Chapitre 0: Introduction
Partie_01:
[Edition: Les textes sacrés planqués de Maitre Luke]
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Cette chambre était comme tous les sanctuaires de petits garçons: Un véritable havre de confort et de paix, propice à l'imagination et à la naïveté infantile. Le sol ainsi que les murs étaient tapis du même parquet couleur miel, le tout sublimé par diverses rangées de lampes à la lumières orangées.
Bien qu'il fût enfant unique, le petit garçon résidant dans cette chambre possédait toute une panoplie de lits, superposés ou non car ses parents souhaitaient que leur progéniture s'habitue à combattre la routine quotidienne.
Parmi les nombreux oreillers, ce petit être haut comme trois pommes attendait patiemment son grand-père pour qu'il lui raconte sa petite histoire hebdomadaire. Le vieil homme, toujours à l'heure, arriva à point nommé devant la chair de sa chair pour commencer son récit.
-Pépé, tu peux me raconter une histoire de la guerre que tu as faite quand tu étais jeune?
-J'en ai un peu marre de cette histoire mon garçon.
-Allez!
-Ce serait vraiment inopportun, je te le dis. Mon petit, cette paix est ce pour quoi lutte tous les vrais guerriers. Tu comprendras donc que j'en ai un peu ma claque de te raconter tout le temps la même histoire. Les bagarres ne sont pas une fin en soi.
-Tu vas me raconter quoi alors?
L'homme à la chevelure grisonnante se leva, prenant difficilement appui sur ses vieilles rotules pour se déplacer en direction du tourne-disque. Après avoir choisi le 33tours adéquat, il s'assit de nouveau auprès de son petit-fils pour lui raconter un récit palpitant, le tout porté par le grésillement de la platine.
https://www.youtube.com/watch?v=8ifSUhwmIMU&list=RD8ifSUhwmIMU
-C'est quoi cette musique de merde pépé?
-Viens ici mon enfant, je vais te raconter une histoire. De ton grand-père, ta grand-mère, et de leur histoire d'amour. Et d’à quel point ils s'aimaient, sans le savoir réellement. On m'a ordonné, d'accomplir un véritable parcours. Et au lieu d'y perdre mon emploi, j'y ai trouvé l'amour.
-C'est trop la chancla pépé, je ne comprends rien de ce que tu me racontes.
-Ferme-là petit, et écoute mon discours.
-Mais ça veut dire que du coup, je vais savoir à quoi tu ressemblais jeune?
-En l'an de grâce 2017, j'étais un bellâtre fraichement sorti du chômage. Dans une radio de seconde zone j'y parlais de livre et littérature, faisant des louanges ou du torpillage.
-Cela veut dire que je vais être aussi beau-gosse que toi une fois adulte?
-Aucun risque mon garçon, ton père a épousé une maman aussi grosse qu'un bagage.
-Je lui dirais.
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Nous voilà arrivé à la fin 2017, dans cette bonne vieille ville de Paris. L’apparence de la cité lumière était bien différente de celle que nous avons actuellement. Le ciel gris, l'odeur des pots d'échappement, la tour Eiffel réduite de moitié, enfin bref, tu m'as compris, bienvenue dans le passé.
Je travaillais alors comme chroniqueur littéraire dans une radio dont nous tairons le nom. Me baladant le long de la seine pour me rendre à mon lieu de travail, j'étais encore loin de me douter que cette journée allait marquer ma vie à jamais.
-Quelle belle journée!
-Mo de quoi il mo parle celui-lo! Va t'faire!
Se faire insulter était après tout monnaie courante à Paris en ce temps-là, et à vrai dire, mon garçon, je l'avais bien cherché en m'exprimant ainsi tout haut. Mais, marchant la tête haute, je fis abstraction de cette agression et je me rendis à la maison de la radio.
-Salut Audrey. Tout baigne?
-Bonjour Philandrin. Yes, ça baigne grandement pour moi.
Le hall d'entrée de la radio était superbe, comme à son habitude. Le parquet recouvrant à la fois le sol et les murs dégageait un sentiment de chaleur bienvenue en plein mois de décembre et te rappelait l'ambiance cossue des salles d'amphithéâtre. La porte d'entrée donnait vue sur le bureau d'Audrey, la petite standardiste. Le teint mate et la chevelure sombre et soignée, elle était belle comme à son habitude, mais cette-fois si un élément divergea de d'habitude.
-Et moi tu ne me dis pas bonjour? Vraiment impoli•e.
Une deuxième agression verbale en moins d'une heure. Comme je te l'ai dit mon petit, on avait l'habitude, mais quelque chose m'avait dérangé dans le mode d'expression de ce jeune con. Mais quoi? Il était encore impossible de le dire à ce stade. Je baissa une nouvelle fois la tête pour clore cet embryon de conversation, et je me mis à observer le reste du hall d'entrée.
Plusieurs demoiselles ou dames s'y trouvaient. Cela tombait bien car mon émission ne commençait que dans une petite heure. J'avais du temps à perdre avant de rencontrer mon patron et j'avais donc décidé de ce fait d'entamer la conversation avec...
Mais avec qui vas-tu parler?
Attention les quais, voici le premier choix d'une longue série. Attention, chaque vote peut avoir des conséquences imprévues sur l'histoire, ne votez jamais à la légère, tel est la dure loi de la démocratie.
La jolie standardiste de la radio. Sa peau légèrement mate combinée à sa chevelure de charbon lui conférait un petit charme Pharisien qui ne me laissait pas insensible. Malgré une fâcheuse tendance à dire "YES" toutes les trente secondes, elle ne possède pour le moment aucun véritable défaut qui méritait d'être souligné. Au contraire, bien qu'elle ne soit que standardiste, cette jeune fille s'habillait toujours avec la plus grande des élégances.
Bien que pour le moment je n'avais dit bonjour qu'à deux personnes, il y en avait en réalité bien plus qui évoluait dans le hall d'entrée. Parmi tout ce beau monde se trouvait deux autres personnes qui m’intéressaient particulièrement.
Tout était indiqué dans le nom de famille. Je ne savais pas réellement où se trouvait exactement cette femme dans l'organigramme de mon entreprise, mais elle était bien évidemment au-dessus d'une simple standardiste et d'un chroniqueur littéraire. Cette sublime plante d'âge mur possédait des cheveux de feu, et sa tenue dévoilait une constellation de taches de rousseur qui débutaient de ses omoplates pour s'aventurer plus profondément dans son anatomie. Elle avait une pile de dossier à la main, et bien que ce ne fût pas de la littérature à proprement parler, une femme portant des ouvrages m'avait toujours sacrément attiré.
Cette dame ne passait son temps qu'à se pavaner à travers les nombreux couloirs de la radio où je travaillais. C'est principalement pour cette raison que tout le monde se demandait ce qu'elle faisait ici, et qu'on a tous fini par découvrir qu'elle était en réalité l'épouse du grand patron. Son air suffisant et sa manie de rapporter tous nos écarts de conduite la rendait principalement agaçante, mais qui sait, peut-être qu'un cœur fondant se cache derrière cette façade de marbre?
Chapitre 0: Introduction
Partie_03:
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Pendant les minutes qui suivirent, je fis semblant de ne pas entendre l'autre andouille. L'ignorance est la meilleure des armes face à ce genre d'individu, et voir la rage monter en lui était réellement amusant. Plus j'apprenais diverses informations concernant la jeune séfarade de mon cœur, moins ce jeune gauchiste tenait en place. Ses sourcils étaient froncés au maximum, ses yeux injectés de sang et il eut même l'audace de taper du poing sur le bureau où Audrey Travaillait, faisant trembler ses affaires.
-Peux-tu partir s'il te plait?
-Oui, tu peux partir Philandrin.
-A vrai dire, je demandais à toi de partir...
L'adepte de l'écriture inclusive bégaya un peu en signe de protestation, mais ta futur conquête lui expliqua calmement que sa présence l'ennuyait au plus haut point. Acceptant sa défaite, il tapa quand même une nouvelle fois sur le comptoir et s'en alla sans demander son reste.
J'avais gagné la première manche en restant passif.
-Donc, on peux reprendre où on en était?
-Oui, bien évidement, d'ailleurs, merci d'avoir fait partir ce relou.
-Mais de rien, je suis toujours-là pour rendre service. Si jamais tu veux quoi que ce soit?
-Tout ce que je veux?
-Tout.
Vois-tu mon garçon, cela commence toujours de cette manière. Par deux-trois remarques infantiles. Oh non, cela ne voulait pas dire que l'affaire est dans la boite, la séduction étant un jeux ardu. Mais j'étais sur la bonne voie, c'était déjà cela. Prenant mes aises en posant un bras sur le comptoir, je continuas sur cette lancée:
-C'est une remarque de grande fille dis-donc. Ça veux probablement dire que tu es une fille indépendante. Tu as un appart?
-Yes, j'ai mon chez moi. Fille forte comme tu dis. Je ne sais pas si tu connais, mais j'habite au Quai des Célestins. C'est dans le quatrième.
Quai des Célestins. Quel nom idiot pour un endroit lambda de notre capitale. Mais faire fi de est d'usage dans ce genre de conversation. Je fis donc semblant de connaitre l'endroit, en donnant deux ou trois détails assez vague pour rester crédible. On pouvait dire ce qu'on voulait sur Paris, mais toutes les rues avaient de nombreux points communs, et en énumérant ces fameux détails, je ne pouvais pas me tromper.
-Yes! C'est pas mal ça! Ça veut dire que si tu y vas souvent, tu pourrais venir me voir un de ces quatre?
Elle me taquinait clairement. Quel genre de relation allait-elle m'offrir? Je n'en savais rien et je m'en moquais, je ne vivais que pour l'instant présent. Rebondissant sur ses palabres, je menais cette conversation à bon port et je ne pus m'empêcher de continuer à l'admirer.
Sa chemise déboutonnée offrait un décolletée plongeant mais je préférais m'attarder sur le reste. Sa sublime chevelure de charbon.... Ce regard et ces lèvres de cannelle... Comme un chocolat au soleil, je fondais littéralement sur place suite à l'envie que me provoquait le corps d'Audrey la comptable en alternance. Elle me plaisait, et elle le savait. A chacune de mes répliques, elle abandonna son traditionnel "Yes" pour m'offrir à la place de nombreux sourires, glorifiant un portrait qui était déjà sublime de base. Tout se passait pour le mieux, mais comme d'habitude, la fameuse boulette arriva.
-Oh non! Je suis désolé!
Comme dans un film érotique au rabais, l'aise que j'avais pris sur le comptoir se retourna contre moi. Me penchant beaucoup trop en avant, j'avais malheureusement renversé un gobelet contenant un double espresso.
-Mon café sans caféine!
Elle émit tout d'abord un petit cri de surprise. Puis voyant non seulement sa chemise tâchée, mais aussi que tu avais déjà pris de l'essuie-tout pour réparer ta bêtise, elle ironisa:
-Et bien, drôle de façon de conclure, on se croirait dans le film de noël de netflix.
Mais que vas-tu choisir de faire?
Chapitre 0: Introduction
Partie_04:
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-Je suis vraiment désolé...
-...
Audrey était trempée de son nombril à sa poitrine, sa chemise blanc cassée devenue marron. Elle me regardait d'un œil noir, couleur qui n'évoquait bien évidement pas la couleur de ses pupilles. Il n'y avait vraiment aucun avantage à tirer de cette situation, sa poitrine ne se révélant pas plus sous l’influence du liquide (Son soutiens-gorge formait un véritable rempart au dévoilement de sa poitrine). Cependant, plus je la regardais d'un air affolé, et plus j'étais entrain de m'apercevoir d'une chose.
-...
-Ce regard? Tu te moques de moi en vrai?
Plus mon affolement persistait, plus un léger rictus moqueur se dessinait sur son visage. Elle était silencieuse, mais son humeur vira et elle commença à rigoler. Elle m'avoua par la suite qu'elle aurait du me filmer à cet instant T pour pouvoir me remontrer ma tête. J'étais hilarant à voir, pour quelqu'un qui se moquait d'avoir perdu à jamais une chemise.
-A vrai dire je ne mets que des anciennes collections au travail. Justement pour me prévenir de maladroits dans ton genre.
Elle venait d'évoquer sa vie en dehors du travail. Une perche m'était tendue, et je me devais de la saisir. Selon Marcel Proust, le regret est un amplificateur du désir. C'est peut être ce qui m'a poussé à faire le premier pas. Et puis cette utilisation du mot collection? Était-elle riche ou juste férue de mode?
-Ça veut dire que tu es beaucoup plus belle dans ta petite vie personnelle pas vrai?
-Certainement.
-J'ai à la fois envie de voir ça et de m'excuser pour t'avoir salit. Tu fais quoi ce soir?
Son langage corporel semblait signifier: Il a enfin osé. Après m'avoir répondu par l'affirmative en utilisant deux de ses fameux "yes", Audrey la non standardiste me donna d'elle même son numéro de téléphone. Ne connaissant pas le mien (j'aime dire aux autres que je ne m'appelle jamais) , j'en avais profité pour lui envoyer de suite un petit sms des familles.
-Et bien, mon cher Philandrin, ça roule. Ce soir, je suis ton rencard. Habille toi mieux que ça.
-On dine où?
-On décidera tout à l'heure par sms. Rien ne presse, midi n'est même pas encore arrivé.
-Tout à l'heure? Par sms?
Mon game, qui avait pourtant était si propre du début à la fin fut entaché par l'euphorie que m'avait procuré l'obtention du numéro. Heureusement pour moi, elle fut compréhensive, et me répondis que je devais partir car non seulement elle avait du travail, mais l'heure de mon émission approchait dangereusement.
-A ce soir.
Elle avait raison, l'émission approchait dangereusement, j'avais tout juste pile le temps de me rendre au studio d'enregistrement. Heureusement que je ne l'ai pas trainé dans les toilettes pour lui faire l'amour. On aurait certes passé un excellent moment mais Germain, mon patron, n'aurait pas réellement apprécié. Enfin j'aurais toujours pu lui avouer la vérité, vu qu'il est plutôt porté côté cul et humour pouet-pouet, il m'aurait probablement félicité d'avoir comblée la fille du service compta.
-Il faut vraiment que je me grouille merde, j'ai joué aux cons!
L'ensemble des couloirs et des escaliers filaient devant moi à la vitesse de la lumière. Oui mon petit, je sais ce que tu vas te dire. Les ascenseurs existaient déjà à cette époque-là. Mais celui de la maison de la radio était souvent en panne, service publique oblige. Tout en pressant le pas et en consultants mes textos et autre snaps, j'apercevais au passage de nombreuses têtes familières. Parmi celle qui t’intéressent le plus se trouvaient cette chère madame Beauchemin, toujours resplendissante et toujours entrain d'écraser les personnes en dessous de sa position hiérarchique.
