dans un village de pêcheurs d’une petite province campagnarde que vivait Shiba, modeste jeune homme qui passait son temps soit à pêcher soit à s’amuser avec les jeunes gens de son âge.
A encore 21 ans, rester silencieux sur une barque était dur pour notre jeune ami, et souvent une fois à terre et sa pêche vendue, il partait avec les fils de commerçants ou de samouraïs, pour parler de leurs vies sans histoires ou s’amuser à lutter entre eux, faisant là ce que tous les jeunes hommes de leurs âges faisaient.
Mais un jour, le village tranquille de Shiba fut victime d’un malheur sans précédent…
Shiba s’était levé à l’aube comme tous les jours, et préparait son filet et ses appâts avant de sortir en mer comme le lui avait appris son père et le père de son père avant lui. Cela faisait maintenant 2 ans que Shiba vivait seul, sa mère étant morte à sa naissance et son père emporté par la mer. Shiba ne se plaignait pourtant pas, il connaissait bien des personnes ayant vécu pires situations, et louait les kamis (dieux protecteurs) d’avoir donné d’aussi simples morts à ses parents comparés à toutes les atrocités qui parfois frappaient encore à l’improviste en ces temps.
C’était alors qu’il sortait sa barque et la poussait vers le rivage qu’un de ses amis, Jinnosuke, était venu le chercher en courant, totalement bouleversé.
-Shiba… Shiba… le Vieux a ordonné de rassembler tout le monde au temple, il faut vite qu’on s’y rende ! Vite ! commença à bégayer Jinnosuke encore essoufflé de sa course.
-Que se passe t-il ? Pourquoi l’Ancien me convoque moi aussi ?
-Je ne sais pas mais il a fait dire que tout le monde devait venir car c’était grave et touchait tout les habitants du village, sans exceptions, même les enfants doivent venir !
Shiba n’eut donc d’autres choix que de suivre Jinnosuke vers la grand-place du village, puis les deux jeunes gens filèrent se frayer un passage à travers une petite foule qui s’était réunie autour de la maison de l’Ancien, la personne la plus âgée, et donc sage, à même de prendre les décisions et de commander les rassemblements.
Shiba et Jinnosuke venaient donc de se placer dans les premiers rangs, avec les autres jeunes du village, quand le vieil homme vêtu d’un simple kimono usé de coton couleur paille se mit à parler.
-Du calme, du calme, assez d’agitations pour moi, est ce que tout le monde est présent ?
-Oui Ancien, il ne manque personne, répondit une voix anonyme.
-Bien, j’ai fait réunir le village pour une raison très importante… hier soir, à la faveur de la nuit, le temple qui se trouve un peu plus haut s’est fait attaquer. Et une personne s’y est faite kidnapper. Les prêtres ne pouvant pas combattre, ils m’ont fait demander de vous exposer la situation et demandent qu’une poignée de volontaires aille se charger de les aider contre ceux qui les ont attaqués.
-Mais, Ancien, nous n’avons rien à voir avec les prêtres… pourquoi veulent-ils que nous les aidions ? demanda une voix un peu rauque et gênée.
-Par charité et par reconnaissance, vous allez bien prier le Kami du Riz dans leur temple pour chaque nouvelles récoltes ? Ou le Kami des eaux quand vous partez à la pêche ? Les prêtres estiment qu’en échange du soin qu’ils prennent auprès des statues et de leurs prières aux Kamis que vous louez, il serait naturel que le village soit reconnaissant.
Dans l’assistance plusieurs rires gras se firent entendre… de simples paysans et pêcheurs, aider des prêtres ? Ils ne travaillaient guère pour subvenir à leurs besoins, et avaient une vie facile à s’empiffrer des dons que le village faisait au Temple…
-Vieil homme, j’irai voir les prêtres et je les aiderai, dis-moi où se trouve ce temple !
La voix était surgie de derrière la troupe amassée devant la maison de l’Ancien, et tous s’écartèrent, surpris, pour laisser passer celui qui venait d’ainsi parler.
La surprise continua en voyant s’avancer un vieillard au visage à peine moins usé que celui du chef du village. Mais si l’Ancien paraissait vraiment n’être qu’un homme simple ayant beaucoup vécu, le nouvel arrivant respirait encore une certaine force malgré le poids des années. De taille moyenne, un peu recourbé en marchant, il n’en restait pas moins que ses habits semblaient de bien meilleure provenance que ceux de quiconque dans l’assemblée, et à sa ceinture pendait une arme, entourée de tissus déchirés mais qui laissait deviner la poignée et la garde d’un Katana, l’arme réservée à ceux qui naissaient Samouraï !
-Excuse-moi étranger, mais tu semble aussi vieux que l’Ancien, alors que pourrais-tu pour aider les prêtres qui auraient plutôt besoin de bras vigoureux pour repousser leurs assaillants ? demanda un homme dans la foule.
-Ksh ! Je ne suis pas si ramollis que vous semblez le croire, et j’ais été un bon combattant par le passé, répondit l’inconnus avec un étrange sourire.
-Vous devez être un rônin (samouraï sans maître, itinérant), et je ne peu vous empêcher d’aller où vous le souhaitez, mais pas seul… qui veux aller avec lui voir les prêtres ? redemanda l’Ancien.
Personne dans la foule ne semblait vouloir sacrifier une journée de travail pour aider le Temple, mais Shiba, attiré par l’allure du vieux samouraï, ne pu se retenir d’avancer d’un pas, le visage baissé pour masquer ses joues rouges de confusions. Jinnosuke fut d’ailleurs tellement surpris de l’action de son amis que, sans y prêter attention, il avança lui-aussi d’un pas, sortant des rangs.
-Jinnosuke et Shiba, c’est bien que vous vous soyez présentés de vous-même pour aider le Rônin. Conclut l’Ancien alors que Jinnosuke comprenait dans quelle posture il venait de se mettre et maudissais entre ses dents sa bêtise.
-Ravis de vous avoir pour me guider, gamins, autant nous présenter avant de commencer à marcher pour que j’économise mon souffle, je suis Jintarô Suzano. Déclara le Samouraï (au Japon médiéval, seul les Samouraïs et Nobles pouvaient avoir un nom de Famille).
-Shiba. Répondit Shiba, toujours un peu honteux de son audace.
-Jinnosuke. Reprit Jinnosuke entre ses dents, vert de colère envers lui-même et Shiba.
-Bien, en routes les gamins, conduisez-moi au Temple.
La route n’était pas longue jusqu’au temple, mais raide et escarpée, aussi Jintarô Suzano profita des bras de Shiba et Jinnosuke pour transporter ses charges, confiant aux jeunes gens divers pots, boites, linges et ne gardant sur lui que son arme, toujours masquée de tissus.
-Excusez-moi, mais pourquoi vous êtes vous lancés dans cette aventure ? Demanda Shiba alors que le vieux Rônin soufflait un peu à l’ombre du bord de chemin.
-Hum… j’ais déjà vécu l’enlèvement d’être chers, et j’y mets un terme à chaque fois que je peu… enfin je suppose aussi que j’ais agis impulsivement, je ne savais pas que j’allais parler avant de me dire prêt à partir à votre Ancien. Et vous, gamins, pourquoi avoir voulus m’accompagner ?
-Et bien… je ne sais pas non-plus, mais quant je vous ais vus, seul à vous porter au secours du Temple devant notre village entier, j’ais eu un peu honte et j’ais voulus…
-…agir comme un Homme et non pas juste comme un couard ? Je pense te saisir, et toi, Jinnosuke ?
-…pour vous dire vrais je ne voulais pas y aller, mais quant Shiba c’est avancé la surprise m’a fait l’imiter. Répondit Jinnosuke, honteux.
-Un vieillard, un idiot et un simplet, le temple ne pouvai pas espérer de meilleurs défenseurs. Conclut le vieux Samouraï en riant à gorge déployée alors que les deux jeunes gens le maudissaient pour sa sénilité.
Ce bavardage mis à part, le reste du chemin fut aussi silencieux que court, et après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivèrent tout trois devant le porche du temple.
C’est là que Shiba et Jinnosuke perçurent le premier changement chez leur mystérieux compagnon, car à peine passé la première porte délimitant les terres du temple que le Rônin essoufflé par une simple marche au soleil se mettait à monter 4 à 4 les escaliers de pierres menant au Temple proprement dit, dépassant même en vitesse ses deux cadets certes chargés, mais plus vigoureux… du moins avant.
Ils furent reçut par une poignée de moines qui comprirent vite le peu d’intérêts qu’avait eu le village en contre-bas pour leurs malheurs, et se firent mener vers le plus sage des moines, chef du Temple.
-Je m’attendais à ne recevoir qu’une maigre aide, mais vous me semblez encore moins utiles que l’ensemble des moines ici présents. Dit le chef du monastère en guise de bienvenue.
-Ksh ! Deux jeunes gens vigoureux et un Rônin qui a passé sa vie l’épée à la main, que voudriez-vous de plus ? répondit le vieux Samouraï avec mépris.
-C’est que pour un enlèvement, vous êtes bien peu à réagir.
-Karma (ce qui équivaut à « C’est le destin mon coco »), mais quels kidnappeurs justifieraient que nous soyons plus ?
-Ecoutez il faisait nuit noire quant l’attaque c’est produite, mais je peu vous dire deux choses seul à seul ? demanda le chef du monastère.
-…les gamins, sortez voir si vous pouvez récupérer de quelconques armes auprès des prêtres. Congédia Jintarô Suzano.
Les deux villageois sortirent, un peu mécontent de se faire voir comme gênant dans la discussion qui allait suivre, mais n’ayant d’autres choix, laissant le chef du monastère et Jintarô Suzano seul.
-Vous êtes un Rônin, comme vous devez parcourir les routes vous devez savoir qu’en ce moment plusieurs Seigneurs se font la guerre à la barbe de l’Empereur. Un de ces Seigneurs a prit peur pour une de ses filles et l’a envoyée ici, dans ce minuscule Temple dont personne ne se doutait qu’il abritait une princesse, aussi son kidnapping est-il une affaire grave. Si son père apprend sa disparition il pourrait propager la guerre jusqu’à cette province qui échappe encore aux agitations.
-Ksh ! Je vois mieux vos soucis, vous l’auriez clairement dit dés le départ nous n’en serions pas là… enfin, même avec seulement trois Hommes je vous la sauverais, quel que soient ceux qui l’ont kidnappée !
-Justement, d’après les dires de mes moines, et malgré la nuit, ils ont vu des faces de Genmas se refléter à la lune.
-De Genmas? Mais les Genmas ne font pas de kidnapping, Ils tuent tout sur leur passage ! Vous avez du imaginer les voir !
-Je le sais, mais imagination ou pas, c’est tout ce que nous savons, mis à part où les déloger.
-Pourquoi ne pas être passés à l’attaque vous-même alors ?
-Nous ne sommes pas des moines guerriers mais des contemplatifs, prendre les armes ou utiliser la violence nous est interdite.
-Ksh ! Et attirer la guerre jusqu’à vos portes ? Ca ne vous aidera sûrement pas à rester contemplatifs !
L’entrevue se fini là, Jintarô Suzano quittant à grands pas le chef des moines, retrouvant Shiba et Jinnosuke occupés à se préparer des armes…
Alors que Shiba s’était contenté de prendre un bâton de prêtre en taillant le bout en pointe, Jinnosuke avait quant à lui relié deux bâtons par une boucle en fer, les transformant en fléaux.
-Alors, gamins, avez-vous des armes dignes de vous ? fit Jintarô avec malice.
-Je suis pêcheur, aussi ce simple harpon de bois me suffira je pense, dit Shiba.
-Moi je battais le riz au village, aussi je me suis fait un fléau comme j’en utilise tout les jours… mais, savez-vous ce que nous allons devoir combattre maintenant ? demanda Jinnosuke, un peu tendus.
-Non, je ne le sais toujours pas, mais rien qui n’ai à nous faire peur. Vous êtes jeunes et le travail dans votre village vous a forgé un corps, ca ne vaut pas un corps de guerrier mais au moins vous ne manquez pas de force ni de vigueur. Avec moi en plus nous avons l’expérience et la force qui nous manquait.
Un coup d’œil dubitatif entre les deux jeunes gens sur la force de leur aîné fut oublié de la part de Jintarô, qui se mit alors à exposer son plan aux deux jeunes gens….
Posant la paume de sa main sur l’épée, Susano-o la fit changer de forme, l’arme devenant une sorte d’esprit sous forme d’oiseau de foudre et de vent, un des esprits mineurs du Ciel, subordonnés à Susano-o.
-Maître, ce Genma de la Terre m’a volée au temple des Onis, et me gardait par la force à son service ! Je n’ais jamais voulus me tourner contre vous… dit l’oiseau/esprit, totalement dominé par Susano-o. (Izakuchi est un des dieux mineurs de la foudre et du vent, là il possède une forme de phénix de foudre et de vent)
-Je le sais, mais dans ce cas tue celui qui t’as ainsi manipulé, tu en as la force désormais.
D’un geste de l’Oni l’esprit disparu, redevenant épée pour finalement filler se planter dans le cœur du Genma, l’abattant net !
De son coté Shiba venait de rouvrir les yeux, mais restait incapable de bouger, regardant juste Susano-o s’approcher de la captive enfin délivrée pour lui prendre les mains et se préparer à l’emmener avec lui…
Cependant, un regard en arrière de la jeune fille le sortit de son immobilisme, un regard emplis d’anxiété qui fit se relever Shiba alors que lui-même s’en savait incapable.
-Oni Susano-o ! Que… qu’allez-vous faire maintenant ? réussi à prononcer Shiba malgré cet horrible goût de sang encore présent dans sa bouche.
-Ce que je vais faire ? Et bien emmener cette personne avec moi. Répondit Susano-o, intrigué.
-Que les Kamis me pardonnent de parler ainsi à l’Oni du ciel… mais est-ce que tu t’es demandé si elle voulait te suivre ?! ?
-…
-Parce que, tout Oni que tu es, et invulnérable aussi… je t’ais aidé à regagner tes forces non ? Tu n’as pas vaincu seul, même si au fond tu n’avais pas besoin de l’aide d’un mortel…
-Ksh ! Tu vas trop loin gamin ! J’avais presque tendance à avoir apprécié ta bravoure et la minuscule aide que tu avais voulu apporter, mais là tu oublie à qui tu parle !
L’épée Kusanagi apparue à la main de Susano-o, se dirigeant vers la gorge de Shiba pour s’arrêter juste au contact de la peau du jeune homme ! Ce dernier tremblait de tout ses membres, ruisselait de sueurs froides, mais ne baissa pas les yeux, fixant Susano-o avec peur, mais aussi une lueur de combativité.
-Tout les milles ans je suis exilé dans une enveloppe mortelle et je sauve une princesse, répétant là la légende qui m’a vue tuer Orochi et sauver la princesse Kusinada. Cette année je sauve cette femme prisonnière non pas d’un dragon Genma mais d’un groupe de brigand, mais un mortel semble s’opposer à moi… te rend-tu compte de ce que tu fais ? Je peu te tuer et faire que même ton âme continue à souffrir pour ton audace ! rugit l’Oni alors que le ciel se couvrait de nuages plus noir que l’encre !
-Je sais, mais tout mortel que je suis, et même si je ne peu que mourir, je dois tenter de m’opposer à une décision aussi égoïste !
Rapidement, Shiba roula de coté, vers le cadavre du Genma, récupérant le sabre de l’esprit Izakuchi, le retournant contre Susano-o.
-Susano-o, Oni du Ciel, un petit pêcheur t’ordonne de relâcher la main de la princesse que tu viens de sauver si elle ne veut pas partir avec toi ! cria Shiba pour se donner le courage de juste se tenir debout en face d’un vrai Oni.
-Et comment ne le voudrait-elle pas ? Avec moi elle aurait une vie douce et merveilleuse, loin de ton monde qui souffre et qui rentre constamment en guerre ! Tu es décidément un pauvre pêcheur fou !! ! répondit Susano-o, lâchant une seconde la main de sa future promise afin d’empoigner son épée Kusanagi !
Mais une nouvelle fois la belle alla se faire bouclier de Shiba, et lorsque la Kusanagi lâcha son coup, ce fut elle qui se le prit, laissant sa robe et ses chairs se fendre sous l’invisible puissance de Susano-o et son arme mystique !
-Susano-o ! Oni infâme !
Shiba se rua immédiatement sur son adversaire, Izakuchi vibrant d’une orbe de vent entre ses mains, pour finalement que le coup de sabre ne s’arrête avant de toucher les habits de l’Oni, entouré d’une barrière de vents.
-Tu ose m’attaquer misérable, et avec Izakuchi, une épée de mon domaine céleste !
L’arme en question venait de reprendre sa forme d’oiseau, quittant les mains de Shiba pour se poser sur l’épaule de Susano-o alors que Shiba, impuissant plus que jamais, reculait pour tomber à genoux et relever du sol le corps inerte de la princesse…
-Maître Susano-o, excusez-moi mais je n’ais pas pu résister à la volonté de cet humain, sans doutes est-il lié d’une façon ou d’une autre au Phénix ? demanda l’esprit Izakuchi.
