Océan Atlantique, 20XX
Assis confortablement dans sa cabine, le Capitaine Joshua ruminait en fixant les nombreux documents posés sur son bureau qui contenaient une liste interminable de noms aux consonances vaguement françaises.
C’était sensé être un petit instant de repos, une accalmie avant la reprise des véritables combats intenses, mais cela restait une situation singulière, pour lui et pour tout le reste de l’équipage de l’USS Bougainville, un navire d’assaut amphibie de classe America, plus habitué à faire débarquer des marines dans des zones de guerre qu’à déplacer un millier de réfugiés.
- Il faut essayer de se mettre à leur place, ils viennent de perdre leur pays…
- En quoi c’est notre problème ? Et puis « pays », c’était plus qu’un demi-pays, ouais !
Assis en face du capitaine, le jeune Enseigne Williams tenait timidement tête au Lieutenant Davidson, dont les yeux faisaient des allers-retours entre la liste de noms et Joshua, s’attendant peut-être à l’émergence miraculeuse d’une idée de sa part.
Un frappement à la porte sauva de ces réflexions forcées Joshua, qui s’empressa de faire entrer l’arrivant, un caporal dont le nom lui était inconnu, qui portait avec difficulté un cube uniformément noir assez large pour cacher presque entièrement sa taille. Il avait l’air très inquiet, et ce qui semblait être une bouffée d’air allait peut-être s’avérer être une situation encore plus incommodante.
- Mon Capitaine, nous arriverons bientôt à Norfolk, mais… La base nous interdit d’approcher la côte.
Williams et Davidson se regardèrent interloqués, tandis que Joshua se concentrait avec silence sur le cube noir, comme si cette interdiction ne l’étonnait point. Le sous-officier sans attendre continua :
- Ils veulent contacter personnellement l’Officier le plus haut gradé du bâtiment pour « vérification d’identité », je ne sais pas exactement ce que cela signifie mais ils…
- Qui ça « ils » ? rétorqua Davidson. Vous leur avez dit que c’est une mission encadrée par l’ONU ?
- Je n’en ai aucune idée, et ils refusent d’entendre quoi que ce soit, ils menacent même de faire feu si nous approchons plus !
L’enseigne Williams se plaignit à son tour, que cela allait à l’encontre des lois américaines, que c’était scandaleux, que de toute façon le Bougainville était en sous-effectif et ne risquait pas d’être une menace… Il fut rapidement rejoint par le lieutenant qui semblait enfin avoir trouvé un terrain d’entente avec lui.
Joshua observait ces jérémiades avec un brin d’empathie, mais surtout avec beaucoup d’agacement. Une petit part de lui-même avait envie de se joindre à eux. Car la marine américaine manquait effectivement cruellement d’hommes, et que ceux qu’elle parvenait à recruter ne bénéficiait que d’une formation… somme toute assez sommaire. Il pouvait aussi se plaindre du reste des Forces armées américaines, ou de manière générale de l’état des États-Unis d’Amérique, mais cela ne mènerait à rien. Il était le capitaine de navire, et il se devait de prendre ses responsabilités.
- Assez.
Les plaintes cessèrent immédiatement, et les trois marins se mirent au garde à vous devant leur chef. Celui-ci se tourna vers le porteur du cube.
- Très bien, je vais les contacter, affirma-t-il.
Une nouvelle fois les deux officiers s’échangèrent un regard surpris. Le caporal acquiesça, et faillit sortir en oubliant ce qu’il tenait entre les mains.
- Ah ! J’oubliais… Un drone nous a largué ce cube sur le pont, je ne sais pas ce que c’est, mais ils nous…
- Je sais, coupa le capitaine, donnez-le moi simplement.
Son subordonné s’exécuta en posant soigneusement le “colis” sur le bureau, en négligeant tous les dossiers qui s’y trouvaient.
Joshua grinça des dents mais ne s’en offusqua pas. Sans perdre de temps il empoigna dans toute sa largeur le cube. Celui-ci semblait lisse, et parfaitement hermétique, mais il continua tout de même à le tâtonner sous les regards inquiets et curieux des trois autres marins. Au bout d’un moment, un « clic » se fit entendre, et le cube s’ouvra en deux comme un coffre, dans un angle tel que seul le capitaine pouvait voir ce qu’il s’y trouvait.