Il y avait aussi toujours cet abruti au pull Sheraf. Il était assis à genoux sur le parquet, entre une plante verte et un guéridon. Je ne savais pourquoi cet idiot était sur le sol alors qu'il y avait de nombreux sièges à côté de lui. Mais il lisait un bouquin à voix haute, comme s'il récitait une leçon.
– Éviter d’employer les mots "homme" et "femme" et préférez les termes plus universels comme "les droits humains" (au lieu des "droits de l’homme"). Putain, c'est compliqué mais il faut vraiment que j'apprenne pour à la fois pécho et mépriser les droiteux.
Il me faisait rire, mais je n'aurais pas du m’arrêter deux secondes pour me moquer de cet ahuri. Je ne venais de perdre un temps précieux et une fois arrivée à la fameuse la porte du studio, la lumière avait viré au rouge. Oui, ce n'était qu'une lumière trônant au dessus d'une porte en bois, mais elle signifiait que l'émission venait de commencer. Et malheureusement pour moi, mon show se faisait en direct.
Deux options s'offraient alors à moi:
-Rentrer? Ou attendre la fin de l'émission?
Poireautant devant la porte, il fallait que j'agisse, et vite. Non seulement car j'avais l'air stupide, posé là, mais aussi car l'adepte de l'écriture inclusive était assis non loin. Je le voyais de ma position. Il était plongé dans son horrible manuel, mais si jamais il me voyait, il allait probablement en profiter pour prendre sa revanche et se moquer de moi. Pire encore, si je ne suis pas là a temps pour faire ma chronique, un jour de salaire allait sauter.
Moins de finance, et malheureusement pour moi, j'hébergeais ma sœur en ce temps là, et mon père, qui m'avait à l’œil, allait me tomber dessus pour me faire la morale.
Mais d'un certain côté, on était vendredi, le jour de l'émission au studio 105, qui se fait en publique. Mon entrée ne pourrait se faire discrètement. Germain allait m'afficher en direct à la fois devant le publique, les autres chroniqueurs et devant les auditeurs.
-Il va forcément falloir décevoir quelqu'un. Père, ou Germain?
Mais que vas-tu choisir de faire?
Chapitre 1: La quête
Partie 01-a:
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La pression montait de plus en plus, je tremblait littéralement de stress. Que devais-je faire? Rentrer et me taper la honte de ma vie en direct à l'antenne? Ou bien perdre un jour de salaire et énerver mon père. Oui, je sais, ce que j'allais faire par la suite était totalement idiot et allait me faire perdre encore plus de temps, mais j'ai brandi mon téléphone pour me demander conseil auprès de Cassandre et de Marius, mes deux meilleurs amis de l'époque.
-Mais grouillez vous de répondre bon sang!
J'attends toujours la réponse à ces deux questions d'ailleurs.
Cette demande de conseil était particulièrement stupide, je te l'accorde mon enfant. Mais la procrastination est un véritable fléau dont j'étais l'esclave. Puis deux éléments perturbateurs me firent enfin prendre la bonne décision:
https://www.youtube.com/watch?v=vC1cgcOEErQ
La porte se trouvant devant moi avait beau abriter un studio de radio, cette dernière laissait quand même filtrer toute une partie du tintamarre effectuée à l'arrière et je pus de cette façon entendre que le générique de l'émission venait d'être lancé par le type de la technique. A moitié décidé, ce ne fut qu'en imaginant la réaction de mon père en examinant l'état de mes finances que je me décidai finalement à ouvrir la porte pour rentrer à l'intérieur.
-BON SANG PHIL! C'est quoi ce compte en banque de PROLÉTAIRE?! Je te rappelle que je t'ai confié ta sœur petite MERDE! Je savais que je n'aurais jamais du la laisser faire son stage à Paris, cette ville de bobo! Je t'ai élevé correctement et c'est comme ça que tu me remercies? En foutant en l'air l'avenir de ta sœur? Je te jure que si elle fait le trottoir par ta faute je t'étripe! Tu t'es toujours caché derrière les jupons de ta mère mais tu vas voir, je vais te tomber dessus quand tu t'y attendra le moins.
-Bon sang, l'angoisse! Bon, j'y vais, je préfère affronter Germain et un public du tonnerre que Père.
La porte du studio 105 grinça comme à son habitude, mais heureusement pour moi, le bruit fut masqué par l'ampleur du générique. Le studio possédait une bonne acoustique et la traditionnelle mélodie de Pierre Henry occupait toutes les molécules d'air présente.
Pendant que je me faufilais discrètement à travers le public, l'animateur principal du show, autrement dit mon patron, scanda sa phrase d'introduction qui annonçait le début du show radiophonique.
-Auditrices et auditeurs de mon cœur! Bienvenue sur "Les feuilles volantes", l'émission qui est la peste de l'inculture! Comme vous le savez, aujourd'hui c'est vendredi, et on fait notre émission au studio 105, en publique!
Oui, j'avais mal choisi mon jour pour venir en retard. Habituellement, notre émission de seconde zone tenait lieux dans une toute petite pièce, si horriblement étroite que la chaleur humaine la transformait en véritable four à micro-onde au bout d'un petit quart-d'heure d'enregistrement. Le vendredi était un jour spécial car on enregistrait en présence d'un public. Oui, un public. A vrai dire, le studio 105 ressemblait à un amphithéâtre qui n'avait rien à envier aux universités de province. Le tout, murs et sols était décoré de parquet, et une estrade composée de siège trônait fièrement devant les tables où les animateurs prenaient place. On se serait cru dans la salle commune d'un lycée.
-Émission animée par votre cher Germain!
Le public l'acclama.
-Avec Lantier, derrière la technique, rôle très important! Prions pour qu'il ne fasse pas de boulette ce soir!
Le public acclama cette fois-ci le technicien, ce qui eut pour effet de lui donner un petit coup de pression.
-B-bon soir Germain.
-Et nos deux gros-niqueurs, enfin je veux dire chroniqueurs! Philandrin Lambert et Janvion Malou!
Bon sang, tu ne pouvais pas imaginer à quel point je rageais intérieurement. 30 secondes plus tôt et j'arrivais juste à temps. J'étais encore dans l'émission quand mon rival de toujours salua les auditeurs.
-Bonsoiw Germain.
- Tiens? Mais où est Phil? Philandrin est en retard?
-Mais oui c'est clair Germain, il essaye même de rentwer en scwed.
Quel con, il venait de me vendre. Je détestais réellement ce type.
-Hinhinhin, bien vue Janvion, quel surdoué de la blagounette tu fais.
-Hahahahahaha! Quel blagueur ce Janvion!
Pourquoi ce Janvion était-il mon rival? Je m'acharnais de travail, et bien que je me brisais l'anus à la tâche, ce type était clairement le chouchou de l'animateur. Quoi que je faisais, il n'y en avait toujours que pour lui. Il se donnait un vieil accent à deux sous qu'il n'avait même pas en présence de Germain, et juste ça servait à ce que tout le monde l'estime comme un poète de la rue. Non je ne m’énerve pas, ferme-là petit, ou bien je dis à ta mère que tu l'as insulté en ma présence. Tu sais qu'elle complexe sur son poids et que j'ai l'avantage de l'âge sur toi. Enfin bref. Une fois assis sur le fauteuil qui m'étais dédié, mon patron de l'époque me questionna:
-Alors mon petit? Pourquoi es-tu en retard?
Je ne pouvais pas lui avouer la vérité, il n'arrêterait pas de bassiner Audrey après ça, et mon rencard de ce soir serait mort-né. J'allais donc lui mentir en imaginant une chose particulièrement puérile. Cela allait me clouer sur place pendant quelques minutes, mais le connaissant, il n'irait pas chercher plus loin si je le disais ce qu'il voulait entendre. Prenant une mine grave, ton grand-père proclama bien en face du micro:
-Pipi.
-AAAAAAAAAAAAYA! Tu es sûr que ce n'était pas plutôt un gros caca que tu nous as fait!
-Héhéw! Popo!
Ce bon vieux Germain approchait de la retraite mais était encore un grand enfant. En lui disant pipi ou caca, ça allait faire sa journée. De cette manière, je venais de raccourcir ma honte, qui ne durerait plus toute l'émission. Après avoir rigolé jusqu'à s'en faire tousser violemment les bronches, l'animateur tilta finalement d'un truc, et se mit à prendre un ton beaucoup moins enjoué.
-Attends mais le générique de l'émission tourne toujours là!
-Euh...
-Coupe le bon sang! L'émission a commencé!
-J'essaye! J'essaye Germain!
Cet idiot de la technique n'arrivait plus à couper le générique. Et heureusement pour moi, car ce bon vieux Germain changeait de cible. Dommage en revanche pour Lantier de la technique, car ce n'était plus des vannes que notre patron lâchait désormais à l'antenne, mais des jurons.
-Mais calme toi Germain! On va avoir Madame Beauchemin et le C.S.A. sur le dos si tu continues!
Chapitre 1: La quête
Partie 01-b:
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-Si moi je continues? Mais c'est toi qui fait n'importe quoi tête de gland!
-Vous voulez que je le remplace Patwon?
La musique continuait à retentir, le public se marrait, les auditeurs aussi probablement. Ce pauvre technicien avait complètement perdu ses moyens, il pianotait ici et là sur sa console. De nombreux jingle sonore digne du service public, à base de pets et de rots retentirent à l'antenne, et Germain demanda finalement à la sécurité de faire évacuer le technicien. Janvion mon rival allait prendre sa place.
-Veuillez nous suivre monsieur.
-MAIS!!!! LAISSEZ-MOI! Je veux une seconde chance!
Ce bougre de Lantier fut évacué et une fois que les spectateurs finirent de rire tous ensemble, l'émission débuta finalement. Concernant le thème qu'avait ce jours-là l'émission, je ne pourrais t'éclairer mon garçon. A vrai dire, je n'intervenais réellement que 15 minutes à la fin d'une émission qui n'en durait une heure et demi. Le reste du temps, à savoir pendant la plus grosse partie du show, je n'écoutais ce qu'il se passait que d'une oreille. Oui, j'étais payé à rien faire et oui, j'avais de la chance. Bienvenue dans le petit monde de l'audio-visuel.
Comment vais-je meubler ce trou dans l'histoire? Et bien, je vais t'expliquer la situation personnelle qu'avait ton grand-père en ce temps-là.
Je m'appelle Philandrin, Français Lambda, et je bossais dans un milieu plus ou moins culturel.
Originaire de province, j'ai décidé de migrer à Paris une fois mes études terminées et mon diplôme en main. J'ai rapidement trouvé du travail par hasard, en rencontrant ce cher Germain à un feu piéton. Comme quoi, il ne faut pas écouter les filles mon petit, la rue ne sert pas à ce rendre que d'un point A à un point B.
Comme la grande majorité du commun des mortels, j'avais deux Parents. Père et Maman. Ma relation avec eux était plus ou moins complexe. Ton arrière-Grand mère était particulièrement douce et aimante. J'ai vécu les meilleures années de ma vie sous sa protection. En revanche, mon père... Disons tout simplement qu'il était extrêmement exigeant et colérique. Tu comprendras plus tard si tu ne t'endors pas avant la fin de l'histoire.
Comme tu le sais, j'ai aussi un frère, Hubert. Il vivait aussi dans la ville lumière en ce temps-là, il subsistait en étant chauffeur Über. Je ne vivais pas avec lui, on avait chacun notre appart' de notre côté, en revanche, j'hébergeais ma jeune sœur Léa, qui avait elle aussi quitté mes parents, mais pour faire son stage de BTS à la COGIP, une entreprise se trouvant à la défense.
Mais laissons-les où ils sont, reparlons un peu de moi. J'avais la grosse vingtaine, j'entamais d'ailleurs dans pas très longtemps la prochaine étape de la vie, la plus terrifiante, celle qui se nomme la trentaine. Les gens me trouvaient beau, mais ma taille plus petite que la moyenne et le fait que j'ai été un peu trop couvé par ma mère pendant ma jeunesse faisaient que j'avais un gros problème pour extérioriser mes sentiments. J'étais donc ce que les gens appelaient en ce temps-là un BG timide. J'étais un beau gosse si j'en croyais ce que les gens me disaient, mais je n'arrivais pas réellement à choper car je m'y prennais comme un pied voir comme une merde.
Et pour Audrey la petite Séfarade? Un pur coup de chance car je n'avais pas réellement d'expérience en ce temps-là. Enfin, de quoi je me plains. Cela pourrait être pire, par exemple, j'avais déjà couché avec des filles dans le passé. Pas beaucoup de fois, mais je l'avais déjà fait... A trois reprise:
La première fois, c'était avec cette nympho Asiatique qui fantasmait sur le fait de dépuceler un puceau beau gosse dans mon genre:
-Alors Clito, j'étais comment?
-Mouais, pas trop mal... Tes coups de reins n'étaient pas encore parfait mais ton cul est ferme, poser ses mains dessus et en faire l'inventaire ça occupe l'esprit mine de rien.
La seconde, je l'ai eu à la loyale, la seule fois où j'ai vraiment réussi mon coup d'ailleurs. On faisait une soirée ensemble et on a finit dans la piaule d'un gars que je ne connaissais pas...
- Tu t'appelles comment sinon? Non, parce-que après ce qu'on vient de faire ensemble, ça serait cool si on se revoit tout les deux après. Autour d'un café, d'une bière, ou d'un meuporg, je ne sais pas moi.
-Laura, mais ne compte pas sur moi pour remettre ça, toi et moi, c'était sympas sur le moment mais c'était une grosse bêtise...
Bon, ok, ça ne s'est pas si bien passé que cela... Et puis la dernière fois, c'était lors de mon voyage à Malte, je suis tombé sur une policière un peu spéciale...
-Madame l'agent, ça fait trois heures qu'on est à quatre pattes quand même, je peux partir? J'en ai marre mes hanches me font mal et la moquette irrite mes genoux...
-Fais moi jouir encore une fois mon salaud et je te jure que cette fois-ci je fais sauter l'amande. Je ne veux plus sentir mes jambes, je veux un arrêt maladie, fracture du bassin!
Expérience bizarre, mais j'avais dû aimer puisque j'étais encore en contact par WhatsApp avec cette fille.
Enfin bref!