-Oui, il m’a dit se nommer Shiba (ce qui se traduit par Phénix)… et il a osé attaquer un Dieu, et ma promise est morte pour lui alors que je lui proposais la vie et le bonheur éternel… je ne sais plus que penser. Murmura Susano-o alors que l’esprit/phénix allait se poser sur l’épaule de Shiba.
-Maître Susano-o… ne pourriez-vous pas… laisser vivre cet homme ?
-Il s’est opposé à ma volonté !
-Visiblement pour un grand sentiment s’il a risqué sa vie pour libérer par deux fois une princesse inconnue des brigands puis d’un Oni pur, et si elle-même s’est faite deux fois le bouclier de cet homme qu’elle ne connaissait pas… un sentiment que vous avez aussi connus milles ans plus tôt. Répondit doucement Izakuchi.
Susano-o semblait désormais hésiter, sa fureur passée comme passait l’orage menaçant au-dessus d’eux. Bien sur il voulait cette compagne le temps de son exil sur la terre des hommes, mais il lui fallait aussi avouer que le courage de Shiba et le renoncement de la princesse lui avait touché le cœur…
L’Oni du vent prit alors une décision qui allait sceller le futur de Shiba, et de celle qu’il tenait encore dans ses bras sans forces.
-Soit ! Vous venez tout trois de faire plier un Dieu… Izakuchi, Shiba, princesse Majikina, je vous lie par le destin !
Entre les bras de Shiba, la princesse se réveillait, comme sortant d’un rêve, indemne, souriant à Shiba qui lui ne pouvait plus retenir ses larmes devant l’avalanche de sentiments qu’il venait d’éprouver.
-Susano-o… je vous ais insulté alors que vous êtes un Oni emplis de bonté… excusez-moi. Dit Shiba dans un sanglot mal retenus.
-Ne me remercie pas encore, Princesse Mina Majikana, es-tu sur de vouloir rester avec cet homme ? Tu ne le connais pas et lui ne sait rien de toi.
-Seigneur Susano-o, je me suis faite le bouclier de cet homme que je ne connais pas par deux fois, et même quant votre épée a tranchée ma vie je n’ais pas regretté mes actes.
-C’est un pêcheur dans un petit village et tu es une Princesse de clan ! Même de l’amitié entre vous ne sera jamais acceptée dans ce monde. Retenta Susano-o.
Ni Shiba ni la princesse Mina Majikana ne dirent mots, se bornant tout deux à se regarder dans les yeux, sur que même si la société était contre eux ils ne changeraient rien à ce qu’ils ressentaient à la seconde même.
-Tant pis, j’ais donc dit que je lierais vos destins… mais la princesse Majikana sera à tes cotés en tant qu’épée Shiba, son âme et son corps seront scellés dans le sabre Izakuchi !
Avant que Shiba et la princesse n’aient le temps de réagir, l’esprit phénix s’était posé sur l’épaule de celle-ci, et doucement les deux êtres disparaissaient, se fondant sous la forme d’une massive épée articulée !
Shiba regardait la princesse sans dire un mot, seuls les yeux du jeune homme pouvant encore retranscrire l’horreur de ce qu’il éprouvait à voir le maléfice s’opérer.
-Shiba, tu t’es opposé à un Oni, tu as levé une arme contre lui, et tu lui as volé celle qu’il voulait comme sienne… comme punition je te condamne à mourir !
L’épée Kusanagi frappa alors le jeune homme de la pointe de sa lame, lui rayant la figure d’une nouvelle entaille croisant celle qu’y avaient fait les griffes du Tengu.
-Shiba le petit pêcheur n’est plus, tu viens d’être tué par mon épée, personne dans ton village ne te reconnaîtra plus, ton nom ne sera plus dans les souvenirs de tes amis, Jinnosuke se réveillera demain sans savoir ce qu’il faisait ici, et les prêtres croiront qu’il a seul fait fuir les brigands, et le porteront en héros pendant que toi tu deviendras un étranger pour ton propre village. Cependant tu es toujours vivant devant moi, car désormais et pendant toute ton existence tu sera un guerrier dans la guerre entre Onis et Genmas, tu ne sera cependant pas Onimusha, car en toi je scellerais l’âme d’Orochi, le Divin Serpent noir, que j’ais tué il y a longtemps. Tu erreras entre les deux clans, condamné à lutter contre les deux !
Shiba ne parvenait plus à comprendre, son cœur totalement ravagé par tout ce qu’il venait de vivre cette nuit où il avait cru n’accompagner d’un vieux Samouraï itinérant, une nuit où il s’était découvert de la bravoure, de la force, de la volonté et aussi de la folie… et bien sur une nuit où il était follement tombé amoureux.
-Une dernière chose Shiba, ne tente pas d’échapper à ta vie de guerrier, je veux te voir traquer les genmas où je te laisserais sous ton sort et m’emparerait de la princesse Majikana ! Pour t’aider et parce que tu n’as rien d’un guerrier mis à part l’épée ou est scellée ta princesse, je te donne ce masque que Bishamon lui-même m’avais offert, il contient l’âme d’Orochi et te donnera la force, tout en faisant de toi un être non-humain et son nouveau sceau. (Bishamon est un des Dieux de la guerre)
l’Oni du ciel prit alors un masque de guerre rouge dans ses mains, et le posa sur le visage de Shiba.
Aussitôt le jeune homme sentit son visage le brûler comme si Susano-o lui avait appliqué un tisonnier dessus ! Hurlant de douleurs il se démena comme un diable pour finalement voir qu’il ne pouvait plus enlever son masque !
-Tu es un hybride mi Homme mi Genma désormais Shiba. Tu porteras l’âme d’Orochi, tu combattra les Genmas mais en tant que non-Humain tu sera aussi la proie des Onimusha …si tu survis, si tu me montre que tu as été capable malgré cela d’affronter les pires créatures Genmas, alors je te libèrerais d’Orochi et te rendrai l’âme et le corps de ta princesse ! conclu Susano-o
-…mon visage… brûle… le jour où tu viendras ma libérer Susano-o… je te tuerais !! ! cria alors Shiba en se tenant son visage, devenus un avec le masque rouge.
-Tu pourras toujours le tenter, mais jamais tu ne le pourras… Maintenant je vais te sceller jusqu’à ce que le monde déborde de Genmas, et que l’on vienne te libérer !
Susano-o le releva en l’attrapant par la ceinture, le décollant du sol pour les faire disparaître et réapparaître au fond d’une grotte…
-C’est ici que tu reposeras jusqu’à ce que l’époque ait besoin de tes talents, si je te laissait sous cette forme dans la nature… tu risquerait de tout détruire !
C’est ainsi que, recouvrant le corps de Shiba d’une épaisse couche de Cristal de roche, Susano-o enferma ce dernier dans un sommeil sans fin, le séparant de son arme jusqu’à ce qu’une personne n’aille réunir les deux entités, en brisant la coque de verre naturel emprisonnant le corps du nouveau porteur de l’âme d’Orochi.
« Yahouran-Lee, ou l’histoire de la Charité »
Il était tard le soir, le soleil descendait à l’horizon. Du bruit venait de l’est, comme une armée qu s’approchait du village d’Utaï. Les villageois finissaient leur journée, tous fatigués de tout ce travail. Mais beaucoup d’entres eux ignoraient que, dans une maison du village, allait naître une future héroïne. Shéra, l’épouse du forgeron du village, accouchait. C’était un jour comme les autres, rien d’inhabituel ne se passait, sauf na naissance de cette petite. Lorsque Shéra finit d’accoucher, Yldan, son époux prit l’enfant dans ses bras. Shéra savait depuis le début que ce serait une fille, elle l’avait senti. Ils baptisèrent l’enfant Yahouran, Yahouran de la famille Lee. Les bruits de pas s’intensifiaient.
« — Quel boucan, dehors ! fit Yldan, regardant à l’extérieur.
— Je me demande ce que ça peut bien être. Dit Shéra, inquiète. »
A cet instant, entra dans la pièce le jeune Senter-Lee, celui qui venait juste de devenir grand frère. Senter était un jeune garçon de sept ans, énergique et maître de la bravade. Yldan mit Yahouran dans son berceau et prit le jeune Senter dans ses bras en le faisant tournoyer. Puis, il s’approcha du berceau de la petite fille et chuchota aux oreilles du garçon :
« — Tu vois, Senter ? Cette petite fille qui dort paisiblement dans le berceau n’est autre que ta petite sœur, Yahouran. »
Senter quitta la pièce, heureux d’avoir vu sa petite sœur. Yldan marcha vers son épouse, et lui dit :
« — Avec la survie d’un groupe Genmas, j’ai apprit à Senter comment se battre. Et ce sera pareil pour Yahouran quand elle en aura l’âge. Je ne serais pas tranquille si je ne sais pas que mes enfants sortent sans savoir se battre.
— Je pense que tu as raison, Yldan.
— Comme tu me connais, je ne me contenterai pas de leur apprendre l’art du combat, je leur ferai à chacun un sabre qu’ils porteront tout le temps.
— Crois-tu que c’est raisonnable, Yldan ? Ne penses-tu pas que ça les complexera plus que ça ne les rassurera ? De plus, Senter préfère l’arc.
— Je ne leur ferai pas un simple sabre comme j’ai l’habitude de vendre. Je leur ferai à chacun un magnifique sabre, chacun unique ! Des sabres qu’ils utiliseront s’ils se font attaquer et dont ils seront fiers, des lames qu’ils porteront en souvenir de leur père… Hein ? Que dis-tu ? Senter préfère se battre avec un arc ? Soit ! Je vais lui fabriquer un arc incassable ! Et je ferai un sabre à Yahouran. »
Le silence s’installa, les deux parents observaient leur petite fille qui dormait profondément. Tous deux profitant du silence pour méditer chacun de son côté sur le bonheur dont ils jouissaient et le malheur qu’ils vivraient si l’un des membres de leur famille venait à mourir. Yldan se leva et déclara :
« — Je vais commencer à fabriquer l’arc de Senter. Si je ne le finis pas trop tard, je ferai le sabre de Yahouran. »
Sur ce, Yldan quitta la pièce et se mit au travail. Il travailla pendant des heures à la fabrication de l’arc de son fils, avec un bois indestructible et une corde extensible pour tirer des flèches avec précision, à une vitesse phénoménale sans casser ni la corde ni l’arc. Il passa l’autre moitié de la nuit à forger le sabre de sa fille, bien qu’elle ne s’en servirait pas immédiatement. Il alla vers un coffre et y sortit une énorme plaque argentée. C’était du mythril, un métal réputé pour être indestructible, léger et qui ne subissait pas les dégâts du temps tels que l’oxydation ou le fait que le métal ternis. On l’appelait également le “ Vrai argent ”. Ce serait parfait pour faire un sabre ! Oui, vraiment parfait. Avec de l’or, il fit la Tsuba qui était en forme d’aile de dragon. Au matin, il avait fini les deux armes. Il les mit toutes les deux dans un coffre ou il avait inscrit les initiales S&Y-Lee
Le soleil allait se lever, lorsque tout le monde se levait pour faire son travail respectif, des Genmas attaquèrent le village. Tout le monde s’enfuit à toutes jambes. Yldan et Shéra se levèrent en même temps et Yldan alla réveiller Senter pendant que Shéra s’occupait de Yahouran. Ils sortirent tous les quatre de la maison, Shéra vit la rue déserte, elle était plus qu’angoissée.
« — Les Genmas s’attaquent à la porte du village ! Nous n’aurons jamais le temps de nous échapper. Dit Yldan.
— Que veux-tu qu’on fasse, Yldan ? Nous sommes coincés. On n’arrivera jamais à s’enfuir à temps avant de se faire massacrer.
— Nous, non. Mais nous pouvons tenter de protéger nos enfants. Allons à la Grotte Protectrice. »
La grotte protectrice était nommée ainsi grâce à la légende qui disait que, lors d’une invasion de barbares, les villageois avaient peur de se faire massacrer. Ils menèrent les enfants dans une caverne. Pour protéger les enfants, les dieux envoyèrent une déesse qui protégea les enfants. Les barbares furent décimés et les enfants sauvés. Une fois devenus adultes, ils élevèrent une statue de bronze en hommage à la déesse qui leur avait sauvé la vie. On raconte que, depuis, la Grotte Protectrice serait le refuge de tous les êtres humains qui avaient le cœur aussi pur que celui d’un enfant.
Yldan et Shera menèrent Senter et Yahouran à la Grotte Protectrice. Ils mirent le coffre destiné à Senter et Yahouran, leur dirent adieu et laissèrent les enfants seuls. Ils sortirent et tentèrent de se battre pour donner un maximum de chances de survie à leur progéniture. Ils moururent tous deux dans l’honneur et les Genmas passèrent leur chemin. Senter s’occupa de sa petite sœur comme de sa propre fille pendant des semaines.
Puis vint le jour où Senter décida de partir, pensant que lui et sa sœur ne seraient pas bien dans la caverne car il manquait de la nourriture. Il prit une charrette et y mit le coffre de son père ainsi que le berceau de sa petite sœur. Il voyagea pendant des semaines, des mois ; jusqu’au jour où la petite Yahouran atteint sa première année. Elle commençait à peine à marcher. Son frère était arrivé dans un village où les gens étaient malveillants et les gardes tentèrent de voler la charrette. Senter tenta de les en empêcher, ils le firent emprisonner. Ils le condamnèrent à mort, pendant son emprisonnement, il écrivit son histoire à partir de la naissance de Yahouran et demanda s’il pouvait retourner à son lieu de naissance et y être exécuté, ils acceptèrent et il cacha le journal dans la Grotte Protectrice ainsi que le coffre de son père. Il ne mourut pas sur le gibet ni sur la guillotine : il se suicida, préférant mourir de sa propre main que sur une potence ou sans sa tête. On le retrouva mort, dans un bain de sang au lever du soleil. Yahouran fut en quelque sorte adoptée par un vieillard. Elle passa son enfance dans sa ville natale, élevée par un inconnu et la seule chose qu’elle posséda de lui était le shuriken familial que ses parents avaient confié à feu Senter...
La découverte de la vérité :
Le soleil se couchait vers les montagnes, Yahouran eut une impression de déjà vu, chaque moment important de sa vie se passait avec un couché ou un lever de soleil. Celui qui l’avait élevé et éduqué venait de mourir de vieillesse. Elle était un peu seule à présent. Elle sortit du village pour se rafraîchir les idées. Soudain, elle entendit craquer une branche. Elle se retourna et vit un sanglier. Il se prépara à charger, elle se dépêcha de fuir avant de se faire percuter par la bête. Elle courut, vit au loin une grotte et s’y engouffra. La bête se cogna comme si elle avait foncé dans un mur.
Yahouran avança dans la caverne, il faisait sombre et elle n’y voyait rien. Soudain, elle percuta un objet et trébucha. Des flambeaux s’allumèrent comme par magie et elle vit un coffre ainsi qu’un berceau. Elle vit gravé sur le coffre les lettres S&Y-Lee. Elle comprit que c’était pour elle et feu son frère et ouvrit le coffre. Elle fut frappée par son contenu : c’était des armes. Il y avait un magnifique arc dans un carquois en cuir superbe elle trouva, gravé sur l’arc, le nom de son frère en caractère latin d’un côté et japonais de l’autre. Elle tourna la tête et vit, dans l’axe de l’arc, un sabre resplendissait, on aurait dit que la lame était d’argent, mais si c’était bien le sabre qui lui était destiné, il aurait près de douze ans ! Voir plus, si c’était le sabre d’un de ses ancêtres. A la Tsuba, on pouvait distinguer l’aile d’un dragon et le t’autre côté, ses griffes. Elle alla vers le berceau et tâta le matelas, elle sentit quelque chose de dur. Elle enleva le petit matelas de berceau et vit deux feuilles de papier. Voici ce que ça disait :
Ma chère petite Yahouran,
Si tu lis cette lettre, c’est que tu es assez grande pour sortir hors de la ville, ou bien c’est que tu en as été bannie…Comme tu dois le savoir, je suis mort il y a un certain temps (je ne sais pas quand tu auras lu la lettre…) Je vais mourir le 2 juillet 1607, je suis condamné à mort, mais rassure-toi ! Je ne mourrai de la main d’un bourreau, je me suiciderai avant. De cette façon, mon honneur ne sera pas souillé. J’avoue que j’ai peur de ce qui t’arrivera après…Que vont-ils faire de toi ? Enfin bon, si tu lis cette lettre c’est qui ne t’est rien arrivé de grave. Je ne te retiendrai pas longtemps car ni toi ni moi n’en avons le temps (ça paraît un soupçon ironique de dire ça quand on sait que je vais mourir, je vais juste relater ce qui s’est passé pour que tu sois élevée pas un autre que moi, car j’ai peut qu’on ne te raconte pas la vérité. Tu es née un 3 février au coucher du soleil, je me souviens du bonheur qu’éprouvait toute notre famille. Le lendemain, des Genmas attaquèrent notre village et, pour nous protéger, nos parents nous emmenèrent dans la grotte où tu te trouves actuellement. Ils voulurent se battre contre les Genmas mais trépassèrent pour notre salut. Ne pouvant pas rester sans eau ni nourriture trop longtemps, j’ai décidé de partir avec toi dans une charrette. Un an passa, et des gardes m’arrêtèrent je ne sais plus pourquoi. Ils attendirent encore un an avant de me condamner a mort et je leur ai supplié de me laisser mourir dans notre ville natale. Ils ont accepté et j’en ai profité pour y laisser quelques objets familiaux auquel je ne voulais pas que les gardes touchent. Objets que tu trouveras dans le coffre avec nos initiales gravées. Voilà, ma chère sœur, je te dis adieux avec énormément de retard, mais si ça se trouve, tu ne sais même pas que j’existe…Je t’aime, petite sœur. Ne doute jamais de cela. Dans deux jours, je reverrai nos parents, et je serai avec eux, je veillerai sur toi, de là haut ! Garde mon arc en souvenir de ton frère !