Celui-ci enfonça ses mains à l’intérieur et y manipula une chose qui semblait nécessiter toute sa concentration. À mesure qu’il triturait l’intérieur du cube, son visage changeait d’expression, passant d’une moue curieuse à un léger sourire presque moqueur, puis à un violent froncement de sourcil. Enfin, au malheur des autres marins qui n’avait que cela pour essayer de deviner ce qu’il se passait, il devint parfaitement inexpressif. Pendant un long moment, son visage semblait comme figé, et seules ses mains laborieuses permettait d’assurer que le capitaine était encore conscient.
Puis, petit à petit, son visage perdit de ses couleurs, jusqu’à devenir entièrement blême.
- Changement de cap. On va contourner ce foutu pays.
https://youtu.be/GXEzdeh7xTQ
CHAPITRE 0 : WALON TODI
Le temps était clair sur l’île d’Odin, et ceux qui avaient d’assez bons yeux pouvaient voir la côte opposée d’Escanaba, et ceux qui avaient en plus de cela de l’imagination pouvaient voir les yoopers qui y vivaient s’atteler sur leurs fiers drakkars.
Mais les quelques centaines de personnes présentes sur cette île ce jour-là savaient que jamais aucun de ces drakkars ne pourra être aussi fier que l’immense carcasse d’acier qui prenait une certaine place dans ce fief d’Odin. Le navire enfoncé dans la terre tombait en ruine, mais sa seule taille lui donnait encore une fière allure et dénotait avec le reste de l’île tapissée de lavande sauvage. Ceux qui n’avaient jamais vu cette merveille, c’est à dire le Jarl Krullig et ses gardes venus spécialement de Green Bay pour l’occasion, étaient ébahis en voyant ce vaisseau dont la coque était si haute qu’il était impossible de voir le pont depuis le sol. Le peuple de Door lui n’avait d’yeux que pour leur futur nouveau chef, le jeune wallon Robin de Poucet.
Celui-ci se tenait devant la foule et avançait d’un pas incertain vers le navire, qui était considéré par les wallons comme un lieu hautement sacré. De temps en temps il se retournait discrètement pour observer la foule et ses réactions. Les wallons semblaient inquiets et incertains et tentaient de rester à l’écart autant du bateau que des « invités » vikings qui eux, passée la surprise, semblaient ennuyés par ce faux drakkar qui n’avait ni mat pour ses voiles ni trous pour ses rames. Le seul qui montrait un brin d’enthousiasme et de confiance était le voyant Linard, prêtre norrois de Door, qui adressait à Robin un sourire et un hochement de tête à chaque fois qu’il semblait perdre confiance.
Quand enfin il arriva devant le géant de fer, il s’agenouilla. Les plants de lavande qui étaient là bien avant le Ragnarök lui arrivaient jusqu’à la taille, leur odeur enivrante l’apaisait. Il était prêt.
Alors il posa sa main sur le navire. Le contact était rugueux, froid, mais aussi rassurant. Il sentait le poids du temps sur sa paume, ce témoin silencieux de l’histoire de son peuple lui donnait l’impression que tous ses ancêtres à l’unisson l’encourageaient dans cette épreuve.
La voix tonitruante du prêtre stoppa net cette méditation intergénérationnelle.
- Chers amis ! Aujourd’hui est un grand jour, car les wallons auront à nouveau un chef ! Sous la protection de notre cher Jarl ici présent, nous pourrons prospérer sous l’œil d’Odin.
Continuant à être dos au public, Robin ne pouvait pas voir Linard, mais le connaissant bien il se doutait que celui-ci faisait de grands gestes enthousiastes comme il savait si bien les faire dans ses discours. À cette pensée il eu envie de rire, mais l’occasion n’était pas adéquate alors il se contenta d’un sourire.
Linard s’approcha à son tour du quasi-temple et posa sa main sur le fer. Robin était à quelques mètres à sa gauche, mais il pouvait tout de même entendre la respiration bruyante du prêtre qui n’était peut-être pas aussi confiant qu’il paraissait. En tournant la tête vers la droite, Robin put le voir discrètement sortir un petit champignon d’une poche de sa robe et l’engloutir.
