Je suis d'accord avec l'analyse de mon VDD.
Je vais pas faire semblant d'etre un fin connaisseur de Saint-John Perse donc je me permets de citer un auteur que j'ai trouvé en cherchant un peu ce qui avait été dit sur lui :
En un ultime glissement, l’Étranger emprunte deux figures très momentanées, celle du Proscrit dans Exil et celle du transfuge dans Nocturne. Ce n’est guère, là aussi, qu’une démultiplication réduite à sa plus simple expression : des noms synonymes. Dans Exil, c’est à travers l’inquiétude pour la mère absente que surgit le Proscrit (136)25. Dans Nocturne, le « transfuge » est brièvement traité comme un personnage à qui quelques paroles sont confiées :
« « Soleil de l’être, couvre-moi ! » - parole du transfuge. Et ceux qui l’auront vu passer diront : qui fut cet homme, et quelle, sa demeure ? Allait-il seul au feu du jour montrer la pourpre de ses nuits ?... » (1395) Quoique brièvement mis en scène, le transfuge n’en possède pas moins les caractéristiques de l’Étranger et de l’Errant des poèmes précédents : tel le Prince dans Amitié du Prince, il est le « Dissident » (65) et il passe, comme l’Étranger d’Anabase (89), parmi les sédentaires qui s’interrogent sur son identité et sa résidence. Il est le frère et le quasi synonyme du transgresseur que se veut toujours le poète et qui n’est jamais nommé, seulement évoqué par les œuvres surgies de la nuit, comme « la pourpre ».
Cette espèce de démultiplication arborescente qui affecte essentiellement l’homme de songe et tous ses aspects dit assez la prééminence de celui-ci sur l’homme d’action dans l’imaginaire de Saint-John Perse. Parallèlement on assiste à un passage progressif des figures de l’homme d’action à l’arrière-plan.
Jean-Louis Cluse Saint-John Perse, le poète en ses miroirs Le même, l’autre et le multiple page 164
(le transfuge c'est le poète)
De ce que je comprends, Saint-John perse fait une écriture de la présence du poète. Contrairement à pas mal d'autres poètes il ne se sent pas maitre de l'écriture, il se voit comme un passager dans le langage et il est tout à fait conscient d'en etre un.
Je pense que quand on a cette clef de lecture le poème devient assez clair, après j'ai aussi l'impression que le poème en question doit plutot etre lu comme des ultimes lignes et que si t'as pas été confronté au reste de l'oeuvre elles sont assez obscurs.