Adieu, passe une bonne vie auprès de quelqu’un qui, je l’espère, s’occupera de toi aussi bien que je n’aurai jamais le pouvoir de le faire.
Yahouran sentit une larme couler le long de sa joue. Elle avait bel et bien entendu parler de son frère Senter. On lui avait dit qu’il s’était suicidé, mais pas qu’il avait été condamné a mort. Elle tint son bracelet où se tenait son shuriken et l’arracha, elle serra si fort le shuriken qu’elle en écorcha la paume de sa main. Elle décida de venger sa famille et devint une tueuse de Genmas. Elle s’y connaissait dans l’art Ninja, et elle deviendrait l’archer que son frère n’aura pas pu devenir.
Yahouran en 1622 :
Pendant quatre ans, Yahouran est devenue la meilleure des Ninjas, mais elle a également été obligée de voler pour se nourrir. Elle était reconnue non seulement comme une grande Ninja mais aussi comme une dangereuse fugitive. Elle vola la nourriture pendant quatre années. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle rencontrera le groupe de chasseurs de démons dont elle fera partie dans quelques mois, mais elle l’ignore encore.
« Sen, ou l’histoire de l’Honnêteté »
En 1615, Osaka. Un homme est reçu d’urgence dans un temple. Il a de très graves blessures qui peuvent lui être fatales. Mais les bonzes réussissent à le sauver, et le prennent en charge. Après plusieurs mois l’étranger commence à comprendre et à parler japonais.
Cependant l’homme leur parait étrange, car il dit venir de Chine, et de l’an 235…
Pendant une année, cet homme leur raconte son histoire, mais personne ne le croit,ils se disent que ses blessures étaient trop grave finalement. Mais un bonze, nommé Indra, décide d’écouter son périple.
L’histoire du chinois était dure à croire, car il disait venir du passé, et par-dessus le marché à cause de démons qui l’aurait piégé dans une sorte de faille. Mais le fameux bonze n’y voyait pas de mensonges, et décida d’écouter toute l’histoire…
Après l’avoir écouté, le moine fut intrigué, et termina en disant : « Je vois… Tu as atterrit à notre époque à cause d’une pierre maléfique… » et le guerrier acquiesça. Le moine lui dit de retourner dans les salles de travaux, mais en lui il se dit « Les Genmas ont fait des siennes dans le passé, et ont donc envoyé indirectement ce guerrier par la faille temporelle. Il a une chance inouïe d’être encore en vie, il nous sera sûrement utile dans notre lutte contre les démons. »
Juste après le bonze alla écrire sur un parchemin Oni l’histoire du guerrier. ../..
En 235, dans la montagne de Kyusubaara, un guerrier était en recherche de son maître, connu sous le nom de Maître Niao Jiao .Ce dernier s’était exilé de la Chine, en attendant que le chaos s’arrête. Son élève qui l’avait cherché par delà 1000 montagnes et 1000 rivières, se nommait Zhang Liao Bu, et avait entendu des rumeurs comme quoi son maître était venu au Japon, dans cette montagne. Il n’hésita pas un seul instant et quitta dans les plus brefs délais la Chine. Cependant, le lieu dans lequel il s’était rendu fut attaqué par des démons puissants, qui semblaient eux aussi à la recherche de quelque chose, ou quelqu’un… Ils arrivèrent par la plaine sous forme d’une petite armée, et avançaient de plus en plus vers Zhang Liao Bu. Celui-ci les ayant vu, n’avait d’autre choix que de fuir, mais une escouade de démons arriva par le sommet de la montagne et vit le guerrier. Après l’avoir dévisagé longuement, ceux-ci se mirent à hurler, et donc à alerter les autres monstres. Cela semblait sans issue pour l’étranger, il était encerclé et vulnérable, mais d’un coup surgi de lui une aura qui se mit à l’entourer avec des flammes, des flammes d’un jaune orangé vif, l’air devint agité, et l’étranger sortit une arme longue, ressemblant à une Hallebarde et aussi à une Lame polaire, ornée d’un phénix sur le bâton qui contenait une orbe verte dégageant un vent agité. Il tourna son arme de haut en bas circulairement, et d’un saut puissant, se jeta dans une bataille sans merci…
Deux heures après, l’étranger, sérieusement blessé avait combattu le tiers de l’armée, mais se retrouvait dans un piteux état. Il sentait une mort proche, mais continuait à se battre de toutes ses forces. Au bout d’un moment il vit des démons rentrer dans une grotte en nombre, et il ne restait plus qu’une partie de l’armée qui restaient immobile dans la plaine. Enervé de les voir traîner ainsi, il descendit la basse montagne pour aller continuer le combat dans la plaine. C’était un guerrier qui ne connaissait que le champ de bataille, et son maître. Il vivait pour le combat, mais était toujours à l’écoute de la vertu. Enfin arrivé en bas, le guerrier se dressa contre ces monstres qui commençaient à s’agiter, tout en restant dans leur formation. Soudain, arriva un silence lourd comme le monde. Seul le vent continuer à chanter, entre les multitudes de mètres qui séparaient le guerrier des démons. Les deux camps se fixèrent dans les yeux, observant la moindre peur qui pourrait y avoir. Et à ce moment un éclair tomba entre les camps opposés, qui marqua le début de l’acharnée bataille.
L’étranger fonça sur les démons en sautant en longueur tout en donnant des coups d’hallebarde perpendiculaires au sol et frappa le sol pour retomber, il continua à attaquer en donnant des coups rapides d’empalements entre autres, et termine la première attaque par un coup circulaire rapide formant une défense forte. Il avança vers les autres monstres en faisant tournoyer son arme en l’air et en repoussant les démons par des coups avec la partie en bois de l’arme. Deux monstres vinrent l’immobiliser en attrapant son arme, mais il ne lâcha pas prise et attaqua avec ses pieds les monstres voulant le tuer, et au bout d’un moment il tordit élastiquement son arme pour en faire un propulseur, puis sauta avec l’élan obtenu sur le cou d’un monstre et se mit à le faire pivoter tout en donnant une succession de coups rotatifs et en cassant le cou du monstre monté. Il continua sa folle course tout en donnant des coups sautés, coups de pieds et autres décapitations. Puis arrivé vers le centre de la masse de démons, Zhang Liao Bu commença à tournoyer son arme et lui-même dans tous les sens et de haut en bas pour éloigner les démons, puis une aura rouge se mit à l’envelopper lui et son arme, et l’aura augmentait au fur et à mesure qu’il tournoyait puis il sauta et frappa le sol d’un coup puissant. Aussi tôt son aura explosa, drainant sa vie et projetant tout le monde dans les airs, tout en réduisant en cendres les monstres tandis que le guerrier dans un dernier effort se dirigea sur un monstre plus imposant que tous les autres, pour tomber sur lui en le pourfendant en deux lui et son arme.
Agonisant, le guerrier tomba sur le sol croyant que c’était finit, et ferma lentement ses yeux. Cependant après plusieurs heures, les démons qui étaient rentrés dans une grotte, sortirent de celle-ci avec un char imposant, qui transportait une énorme pierre ronde et verte. On aurait dit une sorte de cristal maléfique, parsemé de lézardes, avec des couleurs sombres tout autour et un cyclone vert à l’intérieur. Les monstres la transportaient avec difficultés, mais ils s’approchaient des sentiers plats pour pouvoir descendre. Le bruit que cela provoquait, pouvait réveiller n’importe quel mort. Mais dans ce cas présent, se fut le jeune Zhang Liao Bu en quête de son maître qui se réveilla à côtés du seul cadavre de monstre qui restait. Le reste était soit éparpillé en cendres, soit en train de se traîner vers les transporteurs. Au fur et à mesure que la pierre approchait, une énergie négative en sortait, qui faisait froid dans le dos.
Après quelques instants de répit, les monstres arrivèrent sur la plaine avec la pierre, hurlant, sûrement de joie. Mais le guerrier, lui y voyait un grand danger, et comme il sentait déjà son âme partir, il décida de mourir en détruisant cette pierre. Tant bien que mal, tout en s’appuyant sur son arme, il se leva, et commença à marcher vers le cristal. Il titubait, et de plus des monstres gardaient la pierre. Il ne savait que faire, quand il vit apparaître devant lui, dans un vent flou, plusieurs cartes Tao… Ces cartes étaient en lévitation dans les airs, quand soudain apparut le maître de Zhang Liao Bu, Zuo Ci. Il était lui-même tout aussi flou que ses cartes, vêtu d’habits qui portaient des symboles, et avec des cheveux longs et blancs, tout comme sa barbe,qui témoignaient de son ancienneté sur ce monde…quand le temps se figea, et un calme paisible s’instaura :
-« Zhang Liao Bu…Que fais-tu donc ici ? Je t’avais dit de rester en Chine pour arrêter le chaos, je t’ai appris tout ce que je savais, et je t’ai donné, la meilleure arme qui te conviennes …
-Maître… Vous savez que je… ne peux pas tenir… sans votre aide…
-Bien sûr que si… Je t’ai entraîné pour cela, pour que tu puisses anéantir le Chaos qui règne entre les Trois Royaumes… Tu dois rejoindre Liu Bei avant qu’il ne soit trop tard, seul lui pourra arrêter le Mal Rampant….
-Qu’a…llez vous faire…Maître…
-T’envoyer là où tu devras prouver ta vraie valeur… Ta venue m’est finalement profitable…
-Com…ment ?. ..
-Je vais tester tes capacités, pour voir si tu seras bien celui qui délivrera notre peuple… «
Et le sage disparut dans le vent comme il était venu, ne laissant à Zhang Liao Bu qu’une carte étrange et singulière. Dessus était marqué « Vis, et prouves «. D’un coup le temps sortit de sa tétanie, et le guerrier retrouva le juste nécessaire pour détruite la pierre. Il ne fit ni une ni deux pour directement aller sur le Cristal qui était devenu sa priorité. Tous les démons qui s’avançaient vers lui furent balayés aussi sec que la paille par son arme, puis arriva le moment où le combattant sauta dans les airs pour pourfendre la pierre depuis son centre.
A ce moment, le ciel s’assombrit, le vent et le tonnerre se déchaînèrent, et de la pierre sortit de l’électricité ainsi qu’un champ d’énergie noire la limitant sur le sol. D’un coup une barrière d’énergie blanche transparente entoura tout le monde à proximité de la pierre, et une demi-sphère d’énergie se forma sur le sol : Une faille se créait. Elle aspira tout ce qui était proche, puis en un coup une explosion d’énergie sombre transporta tout le monde dans une autre époque… En arrivant à notre époque, le guerrier vit autour de lui un endroit dévasté par l’énergie libérée, puis il perdit connaissance. Après, alertés par le bruit, les moines vinrent sur les lieux et recueillirent ce qu’ils pouvaient, dont l’unique survivant… Celui actuellement dans le temple…
../.. Pour avoir réussi à tuer des Genmas, il était forcément très avancé dans l’art de la magie du Tao et dans l’art de la guerre. Le moine Indra brûla ensuite le parchemin avec une poudre Oni pour l’envoyer à un Oni qui vint immédiatement :
-« Tu as bien fait de me prévenir, ce guerrier à un potentiel non négligeable.
-Vous allez en faire un Onimusha ?
-Non, il n’en a pas besoin… Mais tu devras l’investir de la mission suivante : »
Il fut soudainement coupé par l’intéressé, Zhang Liao Bu :
« -Laquelle ?
-Je vous avais dis de retourner au travail.
-Mais après avoir entendu une histoire pareille vous n’alliez pas continuer votre journée normalement, surtout que vous êtes le seul à m’avoir écouté.
-Tu es perspicace jeune homme.
-Qu’êtes vous vous ?
-Je suis un Oni.
-Comment ?
-Les Onis combattent depuis toujours les Genmas, monstres que tu as combattu. Notre objectif et de protéger ce monde toujours menacer par eux, et pour cela, nous demandons parfois de l’aide aux humains. Et à cette heure, des Genmas venus d’une autre contrée préparent une invasion contre vous.
-Ah bon…
-Et aujourd’hui, c’est à ton tour de nous aider !
-Comment ?!
-Ton maître t’as envoyé ici pour que tu prouves ta vraie valeur en combattant les Genmas. Car ta mission n’est pas à la portée de tous. Ton époque est dans le chaos, et si tu veux arrêter ce fléau, tu devras d’abord réussir à éradiquer les Genmas , car si tu arrives à les tuer,tu seras en mesure d’aider tes seigneurs féodaux pour enfin réunifier ton pays.
-Un test hein… Si je peux retourner dans le futur par la suite, alors je serais votre allié !
-Bien ! Adieu, guerrier des Trois Royaumes ! »
Et avant que Zhang Liao Bu ne parte, Indra lui dit :
-« Préparez-vous à partir dans votre quête dans les prochaines semaines à venir, car vous irez avec un groupe de tueurs de démons qui viendra chercher refuge ici… mais surtout, si dans votre quête vous croisez une jeune fille avec des yeux et cheveux rouges dans un village, prenez la avec vous, elle vous sera indispensable pour votre combat…
-Il n’y a pas de problèmes, même si je n’ai pas vraiment le choix… »
« Kratos, ou l’histoire de la Foi »
1 : Un monde tourmenté…
Dans un monde inconnu à tout être vivant, très haut dans le ciel, se trouve la cité des anges ! Aux premiers abords, on pourrait penser que ce lieu est féerique, que les habitants sont pacifistes et qu’en cet endroit, le chaos n’existe pas… Mais, ici ce n’est pas le cas. Les anges résidants dans la cité sont pour la plupart, tous aux ordres du seigneur Claudius, un roi cruel !
C’est un sinistre personnage, dont on sait peu de chose, aussi bien sur son physique que sur son passé. Il est d’ailleurs toujours recouvert d’un grand manteau noir, la tête enfouie dans sa capuche.
Parmi le peuple angélique, certains refusent de se soumettre à Claudius. En réponse à cet affront, ils ont étés traqués, massacrés, brûlés vif et contraints à se cacher on ne sais ou. Pour autant aucun ne s’est soumis à Claudius. Depuis lors, ils se font appeler les renégats, et sont obligé de se réunir en secret pour établir des plans pour arrêter Claudius. Malheureusement, la plupart de leurs attaques ont échouées. Pourtant, tous savent qu’un jour, la prophétie se réalisera et qu’un ange différent des autres, mettre fin a cette dictature…
2 : Un mystérieux général…
Cinquante ans plus tard…
« Toc toc toc !
– Entrez ! Ah ! Général Kratos, Je ne vous attendais plus. Je dois constater que vous avez accepté ma proposition, et donc que vous êtes d’accord pour partir combattre les espions Genmas terrés dans les plaines désertes de Kyoto. »
Le général mesurait un mètre quatre-vingt-huit, pesait soixante-quinze kilos de muscles d’acier forgés au fil des combats. Il était revêtu d’une armure à la blancheur éclatante, faite d’un matériau inconnu des hommes et portait dans son dos un long sabre dont la lame noire semblait veinée de rouge.
Son visage était quant à lui, très intéressant : deux yeux bleu turquoise, un nez petit et fin, sa bouche, mystérieuse… Ses cheveux, noirs, lui arrivaient jusqu’au bas du dos. Au son de sa voix, on distinguait à la fois son caractère calme et sa très grande détermination.
Kratos LEONARTH, personnage au passé malheureux : Un soir, alors qu’il n’était âgé que de huit ans, un Genma, monstre sanguinaire, profitant que Kratos était sortit jouer dehors, assassina ses parents, des renégats pourvu de hauts grades. N’ayant plus d’autre membre de sa famille, il dut vivre seul. Depuis ce jour terrible, Kratos massacre tous les Genmas se trouvants sur son chemin, espérant un jour réussir à venger ses parents.
Pourquoi ne rejoignit-il pas les renégats ? Tout simplement car il ne souhaitait pas vivre la même vie qu’eux. Beaucoup de renégats considèrent Kratos comme étant l´élu qui délivrera le peuple de la dictature qu’inflige Claudius aux anges, car comme le dit la prophétie, il est différent de ses semblables : Contrairement aux autres anges, ses ailes ne sont pas blanches… Mais noires !
Malgré tout ces propos, Kratos ne pense pas être celui qui les sauvera. Il s’est donc engagé dans l´armée de Claudius, et à trente ans est Général de ses propres troupes : Les Black-Angels.
Il se tenait maintenant debout dans le bureau du seigneur, et devant Claudius lui-même ! Le général répondait au dictateur :
« - Ne vous méprenez pas. Si je vous aide à vaincre les Genmas, c’est dans le but unique de retrouver un jour l´assassin de mes parents. Je n’ai nul autre intention que celle que je viens d’évoquer.
– Toujours est il que vous consentez à nous aider.
- Oui…
- Hé bien partez immédiatement, seul ou accompagné, dans les plaines désertes de Kyoto !