Repassons à notre histoire, considérons que ce petit topos sur ma personne équivaut au temps d'antenne que Germain consacrait à ses invités. La première chronique à passer à l'antenne fut celle de mon rival de toujours. Et quelle chronique spectaculaire! Totalement effaré par sa connerie, je ne pouvais qu'écouter. Le sois-disant fils prodige de la radio, ce simulacre de poète était entrain de faire sans aucune honte et en direct une review d'une vidéo avec de chats qui chantent sur un fond cosmique.
Le cosmique dans l'histoire, c'était lui, pas les matous.
-Eh fwanchement je vous juwe que cette vidéo elle vous scotchera sur votre chaise. Les chaw qui regardent à droite puis à gauche comme un seul homme, c'est vwaiment trwo mawant, on dirait qu'il dansent ensemble hahaha.
Ok, j'aimais les chats, ok, j'aimais la synthwave, comme tout jeune des années 2010. Mais de là à faire une chronique sur des chats qui remuent leur tête dessus... Ce type était une imposture. Et dire que ma chronique sur ce bouquin d'Ayerdhal allait encore une fois passé inaperçu.
-Eh ba, ça doit surement être cocasse hein?! Merci à toi mon très cher Janvion le poète pour ta super chronique sur une vidéo de chat. Et dire qu'on est payés pour faire ça mes chers auditrices et auditeurs, pendant que vous vous cassez le cul à travailler dans un supermarché de prolos ou je ne sais quoi encore! Aaaaaaaaaya! Et sinon toi, mon Philandrin adoré, gros niqueur de mon cœur, tu en as pensé quoi?
-Eh bien Franchement, j'ai trouvé que c'était de la grosse m...
Sentant la boulette venir, mon patron me coupa immédiatement la parole et effectua un lancement pour introduire ma chronique littéraire. Trop d'insultes avaient été dites à cause de Lantier de la technique, il devait désormais toutes les filtrés, le quota avait été dépassé.
Comme prévu, ma chronique passa inaperçu. Les chats avaient plus de succès que les lettres. Pas une grosse surprise en même temps. Une fois le générique de fin de l'émission terminé, le public, puis Janvion s'en allèrent sans demander leur reste. Il ne restait au studio 105 plus que moi et Germain, et pendant que je rangeais soigneusement mes affaires, mon patron me prit à partie:
-Alors mon petit Philandrin, tu as failli déraper à la fin de l'émission?
-Oui mais il faut avouer que ce mec n'est pas poète pour un sous. Il raconte que de la merde. Désolé d'employer ce mot mais c'est la vérité. Vous le savez.
-Oui j'en suis conscient mais je ne peux pas le virer sinon il se fait expulser. C'est un ingénieur en provenance de Syrie, le cas un peu délicat tu vois? Si jamais il n'a pas de taf il se fait expulser dans la minute par ces fachos de droite.
-En marche est un mouvement qui est centriste, vous savez?
-Oui mais non. Enfin bref! Tout va comme tu veux? Ta sœur, toujours aussi bonne?
-Ne parlez pas d'elle comme ça, je vous aime bien, mais respectez-là quand même...
- Tu t'es trouvé une copine?
Ce sacré personnage changeait de sujet comme de chemise. Mais où voulait-il en venir exactement? Je ne sais pas réellement si tu connais ce genre de personnage mon petit, mais leur parler est particulièrement déstabilisant. Et puis un autre problème subsistait. Devais-je lui parler d'Audrey?
-Euh...
-C'est vrai que maintenant que tu le dis, je ne t'ai jamais vu avec une fille, ni même avec un homme! Aaaaaaaya! T'es asexuel?
-Pas du tout, ça m'arrive de choper.
-Bah voyons! Je n'en crois pas un mot! Tu sais quoi mon petit Philandrin? Il me vient une idée débile comme je les aimes...
Je me souviendrais toujours de mes pensées à ce moment précis. Un savant mélange de "Oh non!" de "Mais que va t'il bien encore pouvoir m'inventer" et de "Ayez pitié de mon âme".
Tu te souviens de ce bouquin que je t'ai fait lire? Les onze milles verges?
-Apollinaire, c'est ça?
-Oui, exactement. Et tu te souviens du protagoniste? Ce bon vieux Vibescu?
-Oui, il a promis de combler vingts fois d'affiler Culculine.
-Voilà, tu as tout compris. Et ba tu sais quoi Philandrin? Ça m'énerve de voir un beau gosse comme toi ne pas tremper sa nouille à tout va. Je vais te faire un petit défi. On est en Janvier, je te laisse jusqu'à fin Mars. Je veux que tu baises 20 filles d'ici-là.
-Attendez quoi?
Ce vieux cochon essayait de me trainer dans ses magouilles malsaine. Et moi, comme le benêt que j'étais, je n'osais pas refuser et je me suis laissé entrainé dans une quête qui allait me changer à jamais.
-Et pas d'arnaque hein? Des filles différentes, et je veux des sextapes ou autre connerie du genre pour le prouver. Je veux mes vingts vidéos de cul d'ici deux mois sinon tu es viré.
-Vous êtes sérieux?
-On ne peut plus sérieux. Ne joue pas au cons Philandrin, si tu échoues, tu perds ton emploi, et ta sœur sera à la rue entrain de faire le tapin! Cocasse non?! Mais pour un beau gosse comme toi ça devrait être facile non?
-Ba je...
-Bon allez, j'en ai assez entendu... Casse-toi de là et va baiser! C'est un ordre! Sinon tu perds ton job!
Mon cerveau complètement abasourdis par ce qui venait de me tomber dessus, j'étais même sorti de la maison de la radio sans m'en rendre compte, et encore moins en disant au-revoir à Audrey ou à Germain. Par le biais d'un logos qui n'était même pas de première qualité, Germain m'avait entrainé dans une folle quête. Avec le recul, je me sens stupide de ne pas avoir essayé de refuser, mais le mal était fait. Si je voulais conserver mon job, et ne pas me faire engueuler par mon père suite à la baisse conséquente de mes finances, je devais séduire à tour de bras...
En retirant le mode avion de mon téléphone portable (on coupe le réseau à l'antenne), j'avais constaté que plusieurs SMS m'avaient été envoyés. Le hasard faisait bien les choses, l'un d'eux était d'Audrey, elle m'avait envoyé un émoji aubergine suivit d'une confirmation de notre rencard de ce soir.
J'avais accepté de participer à ce pari fou, mais voulais-je vraiment entrainer cette charmante jeune fille à mes combines?
Mais que vas-tu choisir de faire?
Chapitre 1: La quête
Partie 02:
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https://www.youtube.com/watch?v=MCiqK4u1vmE
Les deux pieds titubants sur les pavés de la rues, je n'avais pas encore entièrement réalisé ce qu'il venait de m'arriver. Cela peut paraître ridicule dit comme ça, mais ce Germain était un véritable expert du logos, un homme capable de convaincre n'importe qui de faire n'importe quoi. Un travail dantesque digne des douze travaux d'Hercules se présentait alors devant moi.
Bien évidemment, j'avais décidé de laisser la petite Audrey en dehors de tout cela, en ne commençant le défi qu'après mon rencard avec elle, mais j'avais quand même besoin de conseils. Essayant de prendre contact avec mes nombreux amis de l'époque par le biais de mon téléphone, je n'avais réussi à contacter que Marius, un hispter parmi tant d'autres que j'aimais beaucoup.
-Rejoins moi au positivité si tu veux me parler Phil.
Il m'invita à le rejoindre au café positivité et c'était principalement pour cette raison que je déambulais tristement en plein dixième arrondissement. Pourquoi voulais-je le voir? Je n'étais pas encore complètement décidé à vouloir accomplir cette noble tâche que l'on m'avait confié et j’espérais peut-être qu'il m'en dissuaderait. Peux-être car il y avait aussi toute une partie de mon inconscient qui voulait au fond de moi accomplir ce rite initiatique. Ma vie avait toujours était à l'extrême limite de la banalité. Et puis comme je te l'ai dis précédemment, ma vie sentimentale ne cassait pas trois pattes à un canard. J'avais une véritable soif d'aventure à étancher, un désir de séduire à combler. Cette partie de moi voulait accomplir le défi à tel point que chaque femme dans la rue devenait une cible potentielle. Même une simple policière effectuant un contrôle de routine dans une ruelle sordide:
-Wé vazy madame l'officière, vous avez pas le droit de me fouiller comme ça!
-Tu as surtout le droit de garder le silence.
Cette demoiselle en uniforme était particulièrement jolie, avec son air autoritaire et sa peau couleur cannelle.
Tu aurais du la voir, elle sublimait clairement cette ruelle sordide.
Mais, même si estimant qu'elle pourrait faire partie de mon défi, je m'étais quand même abstenu d'aller la déranger, ne portant pas la drague de rue dans mon cœur. Un proverbe déjà antérieur à mon époque disait qu'on a tous les droits quand on a le spleen, mais il ne fallait quand même pas pousser. C'était donc pour cette raison que j'avais décidé de la laisser tranquille. Puis le fameux café de mon rendez-vous n'était plus qu'à une rue de ma position.
Je sais que tu connais bien le café positivité mon enfant. Après tout, c'est encore une adresse incontournable de la vie mondaine Parisienne et je t'y emmène souvent pour y passer du temps entre un grand-père et son petit fils. Mais l'ambiance de la rue l’hébergeant était particulière en ce temps-là et laisse moi t'expliquer pourquoi (tu pourras t'en venter de cette petite anecdote auprès de ton prof d'histoire-géo).
Comme tu le sais, cette rue n'abritait pas qu'une seule adresse incontournable de la ville lumière. En plus du café positivité se trouvait l'Abra-Kebabra, une adresse mythique pour tout les fans de Grecs sans gluten. Son chef historique, un artisan au talent jamais inégalé du nom de Lounis de Fares venait de rendre l'âme il y a plusieurs mois de cela. Et pourtant, la ferveur de ces fidèles était toujours là, de nombreux bouquets de fleurs, de bougies et autres grigri commémoratifs étaient encore déposés en face de son établissement.
Une imposante stèle trônait sur le trottoir gauche de la rue, avec ces inscriptions:
Repose en paix Lounis - never Forget.
Ce mémorial premièrement spontané avait du faire le pain de nombreux fleuriste car on y comptait des milliers de bouquets de déposé sur le sol. Heureusement pour nous citoyen, la maire de Paris était elle aussi une grande fan des Grecs de Lounis de Fares, et avait accepté de dépêcher des équipes d'employés municipaux pour entretenir les lieux. Avec la ferveur qu'inspirait ce maitre kébabier, tu imagines bien que toutes ces fleurs deviendraient un enfer une fois fanées si non retirés.
-C'est trop triste quai.
-Je sais, on a perdu un maitre et on ne s'y fera jamais.
De nombreuses personnes de tout âge pleuraient encore un homme qui nous avait quitté dans des circonstances mystérieuse. Gabi Djarballah,l'apprenti Algérien du maitre avait bien évidemment repris le flambeau, mais bien que ces mets étaient d'une grande qualité, l'élève ne dépasserait jamais le maitre, sa formation n'ayant pu être achevé. Me frayant un passage à travers les nombreux fidèles du chef ainsi qu'à travers les bougies parfumées à la sauce samouraï, j'allais enfin pénétrer à l'intérieur du café pour demander conseil à mon ami.
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https://www.youtube.com/watch?v=n8jaAcD-yQU
Avec sa bande son uniquement composée de chanson Française vintage et guillerette, la béatitude ambiante du café s'empara immédiatement de moi une fois pénétré au Positivité. S'inspirant de la gaieté innée du soleil, le jaune était la couleur dominante en ce lieu. Elle était présente sur les murs, sur le sol, et sur les uniformes des employés.
Marius, était assis à notre table habituelle, seul.
-Salut Phil.
-Salut mec. Cassandre n'est pas là?
-Non, et merci de me demander si je vais bien.
Cassandre, Marius et moi-même formions une sorte de trio inséparable. Mon cher hipster à lunette s'était bien évidemment rajouté par la suite au mythique duo que je formais avec ma meilleure amie (on était originaire du même patelin de province) , mais on essayait de se voir aussi souvent que possible, malgré nos vies professionnelles très différentes. Je pense qu'on pouvait nous comparer à l'un de ces big three que tu pouvais voir dans les films du putain de poète, sans le triangle amoureux.
-Rooh, arrêtes de faire ta pleureuse!
-Tu me veux quoi?
Après avoir commandé auprès de la serveuse un demi-double espresso, je lui ai donc expliqué mon petit problème, le fameux défi amoureux que m'avait lancé Germain. Marius était un geek, un hipster, un fan de Candy Crush et de la marque de vêtement suprême. Puis Squeezie le followait sur son twittos et il avait réussit à attraper des nudes de miss Jirachi en piratant son cloud. Si un geek fana d'informatique pouvait m'aider à faire des caméras cachées en toute discrétion, ce serait bien lui.
Après avoir échangé de nombreuses platitudes, j'avais essayé d'introduire le sujet en douceur. Je lui ai tout d’abord parlé de ma rencontre et de ma phase de séduction avec la fille du standard. Je lui ai même parlé de mon rencard qui avait lieu ce soir, et que j'attendais toujours un sms de la fameuse fille pour planifier plus en détail notre rencontre de ce soir. Puis je lui ai finalement parlé du défi que m'avait plus ou moins imposé ce sacré Germain. Si sa gestuelle corporelle semblait être des plus épanouies lorsque je lui avais parlé d'Audrey, ce ne fut pas le cas lorsque j'avais entamer le deuxième point de notre conversation. Une fois que je lui avais exposé ma problématique, il posa sa tasse, redressa ses lunettes et soliloqua:
-Bon, pour commencer, je suis content que tu as enfin réussi à pécho. Avec Cassandre on s'inquiétait un peu concernant ta vie sexuelle. Mais concernant ton second truc là... C'est un prank que tu me fais là?
-Quoi?
-Ton truc, c'est du harcèlement sexuel.
-Non mais attends, tu n'as pas vu comment Germain m'a vendu le truc. Je vais devenir un homme et tout! C'est génial!
Le pire, c'est que quand j'y repense maintenant, je n'arrive toujours pas à comprendre comment j'avais fait pour avoir été aussi facile à convaincre.
-C'est un gros pervers ce mec, un véritable danger sur pattes, mais je vais t'aider.
Un sourire avait a peine eu le temps de s'esquisser sur mon visage que Marius dérapa complètement.
-Ce type il fait de l'abus de faiblesse. Il profites du fait que tu es son employé. Montre le moi, je vais lui apprendre les bonnes manières. En plus il te balance ça comme ça, sans te dire pourquoi.