Après quelques secondes, ce dernier se retourna pour faire face à la foule. D’un ton plus calme, mais d’une voix toujours aussi forte, il continua :
- Voilà maintenant de nombreux siècles que le Ragnarök s’est produit. Mais avant ce terrible événement qui vit le sacrifice de Thor et de nombreux autres braves, Midgard, notre monde,2 souffrait déjà terriblement. La mer reprenait le dessus sur la terre, celle-ci se fendait en deux et les vents instables brisaient l’équilibre du monde ! Le peuple wallon se trouvait alors bien en peine et en deuil, ayant perdu leur peuple frère lors d’un cataclysme aussi rapide que puissant. Thor, l’ami de l’humanité, se prit d’affection pour nous. Avec un burin, il arracha une branche d’Yggdrasil et de ses propres mains il fabriqua avec un navire si grand qu’il pouvait contenir notre peuple entier. Il nous emmena loin à l’ouest, au-delà de Vinland, jusqu’à cet endroit, cette île, ce lac, les terres qui l’entourent. Tout cela nous fut donné, nous prospérâmes et fondirent de nombreuses et riches cités qui n’avaient rien à envier à Chicago, nos terres étaient riches et fertiles, les wallons vivaient par dizaines de milliers dans le Wisconsin ! Puis vint Albert Soady.
Le champignon semblant prendre effet, Linard était de plus en plus agité. Robin se releva et se retourna à son tour, se plaçant à la droite du prêtre.
- Albert Soady, ce maudit yooper, vint avec une immense armée, et il détruisit tout sur son chemin. Tout ce que les wallons avaient mis des siècles à construire, par leur sueur et leur sang, tout cela fut anéanti en quelques années. Nous fumes réduits en esclavage par ces saloperies de pillards, et aujourd’hui nous sommes réduits à rendre hommage à ces chiens, nous qui étions destinés par Thor à sublimer le monde !
Ce discours n’avait, à raison, pas du tout l’air de plaire au Jarl, mais avant qu’il ne puisse s’en rendre compte, lui et ses gardes furent entourés par la foule wallonne, enhardie par le discours de Linard.
- Ne voyez vous pas l’état de ce divin navire ? Le bois d’Yggdrasil est en train de rouiller ! Il n’y qu’une raison possible à cela, et qu’une solution. Il faut se débarrasser une bonne fois pour toutes des parasites qui souillent notre terre et le cadeau fait à nos ancêtres. Jarl Krullig ! Au nom du père de tout, sous l’œil bienveillant des Ases qui nous protègent, je te condamne à mort pour tentative de subordination du peuple élu. Nous ne reconnaissons qu’un seul chef : GLOIRE À ROBÉ, WALON TODI !
https://youtu.be/3R7B6kj6Fd8
À ces mots les wallons s’élancèrent sur les dellsmans, qui bien que largement inférieurs en nombre, réussirent à abattre nombre de ces personnes peu armées et entraînées. Un Wallon plus audacieux que les autres se jeta sur un garde et réussit à lui arracher sa hache. Il la lança ensuite vers Krullig, qui la reçut en pleine tête. Les autres nordiques continuèrent à se battre malgré la perte de leur seigneur, mais furent bien rapidement occis.
Une fois cela fait, la foule s’approcha de Robin et du prêtre et les acclamèrent : « Robé ! Robé ! Walon todi ! »
Le nouveau chef des Wallons était abasourdi. Alors qu'il était entouré de ses pairs, il semblait être le seul à réaliser la gravité de ce qui venait de se produire. Tout en étant porté par la joie du peuple, il ne pouvait s'empêcher de songer à l’après. Aux conséquences.
Ce récit vous est offert par le mod After the End Fan Fork, trouvable dans tous les bons Workshop, ainsi que par son submod "Some Walloons in Wisconsin", créé par notre cher khey SerialKillerYo
Un récit incroyablement prometteur, la sweet !!
Le 13 février 2023 à 13:29:27 :
Ce récit vous est offert par le mod After the End Fan Fork, trouvable dans tous les bons Workshop, ainsi que par son submod "Some Walloons in Wisconsin", créé par notre cher khey SerialKillerYo
"Maman, je suis une celébrité !"
Comme l'a dit Bigrat, c'est très prometteur, impatient de lire ce récit en espérant que tu ne nous fasses pas une Reginwald
Sweet
J'ai enfin lu le récit et je demande instamment la sweet
Chère Lucy,
J’ai du mal à mesurer depuis combien de temps nous nous sommes éloignés l’un de l’autre. Mais cette foutue guerre m’a pas empêché de t’écrire, quand on se reverra t’aura plein de lettres à lire !
Aujourd’hui, le Capitaine Joshua a sauté du navire, comme ça, en plein dans le Saint-Laurent. On a pas pu le repêcher…
En fait, c’est pas le premier. Quand l’équipage a compris qu’il ne pourra probablement plus jamais rentrer chez lui, il a comme qui dirait perdu espoir. Je ne veux pas juger, mais on est de moins en moins nombreux et ce bateau devient de plus en plus difficile à manœuvrer, d’autant que c’est ce couillon de Davidson qui dirige maintenant. Il a enfermé les belges dans leurs chambres et leur a interdit d’en sortir excepté pour aller manger dans la cuisine commune. Pourtant on a énormément besoin de bras, c’est stupide !