3 : Une cruelle trahison…
Kratos s’est finalement rendu seul dans les plaines ou sont censés se trouver des espions Genmas. Les plaines désertes de Kyoto portent en tout cas très bien leurs noms. A part le bruit du vent, il n’y a aucun autre son. A se demander si quelqu’un peut s’y cacher !
Kratos scruta l´horizon durant dix bonnes minutes, sans trouver le moindre Genma. Il entendit alors soudainement derrière lui, une voix familière lui dire :
« - Hé hé hé… Général Kratos, vous êtes tombé dans notre piège à ce que je vois… »
En se retournant, Kratos vit devant lui le colonel attaché à la garde personnelle de Claudius et aussi l´éternel rival de Kratos : Yuan NORI !
Yuan portait comme d’habitude sur lui son manteau noir et sa cape blanche. Sur son visage, on pouvait voir la haine qu’il éprouvait envers Kratos. Dans un visage au profil aquilin s’ouvraient deux immenses yeux verts perspicaces, entourés d’une chevelure ambrée s’arrêtant à mi-torse
Il tenait dans ses mains, deux sabres rouges de taille moyenne. Kratos lui répondit aussitôt :
« -Yuan… Que fais tu là ?
– Tu tiens donc tant à le savoir… Alors ouvre grand tes oreilles. Comme tu le sais, beaucoup de gens te considèrent comme une sorte de messie, qui un jour, tueras le seigneur Claudius, mettant fin à son règne.
A vrai dire, mon maître et moi ne croyons pas en cette prophétie, mais le seigneur préfère rester sur ses gardes, il t’a donc fait croire que des Genmas se trouvaient dans ces plaines, et m’a par la suite demandé de te capturer. Tu ne peux donc savoir la joie que j’éprouve de pouvoir te vaincre au moins une fois.
-… Et qu’est-ce qui te fais croire que tu peux me battre ?
- Mon heure a sonné, tu as déjà gagné maintes fois contre moi. Ce coup ci… C’EST A MON TOUR ! ! ! »
-
En un clin d’œil, les deux guerriers se fonçaient dessus, déclenchant à chacun de leurs coups d’épées, des gerbes d’étincelles jaunes et oranges.
- Ce fut un combat acharné, tant les deux combattants étaient forts. Mais au fil du combat, Kratos prenait le dessus de la mêlée. Alors qu’il s’apprêtait à lancer sur Yuan une vague de magma incandescent, celui-ci déploya ses ailes blanches, et s’envolant dans le ciel dit à Kratos :
« - Tu ne me laisse pas le choix… »
Il sortit de son manteau une seringue dans laquelle se trouvait un liquide verdâtre, liquide qu’il s’injecta aussitôt.
4 : Une terrible mutation…
Une explosion jaillit du corps de Yuan, provoquant un souffle de vent très puissant et détruisant une partie de l´endroit ou se trouvait Kratos.
Suite à cet embrasement un épais nuage de poussières dissimulait Yuan dont on pouvait apercevoir la silhouette.
Plus le nuage se dissipait, plus Kratos distinguait Yuan avec netteté. Au moment ou le nuage disparus complètement, le cœur de Kratos fit un bond dans sa poitrine : La substance contenue dans la seringue avait complètement transformé Yuan. Corps, manteau et cape avaient fusionnées, sa peau étaient devenue noire comme la nuit, des ailes de démon hérissaient son dos de pointes acérées et ses yeux luisaient dangereusement d’une couleur rouge sang.
Ses épées rentraient et sortaient de son corps à la guise. Métamorphosé en Genma !
Il dit à Kratos :
« - Ahh… Ahhh… Le math peut continuer… YAHH ! ! ! ! »
La mutation ayant augmenté les capacités de Yuan, le Genma n’eut donc aucun mal à passer dans le dos de Kratos, pour lui assener un puissant coup qui envoya Kratos en l´air, le forçant à sortir ses ailes pour se figer dans le ciel, et l’empêcher par la suite de retomber sur le sol. Il s’exclama :
« - Yuan ! Qu’a-tu fais ?
- C’est clair pourtant, la substance contenue dans la seringue n’est autre que du sang de Genma, que le seigneur m’a donné. Grâce à cet échantillon, je me sens un homme nouveau. Même si je n’ai presque plus rien d’humain, et que mes capacités physiques sont incroyablement améliorées, mon esprit, lui, n’a pas changé !
- Et puis de toute façon, mon plus cher désir reste : te vaincre ! Il peut ainsi se réaliser maintenant en un instant !. Tu veux une démonstration ?
- Mm… »
Ce court dialogue achevé, Yuan prit son élan , et, d’un vif coup de sabre sur la nuque, assommât Kratos sans se faire prier…
5 : De sombres projets…
« -Mm…
- Colonel ! Le détenu se réveille.
- Bah ! c’est pas trop tôt ! Laissez-moi seul avec lui sergent.
- Bien colonel. »
Péniblement, Kratos réussi a ouvrir ses paupières pour voir ou il se trouvait. En découvrant l´endroit ou il reposait, son sang ne fit qu’un tour.
Il était attaché sur table d’acier posée à la verticale, dans une grande salle blanche qu’il connaissait : le laboratoire du palais royal ! Le lieu n’avait pas changé depuis sa dernière visite. Tout autour de la pièce, figurait tables et armoires, dans lesquelles se trouvaient des outils de dissection, du matériel inconnu, des substance étranges etc…
Il vit aussi debout devant lui, Yuan, qui avait retrouvé son ancien aspect.
« - Tu fais une sacré tête Kratos ! Tu te demande ce que tu fais ici, dans le laboratoire du palais royal, maintenu prisonnier sur la table grâce à des menottes électriques ?
- Grumff…
- Comme tu l´as certainement remarqué, j’ai perdu tous les effets de l´échantillon de sang Genma. A vrai dire, j’en suis moi-même étonné. Mais après quelques petites recherches, nous avons appris que notre sang n’était pas compatible avec du sang de Genma pur. Nos anticorps détruisants en moins d’une heure les célules Genmas, la transformation, et tous ses effets en ont donc une durée restreinte. Ce qu’il nous faudrait, c’est, en plus du sang Genma, un peu de ton sang. Tout simplement car ton code génétique est différent du nôtres, et que organisme, lui est compatible à cent pour cent avec le sang Genma. Nous allons donc, prélever un peu de ton sang, puis le cloner pour que tout le peuple soit transformé en hybrides, dans lesquels nous implanteronspréalablement, des puces, servant à les faire obéir à tous nos plans.
- Grâce à ça, nous pourrons conquérir la terre puis l’univers tout entier ! ! !
- Et qu’allez vous faire de moi après avoir prélevé mon sang ?
- Tu auras le privilège de devenir le premier ange/Genma au monde ! ! Maintenant, que tu le veuilles ou non, nous all… »
Yuan fut interrompu par le bruit d’une explosion.
« Qu’est que ? … »
Un soldat à demi carbonisé entra à genoux dans le Labo.
« Co…lonel… Les renégats attaquent les jardins du palais… Aidez…nous… »
La mort eu alors raison du malheureux. Yuan repris :
« Eh ! zut, manquais plus que ça. Je vais devoir m’absenter un moment. Surtout ne fais pas de bêtises héhéhé… »
Sur ce, il partit, laissant ainsi Kratos seul…
6 : L´évasion…
Profitant de ce moment de calme, Kratos sortit avec difficulté ses ailes, et réussi à se propulser se libérant des menottes électriques qui le maintenaient prisonnier.
Sitôt libre, il quittait cette pièce. Il franchit une succession de couloirs blancs, tous aussi longs les uns que les autres. Sa vision se troublait petit à petit, ses muscles faiblissaient, la fatigue s’installait en lui… Il avait perdu toute notion du temps.
Alors qu’il allait abandonner son long parcours, il vit au loin, la lumière du jour ! Soudain pris d’une grande joie, il oublia totalement la présence d’un éventuel danger, et se précipita en direction de la sortit.
Mais cette joie fut de courte durée : Si il avait perdu tout ses réflexes, il serait certainement mort : Le pont faisant la jonction entre la ville et le château avait disparus ! Le seigneur avait certainement donné l´ordre de le détruire pour empêcher des intrusions ennemies au niveau de l´entrée principale. Apparemment, le champ de protection de l´entrée avait été lui aussi déclenché. Ce champ de protection empêchait quiconque d’entrer, mais laissait sortir.
Le trou étant trop grand, Kratos ne pouvait voler jusqu’en ville. Il se retourna donc, en quête d’une autre sortie. Mais en voyant au loin Yuan foncer sur lui, il fit volte-face, et sans réfléchir, plongea en direction du Japon !
7 : Une « chance » hors du commun…
L´on pourrait penser que Kratos s’était lamentablement écrasé sur le sol des plaines du Japon , ses trente-deux dents hors de sa bouche, et qu’il gisait inerte sur le sol… Mais le destin fit que Kratos, arrivé au terme de sa chute, s’écrasa dans une charrette tirée par une vache, avec à l´avant un paysan, et à l´arrière… des algues séchées ! ! !
Sa chute fut donc amortit par la cargaison. En se relevant, la première chose qu’il vit fut la tête du conducteur de la charrette, visiblement très étonné de voir Kratos se relever.
Il s’exclama :
« - Vous allez bien monsieur ?
- Oui…Je crois.
- Vous avez de la chance d’être tombé dans ma cargaison, sinon, c’en était fini de vous ! Mais au fait… qui êtes vous et comment avez vous atterris ici ?
- Je m’appelle Kratos LEONARTH, je suis un ang… mercenaire, travaillant en solitaire. J’ai croisé un groupe de personnes malveillantes, qui ont réussi à m’assommer, puis à me mettre dans leur catapulte pour ensuite, me balancer…
- Ah ! Je comprends mieux pourquoi vous vous êtes retrouvé ici. Je me présente, Sima SUN, Chinois de naissance mais Japonais de nationalité. Et le fier étalon qui tire ma charrette…
- C’est une vache…
- Peut importe, elle, c’est Marguerite. Nous sommes en route vers le village de pécheur, Sakai, pour livrer nos algues séchées.
- Vous accepteriez de m’y emmener ?
- Volontiers. Reposez vous donc un peu., je vous réveillerais quand nous serons arrivés à bon port.
- Merci… »
Il s’endormit, suite à ce dialogue…
8 : Un nouveau départ…
« Kra… Krat… Kratos… Levez vous… »
Péniblement, l´ange, se leva et vit Sima SUN s’enfuir en hurlant. Il ne comprit pas du premier coup, mais en regardant un peut mieux, il vit Sakai en flamme !
Il s’empressa d’aller voir ce qui se passait la bas. En pénétrant dans la ville, il se senti frustré : Les maisons étaient en feu, des dizaines de corps gisaient sur le sol, du sang éclaboussaient les murs à demi détruits !
Il Vit un homme gravement blessé sur le sol. Il accouru jusqu’à lui et lui demanda :
« - Que c’est-il passé ?
- Des Genmas ont attaqué notre pauvre village. Voyez ce qu’ils en ont fait…
- Grrr…
- Nous ne nous doutions de rien, ils nous ont attaqués sans que nous ne puissions nous défendre… Vous êtes un guerrier n’est ce pas ?
- Oui…
- Alors prenez toutes les marchandises que je possède si tel est votre désir, mais s’il vous plaît… sauvez-vous par pitié… »
Le pauvre homme mourut sur cette phrase. Suivant ses recommandations, il se servit dans le tas d’objets. Il prit une amure noire légère et résistante (son ancienne étant à moitié détruite), des vivres, de l´eau et c’est tout.
Allant à l´encontre de la prière du défunt, il partit de Sakai à pied, non pas pour se sauver… mais pour pouvoir venger le peuple de Sakai
Peut importe les dangers qu’il courrait. Il était maintenant plus déterminé que jamais. Ayant désormais un seul but en tête : Eliminer une bonne fois pour toute les Genmas ! ! !
Cette ombre qui se tenait devant la porte était bien intrigante. Elle observait tout ce qui se passait d’un œil alerte, avec une grande attention. Cependant elle avait l’air essoufflé, comme si elle venait de fuir le diable… Se tenant dans la lumière du jour Hideyori eu du mal à la regarder, mais il dû vite retourner à la réalité du champ de bataille et se relever en roulant pour éviter de justesse un coup qui lui égratigna le cou. Voyant qu’Hideyori était sonné de sa chute, Kratos et Ako vinrent vite à son côté pour le soutenir car à ce rythme il n’allait pas faire long feu, comme le groupe d’ailleurs ! Les ninjas n’en finissait plus de venir, commençant à narguer à tour de rôle nos trois héros, en se mettant à sautiller sur place et à s’impatienter de la lenteur du combat. Ako se mit alors trembler, et commença à psalmodier un chant comme pour rassurer ce trio qui sentait monter la peur dans le ventre, la sueur descendre du front et les jambes vaciller.
« - Ako, dit Hideyori, si tu as vraiment des pouvoirs pouvant nous sortir de situations périlleuses il serait vraiment temps de les utiliser !
-Franchement tu crois pas que si je pouvais faire quelque chose contre ces démons je l’aurais fais ?! »
Alors que la peur se ressentait aisément dans leurs paroles, l’homme ninja semblait se délecter de tout son être de ces instants critiques de péril, de ces moments où l’on sentait la barrière entre la vie et la mort plus maigre que jamais, se réjouissant de cet instant suprême où la Mort était obligé de frapper… Arborant un regard vicieux et un tantinet moqueur mêlé à une haine presque palpable, il daigna parler pour adresser un adieu –plus pour son amour propre qu’autre chose- à ses cibles qu’il tenait en joug grâce à ses sbires :
« -Eh bien héritier du feu - Hideyoshi Toyotomi, il semblerait donc que ta fin soit enfin arrivée, preuve de ta faibles…
-Faiblesse ? Parce que toi tu es plus fort en restant patiemment sur le côté du combat en attendant de venir cueillir les têtes des perdants ? »
Pour la première fois, l’ombre immobile devant la porte venait de parler, et il semblait que c’était un homme qui ne semblait pas avoir peur de quelconques sortes de représailles…
Contrarié mais pas irrité par ces paroles, le Chef des ninjas démons ordonna la mort « immédiate » et « très pénible » de l’intrus, mais c’était sans compter Ako qui profita de ce moment pour…
« -HIDEYORI, KRATOS, PROTEGEZ VOS YEUX !! ! »
…Exécuter une magie qui aveugla quiconque avait les yeux ouverts. Profitant de ce moment de faiblesse de l’ennemi, l’Ange pris son épée pour trancher d’un seul coup circulaire tous les Genmas sur son sillon tandis qu’Hideyori fonça vers le Chef des démons pour régler ses comptes avec lui. Poussant des cris instinctifs, le jeune samouraï se rua au fond de la salle en tuant tout sur son passage pour finalement sortir Kûden devant son ennemi qui commençait à se remettre de sa cécité…
« - Toi, qui que tu soit je te tuerais, rien que pour le fait de t’être allié à ces monstres qui ont ravagé tout le château… »
Le ciel commença à s’assombrir, les éclairs se mirent à frapper le sol, une pluie diluvienne tomba sur cette ville ravagée par les flammes tandis que Kratos s’en donnait à cœur joie pour déchiqueter à tour de rôle des ennemis aveugles qui ne prenaient même plus la peine de bouger, quand d’un coup l’inconnu cria :
«- STOP ! Si tu continues à invoquer les éléments, tu l’attireras par ici !
-Attirer qui par ici ? répondit Ako qui vint à côté de l’homme qui semblai légèrement différent aux autres japonais.
- Attirer… »
Il n’en fallut pas plus pour qu’avec un puissant cri résonnant dans toute la ville, sorte du sol de la bâtisse un gigantesque démon à l’allure d’un être bleu grisonnant difforme sans visage, avec d’imposantes jambes faisant trois fois Kratos, de grandes épaules présentant une asymétrie pour celle de droite, d’immenses bras ressemblant à des tentacules géantes avec une griffe au bout de chacune d’elles, et pour conclure le tout disposant d’un œil dans une bouche elle-même rattaché à des mandibules en os ensanglantés sur le ventre…
« … C’en est fini de nous désormais, rien de peut arrêter ce démon des abysses maintenant qu’il est réveillé… » dit désespérément l’inconnu aux côtés d’Ako…
«- Mais, mais je te reconnais maintenant ! C’est toi que nous cherchions pendant tout ce temps! L’homme venu du proche Ouest, Zha…
- Ce n’est plus vraiment le moment pour faire les présentations, si nous ne partons pas de suite alors nous serons condamné !… »
Le Chef des ninjas défigura Hideyori qui était terrifié par l’immonde créature qui se dressait sur les ruines des statues des anciens dieux, tandis que l’Ange noir vint prendre l’héritier des Toyotomi avant qu’il ne se fasse tuer par la Bête.
