Cachez cette femme que je ne saurais voir. Telle semble être la devise du roi Salmane d'Arabie saoudite, si l'on en croit plusieurs syndicats de police. En cause : un premier incident qui se serait déroulé samedi, alors que le monarque et sa suite passent trois semaines de vacances dans son immense propriété de Vallauris.
D'après Sylvain Martinache, délégué CRS Unsa-Police pour la région Sud, deux de ses collègues, un homme et une femme, se trouvaient alors en faction sur la plage voisine de la Mirandole, dont la privatisation au profit des Saoudiens avait déjà provoqué un tollé. Selon l'hebdomadaire « Marianne », ordre aurait alors été donné de la part du personnel royal que la policière soit éloignée, alors que Son Altesse s'apprêtait à se baigner. Une version confirmée de source syndicale. Jusqu'alors, ce sont sept policiers du commissariat de Vallauris qui assuraient une vigilance 24 heures sur 24 à l'extérieur de la villa. Postés en trois groupes, ils gardaient à la fois l'entrée de la propriété, l'accès au tunnel menant à la plage, et la plage elle-même. Dimanche matin, ces effectifs de sécurité publique ont été relevés par une demi compagnie de la CRS 3 de Quincy-sous-Sénart (Essonne). On ignorait hier si cette relève était consécutive à l'incident de samedi, ou prévue de longue date. En tout état de cause, la CRS 3 compte une femme dans ses rangs. « Consigne a été donnée par la hiérarchie qu'elle ne soit pas postée sur la plage, afin d'éviter tout nouveau souci », affirme Sylvain Martinache.
A l'inverse, les autorités nient toute intervention en la matière, tant de la part de la hiérarchie policière que de celle de l'entourage du roi. « Des personnels féminins agissent sur le dispositif depuis le début, sans que cela n'occasionne le moindre problème, a précisé la préfecture des Alpes-Maritimes dans un communiqué. Jamais l'Arabie saoudite n'a demandé une adaptation du dispositif sur la base de tels critères. »
« Peut-être y a-t-il eu une demande d'éloigner les agents au moment où le roi se baignait, veut croire une source Place Beauvau. Mais, si ce fut le cas, cela concernait aussi bien les hommes que les femmes. »
« J'ai demandé à ce que le dispositif soit reculé lorsque le roi et sa famille viennent se baigner, pour protéger leur intimité », assume Marcel Authier, directeur départemental de la sécurité publique. Pourtant, chez Alliance-Police nationale, syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix, on maintient que la demande concernait uniquement la policière. « L'administration n'a pas à être complice de tels donneurs d'ordres, d'autant plus lorsqu'ils agissent contre les valeurs de la République », prévient Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat. Sur place, les riverains ne disent pas autre chose. De nombreux recours en justice ont été déposés par des associations, dont celle de défense de l'environnement de Golfe-Juan et Vallauris. Les habitants déplorent notamment qu'un corridor maritime de 300 m autour de la villa ait été interdit à la navigation.
Et ça continue
Vive le roi.