Je savais bien évidemment qu'il était sérieux. Néanmoins, sa carrure rendit comique ses menaces. Le pauvre Marius était aussi épais qu'une brindille, et même une personne âgée pourrait venir à bout de lui facilement.
-Te moque pas de moi, tu sais bien que j'ai fait trois ans de Teras Kasi.
Comme pour accompagner sa réplique, il fit de ses deux mains un ensemble de geste vaguement abstrait. Je n'en croyais pas un mot, et mon rire ne fit que de s'intensifier. La colère de Marius monta d'un cran et il essaya de taper virilement de son poing sur la table.
-Tu m’énerves là! Je suis sérieux Phil! Je vais lui casser la tête à ton patron! Teras Kasi que je te dis.
-Mais tu me fais quoi là?
-TERAS KASI! BAGARRE!
J'étais particulièrement influençable en ce temps-là et mon ami un peu soupe au lait (malgré sa fragilité). Cette fameuse Cassandre, elle, servait en quelque sorte de garde fou et aurait probablement pu calmer nos ardeurs. Mais elle n'était malheureusement pas là. Suite à la colère de mon meilleur ami, tout le monde nous regardait. Je me devais de le calmer, avant que la patronne n'arrive et deux choix s'offraient à moi:
Mais que vas-tu décider de faire?
Chapitre 1: La quête
Partie 03-a:
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-Je suppose que tu as raison... Allons le voir.
Une nouvelle fois en moins d'une journée, une nouvelle personne avait tenté de prendre ma vie en main, et comme un benêt, je m'étais une nouvelle fois laissé faire. Mais après tout: Pourquoi se préoccuper de sa propre vie quand les autres le font à notre place? C'était toujours une place de libérée dans mon cervelet.
-Et bien voilà que tu redeviens raisonnable! Tu vas voir, je vais le fumer façon ninja avec mon art martial de la hype.
Comme cette nouvelle calma temporairement l'enthousiasme guerrier de Marius, il me laissa terminer tranquillement ma tasse de café. La patronne et les nombreux serveurs du positivité avaient aussi enfin arrêté de porter leur paires d'yeux sur nous et j'avais donc décidé de faire durer ma boisson chaude. Il faisait bien froid dehors en cette journée de décembre et chaque gorgée de chaleur était la bienvenue.
-Bon. En avant mec!
-Je sens que je vais le regretter mais ok.
Marchant à toute allure, je faisais désormais le chemin en sens inverse direction la maison de la radio. Les badauds pleurant leur maitre kébabier étaient toujours là mais la jolie policière avait disparue. Marmonnant a capella la mélodie de "Take on me" du groupe Norvégien a-ha, mon meilleur ami cherchait à me motiver et c'était chose faite. Chacun de mes muscles était désormais prêt à l'action. La maison de la radio était désormais devant nous et je savais que je devais reprendre mon destin en main. Le sexe sauvage, j'allais le faire avec Audrey, et non avec Audrey puis vingt filles qui m'étaient encore inconnues.
Marius, Fracassant la porte d'entrée de mon lieux de travail à grand coup de pied ravageur rentra en criant. C'est toutefois à cet instant présent que j'avais commencé à me demander si mon meilleur ami n'en faisait hélas pas un peu trop.
-Vous ne pouvez pas entrer comme tout le monde? Hé! C'est interdit de courir ici!
Déambulant comme une furie, ce sacré Marius était entrain de se ruer vers le bureau de mon patron tout en bousculant de nombreuses personnes. Il y a même un pauvre type dont j'ignorais le nom qui était au sol.
-Toi ta gueule!
-Quoi?!
-Tu m'as très bien entendu greluche!
Je n'en croyais pas mes oreilles. Cet abruti venait d'insulter mon rencard sans le savoir. Les joues de la jeune fille étaient écarlate, un exploit pour une personne avec la peau aussi caramélisée et la fuite de cet idiot d'hipster en direction du bureau de Germain ne la calma pas pour autant.
-Mec, c'est pas cool, on insulte pas les filles. Respecte les droits humains!
-Et toi continue de porter ce sweatshirt! Sheraf ils sont cool comme groupe!
C'en était trop, j'avais même décider à cet instant présent de lui en toucher deux mots une fois que tout ceci serait terminé. On n'était qu'une radio du service publique sans prétention, on n'avait pas l'habitude d'avoir autant de remue ménage dans nos locaux. Alors je te laisse imaginer la panique ambiante qu'avait provoqué un Marius déterminé. Je le voyais s'enfuir en direction des escaliers, mais il y avait beaucoup plus impératif sur le moment. Voir un type habillé d'une chemise couleur saumon et d'un pantalon à carreau en velours semer la zizanie chez les bobos était assez rigolo en soit, mais malheureusement pour moi il venait d'insulter quelqu'un qui m'était cher. Ma jolie compagne semblait furieuse, et elle m'avait malheureusement aperçu à travers la foule.
-Je suis vraiment désolé de ce qui vient de se passer.
-C'est toi qui viens de faire rentrer cet idiot?
Sa voix qui était pourtant si mélodieuse semblait désormais assassine. Son visage, habituellement enjoué venait de se refermer et si je ne voulais pas passer un sale quart d'heure, je devais corriger mon erreur en moins de temps qu'il ne faut pour dire épisode sept.
-Franchement Audrey, dés que je le vois, je te jure que je l'engueule pour la façon dont il t'a parlé.
-Ta bite tu peux te la coller où je pense, ce soir tu ne me coucheras pas avec moi pas mon gars. Pas après ce qui vient de se passer.
Même avec ma personnalité lyrique, merde était le seul mot qui me vint à l'esprit à ce moment-là.
-...
Sachant que j'étais le seul à pouvoir calmer la tornade que j'avais moi-même lancé dans les locaux de radio France, elle regretta amèrement de m'avoir annoncer ce qu'elle venait de dire. Se frottant énergiquement le front dans un signe d'agacement, elle décida de faire un pas en arrière pour tenter de me redonner mes moyens.
-Oh arrêtes, ne me regarde pas comme ça... Ça ne veut pas dire que toi et moi c'est finit. Si tu fais sortir ce mec avant que je me tape un avertissement, le resto tient toujours. On fera l'amour une prochaine fois.
Ayant retrouver la force de me battre, je fonça immédiatement en direction des escaliers. J'étais peut être un homme de lettre et j'étais en dessous de la barre pseudo-symbolique des 1m70, mais j'avais tout de même de la force dans mes jambes. Esquivant mes nombreux collègues au passage, j'avais rattrapé Marius en moins de deux. Il se ruait d'un pas déterminé et réussissait l'exploit de faire claquer ses talons sur de la moquette.
-Mec.
-Teras Kasi. Krav Maga. Bagarre. Shoryuken.
-MEC!
Il ne semblait pas me prêter attention. Bon sang qu'il m'énervait à l'instant présent. Si Cassandre n'avait pas une seule once d'affection pour lui, je l'aurais largué aussi sec. Après avoir une nouvelle fois crié, il tourna finalement la tête dans ma direction pour écouter ce que j'avais à lui dire.
-Quoi?
-Tu viens d'insulter la fille avec qui j'avais rencard. Elle l'a très mal pris. S'il te plait, retourne la voir et excuse toi.
-Je suis en marche figure toi. Et ce n'est pas pour sauver ta galipette d'un soir, c'est pour ton avenir.
L'instant fatidique arriva avant que je n'ai pu le persuader de mettre un terme à cette folie. Et maintenant que j'y repense, j’exécutais à nouveau la volonté de quelqu'un d'autre en essayant de l'expulser de la maison de la radio. Troisième fois en une journée. Marius ouvra la porte du studio en grand. Mes intestins se liquéfièrent à son premier pas dans la pièce.
-Oui?
Heureusement pour moi, la pièce était aussi vide que ce site web appelé 2sucres. Il n'y avait que Germain et Marius en plus de ma personne. Mon ami se rapprocha de mon patron et essaya de lui parler.
-Monsieur, ce que vous faites à ce cher Phil n'est pas bien.
-Phil? C'est quoi ce bazar? Mais de quoi parle-t-il?
Quand j'étais sorti du café, j'étais à fond pour Marius. Son entrée fracassante puis Audrey m'avait mis le doute. Et maintenant, le fait de revoir mon patron me propulsait encore plus dans un flou décisionnel. Dans quel camp devais-je me placer?
-On parle de votre défi, celui qui parle de combler vingt filles.
-Ah je vois.
La voix pourtant si gaie de Germain prit une intonation un poil plus grave. Rangeant quelque dossier qui trainait sur son bazar ordonné, il murmura par la suite:
-L'heure est à la trahison alors.
-Non non! Pas du tout!
-Mais Phil!
L'homme aux cheveux blancs semblait être rassuré de savoir qu'un véritable duel s’exécutait dans ma tête. Sortant une feuille d'un tiroir, il commença à la parcourir du regard d'une manière rapide, comme si ses yeux étaient deux puissants objectifs de nouvelle génération analysant de nombreuses données. Puis, après s'être éclaircit la voix, il commença un syllogisme:
-Tu es Marius, c'est cela?
Son interlocuteur répondit par l'affirmative. Puis Germain sortit un vieux cliché polaroid d'un nouveau dossier. On y voyait une bête poilue, qui était un véritable phénomène de la culture populaire en ce temps-là.
-Mon très cher Marius. Et aussi Phil, vu qu’apparemment tu doutes de moi...
-Mais non patron, il ne faut pas dire ça!
-Tu viens ici pour me démontrer que mon fameux défi n'est pas bien, qu'il est mal. Je suppose que ton homélie est d'une rhétorique parfaite... Je n'en doute pas, un grand gaillard comme toi... Mais voyez-vous les garçons, sur cette photo se trouve Chewbacca. Chewbacca est un wookiee de la planète Kashyyyk et Chewbacca réside sur la planète Endor… Si l'on y réfléchit cela n'a aucun sens, nous sommes d'accord ?
-Quoi?!
-Pourquoi un wookiee de deux mètres quarante, une taille imposante, choisit-il de vivre sur Endor en compagnie de tout petits Ewoks ? Ça n'a aucun sens, nous sommes d'accord ! Mais la première question que vous devez vous poser c'est : « Qu'est-ce que ceci a à voir avec cette affaire ? ». Rien du tout ! Messieurs ceci n'a rien à voir avec cette affaire !
S'en suivit un de ses nombreux rires entrainant dont il avait le secret. Marius lui même commença à ricaner dans sa barbe.
-Ça n'a absolument aucun sens ! Regardez-moi, je suis un animateur de radio, à l'aube de la retraite, qui tente de défendre un pari fou que j'ai lancé à l'un de mes employé et à la place, je vous parle de Chewbacca !
-C'est vrai que ça n'a aucun sens.
-Exactement! Ça n'a aucun sens! Non! Ça n'a pas de sens, nous sommes d'accord! Alors si vous êtes d'accord avec moi, sortez de cette salle et allez accomplir ce défi pour moi.
Chapitre 1: La quête
Partie 03-b:
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Nous nous exécutâmes et déambulèrent en plein Paris pendant de nombreuses minutes. Mon lieu de travail se trouvait en plein 16ème arrondissement, et on en avait donc profité pour nous balader dans plusieurs des endroits symbolique du plus huppé des quartiers de la capitale. Ce n'est qu'après avoir admirer la fameuse réplique miniature de la statue de la liberté, et la tour Eiffel tronquée en deux que mon ami s'arrêta de marcher.
Il se gratta la tête.
-Bordel! On s'est fait avoir par une simple défense Chewbacca! Le salaud!
Et le gaillard à la chemise saumon rebroussa chemin pour se rediriger une nouvelle fois en courant vers mon lieux de travail. J'avais eu ma dose de marche à pied pour la journée. Mon application podomètre sur mon smartphone m'indiquait même que j'avais déjà réalisé plus de 14000 pas. Un chiffrage en nombre de kilomètres aurait été plus pertinent, je te l'accorde mon petit, mais tu peux toujours convertir cela tout seul.
-J'en ai vraiment plein le fion de cette journée de malade!
Tout cela pour dire que si j'avais vraiment du mal à suivre mon ami, lui ne semblait pas faiblir. À essayer de rattraper une brindille affublée d'un pantalon à carreaux, j'avais vraiment l'air ridicule, à tel point qu'un banc de touristes Japonnais arrêta son périple Parisien pour me prendre en photo. La sueur perlait déjà sur mon front, et les nombreux flash ne m'aidaient pas du tout, loin de là.
Puis Marius pénétra une nouvelle fois dans les locaux de la radio. Il dressa son majeur en direction du standard et cria:
-Toi je ne veux même pas t'entendre!
Les sourcils d'Audrey étaient si froncés qu'on aurait dit qu'ils touchaient son nez.
-Phil je vais te tuer!
Cette menace me fit perdre mes moyens et j'avais malheureusement fini par tomber en effectuant un faux pas sur la seconde marche des escaliers. Tout le monde à l’accueil m'avait remarqué et cette même foule rigola en cœur.
-Rooh le con!
-J'ai tout filmé, et hop, direction Facebook.
Mais je sais ce que tu vas te dire. Si tu es présent ici même mon petit, c'est que j'ai bien évidemment fait ce défi, car j'ai finit par y trouver l'amour. De cette union est né ton père. Un véritable beau gosse qui avait réussit à obtenir le meilleur de nos deux génétiques respective. Puis il s'est trouvé une maman à la beauté douteuse, et tu es arrivé peu de temps plus tard. Alors, si tu es là, assis à m'écouter, comment ce cher Germain a une nouvelle fois réussit à m'embobiner? De cette manière:
-Phil... Tu sais mon grand, j'ai des émissions à préparer, ça devient lassant là...
-Vous ne nous aurez pas cette fois-ci.
Peut-être que Germain avait prévu le coup car il ne sortit cette fois-ci aucune feuille. Il usa tout simplement et naturellement d'une rhétorique fallacieuse.
-Marius, Marius Marius... Tu es si égoïste...
L'ainé posa ses mains sur nos deux épaules. Cet hipster qui me servait d'ami tenta de le repousser dans un premier temps, mais Germain l'attrapa tout de même pour l'étreindre dans une accolade chaleureuse. Marius se demandait en quoi me défendre était de l’égoïsme et le fit savoir à haute voix.
-Nous ne sommes que des hommes de paille dans toute cette affaire. Le véritable enjeux est tout autre.
-Arrêtez avec vos sottises!
-La véritable problématique de cette affaire, c'est la sœur de notre Philandrin national! Comment s’appelle ta sœur Phil?
-Léa.