« Les hommes sont d’une faiblesse incompréhensible, même en possédant des armes venant des tout puissants Oni… Tu m’écoeure Hideyori, bientôt tu verras que tu seras obligé de me léguer Kûden et Igraa.» dit le Chef des feu démons, juste avant de disparaître comme il était apparu…
Désormais il ne restait plus que le Trio accompagné de l’inconnu face au monstrueux Géant qui commençait à marcher vers eux… A ce moment ci nos héros se trouvaient à la sortie de la bâtisse, courants du mieux qu’ils le pouvaient. Chacun des pas du Monstre étaient accompagnés d’un bruit sourd et lourd, le sol s’ébranlait face à un tel colosse des profondeurs, et s’ils ne fuyaient pas vite de la ville nos héros allaient mourir écrasé tôt ou tard…
«- Comment un truc du genre peut exister ! Jamais je n’avais entendu parler d’un démon disposant d’une telle carrure! , dit Ako. Comment ça se fait que tu aies l’air de connaître cette chose ! Demanda Ako à l’étranger.
- On va dire que j’ai déjà rencontré, mais qu’il n’a pas changé… »
Ce qui se passa après fut très étrange ; dès que l’inconnu fini de parler, ce fut comme si le Monstre l’avait reconnu dans un éclair de lucidité, s’il en possédait une. D’un coup le monstre déchaîna sa fureur sur une maison voisine et arracha avec une facilité déconcertante son toit pour le jeter sur les survivants !
« Ca sent le roussi, sautez dans les ruines à droite ! » cria Hideyori, et il s’en fallut de peu pour qu’ils n’atteignent pas cette maison qui allait encaisser le reste du toit à leur place. A peine ils furent à l’intérieur que le trou qui servait de porte fut littéralement détruit de part et d’autre par toutes sortes de débris qui provenaient du toit lancé. Nos héros furent projetés quelque mètres plus loin, et commencèrent à se rendre compte que même la fuite allait leur être impossible:
Ils devaient affronter ce démon…
Mais l’étranger n’était pas dupe et avait comprit que la Bête n’en avait qu’après lui. C’est pourquoi il se releva avant les autres et, en sortant une arme aussi grande que son corps si ce n’est plus, défia du regard le monstre. Seul le chant du vent passant par le village détruit résonnait dans cet endroit, repoussant au passage la pluie qui affaiblissait petit à petit les flammes surgissant de partout. Si le combat ne se faisait pas physiquement, il se faisait néanmoins spirituellement. Le regard du Monstre frappait l’inconnu, tandis que le regarde de ce dernier opposait une résistance presque palpable face à cette Créature. Aussi bizarre que cela puisse paraître, le Monstre dévia son regard, puis partit comme il était venu en tournant le dos à nos héros, qui eux n’en revenaient pas du tout. Etonnée par l’enchaînement intensif des évènements, Ako se questionna elle-même :
« -Est-ce que c’est… Fini?
- Il semblerait… » Répondit Kratos, surpris mais ne le montrant pas autant que les autres.
Hideyori se demandait comment un Monstre qui voulait les tuer il n’y a pas deux secondes pouvait aussi vite renoncer à leur meurtre, et posa quelques questions au nouveau venu.
« Quel est ton nom ? D’où viens tu, et qu’as-tu fais pour te mettre au dos une telle créature ?
- Mon nom… Un souvenir si lointain… Je n’en ai plus besoin, de nos jours il y a d’autres préoccupations plus importantes que de se trouver un nom… Je viens d’une autre terre se trouvant à l’Ouest, où une simple parole peut déclancher une boucherie totale sur le champ de guerre… »
La pluie revint à ce moment, et après un court silence l’inconnu reprit sa réponse. « Appelez moi Bun’En Sen si le cœur vous en dit. ». Ako était un peu dérangée car elle savait que ce nom n’était qu’une traduction, une sorte de pseudonyme que prenait cet homme pour masquer ces véritables origines chinoises. Son vrai nom était Zhang Liao Bu, mais il l’avait traduit mot pour mot en japonais pour peut-être moins se faire remarquer. Elle prit la parole et dit :
« -Hideyori, voici l’homme que nous devions aller chercher à Osaka, l’étranger venu d’une autre ère car les Genmas l’enleva de son époque.
- Attends, tu as bien dis, « d’une autre ère » ?
- Oui, je sais que c’est assez compliqué mais… »
Et Ako expliqua à Hideyori et à Kratos comment Sen s’est retrouvé dans l’ère Keichi, pendant que le groupe se dirigeait vers la sortie de la ville. Après avoir fini son discours, Ako voulait demander à Sen quelques détails en plus de ce qu’elle savait, comme l’Ange et Hideyori d’ailleurs, mais Sen avait l’esprit perturbé.
« - Qu’est-ce qui ne va pas Sen ?
-… ! Il n’a pas fui, il nous a pris par revers le fourbe !
- Mais qu’est-ce que… »
Et comme l’eut prédit Sen, le Géant ressortit de terre, mais cette fois ci avec l’œil en sang… Il tremblait, souffrait de tout son corps en se tordant de douleur, en courbant la tête ou encore même en mettant ses tentacules sur son dos, jusqu’à ce que de cette partie du corps sorte un énorme morceau de chair vivant ressemblant à une nébuleuse de sang, comme une deuxième entité dans le Monstre voulant sortir de ce dernier pour acquérir la liberté…
Cependant dans un sursaut de courage, Hideyori sortit Kûden et commença à utiliser le pouvoir qu’elle renfermait… «Quel que soit l’ennemi que j’affronterai, et quelle que soit sa taille, il ne pourra rien face à la puissance des Oni renfermée dans cette arme… KUDEN, CELESTE POURFENDEUSE DE DEMONS, DECHAINE TA PUISSANCE !! !! »
Et alors qu’Hideyori libérait la puissance de son arme, Kratos lui eut à nouveau cette sensation étrange qu’il eut lors du combat contre le dragon à Sakai. « Huaaargh, haaa, haa, ha, qu’est-ce qui m’arrive… ? Huaaaaaargh, haaaaaaa !! !! » et d’un coup son arme reprit la couleur dorée qu’elle avait arborée précédemment.
Mais le chinois lui observa attentivement la Créature, ou plutôt ce qui se trouvait derrière : la chance avait tourner en leur faveur !
« -Kratos ! Regarde derrière le monstre !
Tournant lentement la tête, Kratos comprit immédiatement l’idée de Sen…
- Je vois, le monstre a ouvert la voie vers la réserve de poudre… Ako, pourrais tu…
- Si c’est d’un feu que vous avez besoin, je vous le procurerais !
- Allons-y !! ! »
Et de ce pas l’Ange, l’Etranger et Ako allèrent tous trois droit derrière le monstre pour aller faire exploser tout le stock de poudre sur le monstre !
Hideyori quant à lui était donc face au Géant des abysses, tendant vers lui une Kûden dégageant une aura ténébreuse comme jamais. Le ciel s’assombrissait de plus en plus, le vent se mit à se déchaîner violemment accompagné d’une pluie plus forte que jamais qui commençait à éteindre les incendies qui avaient ravagés la ville. Ce fut le Monstre qui fit le premier pas mais il fut très vite déconcentrer par celui qu’il haïssait tant : Bun’En Sen… En le voyant passer, il perdit le peu de raison qu’il avait et commença à le suivre bêtement, il pensait pouvoir l’écraser facilement, rapidement en découdre avec lui, enfin récupérer ce qu’il avait perdu ! Mais il oublia trop vite son véritable adversaire, le disciple de Yumemaru, qui avait déjà lancé la Foudre sur lui… La dernière chose qu’il vit avant de perdre connaissance était son trésor, en train de partir entre les mains du chinois.
« - Ako ! Prépare toi !c ria Kratos.
- C’est bon je suis prête !
- Finissons en avec toi, Géant des tréfonds… »
En finissant sa phrase, Sen venait de placer le dernier sac de poudre à feu d’artifice à côté du monstre. Chaque membre du groupe partit se mettre aussi tôt sur le côté ayant accompli sa tâche, et quand ils furent assez éloigné, Ako se mit à psalmodier une incantation, et…
« Que les flammes divines des Dragons Antiques renvoient ce monstre en Enfer ! »
… lança le sort sur les poudres.
La lumière réapparut, et le groupe quitta la ville fantôme en y laissant la dépouille d’un géant calciné.
Elle vibrait encore dans la paume de sa main. La cloche. Celle qui représentait un espoir devant tous leurs assaillants. L’ange et le Chinois pressant la hampe de leur arme respective face aux innombrables ninja qui venaient de leur tendre une embuscade.
- Merci la gente demoiselle encapuchonnée, un piège !
Un des adversaires se démarqua du lot et convergea dans l’espoir de ne pas engager une courte bataille sanglante :
- Guerriers, si vous avez suivi cette route, c’est que vous avez bien fait. L’homme que vous espériez retrouver n’est pas au rendez-vous, mais cette femme ne vous a pas menti…
- Qui êtes vous ? grogna Kratos en écartant ses ailes.
- Oh…Merveilleuse créature…Des plumes parfaitement alignées, un ossement fluide et proportionné, une envergure imposante, des formes qui caractérisent une développement constant, une couleur noire pour une singularité foudroyante…Et…quelle déception, un Chinois…Mon nom suscite déjà énormément de questions, permettez-moi de vous laisser douter, construire diverses théories ou rumeurs. Faites donc converger vos cerveaux.
- Que voulez-vous ?
Je dois répondre à des ordres, le premier est de ne pas vous tuer, l’autre de vous subtiliser Kûden. Néanmoins, je ferais plutôt ça dans la douceur car celle-ci me plaît d’avantage. A vous de choisir, préférez la collaboration, sous peine d’être brusqués par la trentaine vous entourant…
- Nous ne l’avons pas…
Il ricana en secouant la tête, désespéré, gardant son calme et sa patience.
- Calomnie. Ne nous battons pas, cette arme nous l’utiliserons un intérêt salutaire pour vous.
- Très bien, fouillez-nous alors. proposa Sen en dressant ses bras en l’air.
- J’entends comme un vague murmure, ce n’est pas parce que vous ne l’avez pas que vous ne savez pas où elle est…Un poids repose sur vous, celui d’une quête sans pareille, accordez-nous cette lance et vous n’aurez qu’à repartir. Acquittez-vous d’un espoir déchu. Le travail, nous nous le réservons.
- Préférez la fuite. siffla le colosse des cieux, le bras leste.
- Nous ne fuirons en Enfer qu’après notre mort. termina le chef en ordonnant à quelques-uns de ses hommes d’attaquer.
Tous se positionnèrent mais Kratos envoya de fortes bourrasques de vent pour les déstabiliser, il vint même frapper l’un d’eux qui fut éjecté sur un mur en pierre. Sen contrait les projectiles dans de voluptueux mouvement circulaires. Mais très vite, des lassos strangulèrent les plumes de l’ange qui se débattait sauvagement, alors Sen se retrouva avec moult griffes sous le menton, prêtes à s’enfoncer au moindre geste brusque.
- Si vraiment vous ne voulez pas m’avouer, je n’aurais qu’à claquer du doigt et vos tripes fumantes goutteront sur le sol. Un ordre est un ordre, seulement je peux en faire abstraction et faire usage de fausses excuses auprès de mon supérieur.
Soudain, un flash surplomba la zone qui s’éclaircit d’une lumière éblouissante, tout le monde fut étourdi sauf le guerrier libérateur qui transperça ses adversaires sans retenue. Hideyori et Ako étaient enfin là.
- Hmpf… fit le chef. Je ferais bien de m’immuniser contre ce stupide sort que tu me tends à chaque fois ! Soupira le Ninja. Quoi , Kûden ? Te voilà, toi qui ne cesse de m’échapper, perfide hériter des Toyotomi qui veut jouer dans la cour des grands !
Seul, ce chef sauta dans les airs à une hauteur remarquable en sortant ses griffes et fit voler la terre en éclat après l’esquive d’Hideyori.
- Ne me résiste pas ! Décélère donc tes mouvements et laisse-moi te porter un seul coup fatal !
S’apprêtant à une nouvelle offensive, un kunaï lui effleura la jambe et il s’arrêta aussitôt.
- Pourquoi me rappelles-tu maintenant ? Notre objectif est devant nous ! Je l’ai, je peux le tuer !
Un shuriken cette fois-ci, plus menaçant, saigna son genou.
- Très bien…C’est la dernière fois que je t’accorde cette faveur…Dispersez-vous dans l’ombre !
Le groupe partit dans toutes les directions en une poignée de secondes et l’on entendit plus que les corbeaux volant dans la nuit.
- Fallait-il s’en douter ? souffla Sen qui continuait à regarder autour de lui. Un simple piège !
- Nous sommes fixés maintenant… répondit Ako en joignant ses mains.
- J’ai trouvé ça à l’intérieur du bateau, et je suis sûr que c’est cette femme qui a rappelé ce ninja à l’ordre. Il faut la rencontrer de nouveau, elle pourra nous apprendre certaines choses… proposa l’orphelin du groupe en tendant le document.
- C’est risqué…
- Que faire d’autre ?
- Sauvons-nous d’ici pour commencer, nous verrons par la suite.
Ensemble, sous une lune rarement aussi belle, ils s’en allèrent vers le nord, dans un halo d’espoir pour trouver d’autres indices…
Lors d’une escapade à contre cœur et réfugié dans leurs navires. Les ninja, plongés dans la méditation, repartirent bredouille et sans la récompense tant attendue. Dans une des cabines conversaient un homme et une femme, tous deux le visage immaculé à cause de la fatigue et de la déception. Le chef et la dame encapuchonnée.
- Nous avons failli. fit l’homme en premier.
- Il nous reste encore des alternatives.
- Mais tant qu’ils progressent en possession de la lance, nos chemins s’efforcent à se croiser. Et nous perdons du temps. S’ils apprenaient son utilité… elle est sacrée…Ce serait trop te demander que de leur infliger une mort brève, la moins douloureuse possible ? s’énerva-t-il en se retournant vers elle.
La femme fit vrombir sa cape comme pour le calmer et l’interrompre dans ses propos.
- Ils combattent pour la même chose que nous. Je lie mon Destin au leur car notre but est commun.
- Pas totalement. Et s’ils échouent, s’ils se font subtiliser Kûden, si les Genma s’en emparent et…tu connais la suite !
- Penses-tu qu’ils sont en réel danger avec de tels atouts ?
- Décidemment, je te pensais moins sentimentale, moins névrosée…Tu omets le fait qu’ils n’ont aucune expérience…Serait-ce, Serait-ce à cause de tes antécédents ?
- Que veux-tu dire par là ? questionna-t-elle, menaçante.
- Je sais que tu as combattu avec elle…Ako, ton ancienne équipe, la nostalgie t’emprisonnes, sois plus simpliste et ne dupliques pas tes émotions !
- …
- Oui, je crois avoir trouvé. A vrai dire je m’en doutais depuis fort longtemps…
Ils poursuivirent la jeune fille, qui n’était pas une proie facile : elle était rapide, futée et trouvait toujours un obstacle à mettre sur leur route, ou un endroit où se dissimuler pour ensuite repartir en courant. Mais Nara était une ancienne capitale et elle avait gardé néanmoins ses petites ruelles et ses impasses. C’est d’ailleurs là qu’ils arrivèrent à la coincer.
Elle tenta d’escalader le mur en face d’eux pour s’enfuir, mais elle n’y arriva pas. Elle se retourna, lançant un regard plein de menaces à quiconque l’attaquerait. Ils purent voir de plus près d’où venait cette légèreté que nos combattants n’avaient pas. Ils se rappelèrent que la rapidité ne venait pas seulement de la taille et du poids, mais aussi de ce que porte la personne. Contrairement aux vêtements lourds de nos guerriers, leurs armures, leurs armes, elle n’avait qu’un justaucorps léger et une longue veste, les bottes larges qui arrivaient juste au dessus de la cheville et des bas qui atteignaient presque le justaucorps. Elle portait également un magnifique katana à la ceinture. Mais cette rapidité légère était sûrement due également à l’expérience qu’ont les voleurs.
« Rends nous notre argent, voleuse. Lança Hideyori.
- Premièrement, mon nom n’est pas "voleuse" mais Yahouran. Deuxièmement, ce n’est pas dans mes habitudes de rendre ce que je vole à leurs propriétaires. Si tu tenais tant à cet argent, tu y aurais fait plus attention.» Répliqua-t-elle.
Ako fut frappée par ce nom : Yahouran… La fille de son rêve. « Rends nous cet argent tout de suite ou tu vas regretter de ne pas l’avoir fait plus tôt ! Fit Ako, dont les propos surprirent nos guerriers.
- Si vous me parlez de combat, alors je vous préviens : je manie le katana depuis que j’ai douze ans. Je ne serai pas un adversaire facile.
- Attaquez-la ensemble. » Fit Ako, de plus en plus surprenante.
La vérité, c’était que Ako avait compris que la jeune fille était une menace pour le groupe, et en déduisit que c’était pour ça qu’elle avait rêvé de cette scène : elle devait empêcher cette voleuse de nuire au groupe. Mais ce rêve, d’après ce qu’elle en avait compris, était plus symbolique qu’autre chose, probablement que la plupart des faits qu’elle avait rêvés n’étaient pas vrais. Par exemple, elle ne portait pas les mêmes vêtements que dans son rêve.
Hideyori et Kratos allaient obéir à Ako quand Sen intervint dans leur discussion. «Non, attendez. Fit il.
- Pourquoi ? Demandèrent Kratos et Hideyori en même temps.
- Je me charge de ce combat. Dit il.
- Tu as entendu Ako ? On doit l’attaquer ensembles ! Fit Hideyori.
