Vous connaissez les Deux Plateaux, appelés également "Colonnes de Buren" ? Ce sont les espèces de colonnes habillés d'un pyjama absolument immondes qui décorent la cour d'honneur du Palais-Royal à Paris. Un soit-disant "œuvre d'art" réalisé par Daniel Buren, le mec qui a trouvé une super combine d'arnaque : mettre au hasard dans des lieux publics des objets avec des bandes noires et blanches de 8,7cm. Et bien sûr, les critiques d'art pr étentieux ont tous acclamé ça, et tout le monde trouve ça trop moche mais comme des "gens" ont dit que c'est artistique, alors on accepte ça en tant qu'art.
On peut également penser à Benjamin Vautier, à la base un étudiant d'art true rebelz qui voulait révolutionner l'art pour la 15932ème fois et qui vomissait dans une bouteille en marquant dessus "vomie" et prétendait que c'est de l'art. Vous savez, le fameux débat "mais qu'est ce que l'art ?"... Au final ce mec passe son temps maintenant à écrire des phrases à la con avec une écriture d'enfant et en signant Ben, et on retrouve ça sur tous les agendas, trousses, classeurs et autres affaires scolaires. Soit disant le mec qui voulait révolutionner l'art hein.
Pourquoi je parle de tout ça alors qu'à priori ça n'a rien à voir avec ce jeu vidéo belge, c'est parce que j'en ai marre de ces prétentieux qui veulent faire du bizarre juste pour choquer alors que ça n'a absolument aucun sens. Bientôt l'été, c'est comme ce genre d'art contemporain bidon, c'est de la fausse poésie du supermarché camouflé dans un visuel "un peu" joli pour que des hipsters puissent se masturber intellectuellement dessus. Alors qu'au final, l'intérêt en tant que jeu vidéo frôle le 0 et on a droit à un grand néant devant nous.
Regardez ICO, regardez Limbo, regardez Braid, regardez Silent Hill 2. Il est tout à fait possible de faire de la poésie, de la vraie, tout en combinant ça avec le plaisir ludique d'un jeu vidéo. Bientôt l'été, c'est juste se balader sur une plage vide et laide (rien à voir avec un Journey), ou bien se retrouver devant une table d'échec et lancer une fausse discussion d'un couple blasé. Le concept aurait pu être marrant encore si on avait vraiment le choix des dialogues, mais les possibilités sont tellement pauvres que ça ne rime à rien.
"C'est fini." "Je crie." "Je prendrai bien du vin." "Oui." "Parlez-moi." WOUAH SUPER TRO POETIK. Et encore là vous n'entendez pas les doubleurs archi-mauvais qui se contentent de lire le texte à haute-voix sans conviction.
Cet avis peut aussi être appliqué plus ou moins à Proteus, ce simulateur de promenade dans un décor en pixel-art et vendu à 10€, soit 2€ plus cher que Dear Esther. Pourtant Dear Esther proposait des plans réellement travaillés et magnifiques, avec une histoire et un objectif à atteindre, et sans tomber dans le cliché du pixel-art nouvelle génération sans inspiration juste pour surfer sur la vague des jeux indés. A l'époque où Minecraft commençait à devenir célèbre, c'était sympa car c'était neuf, c'était frais, mais là à force les pixel-arts à 2 balles ça va hein. Ça devient aussi cliché que les shooters militaires.
Je vais reprendre ce que Torpenn avait dit à propos du film Elephant : il ne faut pas confondre le vide et la profondeur. C'est 2 choses complètement différentes. Et Bientôt l'été pour le coup, c'est du grand vide.
Je veux bien admettre que Tale of Tales a l'audace de proposer quelque chose de plus original qu'un énième shooter, plateformer 2D ou un puzzle game qu'on boucle en un après-midi. Mais voilà, c'est pas parce qu'on est original qu'on est forcément meilleur que le mainstream. Surtout quand c'est vendu à prix fort (à savoir 10€, ou 40€ si vous êtes vraiment sympa et vous voulez financer les développeurs, mais dans ce cas-là vous pouvez aussi faire de la caritative, y'a des gens qui souffrent plus dans le monde que les développeurs de ce jeu je crois).