- Philandrin adore sa sœur. Apprécies tu Léa, mon petit?
-Et bien oui, c'est la petite sœur de mon meilleur ami.
-Si jamais Phil n’accomplit pas son pari, il se fera virer. La petite Léa perdra son soutien financier, les loyers sont cher ici, elle va finir à la rue, devra arrêter ses études et ça sera uniquement ta faute.
-Vous êtes sûr que Phil va se faire virer s'il refuse?
-Absolument.
-Bah mince alors. Désolé Phil, je ne voulais pas briser l'avenir de ta frangine.
-Et bien tout s'arrange alors! Tu sais quoi Phil? Je suis gentil, je t'accorde un mois de plus pour réaliser ta quête! Et puis toi Marius, je t'autorise à assister mon étalon pour sauver l'avenir de sa sœur!
-Trop cool!
-Tu seras le geek dans le fauteuil! Ce gros Chinois que l'on voit dans le dernier Spidey! Sauf que tu es maigre et blanc! Tu seras l'assistant en matière de nouvelle technologie! Allez! Roulez jeunesse!
Tu aurais du nous voir mon enfant. Marius et moi, on était comme deux gamins qui venaient de trouver une voiture à pédale abandonnée. On allait l'utiliser dans une descente, frayer avec le danger mais on s'en moquait car on allait le faire ensemble.
-Ah oui, puis Marius.
-Oui?
-J'ai dit que tu étais un geek au fauteuil, mais ne nous fait pas une oracle, ne te fait point molester par un clown... Ces choses arrivent plus vite qu'on ne le croit, surtout par les temps qui courent.
Ce fut en écoutant ce rire doucement diabolique que nous quittâmes le studio d'enregistrement avec enthousiasme.
Mais que vas-tu décider de faire
Chapitre 1: La quête
Partie 04:
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Marius, qui était auparavant aigri et en colère, avait changé du tout au tout. Marchant à mon allure dans les couloirs de la radio, il sautait désormais de joie et était réellement impatient de participer à quelque chose de plus grand que lui.
-Tu te rends compte, on écrit l'histoire gros!
Si on ne m'avait pas convaincu d'une manière aussi risible quatre fois d'affilé en une seule matinée, je me serais probablement moquer de lui sur le champ. Voir une personne de cet âge sautiller dans tout les sens, cela n'avait pas de prix. Mais j'avais décidé de rester silencieux du début à la fin de son cirque, car il devait non seulement m'aider, mais il restait lui même. A savoir une brindille très tatillonne.
-J'ai déjà plusieurs idées de comment tu pourrais filmer en secret.
-Ah oui?
-On pourrait acheter une go-pro, mais ce n'est pas très discret tu vois. Ou des trucs style espion. Mais pour le top du top dans ce domaine, il faudra faire un tour au petit royaume de l'illégalité.
Je ne le connaissais pas depuis autant de temps que Cassandre, mais c'était quand même comme si c'était moi qui l'avait fait. Avec son nez qui frétillait de la sorte, je savais exactement quel nom propre il allait employer:
-Pas de KendjiKlub.
Déçu par ma réponse catégorique, il me supplia comme un enfant gâté. Mon petit, je sais très que tes parents t'ont volontairement éloigné de la cité des lumières. Comme tu es devenu un provincial, tu ne sais probablement rien de ce fameux groupe de bandit. Laisse moi t'expliquer le pourquoi de mon refus: Le KendjiKlub était en réalité un groupe de criminel sévissant dans Paris intramuros. Du premier au vingtième, ils étaient présent à chaque coin de rue, pour en apercevoir un il fallait tout simplement vouloir les voir. On les connaissait mieux sous le nom de "forains" ou gens du voyage. Ce surnom qu'ils arboraient à l'époque, KendjiKlub prenait son origine à leur chef de file. Kendji Girac, fils de Jacques, à la fois bandit et chanteur au grand cœur.
Ils étaient à la pointe de l'avant-garde dans de nombreux domaines, comme pour les spiritueux, stupéfiants, armes ou autres caméras expérimentales. Germain n'avait jamais précisé qu'il voulait des vidéos en full 4K, alors je me tâtais encore. Mais heureusement pour moi, je n'avais pas eu tout de suite besoin de choisir un fournisseur concernant mon matériel d'espionnage, car nous arrivâmes sans hâte au fameux hall d'entrée de la maison de la radio.
Pièce principale où se trouvait bien évidemment Audrey Safardi, ma conquête du moment. Comme à son habitude, elle était cachée derrière son comptoir, la tête penchée sur un dossier. Dans quelle partie de son plan comptable naviguait-elle actuellement? J'en avais que faire, mais j'aurais pu l'observer travailler pendant des heures. La façon dont elle passait sa main dans ses cheveux...
-Tu vas où mec?!
-Je vais voir Audrey, tu sais, celle que tu as copieusement insulté.
-Ah non non non. On s'en moque de la pimbêche. Il faut faire ce que Germain a dit! Hop hop hop on fait le défi! Puis j'ai des projets pour toi mon grand, tu vas ken de l'escort de luxe!
-Tu me soules aujourd'hui!
Il était consternant. Mais c'était comme je te l'ai dit de nombreuses fois mon ami, alors j'ai fait fi de son comportement agaçant. Mais je devais impérativement revenir auprès d'Audrey car une force mystérieuse me poussait à aller la voir. La même force qui m'avait déjà pousser à lui parler pour la première fois et la même qui m'a fait prendre sur moi pour pénétrer à l'improviste à l'intérieur du studio. Heureusement pour moi, un sublime Deus Ex Machina à l'allure autoritaire et bestiale arriva pour me libérer le passage. Une paire de Louboutin claquait de fureur sur le sol , s'approchant de notre direction. C'était la fameuse madame Beauchemin, la cougar la plus autoritaire de tout le seizième arrondissement. Suite à l'arrivée de cette avalanche, n'importe qui aurait eu peur mon petit. Mais mon cœur ne vacilla pas une seule seconde car j'avais remarqué que son regard n'avait que faire de ma personne. Toute la rage de son corps de dirigeait avec panache en direction de Marius.
-Oh sérieux, je refilme, je le sens ça va être une nouvelle fois du lourd...
-C'est vous qui avez causé cet insupportable tintamarre à l'accueil?
-Qui me demande?
-Mauvaise réponse.
J'avais bien fait de m'écarter de plusieurs pas quelque secondes plus tôt. Saisissant ses deux épaules, la femme d'âge mûr immobilisa mon meilleur ami pour lui mettre un violent coup de genoux entre les parties. Suite à ce violent choc, la victime s'agenouilla sur le sol tout en couinant. Passant de la position à genoux à la latérale de sécurité tout le monde se moquait désormais de lui, Audrey la première et plusieurs flash de smartphones immortalisèrent la scène. Snapchat, Facebook, Twitter, Marius l'hipster était désormais la risée de tout ces royaumes.
-En plein dans les parties!
-Au Brésil c'est comme ça que l'on calme les femmes un peu trop fougueuse. J'admire la technique.
Bien que tout espoir d'avoir un jour une descendance digne de ce nom lui était désormais retiré, Marius n'était pas vraiment à plaindre. Cette madame Beauchemin suscitait l'envie sur son passage et mon ami avait réalisé mine de rien le fantasme de tout les hommes de la radio. Celui de mettre ses testicules en contact avec le corps de cette créature onirique.
Le chemin vers ma dulcinée m'était désormais libre de tout obstacle. Mais pendant que je la rejoignais, une question me tarauda. Cette chère femme d'action avait du punch et de la personnalité. Que me serait-il arrivé si j'avais décidé d'aller la voir elle plutôt que la séfarade de mon cœur?
-Salut! Ça va?
-Salut. Oh oui, beaucoup mieux depuis que l'autre ahuri s'est fait remettre à sa place.
Malgré la gêne qu'elle avait ressentie précédemment, sa voix n'avait pas changé d'un iota, toujours aussi enjouée. Son sourire à mon égard lui aussi était toujours au top dans sa catégorie. Mais pourtant elle avait clairement dit qu'on ne coucherait plus ensemble après notre rencard du soir, je m'en souvenais encore:
-Ta bite tu peux te la coller où je pense, ce soir tu ne coucheras pas avec moi pas mon gars. Pas après ce qui vient de se passer.
Se moquait-elle de moi depuis le début? Avait-elle de nouveau envie de moi? M'avait-elle fait une scène juste pour que je règle le problème Marius? Dieu que les filles Française étaient compliqués. Enfin Dieu avec un d majuscule, plutôt Yahvé dans son cas. Souhaitant m'éclaircir les idées, j'avais décidé d'éviter de tourner autour du pot.
-Ce soir toi et moi?
-Je suis toujours open.
Elle posa sa main sur la mienne. Pourtant très tactile avec ma meilleure amie et affectueux avec ma mère, je n'avais jamais eu de contact physique aussi doux de toute ma vie.
-Pourtant tu m'avais dit que...
-En effet, pas de baise.
Au lieu de m'exprimer vulgairement, j'avais machinalement répéter ce qu'elle venait de me dire comme un aveu d'échec. Elle avait dû remarquer que ma mine s'était assombrie car elle me rassura par la suite.
-La vie continue mon grand.
-Oui mais moi je voulais...
-Tu es entrain de me dire que tu voulais juste me baiser puis me jeter comme un vulgaire prospectus?
-Non, non pas du tout!
Qui avait déjà répondu par l'affirmative à cette question? Des personnes probablement encore dans le coma.
-Tu m'invites au resto, tu me combles comme une princesse. Une relation se crée entre nous deux, et peut-être que je pourrais m'ouvrir encore plus par la suite.
Ce plan était totalement incompatible avec mon projet des vingt filles. Mais d'un autre côté, j'avais précédemment décidé de la tenir à l'écart de cette magouille. Puis Germain avait plutôt été flou au niveau de son règlement, rien ne m'empêchait de débuter une relation amoureuse à côté. Il fallait juste que Marius tienne sa langue. Heureusement pour moi, Madame Beauchemin continuait de lepiétiner copieusement à l'arrière, il n'avait que faire de de moi à l'heure actuelle.
Pour tenter de faire remonter mon prestige auprès d'elle, ce fut cette fois-ci ma main qui se posa sur la sienne.
- Tu as déjà le look et les bijoux d'une princesse en tout cas.
-Toi en revanche, tu as l'air d'un auditeur de NRJ, et c'est péjoratif.
-Je peux encore changer de tenue pour ce soir...
-Ce n'est pas le verbe pouvoir que j'aurais utilisé. Devoir était la bonne réponse.
-Quelle était la récompense?
Elle se rapprocha de mon oreille et me murmura suavement:
-Devine.
Cette fille était une véritable girouette émotionnelle. Je ne savais plus quoi penser. Tout ce que je savais c'était que depuis que Marius avait fait son entrée fracassante dans le game, ce n'était plus moi le capitaine du pédalo. A tel point que j'étais même entrain de me demander si ça allait être moi qui me trouverait au dessus lors de la conclusion de notre romance.
Alors que notre conversation s'éternisait, sa main se posa délicatement sur l'arrière de mon crâne pour me caresser la nuque. Oui, elle était fâchée il y a quelques minutes et oui, il y avait un standard entre nous, mais aucun de ces obstacles semblait n'avoir d'importance. Ne répondant plus que par oui ou par non à ses question, j'étais en réalité plongée dans les profondeurs de mon esprit. Elle voulait que je sois classe. A la simple vue de ses vêtements actuels, je ne savais pas réellement si ma tenue la plus onéreuse allait la satisfaire ou non.
Ou bien peut-être qu'elle me taquinait. Si je voulais la séduire à deux cents pourcents, la stratégie du "je dépense donc je suis" allait-elle fonctionner?
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Mais que vas-tu faire?
Dans tout les cas, la soirée qui t'attends va devoir minutieusement se préparer si tu ne veux pas qu'elle tourne au désastre. Avec Audrey, le point le plus important semble être la tenue que tu vas porter. Ne panique pas, il te reste encore pas mal de temps devant toi.
Chapitre 1: La quête
Partie 05:
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-Trouve moi une tenue adéquate et plus vite que cela feignant!
C'était sur ces mots que je m'étais lancé dans un tout nouveau périple, celui de me trouver des vêtements fringuants. Prenant mon téléphone dernière génération en main, j'avais décidé de contacter la seule personne qui pouvait m'aider pour ce genre de situation.
-Ça roule Phil, rejoins-moi à Beaugrenelle. Je vais faire de toi un pure beau gosse. Xoxo 😘🤑🤖
Enfin, la seule personne capable de m'aider si j'étais prêt à dépenser une coquette somme. Cette fille avait la folie des grandeurs. Et elle se nommait Cassandre accessoirement, retiens ce nom mon grand, il sera important pour le reste de cette histoire.
Pourquoi avais-je décidé d'aller la voir elle plutôt que ma propre sœur? Et bien c'était simple: Je connaissais cette chère Cassandre Lapilule depuis mon plus jeune âge. Dés les prémices de ma vie sociale, à la crèche, on m'avait collé dans ses basques et je ne les avais jamais quitté depuis. Elle pouvait se venter d'être la seule constante féminine de ma vie avec ma mère, ce n'était pas rien. Oui, on a grandi ensemble, et on a au passage traversé ensemble de nombreuses périodes de la vie comme l'enfance et l’adolescence. Notre amitié avait d'ailleurs survécu à la naissance de nos hormones. On s'était touché mutuellement une ou deux fois mais ça s'était arrêté là. Devant moi se trouvait une amitié vieille de plus d'une vingtaine d'année que même les souvenirs mouillés d'une fellation dans le cagibi de ses parents n'avaient pu stoppé.
La regardant au loin, je la voyais, assise sur un banc, resplendissante. Déposant son casque et son ipod classic dans son sac, elle ouvrit grand la bouche et m'adressa avec tendresse:
-Te voilà enfin mon grand!
-S-salut Cassandre!
Il n'y avait pourtant rien de sexuel entre nous, mais son sourire ravageur et sa mine étincelante me faisait bégayer à chaque fois.
-Par contre la prochaine fois, si jamais tu veux que je t'aide pour un rencard, ne me préviens pas au dernier moment. En plus depuis le temps qu'on se connait tu sais que j'aime me tenir au courant de ta vie sentimentale.
Et puis concernant l'avenir de ma vie amoureuse, il était hors de question que je la mêle à ce défi de près ou de loin, et encore pire, que je la mette en relation avec Germain. Elle était de nature naïve concernant tout ce qui était sentimental et je n'avais aucune envie que le vieux lui fasse son baratin, ou pire encore.