- Je te dis que je m’en charge ! Je suis habitué à ce genre de combats… C’était pareil chez moi. » Il prononça cette dernière phrase avec un soupçon de nostalgie dans sa voix.
Une petite escarmouche de paroles s’engagea entre Hideyori et Sen. L’un disait qu’il fallait suivre les conseils de Ako, l’autre disait qu’il était capable de s’en sortir seul. Pendant ce temps, Kratos attendait, bras croisé, ne sachant pas si l’un ou l’autre finirait par céder. Il en profita pour observer la jeune voleuse. Il fut surpris de la voir rengainer, puis de s’asseoir en tailleur à même le sol, dessinant sur le sable de la ruelle, telle un enfant qui s’impatientait. Et ce fut ce qui le surprit le plus : comparer une voleuse avec un enfant !? Kratos soupira d’une lassitude qui se voulait claire. « Les humains sont vraiment faibles, ils s’énervent sans même comprendre pourquoi ! » pensa-t-il. Mais après réflexions, il finit par conclure : «Finalement, ils ressemblent un peu aux anges…» mais, malgré tout, Sen et Hideyori restaient là à se quereller sur un sujet qui pouvait facilement se traiter et ça énervait Kratos. Il se demanda s’il devait ou non intervenir. Allait-il prendre part à la querelle ou rester neutre ? Il attendit un peu, évitant de s´énerver pour un sujet qui n´en valait pas réellement la peine et qui en plus risquait de laisser s´échapper la jeune fille. « Bon, vous vous décidez ou on attend qu´elle soit partie pour l´attaquer ? » avait-il alors envoyé avec un énervement soudain qui ne lui arrivait que rarement. Les deux guerriers s´étaient alors retournés pour voir Kratos, énervé. « Je propose que Sen tente sa chance dans ce combat, et s´il échoue, on attaque la voleuse. » termina-il. Ils se regardèrent et acquiescèrent. Hideyori laissa Sen "tenter sa chance" sans broncher.
La jeune voleuse se releva d´un bond, un sourire plein de malice aux lèvres. «Ainsi, tu seras mon adversaire ? Je sens que je ne vais pas m´ennuyer !
- Je ne me bats pas pour le plaisir, gamine, mais pour récupérer ce que tu as volé. Répliqua Sen.
- Tu vas regretter ce que tu viens de dire, guerrier, et tu comprendras vite que la gamine que tu as devant toi est plus puissante qu’on ne le pense. (Personne dans le groupe ne comprit pourquoi elle s’était énervée à propos de l’appellation “gamine”, car c’est ce qu’elle était.)
- Je ne doute pas de ta puissance. Après tout, d´où je viens, être fort dès le plus jeune âge est vital pour espérer atteindre le coucher du soleil.
- Tu parles toujours autant quand tu te bats ? Railla la jeune fille.
- Et toi ? » Renvoya-t-il sans changer de ton.
Kratos fut amusé à voir ces deux individus, tous deux méprisés des japonais, se renvoyer la balle. Mais le combat commença et il n’eut plus le temps de penser à cette ironie cocasse qu’était celle que deux personnes se battent alors qu’ils avaient connu le même dédain que les autres éprouvaient contre eux.
Sen commença gentiment le duel, d’après les yeux de l’ange. En effet, il débuta le combat par un passage rapide sur la droite dans le but de trouver comment briser littéralement la défense de la jeune voleuse, mais il fit une attaque à petits dommages, qui fut rapidement esquivée par la jeune fille qui n’était pas dupe. Elle fit un saut léger, atterrit sur la hallebarde et attaqua sans grande méchanceté d’un coup de sabre latéral que Sen esquiva en donnant à son tour un coup circulaire dans le but de déséquilibrer son adversaire – mais surtout pour la faire tomber de la hallebarde qui pouvait se briser à tout instant. Mais en tant que voleuse agile, elle se laissa tomber puis roula au sol pour se retrouver deux mètre plus loin, debout, son sabre en garde. Elle ne laissa pas le temps à Sen de se remettre en défense, elle courut dans sa direction. Mais au moment d’attaquer, elle fit un salto avant tout en donnant un coup de sabre. Il recula un peu, les yeux plissés par la lumière qui se reflétait dans la lame argentée du katana. Il para de justesse car il avait du mal à voir quoi que ce soit, mais la riposte faillit lui coûter sa hallebarde, dont le métal résistait difficilement depuis le combat contre le général genma.
Constatant que son arme allait bientôt se disloquer, Sen prit l´initiative de la mettre hors d´atteinte: il fit un pas en arrière puis se mit dans une position de combat inconnue aux guerriers en présence, puis plaqua son hallebarde dans la main gauche tandis qu´il brandissait sa main droite en avant, les doigts dans l’axe de la main. Bien qu´un peu surprise de cette position insolite, elle attaqua d´un tsuki au ventre qui fut paré avec rapidité par Sen d´un coup rotatoire de hallebarde. A partir de cet instant, le combat fut parfaitement différent : on voyait que, d´un côté comme de l´autre, les deux adversaires ne se faisaient plus de cadeaux. La voleuse, qui semblait au début s´impatienter de la lenteur de ce combat, gagnait de plus en plus en agilité au fur et à mesure que ce combat s´éternisait et Sen libérait de plus en plus sa puissance pour suivre le rythme ascendant de la jeune fille.
Alors que l´adolescente semblait manier de mieux en mieux l´épée, Sen lui s´évertuait à esquiver les coups tranchant de la lame affûtée pour contre attaquer avec des coups faibles mais souples et précis. L’élégante agilité de la voleuse était déchirée par des “Kiai” (cris/souffle/impulsion qui libère la puissance) perçants et qui montraient bien qu’elle désirait en finir rapidement avec ce combat.
Le combat était si rapide que Sen commençait à perdre ses repères. La vitesse à laquelle ils se battaient était impossible à quantifier. Les secondes progressaient si vite que le guerrier ne les sentait plus passer. Il se battait avec une telle célérité qu´il ne savait pas réellement comment il s´y prenait. Parer, esquiver, attaquer. Son adversaire semblait fatiguer un tantinet. Parer, esquiver, attaquer. Lui, en revanche, gagnait peu à peu en énergie. Parer, esquiver, attaquer. Ce combat était mémorable. Parer, esquiver, attaquer. Depuis quand ne s´était-il pas battu comme ça ? Avec un adversaire à la rapidité manquant presque d´humanité. Parer, esquiver, attaquer. Alors il sentit que la situation allait déraper. Il attaqua en pique avec sa hallebarde, il ne se rappela pas qu´elle risquait à tout moment de se briser. Quand l´adolescente le vit attaquer, elle n´eut pas le temps d´esquiver, la seule chose qu´il lui était encore possible de faire c´était de dévier le coup. Elle donna un grand coup horizontal dans le but de sauver sa peau avant la fin... Mais ce qui devait arriver arriva : la lance se brisa, Sen n´eut pas le temps de s´arrêter, la hallebarde se brisa en deux envoyant fuser la lame dans une clôture en bois, mais le manche en métal fur coupé en pieu...Et alla s´enfoncer dans les côtes de la jeune guerrière. Sen lâcha ce qui restait de la hallebarde, l´adolescente chancela un peu avant de tomber lourdement à genoux, puis sur le côté, elle perdit connaissance au milieu de cette ruelle froide, seulement occupée par trois guerriers et une petite fille, attendant que la mort passe pour la cueillir comme on cueille une rose... Une belle rose rouge...
Sen ne réussit pas à bouger pendant un certain temps, tétanisé par ce qu’il venait de faire. Il venait de blesser, sans se contrôler, une adolescente qui était à présent à terre. Il avait honte de lui, d’avoir blessé une jeune fille qui était plus faible que lui. « On doit la soigner… Fit il.
- Quoi ? Fit Ako. Tu plaisantes, j’espère ?
- Je suis parfaitement sérieux. Je vais trouver quelqu´un pour la soigner.
- Non ! On doit la laisser là… Elle peut très bien rester là… Dit elle.
- On ne peut pas laisser une gamine ici, en train de se vider de son sang !
- Quelqu´un passera sûrement et s’occupera d’elle. Fit elle
- Et si personne ne passe ? Elle mourra alors, et par ma faute ! Lança Sen.
- Confie-là à quelqu´un qui n’ait pas peur d’elle et on repart. » Termina Ako d’un ton si impérieux que cela en était effrayant.
Sen ne répondit rien, mais ne savait que faire. Il savait qu’il ne pouvait pas laisser quelqu´un qu’il venait de blesser… Mais il ne voulait pas que Ako s’énerve, car il avait compris qu’une fille si calme ne s’énervait pas pour rien… Elle voyait en la jeune voleuse quelque chose qui le dépassait. S’il soignait la voleuse, Ako s’énerverait et ce qu’elle avait vu, qu’il ignorait et qui semblait tant faire peur à la tengu, aurait lieu. Mais s’il confiait la voleuse à n’importe qui - si tenté que quelqu´un l’accepte étant donné qu’elle ne semblait pas tenir une grande importance dans l’estime des gens – il serait rongé par la culpabilité, sachant son honneur corrompu par cet acte dont il aurait ignoré les conséquences. Surtout que les répercussions n’étaient pas superficielles : une jeune fille, une gamine, une adolescente, blessée par sa main.
Il lança un regard sur ce qui risquait d’être l’élément de sa honte et de son déclin. Il s’arrêta sur sa chevelure rouge vif et se rappela son regard de feu lorsqu’elle attaquait. Et une phrase le frappa comme une enclume qui serait tombée sur lui, il oscilla du regard et se rappela alors, cette phrase qu’il dit à haute voix. « Si dans votre quête vous croisez une jeune fille avec des yeux et cheveux rouges dans un village, prenez la avec vous, elle vous sera indispensable pour votre combat… Répliqua-t-il.
- Comment ? Demanda Ako. Qu’est-ce que tu as dit ?
- C’est ce que m’a dit mot pour mot le bonze Indra avant que je m’en aille. Et je crois me souvenir que tu as dit à Hideyori qu’elle avait les yeux les cheveux rouges. Fit il.
- Non… Ce n’est pas… Possible… Il doit y avoir erreur sur la personne. Ca ne peut pas être elle. Balbutia Ako.
- Je ne pense pas que l’on trouve sur notre chemin des centaines d’autres jeunes filles aux yeux et aux cheveux rouges… A moins qu’il n’y en ait beaucoup au Japon, et qu’elles soient toutes des guerrières émérites. Trancha Sen.
- Très bien, soupira la jeune tengu, puisque c’est le bonze Indra qui l’a dit… Mais sachez que je n’ai pas encore décidé si elle allait ou non nous rejoindre. Maintenant, trouvons un endroit où la soigner.
- …Quelque part où la soigner, je veux bien, mais vous oubliez un détail… Lança Kratos qui s’était fait silencieux depuis un certain temps.
- Lequel ? Firent Ako et Sen en même temps.
- On doit trouver où la soigner mais aussi qui la soignera… » Acheva l’ange d’un air morne.
Ainsi récupérant l’argent de la bourse volée, ils allèrent payer l’aubergiste et louèrent une charrette dans laquelle ils mirent la blessée, qui ne s’était toujours pas réveillée. Puis ils se mirent en quête d’un médecin pour soigner la jeune fille. Elle ne perdait pas énormément de sang car le manche de l´hallebarde, toujours dans la blessure auquel personne n’avait osé toucher, retenait le flot du précieux liquide. En demandant à plusieurs personnes, et en ne précisant pas à qui était destiné ces soins, ils finirent par obtenir, d’une source dont la fiabilité était moindre, un racontar qui vantait l’existence d’une maison abandonnée en retrait de la ville. La source en question leur indiqua également l’adresse d’un médecin. Etant donné que le médecin avait été mentionné plusieurs fois par d’autres personnes, ils crurent également à l’existence de la maison. Pendant que Ako et Hideyori allèrent voir le médecin pour le faire venir à l’endroit prévu, Sen et Kratos allèrent vérifier l’existence de la maison, la charrette avec eux.
La maison était bien là, mais ce n’était pas ce à quoi ils s’attendaient. Le mot “maison” était en fait un abus de vocabulaire de la part de leur source, au lieu d’une vraie maison en dur, comme il y en avait dans la ville, il n’y avait qu’une masure, où nos cinq héros tiendraient facilement, mais en comptant le médecin, ce serait probablement trop juste. Ils entrèrent dans la cabane, voyant quelques meubles rudimentaires, une table, une chaise de bois grossier. Seul le lit de paille semblait être confortable. Mais il était facile à comprendre que cette habitation n’était que pour les voyageurs qui voulaient s’arrêter là et profiter d’un lieu au calme avant de reprendre la route. Ils installèrent la jeune fille sur le lit de paille et attendirent l’arrivée de Ako, Hideyori et du médecin. L’un assis sur la chaise, l’autre contre la cloison. « Dites moi, Sen… Commença Kratos.
- Pourquoi je tenais tant à combattre cette voleuse, puis à la soigner ? Acheva Sen.
- Oui… J’aimerais comprendre les raisons qui vous ont poussé à faire la charité à une fille qui nous avait volé notre argent. Fit l’ange.
- Qui te parle de charité ? Je n’ai fait que suivre mon instinct de guerrier.
- Allons, Sen, ne mentez pas ! J’ai vu votre combat, vous faisiez des coups faciles à esquiver, et si vous ne vous étiez pas réveillé à temps, elle aurait même pu l’emporter, et vous seriez à sa place sur ce lit de paille.
- Tu aimerais donc savoir ce qui m’a poussé à faire preuve de gentillesse lors du combat ?
- Oui. Enfin… Jusqu’à ce que vous l’ayez littéralement transpercé.
- Eh bien en fait, je ne juge pas utile de t’en parler à toi, ni à personne. Ce sont mes raisons qui m’ont poussé à faire mes actes et je ne veux pas en faire part. »
Suffisamment éloignées mais dangereusement pédestres, ces troupes ne pouvaient être que de passage. Le repère des Tengu, comme le nommait Ako, perdu dans un bosquet de sols pleureurs aux branches s’évanouissant dans les marais mortels bien que d’une limpidité attirante, n’avait jamais été décelé. Et ce village, simple concentré de pêcheurs campagnards ne nécessitait pas un tel attroupement.
Bercé par un doux parfum salé en cette saison estivale, le groupe avança jusqu’aux abords d’une mer qui miroitait assidûment. Tous pacifiques, les résidents ne considéraient pas leurs assaillants futurs, si dépravés, si pernicieux, exhalant une odeur de sang pestilentielle et nauséabonde… à croire qu’ils les prenaient pour de simples êtres inoffensifs. Ces habitants, aux tissus délavés par leur dur labeur quotidien, semblaient l’allégorie de la paix et de la vie modeste.
- L’endroit est protégé par les Tengu, affirma Ako. Seuls les moines sont au courants de cette bénédiction, les paysans n’en savent rien, même les plus forts. Ils pensent être protégés par l’Ancien. Si un danger grouille à l’horizon, il sera écarté d‘une manière ou d‘une autre. Par les éléments, par la magie ou par la ruse.
- L’Ancien ? Questionna Sen.
- Oui, un très vieil homme apte à prendre des décisions sages et réfléchies.
- Et qui est-il ?
- La question n’est pas de savoir qui il est, mais s’il est encore… répondit-elle, la perplexité pesante.
Elle conduisit alors ses amis à la grand-place. Cet espace, le plus encombrant, sillonné par des pavés siliceux, était le seul endroit à ne pas être constitué de terre battue employée communément sur les étroits chemins empruntés jusqu’ici.
La nuit approchait, les Genma établirent un camp, l’on pouvait les entendre… audibles de vastes distances parcourue par leurs cris ravageurs. Leur méthode était simple ; positionnés non loin d’un secteur boisé, ils creusaient le sol et déracinaient les arbres avec des cordes ou en les détruisant eux-mêmes. Une fois rapidement assemblés, ils s’en servaient d’abris ou édifiaient quelques tours depuis lesquelles patrouillaient quelques pions ne dormant jamais. Un monstre n’a pas le droit de dormir, un monstre ne dort pas. Son but est la destruction, son but est la terreur, le sommeil lui est inconnu. Du haut de ces constructions s’élevaient plusieurs copeaux de fumées noires alimentées par les torches enflammées visibles à quelques centaines de mètres bien distinguées. Mais ces monstres ne craignaient rien…qui oserait les voir, qui oserait les regarder droit dans les yeux ? Personne…Ce feu signifiait « qu’importe votre force, nous ne connaissons pas la peur ». Et l’on s’obligeait à opter pour un autre itinéraire, pour un détour aussi immense soit-il…
Bien entendu, ce camp organisé servait à plusieurs reprises, même si quelques rebelles les brûlaient une fois leurs occupants partis. Pour se nourrir et se gorger de chair fraîche, ils exploraient les bois à la recherche d’animaux. Dissimulés derrière le fût d’un tronc ou d’un arbuste, la vue brouillonne mais leur odorat aiguisé par une finesse et précision indétrônable, quel gibier pouvait leur échapper…Quel gibier se débattait inutilement des maillons qui le renfermaient à son rôle de « gibier ». Mis à part l’évidence des humains dans de rares occasions, aucun.
Hideyori, intrigué par de nombreux hurlements cannibalesques (car l’envie de chasser ne leur bordaient pas constamment l’esprit), interrogea Ako, le regard perdu devant la maison de l’Ancien.
