T'as 55 ans, seul, triste. Au fond d'un bar vers 1 h 30 du matin t'es complètement torché à la très mauvaise bière, au pastis et aux quelques shots dégueulasses que t'offres d'autres clients ou le patron. Ta chemise blanche baigne dans la transpiration et, rouge de honte, de colère et d'alcool, tu hurles des chansons françaises presque centenaires. La sueur sur le front, rempli de malaise dès qu'il y a un petit blanc entre deux chansons, tu souris à d'autres cinquantenaires ivres et seuls, qui eux-mêmes sourient faussement, terrassés de honte