-Ça vient de se faire ce matin même, je te le jure.
-Enfin bref. Je vais m'occuper de toi, je connais le lieu idéal pour ça.
Elle s'adressait à moi tout en baladant ses ongles manucurés sur mon épaule. On était hélas loin de la petite fille de ce village de province qu'elle était autrefois. Toute de noire vêtue, elle était d'une élégance à en faire pâlir la plus Britannique des Anglaises. Mais ne vas pas croire qu'elle n'était qu'une fille parmi tant d'autres, qu'un énième réceptacle contenant la plus banale des âmes. Cassandre était joviale, rigolote et pleine d'esprit. Je ne disais pas cela car j'adorais sa plastique, loin de là, elle avait des dents de lapins et s'obstinait de continuer de porter cette impeccable frange depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Pleine d'esprit car elle avait des centres d'intérêts aux antipodes de la fille lambda et elle était foncièrement intelligente, on pouvait parler de n'importe quel sujet avec elle sans avoir mal au crâne.
-Suis-moi à l'intérieur, ils ont ouverts une toute nouvelle boutique pour homme, tu vas adorer!
Beaugrenelle était un lieu unique de la ville lumière en ce temps-là. Rien que depuis l'extérieur, le bâtiment ressemblait à un imposant miroir grâce à son immense baie vitrée. Et je me suis toujours dit que ce centre commercial avait cette apparence car il avait au fond le même but qu'une glace trônant dans une salle de bain: Celui de flatter notre égo et de nous rassurer dans notre petit confort bourgeois.
-Ça s'appelle comment?
-C'est une boutique qui s'appelle "Tellement Vrai". C'est au premier étage!
Le blanc aseptisé qui trônait en ce lieu contrastait à tel point avec les pierres grisâtres de la capitale qu'il me fallut plusieurs secondes pour m'adapter à la décoration du lieu. Plusieurs étages entièrement blancs et composés de magasin s'offraient alors devant nous. Ne savant trop où aller, je suivais mon amie avec hâte. En plein trajet d'escalator, mon amie se moqua d'un couple de touriste déboussolés en imitant grossièrement les traits de l'un de ces fameux clients. Elle me faisait rire, je ne savais plus où ma vie me menait mais j'étais à ses côtés, donc heureux.
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https://www.youtube.com/watch?v=JqiGYpvxt7A
-Bonjour je suis Mathieu, et bienvenue à Tellement Vrai, ma boutique de prêt à porter pour monsieur!
-Salut Mathieu!
La musique qui retentissait en ce lieu était différente de la muzak des allées de Beaugrenelle car était à la frontière entre le vintage et le moderne. Que ce soit le sol ou les meubles, tout était d'une couleur sombre et luxueuse, on se serait cru dans la penderie d'un milliardaire comme celle que le président Trap-kun pourrait avoir dans sa tour à lui, à New York. Même un rayon en entier était consacré aux cravates. Uniquement aux cravates! Ce fameux mur faisait deux fois ma taille et en été rempli de la tête aux pieds, j'étais comme estomaqué par ce spectacle. Il y avait aussi de nombreux tailleurs et costumes ici et là, tous d'une grande classe. Cassandre se rapprocha du vendeur et lui fit la bise. Une fois encore, l’intéressé était beaucoup plus grand et musclé que moi ( je précise "une fois encore" car je t'assure qu'un meuble peut être musclé).
Si on me définissait souvent comme un "Bg Timide" ce mec-là était clairement un étalon de première classe, et un vague sentiment de jalousie s'empara de moi lorsqu'il baisa la main de ma meilleure amie. Ayant parfaitement analysé mon humeur du moment, le fameux vendeur me fit un clin d’œil taquin par la suite:
-Avec moi, la brave Cassandre a plus de chance de se faire voler son amour que vous. Rassurez-vous!
J'avais mis environ une demi-minute à comprendre ce qu'il venait de me dire. Puis après l'émission d'un ricanement béat, je suivis Cassandre à travers les nombreux rayons tout en serrant le postérieur.
-Alors ma grande, que recherchez-vous?
-Et bien ce n'est pas pour...
-Mais je le sais que ce n'est pas pour vous, je parlais à votre ami! Mais qu'elle est gourde!
Puis tout deux me regardèrent ensemble avant de commencer un fou rire. Je ne l'avais jamais entendue rire aussi bruyamment, c'était consternant et même une vieille dame venue acheter des vêtements avec son mari essaya de faire taire le duo.
-Moins de bruit bon sang! On est pas dans le treizième ici!
-Eh oh! Elle va se calmer la petite dame, c'est ma boutique ici!
Une fois après avoir expliqué le pourquoi de ma visite en ce temple de la masculinité, Mathieu le vendeur commença à m'examiner sous tout les angles.
-Il y a un problème?
-Je regarde juste ce que je vais pouvoir faire avec votre body.
Puis le vendeur claqua violemment des mains et de nombreux sous-fifres arrivèrent d'entre les murs à la mode ninja. Cela aurait presque été effrayant s'il n'avaient pas les mains remplis de vêtements en tout genre. Pantalon en toile, à carreaux, à coupe Slim ou straight. Puis de nombreuses chemises, cravates, cardigan ou veste. L'homme me fit essayer de nombreuses tenues. Étant donné qu'il n'avait pas de cabine dans sa boutique, j'avais du me déshabiller, ici, devant tout le monde. Heureusement pour moi, j'avais commencé à aller à la salle et mon corps commençait à prendre forme, ce n'était pas la honte totale. J'avais même du lutter contre une érection sauvage car je voyais bien que Cassandre descendait son regard vers la seule zone de mon anatomie qui était encore couverte par du tissus.
-Cassandre, juste arrêtes de fixer mon caleçon. C'est un peu gênant.
-Non!
-Je peux regarder moi aussi?
Et les deux rigolèrent encore une fois ensemble. Ils avaient même réussit l'exploit d'être encore bruyant que lors de leur premier fou rire et Cassandre en pleurait littéralement. Après une dizaine de minute de perdue, le vendeur retrouva son sérieux et m'annonça finalement:
-Bon mon grand, ça fait une heure qu'on essaye des vêtements. Si tu veux bourrer ce soir, voici ce que tu dois porter:
Mais que vas-tu choisir de porter?
Tu n'as pas réellement besoin de lunettes, mais je te rassure, les seuls à porter des lunettes de nos jours sont les seuls qui n'ont aucun problèmes de vue. Les couleurs sombres affinent la silhouette et c'est clairement le parti qui a été pris avec ce look. Et si jamais ta compagne est d'humeur tactile, elle ne pourra plus décoller ses mains de ta veste en tweed qui est d'une délicatesse à toute épreuve.
La classe, la vrai, l'Américaine ne se limite pas qu'aux costumes trois pièces. Utilisant la météo hivernale à ton avantage, tu vas arriver à ce fameux restaurant vêtue d'un blouson en jean comme un baroudeur des temps modernes. Ton chino couleur marron et ton T-shirt à col V blanc seront d'une simplicité à toute épreuve, et la petite Audrey sera probablement séduite par ce look d’héro prolétaire inspiré par des grands noms du genre, comme Bruce Springsteen ou encore Nicolas Hulot.
Avec ce look, tu es en marche. D'une formalité à toute épreuve, tu pourrais faire croire à quiconque que tu sors d'un école prestigieuse dans le style de L’ENA. Plaisant non seulement aux jeunes filles en fleur mais aussi au cougars, c'est clairement le genre de look à arborer sur sa page de profil Tinder si jamais tu veux serrer de la 10/10 vénale. Le seul inconvénient de cette tenue sont les épaules, tu y es un peu à l'étroit.
Chapitre 1: La quête
Partie 06:
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3) Le Banquier de la défense © .
Avec ce look, tu es en marche. D'une formalité à toute épreuve, tu pourrais faire croire à quiconque que tu sors d'un école prestigieuse dans le style de L’ENA. Plaisant non seulement aux jeunes filles en fleur mais aussi au cougars, c'est clairement le genre de look à arborer sur sa page de profil Tinder si jamais tu veux serrer de la 10/10 vénale. Le seul inconvénient de cette tenue sont les épaules, tu y es un peu à l'étroit.
J'avais choisi ce fameux costume sur mesure digne des plus grands banquier de chez Rotschild. Il m'avait coûté un bras mais il m'allait comme un gant et je me sentais coquet. Un gant qui ne voulait pas trop que je lève les bras en l'air mais ça m'allait quand même. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il plairait à Audrey et que personne ne se mettrait en tête de braquer le restaurant lors de notre dîner en amoureux car je n'aurais pu mettre les mains en l'air. Me regardant avec grâce dans un miroir, j'étais tellement content de moi que le reste de l'après-midi fila à la vitesse de la lumière. J'avais encore plusieurs détails à régler après ma petite virée au magasin, mais j'avais heureusement eu le temps de tout faire.
Après avoir donné l'unique jeux de clef de mon appartement à ma petite sœur (histoire qu'elle ne poireaute pas dehors trop longtemps) et avoir sorti un Marius cabossé de partout des urgences (à cause de Madame Beauchemin) , J'étais fin prêt pour le grand soir.
-On y est là, on y est!
Toutefois, lorsque le lieux du rendez-vous fut annonçé, mon enthousiasme juvénile en prit un coup.
-Le Fouquet's, tu es sûre?! 😱😬
Audrey voulait me trainer à l'une des tables les plus prestigieuses de France. Et l'une des plus chères aussi, autant te dire qu'entre mon costume et le repas qui allait arriver, mon porte monnaie aurait pu porter plainte avoir été salement molesté. Malgré mes doigts qui commençaient à trembloter sous la pression, j'avais quand même finalement accepté, histoire de ne pas me la mettre à dos une nouvelle fois.
Tu n'as que sept ans mon petit garçon, et je l'ai bien vu dans ton regard que tu ignorais ce qu'était le Fouquet's. C'est tout simplement une restaurant sur l'avenue des Champs-Élysées, un bâtiment historique. Autant te dire que je n'y serais pas rentrer avec la seconde tenue que m'avait proposé ce satané tailleur! Je n'y étais jamais rentré avant, et à vrai dire mon enfant, je n'avais même jamais regardé le bâtiment tout court avant cette fameuse soirée, car il était imposant mais faisait partie du décor Parisien au même titre que les lampadaires, on n'y faisait plus attention à force.
Ce n'est qu'une fois devant le bâtiment que j'avais finalement assimilé l'information à cent pourcent. J'allais dîner dans cet imposant mastodonte de pierre, dans ce monument dédié au snobisme. Vu qu'on était fin décembre, les décorations de noël étaient bien évidemment présente. Les pierres jaunies du Fouquet's devenaient bariolées sous la lumières des nombreux néons. Du bleu, du rouge et du violet s'alternaient, c'était un choix plutôt étrange, ne représentant noël qu'à seulement un tiers. Si ça aurait été moi le décideur mon petit, j'aurais fait alterner des lumières vertes et rouges. Heureusement que de nombreux sapins et autres guirlandes électriques occupaient la terrasse pour te rappeler ce que l'on fêtait ici même.
Mais j'avais déjà trop trainer devant ce bon vieux restaurant chicos. Je devais impérativement y entrer avant que la police arrive pour me questionner. De plus, selon ses SMS, Audrey se trouvaient déjà à l'intérieur, et je n'avais besoin que de donner son nom à un serveur pour que l'on me conduise à sa table.
-Que désirez-vous mon bon monsieur?
Je n'avais jamais vu un vigile aussi étrange. Avec ses tempes grisées et sa moustache, il faisait plus vieille France que brute de décoffrage. De plus, il mesurait facilement deux têtes de plus que moi, et malgré son apparence chétive, il trouva quand même le moyens de me dédaigner du regard, presque comme si j'étais un indésirable.
-J'ai un rendez-vous ici même monsieur.
Fallait-il l'appeler messire, ou monseigneur? J'en avais aucune idée, je ne frayais pas souvent avec la classe supérieure en ce temps-là. Ne me croyant qu'à moitié, il fit venir une autre personne pour confirmer mes dires. Et ce fut avant l'arrivée du deuxième personnage que je réalisa que le premier ne m'avait même pas demandé le nom de famille affilié à ma réservation.
-Qu'il y a t'il Gontran?
-Ce monsieur me dit qu'une dame l'attend à l'intérieur.
-Et bien ça alors? Il t'a dit le nom de la dame en question?
-Et bien non, je le soupçonne d'être un gros mythomane.
Je n'avais pourtant rien dit de plus que bonsoir à cet énergumène à moustache. Il venait de s'inventer une histoire à lui tout seul et je devais me sortir de cet improbable pétrin si jamais je voulais avoir un espoir de rejoindre la table de ma belle.
-Excusez-moi messieurs.
-Mais oui, mais oui, je suis entièrement d'accord avec toi Marcelin. Ces jeunes ils font l'ENA et ils se croivent tout permis.
Ils ne m'écoutaient pas malgré mes protestations. Aucun des deux.
-Croiver n'est même pas un vrai verbe!
-Bah voyons! Et ceci n'est pas une pipe peut-être?
Des bulles s'échappaient du fumoir du second homme. En effet, ce n'était pas une pipe que ce bourgeois de pacotille fumait, juste un jouet pour garçonnet. J'étais bloqué à l'extérieur, le vent nocturne me fouettait violemment le visage et je commençais à en avoir réellement plus qu'assez de ce cirque. J'étais à deux doigts de recourir aux mains mais ce ne fut qu'en usant de mon intelligence et de ma vivacité d'esprit que j'avais finalement trouvé une solution à cet obstacle.
-Messieurs?
-Oui?
-Puis-je user de rhétorique pour nous sortir de cette impasse?
-Et bien, on est devant le Fouquet's ce n'est pas une possibilité, c'est une obligation.
-Si j'ai un rendez-vous à l'intérieur, avec une certaine mademoiselle Safardi, j'ai juste à l'appeler pour qu'elle vienne nous voir de l'intérieur du restaurant?
-En effet, mais c'est du bluff. Personne ne vas en sortir.
Quel culot. Ils étaient certes les vigiles de l'endroit, mais il n'avait aucun droit de me traiter de cette manière. Heureusement pour moi, une sublime sirène vint à mon secours une fois mon appel téléphonique de terminé. Sa robe moulait ses maigres formes à la perfection et à ma grande surprise, elle portait cette fois-ci un magnifique collier de perle, comme pour indiquer que son statut social avait grimper d'un rang depuis notre dernière rencontre à la maison de la radio.
-Messieurs c'est quoi ce cirque?!
-Ce jeune fasciste essaye de forcer l'entrée de notre temple culinaire.