D’ailleurs je passe maintenant une bonne partie de mon temps libre avec eux, j’en ai un peu marre de l’amertume de mes camarades. Les belges sont sympas et loquaces, ils ont l’air de beaucoup mieux prendre que nous la destruction de leur pays. Ils m’apprennent même un peu de français. Tu savais ça, qu’ils parlaient français ? Je leur ai demandé de m’apprendre à parler belge, mais ils se sont moqués de moi. C’est sûrement une langue trop difficile pour un américanophone.
Tu te rappelles quand je t’avais promis qu’un jour on allait visiter le Canada à deux ? Eh bien maintenant je pense qu’on peut virer le Québec de la liste des régions à visiter, cet endroit est horriblement sinistre. Personne ne nous a interpellé durant toute la traversée du fleuve Saint-Laurent, silence radio. Quand on a dépassé la ville de Québec, on a pas vu une seule trace de vie humaine. Enfin on a quand même pas accosté pour vérifier, cet endroit fout la trouille à tout le monde, je pense que nous retrouver seuls face à toute la flotte russe nous aurait moins fait flippé.
On va bientôt arriver près de Montréal, et si il y a toujours personne on va continuer dans les Grands Lacs. Pour aller jusqu’à où ? Même le Lieutenant Davidson (je me vois toujours pas l'appeler capitaine) doit l’ignorer. Joshua était le seul officier qui semblait savoir ce qu’il faisait, il va terriblement nous manquer.
Toi aussi tu me manques terriblement, je prie pour que l’on se revoie,
Ton Willy.
PS : J’ai décidé de ne pas garder cette lettre. Je vais plutôt la mettre dans cette édition limitée de la bouteille de Coca qu’on avait acheté lors de la dernière Saint-Valentin, tu te rappelles ? Celle faite avec une sorte d’aluminium drôlement résistant ? Désolé, c’est le truc le plus romantique que mon état mental me permet de faire actuellement. Je vais jeter cette bouteille à la mer, et continuer à espérer.
https://youtu.be/_BDasfJ9dk8
CHAPITRE I : Le Réveil des Wallons
Le lac Michigan, même après le Ragnarök, était un lac plein de richesses, mais cruellement inégal.
Au sud, la riche cité de Chicago et les terres arables qui l’entouraient formaient l’entrée du Mississippi, et des tout aussi puissants royaumes catholiques qui bordaient le fleuve.
À l’est, les cultistes de la Rouille profitaient vaguement de la route commerciale entre Détroit et Chicago, celle-ci passant principalement par les lacs, mais leur population d’une taille importante pour la région leur permettait d’avoir un système féodal aussi développé que celui des catholiques.
Mais tous n’étaient pas aussi chanceux. Au nord, les rudes yoopers vivaient dans des conditions bien difficiles. Le froid glacial apporté par les Grands Lacs étouffe toute possibilité de prospérité dans leur péninsule. Si le légendaire Albert Soady avait pu apporter à ce peuple son heure de gloire, cela ne fut en rien pérenne, et après sa mort les Yoopers redevinrent les sauvages tribaux qu’ils étaient autrefois.
À l’ouest, les dellsmans étaient à peine mieux lotis que leurs coreligionnaires du nord. La région qu’ils occupaient était autrefois le grenier à blé du continent, mais l’instabilité et la faible population typique des peuples Ásatrúar d’Amérique les empêchaient d’atteindre un développement conséquent.
Et enfin il y avait les wallons.
Petit peuple de quelques petites centaines d'âmes perdu dans la petite péninsule de Door, les wallons contrastaient culturellement drastiquement avec le reste du lac Michigan. Leur langue était plus proche de celle des ursulins du Saint-Laurent que celles de leurs voisins. Bien qu’ils soient des adorateurs des Ases, les wallons n’avaient pas une culture particulièrement guerrière, et ne dressait que très rarement de flottes pour aller piller leurs voisins. Cultivateurs de pommes de terre et d’orge, et occasionnellement pêcheurs lorsque la récolte était mauvaise, les wallons étaient une cible parfaite pour les pillards nordiques, au point où il est difficile de savoir comment ils en sont venus à adopter leurs dieux.