- Pourquoi n’ont-ils pas repéré le village ? C’est insensé…
- Tout n’est qu’illusion, ils sont persuadés de voir la mer. Un sort de mon clan, auquel toute autre race pure est immunisée…Cette magie ne s’exerce que sur une population méritante. Les ruses optiques sont notre spécialité.
- Et que fais t-on maintenant ? fit Yahouran qui prenait rarement parole.
- Nous allons voir l’Ancien pour coucher jusqu’à l’aube.
Ils allèrent alors à l’encontre de cet individu en surmontant les quelques marches menant au balcon de la résidence qui demeurait la plus séduisante de toutes. L’Ange poussa délicatement les portes d’entrées et le dos d’un homme, méditant face à une table imprégnée d’encens leur fit face, les épaules carrées et une tresse lui caressant les ondulations de son dos.
- Que me vaut cette visite ?
Tous furent immédiatement surpris par le ton rincé de sa voix et de sa chevelure brune pareille au pelage d’une panthère. Ako ne reconnut pas l’homme qu’ils recherchaient.
- Nous voudrions voir l‘Ancien.
- L’Ancien… Il a fini par mourir, je suis sa succession. Mon nom est Jinnosuke.
- Je ne peux comprendre, vous n’avez qu’une vingtaine d’années, un homme aussi jeune que vous ne serait pas admit à la tête du village. D’autant plus que cette décision passe secrètement par le Conseil…
La petite fille au grand savoir parlait en fait d’un regroupement de Tengu qui formaient le Conseil de l’Ombre. Ensemble, il décidaient de leurs actions et s’entretenaient parfois avec les Oni. Leur plus grande mission était, jusqu’à présent, la réussite de Jacques Blanc l’occidental et de Hidemitsu Samanosuke Akechi 40 ans auparavant, face au tyrannique Nobunaga Oda, aujourd’hui enclin à revivre pour terrasser toute opposition manifeste.
Maladroite, elle avait néanmoins interrompu sa phrase car elle savait que ces connaissances ne pouvaient être partagées.
- Le Conseil ? De quel Conseil parles-tu ? Tu dois te tromper… Et mon histoire est assez particulière. Lorsque j’étais un peu plus jeune, il m’est arrivé une aventure hors du commun. Avec mon feu ami, Shiba, et un Oni très réputé pour son arrogance, j’ai été amené à sauver la fille d’un seigneur dans la chaîne de montagnes non loin du village. Suite à de rudes combats, j’ai été le seul à en être sorti vivant puis est venue la glorification de mon être. Peu de temps après, l’Ancien est tombé, ainsi tous les villageois m’ont désigné pour gouverner ici. Les prêtres de leur côté, n’arrivaient pas à s’entendre, j’ai l’impression qu’un groupe exerçait une pression sur eux pour qu’ils ne me laissent pas prendre la place de l’Ancien.
Tout s’expliquait. Les Tengu représentaient le groupe, eux refusaient qu’un jeune combattant comme lui prenne les rennes du village. Mais les prêtres, reconnaissant envers Jinnosuke pour avoir sauver la princesse hésitaient. Les villageois eux, avaient propulsé ce dernier au sommet sans broncher.
D’ordinaire, le gouverneur d’un village n’était pas une chose si importante, mais ce village en question abritait le repère sacré, ce qui faisait la différence.
- Mais nous reparlerons de ceci demain matin, s’il s’agit d’un endroit où dormir que vous cherchez, je vous invite à vous rendre chez l’aubergiste qui se trouve sur le flanc montagneux, en contrebas du temple des bonzes. Faites attention aux Genma en chemin…
Il se leva et saisit un lambeau gratifié de sa signature.
- Tenez, vous ne payerez pas en montrant ça une fois là-bas. Ne vous aventurez nulle part ailleurs que dans les alentours de nos rivages en attendant le départ des troupes maléfiques.
- Entendu, répliqua Ako. Nous serons attentifs.
Tous quittèrent alors la résidence en ayant sagement écouté les récits des deux seules personnes qui avaient parlé. Ils progressèrent silencieusement jusqu’à l’auberge en se cachant derrière diverses roches spongieuses qui insufflaient l’air marin. Une lanterne éclairait l’entrée de la grande maison et un troupeau de chèvres qui gambadaient encore à cette heure. Yahouran et sa lame les regardaient avec envie. Hideyori qui l’avait remarquée s’approcha d’elle et voulut lui poser la main sur l’épaule, sa réaction fut immédiate et elle faillit se disloquer la nuque en tournant la tête d’un geste brusque :
- Si je peux me permettre, fit le guerrier en retirant lentement son bras. Dis-toi bien qu’on ne touche qu’avec les yeux, ça t’aidera.
Amicalement, le jeune adulte se retira tandis que la voleuse baissait les yeux. A quelques pas l’un de l’autre, elle articula quelques mots.
- Que suis-je sans le vol…
- Moi-même je ne le sais pas, répondit-il. A toi d’y répondre.
Kratos pénétra le premier vers le comptoir, il faisait toujours bonne impression et inspirait la politesse.
Hormis le propriétaire, aucun voyageur n’occupait les lieux. Des tables sur lesquelles reposaient des poteries en sil s’alignaient jusqu’à l’escalier qui permettait de monter jusqu’aux deux uniques chambres. Il y avait néanmoins un balcon. Ako présenta le lambeau griffonné et l’aubergiste les incita aussitôt à prendre place. Il leur versa quelques boissons malgré le refus prononcé de tous. Ils se forcèrent à boire et à côtoyer l’ivresse de très près. Kratos engloutit sa dernière boisson tandis que Yahouran la regardait avec mépris, Hideyori s’y refusait et Sen la but en voilant son amertume. Le vieux serveur, très ouvert et accueillant ne lâchait pas un mot mais parlait avec son corps. Il effectuait de nombreux gestes, mouvements et se pliait sans arrêt aux guerriers alors que ceux-ci ne lui réclamaient pas la moindre chose. Cela montrait bien la puissance d’un bout de papier marqué par une personne dite plus importante que les autres. La société s’illustrait à travers cette soumission, à travers cet aubergiste qui se sentait coupable de rester inactif au lieu d’attendre sagement la commande. Un vieil homme aux os serrés par la peau qui s’étirait sous le manque de nourriture et à qui il faudrait une relève, pour une fin de vie meilleure. Mais qu’est-ce qu’un monde sans inégalité ? Ce n’est rien. Rien puisque c’est impossible.
Mais bien heureusement et contre toute attente, il resplendissait la joie de vivre car, comme tous les autres souffre-douleur de ces nobles couvert de babioles inutiles et onéreuses, il vénérait le plus cher cadeau de son être : la vie. Cette chose simple complexifiée par notre monde sur laquelle méditaient peu de personnes. Qui s’en rendait compte, au final qui se réjouissait de vivre… seuls quelques paysans comme celui-ci s’en délectaient. Une race inférieure comme l’Humanité ne tire pas profit de l’âme, mais cherche plutôt à valoriser la force de l’esprit. La vie, trop banal pour y penser. Les terres à conquérir, le pouvoir, la puissance, ces valeurs essentielles émanant de l’Homme trop importantes pour être omises. Aucune race n’est parfaite, mais certaines le sont plus que d’autres.
Poussés au besoin de reprendre un semblant de forces, les aventuriers prirent place dans une chambre commune où un par un, ils se servirent d’une bassine souffreteuse pour se décrasser de toutes leurs mésaventures. Il y avait là cinq lits aux draps plus ou moins pisseux, le bon chiffre. La pièce manquait de propreté, mais il en résultait probablement du manque d’entretien suite aux clients fantomatiques.
- Demain, nous irons au repère sacré, affirma Ako après une petite réunion. Ils trouveront une alternative pour notre quête.
- Ils ne nous voudront aucun mal ? lança Hideyori, méfiant.
- Non, je suis de leur clan, même s’ils vous paraîtront fermes. Cependant, ils savent énormément de choses et ce sont eux qui m’ont envoyé à Kyoto pour te sauver, et pour trouver Kratos, Sen, Yahouran et bientôt le dernier élu. Ils ne se déplacent jamais et ne vont sur le champ de bataille que dans de rares occasions. C’est une race spectatrice mais indispensable pour notre réussite. Ils préfèrent dissimuler leur savoir aux guerriers qu’ils pressentent comme Héros.
- Le Conseil de l’Ombre… intervint l’Ange Noir. Intéressant.
- Considérez-les comme les supérieurs des Humains, ils sont la race pure, plus purs que les Oni.
Puis, la Tengu qui ne semblait pourtant pas si parfaite malgré son statut alla se coucher, comme tous ses co-locataires. L’on disait que la nuit portait conseil, qu’elle était source de réflexion. Toutes les pensées se tournaient vers Kratos…L’oiseau du ciel, qui leur avait montrés un bien sombre passage où il fit route autrefois. Une bien mystérieuse cicatrice, ainsi que parfois, une transformation inquiétante qui le métamorphosait en « Ange Démoniaque ». Une opposition claire dont la réponse se dissimulait dans la pénombre de son passé. Et cette arme, Shippû, une double lame monstrueuse qui saignait follement n’importe quel ennemi. Une menace redoutée que Samanosuke récupéra en triomphant d’un démon, le même scénario se répétait pour Kratos…Comment Sephir se l’était procurée, même Ako qui se posait éternellement la question n’en savait rien. Est-ce que cette pourfendeuse d’âmes infernales allait consumer son possesseur, est-ce qu’elle allait le pousser à ses…limites. Allait-elle l’exploiter à tel point que l’Ange deviendrait Diable. Quelque chose de puissant qui n’a pas de conscience réelle désire toujours par-dessus tout se déchaîner et imposer sa domination. Tout détenteur d’une entité dangereuse se doit de savoir la contrôler, il doit être puissant et y mêler la sagesse à l’insu de ses prochains.
Le même problème se posait pour Hideyori et Kûden. Le samouraï ne trouvant dans le sommeil que d’horribles cauchemars la regardait, il la caressait, cette arme lui appartenait, elle lui était léguée. Mais au fond, était-il conditionné, la maîtrisait-il…Il ne la connaissait pas, ils ne cohabitaient pas ensemble. Les seules paroles qu’il décelait, la seule odeur qu’il reniflait, le seul reflet qu’il observait au revers de sa lame, tout cela était de Yumemaru. Le Toyotomi que l’on aurait parfois prit pour un jouvenceau ne détenait même pas sa propre image, il s’identifiait à son feu maître et ne se séparait pas de lui, même mort. Cette idéologie, cet idole, entravait son évolution et son proche avenir. La césure psychologique entre ces deux hommes devait se faire d’une manière ou d’une autre, pour ne pas nuire à ses camarades. Le seul rattachement s’illustrait à travers la lance avec qui Hideyori combattait. Lorsqu’il anéantissait les démons, il le faisait avec Yumemaru, dit « Kûden » , mais la complicité ne pouvait se limiter qu’à la lutte contre les Genma. Yumemaru n’avait rien demandé en plus de cela, il n’avait pas ordonné à son disciple de sans cesse penser à lui et de culpabiliser constamment. « Un homme qui culpabilise est un homme faible, dénué de toute force spirituelle » Il s’agissait là de ses propres paroles et Hideyori le savait. Le problème, c’est qu’il ne le comprenait pas encore.
Chapitre 7 : Le repère sacré
Le reste de la nuit s’écoula, c’était l’aube. La rosée du matin réveillait lentement les aventuriers qui se pliaient au son des gouttes perlant le long du plancher. Ils auraient sans doute dormi un peu plus longtemps mais comme tout bon samouraï aguerri, ils firent une croix sur leur manque de sommeil. Kratos, déjà levé depuis une certaine heure observait le paysage depuis le balcon : le camp des Genma paraissait désert, les lieux inoccupés. Un calme d’une rare beauté planait.
- Tu as dormi, au moins ? fit Ako à l’Ange.
Il mit un terme à son moment de solitude et lui répondit :
- Oui, ne t’inquiète pas. C’est juste que chez nous, on prend le temps d’admirer chaque lever du jour. Et puis…Je dois veiller sur vous.
Tout le monde s’équipa pour la journée et ils descendirent remercier l’aubergiste qui leur offrit une collation gratuite. Ils gravirent le flanc montagneux sous les ordres de la Tengu et atteignirent le Temple des moines sans la moindre difficulté. Ceux-ci priaient mais n’avaient pas l’air saints. Graisseux, ronds, bien occupés à ingurgiter leur nourriture gratuite en échange de spiritualité et de louanges envers les dieux pour les villageois, ils se méfiaient de tout.
- Je suis l’envoyée du Conseil de l’Ombre, fit-elle en s’inclinant. Je dois leur présenter ces personnes. Il me faut une barque pour les conduire au repère.
Cette fois-ci, elle remerciait sa chance, les prêtres s’étaient refusés au « rite de la boisson » (du moins pour le moment).
- Oui, nous t’avons reconnu. Vous deux, avec moi, ordonna le chef à ses subordonnés. Suivez-nous.
Les trois religieux menèrent les cinq guerriers jusqu’à un court d’eau qui affluait sur le village et empruntèrent deux barques couvertes de toiles d’araignées moyenâgeuses. Les deux esclaves qu’avait pris le chef pagayèrent jusqu’en bas.
- Nous devons d’abord voir le gouverneur du village, il se divertit au même endroit tous les matins. laissa échapper l’un des moines.
Alors, tout en allant rendre visite à Jinnosuke, les passagers découvrirent vaillamment leur cadeau très spécial fourni par l’aubergiste ; une potion gélatineuse, tel un immense encrier trempé dans une boue mollassonne au goût répugnant.
- C’est ce qu’on appelle la potion universelle, intervint Ako. Un concentré d’énergie fait à partir de nos rivages marécageux. Pas très mangeable à première vue, elle vous redonnera énormément de force cependant. Elle peut être préparée différemment et servir à plusieurs choses, plus tard vous le comprendrez.
Ils reniflèrent la mixture qui sentait la terre chauffée et l’avalèrent en montrant quelques spasmes buccaux. Le baptême était toujours difficile, néanmoins, ils déborderaient de vie pour deux ou trois jours…
Les rues abritaient à présent quelques poissonniers qui vendaient ou exportaient leurs produits tandis que les pêcheurs, plus amusés aujourd’hui, cherchaient la morsure d’une grosse prise. Et pendant que ces derniers se délectaient en bord de mer, Jinnosuke lançait d’un mouvement tendineux son appât dans le fleuve privé où naviguaient les embarcations.
- Hmm, on dirait que la chance me sourit, je viens de mettre la main sur deux gros morceaux, dit-il en plaisantant. Est-ce que la nuit a été bénéfique ? J’espère que le vieil homme du comptoir s’est bien conduit au moins ?
- Il a été parfait, répondit une voix féminine.
- Bien. Salutations à vous également, moines.
- Bonjour à toi, Ô noble Jinnosuke.
La réplique fit rire son destinataire, immature, qui ne s’habituait toujours pas à ces qualifications royales.
- Nous nous rendons vers le sanctuaire du bosquet suite à la demande de nos voyageurs qui souhaitent exercer quelque forme de spiritisme avec nous.
Le sanctuaire…Juste un mensonge, pour préserver le secret dans la plus noire des nuits. Il ne devait pas savoir.
- Leurs désirs sont des ordres, de tels combattants méritent bien un peu d’attention, conclut Jinnosuke en libérant l’accès.
Les flots les transportèrent jusqu’aux premières végétations, nénuphars, arbustes, grandissant à chaque instant. Puis, alors qu’ils leur semblaient avoir parcouru la totalité du bosquet, le chef des moines, sur son séant, prononça une incantation en combinant plusieurs gestes d’une fluidité sans pareille. Un sceau apparut ; de couleur violette, sphérique et surmonté par d’étranges lettres. Celui-ci les enveloppa dans une forte lumière assourdissante et ils se volatilisèrent, suite au bruit d’un cratère en pleine éruption, jusque dans une forêt touffue, tellement abondante que l’on ne distinguait même pas une parcelle du ciel. Ici, la couleur dominante était le mauve ; les marais, les cieux, les flammes des torches accrochées aux sols pleureurs qui définissaient le chemin à suivre…La plupart des éléments suivaient cette caractéristique. En avançant, ils virent d’épaisses évaporations toxiques par endroits et devaient, tous les cinq mètres, écarter des branches qui leur tombaient sur le visage. Ils parvinrent après une heure jusqu’à une grotte aménagée. Deux statues menaçantes gardaient l’entrée elle-même ligotée par de multiples branchages épineux. Ils mirent pied à terre, et commencèrent à marcher en file indienne. L’accès de la caverne se libéra suite au premier passage d’Ako (qui connaissait bien évidemment le lieu), et des escaliers dont on ne voyait pas le fond apparurent. L’endroit, mystique, donnait des frissons. Et les gravures sur les parois signifiaient bien la présence d’une race peu commune.
Ils prirent soin de ne pas faire attention à tomber et traversèrent ensuite plusieurs couloirs. Heureusement, tous disposaient des moines et de la Tengu comme guides, sans quoi ils se seraient définitivement perdus. Deux bâtisses de roche se divisèrent en deux et ils entrèrent à l’intérieur d’une vaste salle ronde avec, comme pourtour, de la poudre que l’on aurait pu comparer à du diamant. Ils se positionnèrent au centre de la pièce sauf les moines qui repartirent à l’entrée de la grotte. Soudain, la poudre prit feu et crépita de toute part. Des flammes, toujours violettes et au nombre de huit, furent propulsées jusqu’au plafond et s’apaisèrent aussitôt.