Les joues de la demoiselle devinrent aussi rouge que ses lèvres.
-Ce bellâtre est avec moi, bande d'immondes trous de balle!
Les deux charlots furent outrés par l'insulte de la fille qui m'avait inviter à rentrer ici même. Complètement tétanisés, ils ne pouvaient à la fois plus parler et bouger. Audrey en profita pour m'attraper par le bras et m’emmena de force à l'intérieur du Fouquet's.
-Ne te laisse pas faire par ces deux caïds, ce sont juste deux vieux cons à la retraite qui ne bossent même pas ici, ils font juste chier leur monde.
-Ils embêtent tout le monde?
-L'autre jour Jean-François Copé s'est fait avoir et a dû se faire un McDonald à la place d'un bon homard Thermidor en famille.
Audrey se rendait à notre table à la vitesse de la lumière et je sentis même ma veste qui commençait à s'étirer sous la pression. Heureusement, elle était sans le savoir entrain de me rendre un petit service car l'écartèlement que me faisait subir la demoiselle était entrain d'allonger la largeur de mes vêtements.
-Assieds toi mon chou.
Si jamais le Tellement Vrai, la boutique de ce cher Mathieu était luxueuse, ici, on était un largement un cran au dessus. Les murs étaient d'ébène, le sol et les sièges de velours et les couverts d'argent. Nous étions installés devant un large miroir, qui était entouré de nombreuses photos. Ces photos représentaient divers clients prestigieux qu'avait accueilli l'établissement au cours de son histoire: On y voyait des personnages historique comme le général De Gaulle lui-même ou bien le regretté président Américain Obi-Wan Kennedy, photo prise peu avant son assassinat. Il y avait aussi des hommes de lettres ou de mots comme Edgar Poe, Michel Houellebecq ou encore notre regretté Johnny national. Bref, tu m'as compris mon petit, cet endroit, c'était la grande classe.
-J'adore ta tenue.
-Merci, mais quand on te regarde, c'est un euphémisme.
C'était le premier compliment d'une longue série et elle en était ravie. Son large sourire était aguichant à souhait et elle faisait légèrement tournoyer son verre pendant notre conversation. Puis, à ma grande surprise, la pointe de ses pieds fleurta légèrement avec ma cheville. Était-ce un accident ou bien un avant-goût du programme de ce soir? Pourtant, ces paroles me revinrent à l'esprit lorsqu'elle s'était saisit de ma main lors de notre conversation.
-Ta bite tu peux te la coller où je pense, ce soir tu ne coucheras pas avec moi pas mon gars. Pas après ce qui vient de se passer.
Mais si elle m'avait effectivement annoncé cela lors de la matinée, ses gestes corporels actuels m'indiquaient plutôt un:
-Phil, ce soir notre étreinte sera longue et sensuelle...
Je ne savais plus trop quoi penser à vrai dire. Mais heureusement pour nous, le serveur vint à ma rescousse pour me libérer du fardeau de mon imaginaire.
-Bonsoir messieurs... Tiens, bonsoir mademoiselle! Comment allez-vous?
-Je vais très bien ma foi, et vous?
Cette Audrey semblait être une habituée de l'établissement. Et puis comme si elle avait interprété mon expression dubitative, elle prit délicatement son rond de serviette pour s'essuyer délicatement la bouche. Ce dernier était en argent et marqué à son nom, fait rarissime apparemment.
-Que voulez-vous monsieur?
La carte n'était même pas présente sur la table. J'avais l'air d'un idiot, mais me sentant pris au piège, j'avais préféré dire le premier nom qui me passait à l'esprit plutôt que d'avouer que c'était ma première fois au Fouquet's.
-Un homard Thermidor s'il vous plait.
-Vous êtes sûr?
-Oui.
Le serveur me regardait d'un air moqueur. A vrai dire, je ne savais pas trop ce qu'étais un homard Thermidor. J'avais juste entendu ce nom là à la fois dans la bouche d'Audrey, et dans le lego Batman movie. Puis c'était un nom clinquant, ça faisait riche. Audrey commanda à son tour un plat au nom barbare qui se nommait le "Orecchiette Fouquet’s". Je ne savais pas du tout ce que l'ont pouvait trouver à l'intérieur de ce plat, mais cela m'importait peu vu que ce n'était pas pour moi. Une fois notre commande d'effectué, le serveur s'en allât et notre conversation pût reprendre.
-Tu as la foi d'avoir commandé un Thermidor. Tu m’impressionnes!
-Pourquoi?
-Ils sont énorme ici! C'est un plat pour trois personnes!
-Oui mais moi je suis en marche! Héhé!
Ma remarque venait de la faire glousser comme elle n'avait jamais ricané avant devant moi. Je venais probablement de marquer un gros point des familles. Cela voulait dire que je pouvais dés à présent choisir le sujet que notre conversation allait avoir jusqu'à l'arrivée de notre plat.
Choisis un sujet de conversation!
Chapitre 1: La quête
Partie 07-a:
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Le Fouquet's n'était pas noir de monde mais n'était point vide non plus. De plus, la clientèle semblait des plus exigeantes alors il était tout à fait normal que le chef et ses nombreux commis prennent tout leur temps pour combler le palais des élites de la capitale. Mais ce n'était pas comme si cela m'importunait mon garçon, je n'étais pas assuré de terminer ma soirée autour d'un café dans la garçonnière d'Audrey, alors plus je passais de temps avec elle, plus j'étais heureux.
-J'adore passer du temps avec toi mine de rien.
Je jubilais intérieurement suite à cette remarque.
-Tu es singulier... Mais je t'aime bien quand même.
Mon enthousiasme redescendit soudainement à quatre sur une échelle de dix, mais elle avait quand même esquissé le verbe aimer dans sa phrase. Pour passer un bon moment, il faut arrêter de se torturer les méninges et voir les choses positivement. Car oui, tu l'as peut être remarqué au cours de mon récit mon garçon, mon plus gros problème est que je réfléchis trop. Quand certaines vivent l'instant présent, font des orgies à noël et s'enthousiasment sur des néons et des walkman vintage, moi, je réfléchis et je me torture l'esprit.
-Un superbe restaurant, Du velours et de l'ébène partout, et puis il y a la vue que j'ai actuellement...
-Flatteur.
Oui c'était de la flatterie, mais c'était avant tout un fait. Audrey ne portait pas de décolleté plongeant ou je ne sais quel autre artifice servant à attirer les mâles de bas étage, mais sa beauté était tout autre, bien plus subtile. La vue qu'elle m'offrait, tenant son couteau d'argent d'une main et un pain de l'autre, elle valait toutes les visites de musée du monde. Je me rinçais l’œil devant tant de grâce, et aucun guide audio pour me bassiner.
-Tu sais, si tu adores autant me regarder, j'ai un portrait de moi trônant dans mon appartement.
C'était comme si elle avait lu dans mes pensées. Un vague sentiment d'insécurité commença à se développer tout le long de mon échine. Mais il ne fallait pas prêter attention à cette gêne, on était dans le vrai monde, elle devait juste posséder un incroyable pouvoir de constatation, non de la télékinésie. Puis mine de rien cette jeune fille venait de me tendre une perche en parlant d'une peinture à son effigie. Elle m'avait déjà intrigué avec son rond de serviette à son nom, et j'avais décidé d'en profiter pour en apprendre un peu plus sur elle et sa supposée aisance financière.
-Vos plats messieurs dames...
Malheureusement pour moi, notre commande arriva à la table avant qu'un seul mot ne put sortir de ma bouche.
-Je pense que monsieur n'aura plus très faim après son fameux homard!
Ce type était clairement en train de se moquer de moi, et il y avait de quoi. Ce plat que j'avais choisi était gigantesque. Audrey était suffisamment gentille pour ne pas en rire, mais l'inclinaison de ses pommettes me démontrait qu'elle se retenait avec le plus grand mal. Ce crustacé me regardait d'un air vide, comme s'il me reprochait déjà que je n'allais pas dévorer toute sa chair. Audrey de son côté avait joué la sécurité. Son assiette était aussi colorée que la palette d'un maitre. Elle était toute de noire vêtue, la chevelure aussi sombre et la peau mate... D'un certain point de vue, elle était le parfait opposé de ce qu'elle avait commandé et cela me fit sourire.
-Alors, tu manges?
-Oui... O-oui...
Elle se jouait de moi, je le voyais bien. Mais je ne pouvais pas la décevoir. Je pris une, puis deux et finalement trois bouchée de ce fameux plat pour trois personnes. J'étais déjà bien calé et pourtant, je n'avais mangé qu'environ deux pourcents de mon fameux fruit de mer.
-Et sinon, je peux te poser plusieurs questions?
Suite à ma requête, elle avait commencé à se verser un grand verre d'eau. Puis une fois ce dernier de remplie aux trois quarts, elle commença à l'agiter follement, le regard malicieux.
-Je te préviens que si c'est une question sur ma vie sexuel ou si c'est pour me demander la couleur de ma culotte... J'espère que tu as pris un imper, pervers que tu es.
-Ou la non!
Cette idée m'avait effleuré l'esprit et même si j'avais décidé de ne pas aborder le sujet, mon malaise s'intensifia tout de même légèrement. Son verre était de plus en plus menaçant et je n'avais pas envie de finir tremper. Puis j'ai cru remarquer un collègue de la radio à une table derrière. Je devenais peut être parano, mais j'avais l'impression que s'il avait ton téléphone à la main, c'était pour attendre une bourde quelconque et la filmer.
-Ne faites pas attention à moi.
-Je voulais bien évidemment parler de toi. C'est un peu toi la star du repas hein?
-Je t'écoute.
Dit-elle entre deux bouchées.
- Ce lieux. A vrai dire je m'attendais à un happy meal au McDo à la base. Une réservation au Fouquet's... C'est waouh! Puis ton rond de serviette marqué à ton nom, ton collier de perle, tu as parlé d'une peinture te représentant qui trône chez toi. Qui es-tu?
-Je porte le PIB du Sierra Leone sur moi et ça t'effraie?
Oh que oui ça m'effrayait. On ne peut pas dire que j'étais un pur prolétaire. Mon père venait d'un milieu modeste, certes, mais il s'est battu corps et âme pour nous offrir notre train de vie actuel. Il s'était littéralement brisé l'anus au travail comme il aimait si souvent le dire. Mais elle, cette fille, elle avait l'air d'être une gosse d'ultra riche. Heureusement pour moi, elle se nommait Safardi, non Attali, Silverstein ou je ne sais quelle autre lignée de psychopathe qui m'aurait poursuivi à grand coup d'armes laser. Mais j'étais quand même intrigué.
-Mon père est juste un entrepreneur. On a de l'argent. Beaucoup d'argent.
Tout le fil de ma pensée venait de s'envoler aussi sec. Pris de panique, je redoutais déjà de me faire poursuivre par une horde de mercenaire assoiffé de sang. Souiller la fille d'un taré au bras long peut coûter cher.
-Tu m'excuses? Je m'en vais me poudrer le nez.
Mais qu'est-ce que je venais de raconter? J'étais tout simplement parti me réfugier honteusement aux toilettes.
Chapitre 1: La quête
Partie 07-b:
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S'enfuir était peut-être une réaction de novice, mais je te le dis mon grand, je n'ai jamais vraiment été à l'aise avec l'argent. Probablement à cause de mon père qui était un véritable grippe-sou. J'avais peur que mon géniteur déboule pour me donner une correction. Ridicule tu dis? Petit, la dernière fois que j'avais acheté une console plein pot il est venu pour me casser la figure. Oui j'avais bientôt la trentaine et oui, il fouinait toujours sur mon relevé de compte bancaire. Je n'y voyais aucun inconvénient à l'époque, ma mère m'avait après tout beaucoup trop couvé.
Heureusement pour moi, l'atmosphère de mon lieu d’exil était toute autre. Toujours aussi luxueux en analysant bien les moindres recoins, mais beaucoup plus reposant qu'une salle pleine de bobos Parisiens. Il me fallait le robinet et vite, j'avais besoin de me rafraichir à la fois le visage et les idées pour tenter de recommencer cette soirée à zéro.
- ¡Holà Chico¡
Moi qui espérais trouver des toilettes pour messieurs vide pour paniquer tranquillement... Ce n'était malheureusement qu'un désir à moitié accompli car j'ai eu la malchance de tomber sur une autre âme utilisant le lavabo pour se rafraichir le visage. Il se trouvait que ce monsieur portait les traits typiques du Salvadorien, couplé à une tunique de la plus belle facture. Voyant que mon front ruisselait de sueur, ce charmant latino essaya tant bien que mal de me rassurer.
-Un rencard avec una chica, right?
En bon Parisien, je n'avais pas réellement l'habitude de m'ouvrir aussi facilement aux étrangers. Mais je ne pouvais pas non plus lui envoyer un aussi gros râteau à la figure. Alors j'avais décidé de couper la poire en deux en lui adressant un simple hochement de tête pour commencer.
-Elle doit être belle, pas vrai?
-Honnêtement monsieur, qu'est ce qui pourrait autant faire paniquer un homme qu'une sublime et richissime plante qui l'a invité au Fouquet's?
-Ah je vois! Je comprends tout maintenant!
Je n'étais pas sûr de voir où il voulait en venir...
-Pardon?
-Tu es un beauguise, mais c'est ton premier vrai rencard. Petit, Puis-je te demander un truc?
Je lui répondis par l'affirmative et son visage s'ouvrit grand comme une gare aux heures de pointes. La chaleur humaine des latins, c'est quelque chose d'assez effrayant pour nous autres Européens du nord. J'étais déjà en train de regretter ma panique chronique lorsque ce drôle énergumène me raconta quelque chose d'assez intéressant pour que je te le transmette à mon tour.
-Qu'as-tu ressentis jusqu'à présent avec ta copine mon grand?
-De l'envie.
Il me cria que l'emploi de cet adjectif en particulier était signe que j'étais sur la bonne voie pour conclure avec Audrey.
-De l'envie, c'est un bon début. Et ton plat à surement suscité la gourmandise!
Il est vrai que si cette maudite portion de homard était beaucoup trop fournie pour mon estomac, cela n'était pas si affreux que tu pouvais te l'imaginer. Mes papilles en frétillaient encore.
-Puis ce lieux, le Fouquet's il inspire la luxure. Luxure, gourmandise, envie, tu me suis?
-Pas du tout.