En 2666, alors que le continent américain semblait retrouver une certaine stabilité après des siècles de tumulte, les wallons se trouvaient dans une position assez difficile. Cela faisait presque six décennies que la tribu de Door se trouvait sous la tutelle du clan Kletsch de Green Bay. En échange de nombreux biens en nature, les wallons avaient la protection du jarldom et le droit d’élire un représentant, qu’ils appelaient "chef". Ce nom n'importait que peu au jarl : c'était bien lui qui commandait. Enfin, c'est ce qu'il croyait.
En effet, le destin des wallons changea radicalement en juin de cette année lorsque le chef wallon Polycarpe tenta d'abattre un des énormes saumons du lac Michigan avec un harpon. Surpris par la puissance du poisson, il tomba de sa barque et, ne sachant pas nager, il n'y survit point.
Se mit alors en place une conspiration orchestrée par le prêtre Ásatrú Linard. Ce prêtre était un hédoniste un peu trop vantard, mais très compétent lorsqu'il s’agissait d'enflammer des foules. Et c'est ce qu'il fit à merveille en organisant l'élection du nouveau chef de Door dans l'île de Washington, sacrée pour les wallons grâce au [REDACTED] qui s'y trouvait, et en insistant pour que le jarl Krullig Kletsch y assiste en personne.
Nul ne sait si les wallons présents avaient connaissance de ce complot, mais si ce n'était pas le cas alors nous pouvons aisément qualifier l'enragement qui s'empara des habitants de Door ce jour là de surnaturel. Ne s'imaginant pas que les wallons pouvaient se montrer aussi impétueux, le jarl se contenta d'une faible escorte, et fut donc sans grande difficulté assassiné lui et ses gardes par la foule.
Ce nouveau chef, un certain Robin de Poucet, avait passé une partie de sa jeunesse à Chicago, où il fut éduqué mieux qu'aucun de ses cousins tribaux n'auraient jamais pu l'être. Il étudia notamment l'art de la guerre auprès des célèbres chevaliers ailés chicagoans, même si il ne sut jamais lui-même monter à cheval.
Appelé par Linard qui vit en lui un bon potentiel pour occuper le poste, c'est le 15 juillet 2666 qu'il devint officiellement le chef unique des wallons et de Door. Avant cela, Linard et Robin rendirent visite à de nombreux seigneurs dellsmans, et réussirent à conclure une alliance avec le chef Molkereik de Sheboygan par les fiançailles entre sa fille et le fils du chef Robin.
Une fois Krullig décédé, ce fut son fils Tjaden qui hérita du jarldom. Cet homme décrit habituellement comme assez discret et peu ambitieux s'avéra particulièrement en colère d'apprendre la mort de son père, et jura d'exterminer le peuple wallon, qu'il décrivait comme étant un peuple de simplets et de vauriens.
Mais Robin de Poucet n'était pas un wallon comme les autres. Il ne passait pas son temps à cultiver des patates et à les faire frire avec de l'huile d'olive importée à des prix scandaleux de l'Empire de Californie, tout ça pour les manger à grosses bouchées assis au bord du lac. Non, Robin était un fin stratège doublé d'un grand guerrier, en plus d'être d'un simple wallon qui passait un temps non négligeable à cultiver des patates et à les faire frire avec de l'huile d'olive importée à des prix scandaleux de l'Empire de Californie, tout ça pour les manger à grosses bouchées assis au bord du lac.
Alors le jarl Tjaden ainsi que ses hommes furent assez étonnés en marchant sur Door de voir un comté vidé de ses habitants.
Robin avait en effet en quelques jours seulement déplacé l'intégralité de la population de la tribu de Door vers l'île de Washington, plus facile à défendre et où il suffisait de poster quelques gardes pour protéger les femmes, enfants et vieillards de la tribu. Les hommes capables de se battre, eux, se joignirent aux troupes de la tribu de Sheboygan qui avait honoré son alliance avec le chef des wallons.
Les deux armées assiégèrent la tribu de Green Bay, et bien rapidement celle-ci se rendit. Les alliés se retournèrent alors pour prendre à revers Tjaden.
Si la bataille de Door était principalement une bataille entre dellsmans, la férocité des wallons fut cependant relevée. Pendant plusieurs jours, chaque ruisseau, chaque cabane fut disputée, sans pour autant qu'il y ait une réelle confrontation entre les deux armées. Cette dernière n'arriva jamais, car à l'étonnement des deux camps après seulement quelques escarmouches Tjaden envoya un émissaire auprès de Robin pour lui présenter sa reddition. La peur semblait avoir surpassé la colère, bien que l'issue de la bataille était pourtant incertaine.