- Ils n’ont pas d’apparence réelle ? chuchota Hideyori.
- Notre apparence ne compte pas, jeune samouraï… répliqua une voix grave. Là où tu vas, tout n’est qu’illusion et notre enveloppe charnelle ne nous sert qu’à combattre.
- Voici les personnes dont vous avez fait la requête, lui répondit Ako. Il n’en manque plus qu’un.
- Nous avons bien fait de compter sur toi, le choix était judicieux. La dernière personne n’est en fait plus tout à fait loin. Il y a deux ans, un jeune homme a été enfermé dans les combles de la grotte par l’Oni du Ciel. Ce dernier lui a légué des pouvoirs essentiels mais l’a scellé dans de la glace pour qu’il y expie ses fautes et son arrogance. La dernière étape consiste à le libérer et à le lier avec son arme, tous deux ont été séparés. Et l’un ne va pas sans l’autre. La haine et la force le dominent, il faudra être prudent avec lui.
Kratos fit un pas en avant.
- Qui êtes-vous véritablement ?
- Nous sommes les Tengus, et les feux que vous voyez là forment le conseil de l’Ombre. Réunissez-vous pour accéder jusqu’au dernier membre et nous vous fourniront ensuite des informations capitales pour votre périple. Votre parcours est admirable, et c’est cette dernière épreuve qui vous donnera le titre d’Élus.
Une porte s’ouvrit : laissant place à de longs boyaux inexplorés.
- Ako, tu les accompagne. Notre réussite dépendra de la vôtre.
Le groupe s’enfonça dans les prémices de la caverne, rien n’était jamais sûr…
- Je n’aime pas ça. fit Sen qui vit la porte se refermer derrière eux.
- Encore un peu d’effort. lui rassura Ako qui exécuta un sort pour faire d’elle une lumière magique qui éclairait l’endroit.
Les chemins possibles, désordonnés, pouvant aller de haut en bas, de gauche à droite, ne se définissaient pas. La méticulosité d‘il y a peu laissait place à des entrées en pagaille. L’on pouvait aussi bien tomber sur un cul de sac que sur un énième embranchement, sale et glauque. Quelques rats se baladaient, craignant le cri strident des chauves souris agrippées sous les stalactites préhistoriques.
- C’est un labyrinthe, on a été jetés dans un vulgaire trou qui va nous servir de tombeau.
La remarque, de Kratos, ne toucha pas la Tengu, et celle-ci ordonna au groupe de suivre les tunnels qui, au son des gouttes ruisselantes, se creusaient vers les profondeurs de la Terre. L’Ange ne parut pas enthousiaste, vu les couloirs vertigineux qui s’amincissaient continuellement, et pour un gaillard comme lui, ça n’était pas le pied. Cependant, la taille svelte et l’agilité déroutante, Yahouran se jetait déjà de part en part pour finir accrochée sur de petites cavités naturelles qui permettaient de pouvoir descendre.
- Alors, vous venez ? lança-t-elle, impatiente.
- Je la suis. répondit Hideyori qui se familiarisait vite avec la Terre, aimant sans doute cet élément.
Ako descendit à son tour et les deux derniers, plus réticents, se regardèrent, compatirent, puis se soumirent à suivre leurs pas. La Ninja prenait énormément d’avance, même trop, seul le détenteur de Kûden, muni de son grappin facilitant la tâche, pouvait la suivre. Elle bondissait sans même se maintenir contre les murs qui lui servait uniquement d’appui pour entamer d’autres sauts animal. Celle-ci connaissait trop la Nature pour ses compagnons et s’exposait au danger en toute insouciance, d’autant plus que les parois glissaient dangereusement. Bien entendu, elle fut la première à arriver en bas, dans un boyau horizontal où elle passa d’abord la tête, ses jambes maintenues dans de multiples renfoncements qui abritaient toutes sortes de bestioles. Elle imitait en fait la position d’un cochon pendu.
- Qu’est-ce que tu fais ? murmura Hideyori qui ne tarda pas à la rejoindre.
- J’observe l’ennemi…
En effet, une imposante araignée tissait avec sa toile personnelle avec « amour et dévouement ». Elle s’appliquait pour couvrir tout le couloir de son tissu macabre qui apporterait à manger et comptait six yeux, rouges comme le Styx, eux seuls visibles dans tout ce noir inquiétant. Mais au fur et à mesure qu’Ako rejoignait les deux spectateurs de ce monstre inconnu, la lumière s’intensifiait ; ils découvrirent huit pattes poilues et démembrées, ainsi qu’un abdomen encombrant marqué d‘une croix blanche, barrant presque la route. Sa paire de crochets était sans cesse en mouvement et claquait sans arrêt. Qui osait s’y frotter se retrouvait empalé avant d’être embaumé dans un cocon privé d’air bienveillant. Et en ultime recours, elle empoisonnait ses proies avec son dard aussi tranchant qu’une lame glabre. Les jambes de Yahouran la chatouillait…Elle y prenait plaisir, mais lorsqu’elle se sentit piquée, il tomba brutalement jusque dans les fil de l’arachnide !
- Ce sont ses bébés qui l’ont dégagée, Hideyori, fais quelque chose !
En effet, la mère de tous ces petits insectes hideux pondait ses œufs dans des endroits chauds et étriqués, et même si elle ne contenait pas encore de poison, la progéniture savait se défendre…Hideyori sauta jusqu’en bas pour porter secours à son amie. Dès sa réception, il se retrouva les pieds coincés dans une toile collante et visqueuse. Ne pouvant pas bouger, il s’arma de son sabre et attendit la Reine des abysses qui avait été alertée.
- Ako, illumine-moi ! cria-t-il en lançant des regards tout autour de lui.
Yahouran, carrément allongée dans le piège, ne pouvait pas agir malgré sa panique immédiate et toute son angoisse.
- Hideyori, écoute-moi bien, je vais intensifier la lumière mais cela ne durera qu’une seconde. Je le ferai plusieurs fois mais j’aurai besoin de me concentrer !
L’araignée demeurait intelligente, elle ferma les yeux qui eux seuls était visibles dans la pénombre. Elle se servait désormais de ses sens…
…Le silence total…
Puis un flash de la part d’Ako, mais rien. Où était-elle ? Noire, la repérer se révélait quasiment impossible. La peur à l’état pur. Un autre flash, éclairant à peine un instant le visage concentré d’Hideyori. Toujours invisible…Néanmoins, on pouvait l’entendre se rapprocher de plus en plus, au bruit discret de ses nombreux membres.
- Yahouran, arrête de bouger dans tous les sens, en plus de me déséquilibrer tu l’attires vers nous !
Car elle usait de son ouïe pour définir la position de son futur repas. Mais la pauvre fille, privée de ses moyens, se sentait contrainte à évacuer son stresse ; quoi de plus horrible que d’être soumise à ne rien faire…Elle finit par se taire, respirant lentement pour garder son calme. Un flash : Hideyori aperçut la bête, suspendue au plafond, aussitôt le noir revenu, il frappa dans le vide, elle était partie…Se déplaçant sans émettre le moindre signe de sa présence. Un autre éclat de lumière, le monstre se trouvait derrière le samouraï ; celui-ci ne la voyait pas. Elle tissa un fil pour se rapprocher de l‘adolescente, sa tête face à la sienne. Elle écarta doucement ses crochets et quand Yahouran sentit un souffle d’air lui caresser le visage, elle gémit de toutes ses forces. La réaction du guerrier fut imminente et il se retourna pour trancher la Reine des arachnides qui émit un cri perçant leurs tympans avant de se terrer dans d’autres tunnels…
- Je l’ai eue, Ako, descends et vite !
La magicienne obéit, elle apporta même un Ange et un Chinois à ses côtés. Tous défèrent la prisonnière de ses barreaux arachnéens. Elle se remit de ses émotions et n’éprouva pas le besoin de se faire aider pour être relevée.
- Elle a pris la fuite, poursuivit Hideyori. Elle reviendra…
- Cela servira de leçon, nous devons être unis. gronda Sen, posé. Se permettre d’affronter un démon du Néant sans faire usage de tous ses moyens est de la folie…
Ils se rendirent alors dans les tréfonds, dans l’Antiquité de la Terre, toujours plus bas…Peut-être allaient-ils atteindre les Enfers ? Mais s’engouffrer de telle façon, sans le moindre souci pour leur misérable vie onéreuse relevait de la démence. Là où ils se trouvaient coupés du reste du Monde, de leurs habitudes et du Ciel, là où l’air se faisait denrée rare, ils enjambaient les échelons, les galeries, sans même savoir s’ils y resteraient coincés le restant de leur existence…Sans même savoir si leur squelette s’ajouterait à ceux qui gisaient sur le sol.
Ils marchèrent jusqu’à une embouchure où quelque chose de taille les attendait…Un vide irrépressible, le précipice interminable. Un grand creux qui n’avait aucun sol, seulement quelques passerelles ou ponts par centaines qui menaient tout aussi bien vers un mur que vers une autre galerie. Une espèce de séparation uniforme entre tous ces tunnels éternellement en train de muter, dans une croissance, une soif de profondeur étanchement puissante.
- Il faut atteindre le bord en face de nous pour nous renfoncer dans les minces couloirs. J’espère que vous n’avez pas le vertige… soufflèrent les paroles de Hideyori qui raisonnèrent longuement.
Le vertige…Ça n’était pas le seul obstacle. Plusieurs nébuleuses d’œufs nidoreux pendaient parmi les stalactites. Yahouran sauta d’abord sur la passerelle la plus proche et s’apprêta à rattraper les autres si besoin était. Il firent de même à leur tour et progressèrent lentement sur l’étroit chemin. L’araignée avait également pondu sur la plupart des ponts, ce qui rendait le parcours glissant et tumultueux. Soudain, un fil se projeta sur la dernière de la file indienne, Ako, et un autre enroula le tour de sa bouche et de son corps. Elle se retrouva immobilisée sans un mot et fut suspendue dans les airs. Ses compagnons ne remarquant rien, continuaient leur marche et durent bondir sur une autre passerelle pour parvenir jusqu’à la prochaine galerie. Toujours en bonne première, Yahouran prit le seul pas d’élan possible quand brusquement :
- Non, ne saute pas !
Kratos voyait juste, car la bête était de retour et attendait cet instant, inerte sur un mur, pour saisir sa proie au vol. La combattante, à l’aise dans sa posture, ne se retint pas et fut violemment emportée par le monstre qui l’emmena entre ses pattes après une fulgurante projection. La Ninja se retrouva bloquée contre un mur avec, en face d’elle, un dard qui jutait déjà un poison liquéfié suite à son excitation. La guerrière sorti son arme et bloqua comme elle le pouvait ce néfaste membre agressif qui tentait de la transpercer de toute part. L’Ange déploya ses ailes nervurées par ses plumes envahissantes, fonça jusqu’à l’agresseur et l’envoya paître avec un virulent coup de pied en plein torse. Il rattrapa la victime qui chutait librement pendant l’arachnide allait cisailler le fil qui retenait Ako dans les airs. L’homme céleste reposa Yahouran auprès des autres et battit de l’aile au travers du précipice, cherchant à empêcher Ako de s‘écraser là où d‘autres avaient maladroitement péri. Il devait esquiver les passerelles toujours aussi nombreuses et faire preuve d’une cohésion parfaite. Contre toute attente, il aperçut la Tengu mais c’est à ce moment qu’il percuta douloureusement un pont ; il vit que le temps n’était pas assez généreux pour lui permettre d’esquiver cet enchevêtrement. Alors, il piqua du nez et brisa instantanément chaque obstacle lui barrant le passage. Il allait même jusqu’à les trancher à l’aide de Shippû. Les pierres tombaient avec lui, il finit même par être plus rapide. Tendant son bras vers celui d’Ako, il l’empoigna victorieusement et se stoppa net dans sa course folle. Mais les éboulements allaient les emporter tous deux ; l’Ange, au sommet de sa force, tournoya sur lui-même en dégageant des bourrasques de vents, il exploita même au péril de son énergie sa double lame pour engendrer une tornade déchaînée. Au terme de tous ces efforts, les chutes de roches ne cessaient pas : il serra Ako dans ses bras, se mit alors de dos et laissa les décombres lui arracher la peau. Il résistait, il détenait deux vies. A chaque battement d’aile, l’espoir grandissait mais les forces s’amenuisaient. Il surmonta la souffrance de la dernière pierre, les yeux dans les yeux avec la miraculée. Comment estimer la résistance d’un tel être dans ces moments là, comment y était-il parvenu ? Avec la force oui, mais surtout avec un corps véhiculée par un sentiment de détresse et d’amitié. Il venait de prouver sa valeur par-dessus tout, son dévouement extrême, sa ténacité exubérante. L’Ange de la loyauté, déjà trahi de nombreuses fois, était prêt à emmagasiner la plus grande épreuve de torture pour une seule et unique chose : ses amis.
Il volait toujours, faisant du sur place...
- Merci. lui murmura Ako, émotionnée.
…Et regagna ses camarades dans ses ultimes réserves d’endurance ainsi que dans la plainte de ses ailes lacérées et abattues.
- Bon sang, tu as été salement amoché, remarqua Hideyori. Tout va bien ?
Il ne répondit pas, occupé à reprendre son souffle.
- C’est du bon boulot en tout cas. Où est passée l’enquiquineuse ? questionna Sen à son habile conjointe.
- Je ne sais pas, je n’arrête pas de la chercher. Il faut néanmoins protéger Kratos si elle refait surface.
Étonnamment, la passerelle vacillait et se révélait instable. Ils jetèrent un œil derrière eux et virent leur adversaire en train de détruire le chemin en y creusant un trou avec ses crochets.
- Il faut se réfugier autre part !
Le pont céda et dans sa chute, engendra la destruction de tous les autres, mais ils parvinrent tous jusqu’au suivant, un peu moins haut. Il s‘agissait du seul étant resté intact. L’araignée se balançait autour du groupe en tissant sa toile et patientait pour capturer ou empoisonner l’un d’entre eux. Yahouran ne la quittait pas du regard, et la main sur le manche de sa dague, elle se frotta à un face à face avec son ennemi qui s’approchait d’elle. Toutes les deux s’attrapèrent l’un l’autre dans les airs mais la Ninja fut la plus rapide et transplanta l’abdomen de cette laideur incarnée. La tueuse de démons repartit non loin de ses compagnons en voyant l’araignée se réfugier dans un tunnel : non, elle ne s’avérait pas battue aussi facilement. Car battre la bête du Néant demandait un surpassement de l’être, et une force hors du commun.
- Que faut-il pour décimer les Genma ?
- Ils vous faut corriger les démons qui vous contrôlent. Cinq temples ont été érigés il y a quelques années en hommage au pouvoir que détenait Jubei Yagyu, l’Onimusha. Ils renferment chacun un orbe, un pouvoir et une rédemption indispensables à vous tous. Le temple de la Charité sera l’élément de Yahouran, le temple de la Foi celui de Kratos, le temple de l’Honnêteté reviendra à Sen, le temple du Respect en faveur de Hideyori et celui de la Force concernera Shiba. Rien qu’en ces noms signifient votre défaut majeur à chacun, ou ce qu’il vous manque. Si vous ne parvenez pas à gagner ces valeurs ou à les contrôler, votre croisade pourra mettre un terme à son envolée. Les Yagyu, suite au retour annoncé des Genma et à la mort de Jubei, ont bâti ces endroits en connaissance de cause, et suite à des prophéties relatant que cinq élus viendraient y fouler le sol pour acquérir ces dons gracieux. Ils ont pu, de la même façon, dissimuler ces pouvoirs à l’abris des ténèbres. Vous devez être les premiers à les récupérer.
A présent, le chemin était limpide : récupérer les trésors des cinq temples, battre le Roi d’Espagne pour récupérer Igraa, utiliser les deux entités sacrées pour trouver de l’ambroisie et sceller le Gant, brouillant toute espérance désirant le retour massif des Genma. Car ces derniers qui occupaient le Japon à l’heure actuelle étaient déjà nombreux, mais leur nombre prolifèrerait avec le retour de Nobunaga, et l’invasion serait colossale.
- Mais avant de vous rendre aux temples et de quitter le village, il vous faut réunir Shiba et son arme qui ont été séparées par Jintarô. Le détenteur de l’arme est une personne qui était proche de Shiba avant sa corruption. Il n’est pas loin et vous a suivi jusqu’ici, soupçonnant les moines de lui mentir quant à la vraie valeur du bosquet qui n’abritait pas simplement un misérable sanctuaire religieux comme il le croyait. D’ailleurs, ces moines qui sont repartis en dehors du repaire avant votre départ dans la grotte ont été décapités par ce même individu qui est en train de nous espionner. Il n’a pas supporté les calomnies qui lui ont été bafouées et aujourd’hui, il apprend enfin la vraie nature de cette forêt…
- Serait-il possible que…Jinnosuke ? s’exclama Kratos, surpris.
Une ombre armée d’une épée massive apparut à l’entrée de la salle et entama une très lente marche vers le groupe.
- Alors tu es toujours en vie, Shiba…