Face à cette capitulation, les dellsmans de Green Bay se sentirent trahis par leur jarl. Préférant se soumettre au vainqueur plutôt qu'à un lâche, ils jurèrent allégeance à Robin.Malgré la reddition de Tjaden et la victoire de wallons, la paix ne s'installa pas immédiatement dans la région. En effet, Robin ainsi que son peuple avaient une vision assez hétérodoxe de la foi Ásatrú. Le pillage n'était que très peu apprécié dans la culture wallonne, et les wallons ne croyaient pas vraiment que la seule manière d'atteindre le Valhalla était de mourir au combat. Et cela n'était qu'une partie infime des différences entres les wallons et les dellsmans. Nous pouvons aussi noter une forte tendance des vainqueurs à avoir les chevilles qui enflent sévèrement lorsqu'ils croisaient les vaincus. Robin n'appréciait pas cela, car il savait que le chemin allait encore être long et difficile pour les wallons, et que se reposer ainsi sur ses lauriers maintenant était particulièrement dangereux. Mais malgré ses efforts il ne sut pas inhiber les tensions alors que de nombreux wallons quittaient Door pour rejoindre Manitowoc et Green Bay à la recherche de meilleures terres, et qu'au contraire les dellsmans épuisés mentalement par leurs nouveaux maîtres quittaient ces territoires petit à petit.
Cette exode dellsmane profitait particulièrement au chef Kasefred de Peshtigo, qui voyait ici une opportunité de grossir les rangs de sa tribu.
La tribu de Peshtigo, autrefois dans le jarldom de Green Bay, résistait au pouvoir des Kletsch depuis plusieurs décennies. L'arrivée d'un nouveau jarl étranger intriguait et inquiétait beaucoup Kasefred. Prudent, il envoya un messager à Green Bay féliciter Robin sans grand entrain.
Le jarl , tout aussi prudent, envoya un autre messager remercier Kasefred. Ce messager, bien moins prudent, laissa sous-entendre lors de ses remerciements que la tribu de Peshtigo devait par la tradition sa loyauté au jarl Robin. Fou de colère, le chef renvoya le messager à Robin, en différents morceaux.
Le jarl n'apprécia qu'assez peu ce manque de courtoisie. Habitué de la cour de Chicago, il s'attendait en effet à une joute diplomatique un peu plus longue et moins sanguinaire qui pourrait se terminer par une vassalisation à l'amiable. Mais il semblerait que les vikings ne soient pas réceptifs à une autre forme de diplomatie que le sang. Robin retiendra la leçon.
Il défia immédiatement Kasefred à un duel à mort. En bon dellsman officiellement plus soucieux de son honneur que de sa vie, le chef accepta. Ce duel qui avait lieu à la frontière entre Green Bay et Peshtigo tourna bien rapidement en une humiliation publique. Robin, bien plus à l'aise que son adversaire, n'hésitait pas à se moquer son adversaire en l'insultant de "baraki tellement incapable de tenir son arme que même sa mère la wasse aurait honte de lui".
Incapable de répliquer que ce soit verbalement ou physiquement, Kasefred tenta de s'enfuir du duel, mais un de ses propres hommes le repoussa vers Robin pour qu'il puisse affronter dignement son destin. Dans un élan de courage et de folie, le fuyard se jeta sur le jarl, qui n'eut qu'à balancer son hache habilement pour lui trancher la gorge.
Avec l'unification de la Baie Verte, l'exode des dellsmans, principalement vers Peshtigo, s'intensifia. En quelques années seulement, ils étaient devenus une minorité dans leurs anciennes tribus. Au contraire les wallons grâce à l'assimilation de nombreux dellsmans et à une plus grande possibilité de se développer s'étaient étalés sur une grande partie de la baie.
Le petit peuple wallon depuis son plus vraiment petit territoire commençait ainsi à se tailler une place au sein des puissances du lac Michigan. Mais cette puissance nouvellement acquise attirait une attention dangereuse.
Robin avait compris cela. Pour que plus jamais son peuple ne souffre sous la tyrannie de ses voisins, il allait créer pour lui un royaume si grand et puissant que nul pillard étranger n'oserait seulement y prêter le regard.
"baraki tellement incapable de tenir son arme que même sa mère la wasse aurait honte de lui".
Il est tout bon ton récit m'fi
Sweet ?
pas sweet