-Trois des septs péchés capitaux! Ces fameux sept adjectifs sont les objectifs à atteindre pour avoir un fameux rencard parfait! Avarice, colère, envie, orgueil, gourmandise, paraisse, luxure. Mon petit ami, si tu ressens tout ça lors d'une soirée avec une fille, je te garantit que tu vas coucher avec elle illico!
-Vous êtes sûr de votre coup? Je veux dire, l'avarice ça va être facile, la note arrivera à la fin du repas. Mais la colère? J'aurais pu aborder le thème du sexe tout à l'heure, mais je n'ai pas vraiment envie de l'énerver une nouvelle fois.
-Une nouvelle fois.
-Oui?
-Donc tu l'as déjà énervé par le passé. Inutile de recommencer, surtout si c'est aujourd'hui que tu l'as énervé.
Son discours pourrait paraître farfelu pour bien des oreilles. Cependant, je ne savais trop pourquoi, peut-être à cause de tous ces verres de Vouvray, j'avais envie réellement de croire ce Salvadorien.
-Allez chico mets la gomme!
-Si vous le dites monsieur.
-Bien sûr que je te le dis! Trêve de trouille! Tu prends ta pelle et ton sceau et tu retournes jouer p'tit gars!
Quel sacré motivateur que j'avais trouvé là. Mais même si notre relation avait débuté par un certain malaise, sa plaidoirie couplée à une paire de fessée un peu osée m’avait requinqué. Grâce à ce mâle des plus fringuant, j'étais de nouveau d'attaque.
-¡Muy bien! Péchés capitaux que j'ai dits! Remember Jefe! Grüßen!
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Grâce à ce mystérieux moustachu costumé, j'étais de nouveau à ma table, serein et plus confiant que jamais. Je ne savais pas vraiment si cette histoire de péchés capitaux était à prendre pour argent comptant mais j'étais content d'avoir apparemment fait plus de la moitié du travail. La conversation reprit normalement et la belle Audrey m'expliqua de nombreuses chose sur sa vie.
-Je ne suis pas une pourrie gâtée comme tu peux en voir à la sorbonne. D'ailleurs je te rappelle qu'à la radio je ne suis qu'en alternance de comptabilité. J'essaye d’apprendre la vie et de frayer avec la populace. J'ai un ami qui voudrait écrire un roman se nommant l'élite égaré. Je pense que tu peux me définir de cette manière.
Elle était presque touchante et je ne savais plus où j'en étais. Voulais-je simplement d'une histoire d'un soir, ou bien en faire ma petite amie? Et puis, une chose improbable se produisit:
-Et toi? Raconte-moi ton histoire...
Elle s’intéressait à moi, fait assez rare pour être souligné. Je lui ai raconté ce qui était racontable sur ma vie. Un père relou, une mère aimante, un frère que je voyais peu et une petite sœur à charge. Cette dernière partie l'intrigua fortement. Elle me raconta qu'elle n'avait jamais eu sa propre sœur et que si jamais j'étais bien évidemment d'accord, elle pourrait passer du temps avec elle. L'offre était séduisante certes, mais je devais avoir veillé sur elle si je ne voulais pas subir le courroux paternel.
L'heure de la fin du repas arriva.
-Je n'arrive pas à croire que tu as tout mangée! Sérieusement!
La tâche fut ardue, mais je m'étais pétée le bide avec grâce. De ce satané homard, il n'en restait plus que les pinces et la coque. Le serveur et plusieurs clients en furent bouche bée. Mon estomac était au bord de l'implosion et je suspectais même qu'il était remplie à tel point que la nourriture montait jusqu'à ma glotte. J'avais fait n'importe quoi, je m'étais gavé telle une oie mais je me sentais virile!
-Sharon, regarde ce gringalet, il s'est enfilé un thermidor à lui tout seul. La chance! La veine! Le pot!
-Je suis vraiment impressionnée Phil! J'étais prête à me moquer de toi ardemment, mais cette volonté de me faire plaisir tout en évitant de te couvrir de honte... Ça me touche.
Il ne restait désormais à payer, à prier pour que Marcelin et Gontran soient partis, et à programmer le reste de la soirée.
Que vas-tu faire du reste de ta soirée?
Chapitre 1: La quête
Partie 08:
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Le rencard touchait bientôt à sa fin. Du moins dans son temps réglementaire, si je jamais je voulais jouer les prolongations, c'était à moi ou à ma compagne de se manifester. Nous nous trouvions désormais devant le comptoir pour régler la note. Facture qui contrastait d'ailleurs avec la politique sucrée-salée du Fouquet's puisque cette dernière était foncièrement amère. Une fois le ticket sous les yeux, j'ai tout d'abord cru à une erreur d'impression. Un zéro de trop, cela pouvait arriver même au meilleur d'entre nous. Audrey me regardait avec un mélange d'amusement et de gêne. Si photo il y a avait à prendre d'elle pour la transformer en un sticker utilisable sur le web réservée à l'élite francophone, c'était cet instant précis qu'il aurait fallu immortaliser.
-Attendez? Combien?
- Trois cent euros. Bien évidemment, les frais de mademoiselle sont compris.
Je ne savais pas vraiment si notre serveur était de mèche avec mon rencard ou non. Mais à la suite de cette phrase, elle s'enroula autour de mon bras et posa sa tête contre mon épaule en signe d'affection. J'étais comme une mouche prise au piège au centre d'une toile d’araignée et il ne servait à rien de se débattre. Je me devais de passer à la caisse, voilà tout. A cet instant précis je maudissais Tobey Maguire, Tom Holland et toutes les autres araignées du monde.
-Car tel que je vous vois là, vous êtes un vrai gentleman. Vous ne laisserez jamais la demoiselle payer.
Ce moustachu en costume venait de tirer sur une ambulance. Ce n'était pas très fair play de sa part. Remarque, j'aurais pu me venger en dégobillant mon fameux thermidor sur sa sublime cravate de couleur noire. Mon gosier était tellement saturé que je m'étais transformé en une véritable arme biologique, mais j'avais décidé de m'abstenir pour rester en bon terme avec cette sublime jeune fille.
-Oh merci Phil, c'est si gentil de ta part.
De rien, vraiment. Son étreinte était des plus réconfortantes, mais je le sentais venir à vingt kilomètres. Père allait me faire sa crise habituelle pour cette dépense. Même mon portefeuille refusait de sortir, comme s'il s'accrochait à ma poche. Il ne voulait apparemment pas être le complice de cette magouille et subir le courroux de mon paternel. Mais cherchant me cherchant une excuse pour justifier cette folie, ce fut la personne de ce fringuant Salvadorien qui m'eut rassuré.
- Les sept péchés capitaux petits. L'avarice.
La machine accepta mon paiement et je ressentis devant elle comme une fissure anale. Ma seule consolation fut de me dire qu'Audrey allait probablement subir la même chose en fin de soirée. Oui, tu pouvais sourire tant que tu le pouvais ma grande.
-Et bien merci monsieur! Merci beaucoup! A la revoyure!
Audrey me traina à l'extérieur de cet abattoir pour portefeuille et nous restâmes un moment sur la terrasse devant la porte d'entrée. L'avenue des champs Élysées s'offrait devant nous, toujours pleine de monde même à ce moment de la journée. Et nous pûmes prendre tout le temps qu'il nous fallait pour planifier le reste de la nuit puisque ces maudits et faux videurs avaient trouvés une autre victime à ennuyer.
-Je n'en crois pas un mot mon bon monsieur! Ce faire-part est un faux! Vous n'avez nullement le droit de vous rendre à l'intérieur de cette église de la sainte boustifaille.
-Clairement que c'est un simulacre Gontran!
-Mais vous m'emmerdez avec vos conneries! Ça fait une demi-heure que je vous dis que j'ai une réservation!
Audrey ricana un peu et me chuchota suavement à l'oreille:
-Tu vois, encore une pauvre victime qui ne va pas pouvoir manger ici.
-On lui dit?
-Non.
Son rire typiquement féminin s'intensifia un peu mais il était toujours inaudible pour le malheureux qui se faisait harceler. Puis nous marchâmes un peu sur les champs Élysées histoire de nous éloigner de ces deux retraités sous cocaïne puis elle m'attrapa les mains et me demanda:
-Bon, on fait quoi? On s'arrête en si bon chemin? Où tu veux rester encore un peu avec moi?
Il était évident que je voulais rester avec elle. Mais j'avais le ventre complètement démoli par ce fameux plat pour plusieurs personnes. A tel point que l'un de mes boutons de chemise voulait nous abandonner pour suivre son propre itinéraire.
-On peut faire une petite ballade si venir chez moi te mets mal à l'aise.
J'aurais adoré mais en réalité mais mon heure n'était pas encore venue, je ne faisais point confiance à ce fameux fruit de mer.
- Les sept péchés capitaux petits. La paresse.
La voix de ce type me harcelait constamment depuis sa visite aux toilettes. Mais même s'il avait été de bons conseils, j'avais tout de même demandé à faire une petite promenade digestive. Jamais on n'a vu quelqu'un qui n'ait pas goûté le parfum du péché, comme disait l'autre, mais il ne fallait pas exagérer. Je n'avais donc que faire de la paresse et valida la proposition de ballade.
-Je comprends.
Ironisa t'elle en se touchant furtivement le ventre. Voulant à tout prix éviter les champs de Mars qui étaient toujours en travaux suite à une terrible catastrophe dont je fus le témoin il y avait de cela quelques mois, nous nous rendîmes donc au plus proche, le jardin des champs Élysées. Enfin proche mais pas trop quand même, cette fameuse promenade devait m'aider à digérer l'équivalent de la portion d'une semaine d'un petit village du tiers-monde. Je trainassais logiquement mes pas mais plus les immeubles défilés sous mes yeux, mieux ça allait.
-Dépêche-toi feignasse!
-C'est un langage que tu as le droit d'arborer? Je veux dire ton fameux père l’investisseur ne va pas trop broncher?
-Oh, il n'est pas là, je me comporte comme je veux. Si tu vois où je veux en venir...
Je ne m'étais jamais rendu dans cet endroit de manière physique. Oui, j'y étais déjà allé virtuellement en utilisant un faux GPS pour une petite appli minable de l'époque nommée Pokemon Go, mais ça s’arrêtait là. Nous étions au tout début de l’hiver, les arbres avaient donc perdu leur feuillage mais l'endroit était tout de même le cadre idéal pour une sympathique promenade au clair de lune.
Le chemin que nous avions entrepris nous fit parcourir de nombreux petits points sympas, comme par exemple une fontaine ou un ruisseau se transformant en cascade minuscule. Il y avait aussi de nombreuses statues: De héros Français comme Clemenceau ou bien des statues d'artistes comme Auguste Rodin. Nous étions aux anges. Puis elle me mena à une sorte de clairière artificielle (cette endroit n'était pas du tout une forêt à vrai dire).
-J'adore cet endroit.
C'était beau, mais bon sang qu'il faisait froid. Et ce n'allait pas être mon costume qui allait changer quelque chose. Je n'étais plus stressé depuis longtemps mais mon corps gigotait toujours, cette fois-ci à cause de la météo. Puis Audrey m'ouvrit ma veste et cala ses deux mains sur mes hanches. Son regard et son étreinte servit à me réchauffer. Sa chaleur corporelle essayait de se répandre sur tout le reste de mon dos. C'était étrange mais agréable. Je ne savais que faire, mais elle menait très bien la barque alors je la laissai continuer son périple tactile. Ses doigts continuèrent de parcourir tout doucement mon échine, aujourd'hui encore, si je repense ardemment à cette soirée, je peux encore sentir le toucher de ses doigts.
Elle me regarda et je l’embrassai.
Malgré notre étreinte sensuelle et ses mains qui me décoiffaient, je maudissais l'instant présent de m'avoir fait conclure en décembre. L'endroit était parfait et discret, en été, on aurait pu conclure sur place. Ma main prenant désormais fermement son sein gauche, j'étais pris dans le feu de l'action et ma gêne digestive s'était complètement évaporée. Audrey me répondit d'un clin d’œil, et me tendit son cou pour le dévorer dans les règles de l'art. Elle me chevaucha par la suite, le dos plaquée contre un arbre et ses jambes entourant ma taille.
-On aurait foncé dans ma garçonnière que tu aurais pu m'avoir tout de suite.
Je ne regrettais rien, l'itinéraire touristique était de mise vu la confiance que m'inspirait mon estomac une fois sortie du Fouquet's. Notre échange langoureux dura encore un quart d'heure supplémentaire. Son parfum imprégnait à la fois mes vêtements et tous les pores de ma peau. Elle plongea sa tête contre mon torse, je me sentais vivant, et un choix s'offrit alors à moi.
-Mais la nuit n'est pas terminée, tu peux encore m'avoir.
Je pouvais prendre un café chez elle, ou bien rentrer chez moi, mais dans les deux cas cette nuit était déjà inoubliable.
mais que vas-tu décider de faire?
Chapitre 1: La quête
Partie 09:
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Le voyage de retour en direction du fameux appartement d'Audrey n'était point plus intéressant que notre allé en direction du parc. En revanche mon esprit, ou plutôt mon imagination était en effervescence:
Chacun de mes pas s'accompagna d'une idée différente à propos de la fille qui me tenait par la main. De nombreux scenarii défilèrent sous mes yeux, tant de gymnastique me fit même penser à ces fameuses nuits d'étés passé à regarder les jeux olympiques ou les championnats d'athlétisme à la télévision. D'improbables clichés de ma soirée me revinrent même en tête, comme par exemple une Audrey me regardant d'un air suggestif fourchette en bouche.
Avec toutes ces histoires de père investisseur, et avec tous ces colliers de perles, ou que sais-je encore, je ne savais à quoi m'attendre une fois à son appartement. Mais je fis quand même déçu de ne trouver aucun majordome pour nous ouvrir la porte. Je me voyais déjà amis avec un vieux monsieur aux coutumes de l'ancien régime se nommant Alfred. Mais bon, il faut croire que toutes les familles bourgeoises n'ont pas leur Alfred à eux. Puis d'un certain côté, j'avais déjà suffisamment donné avec ces diables de Marcelin et Gontran.
De ce fameux appartement, je ne pourrais t'en décrire avec précision que le vestibule. Un luxueux secrétaire second empire reposait devant la porte d'entrée avec un pot de fleur dessus. Et au-dessus de ce fameux meuble se trouvait le portrait dont elle m'avait déjà parlé un peu plus tôt. Une peinture de la fille que j'allais combler se trouvait devant moi, me jugeant de son regard hautain et supérieur. Puis une question me vint à l'esprit: Quel genre de personne possède un portrait de soi même dans son propre appartement? Une nuit passé en cet endroit et on se sent tout de suite beaucoup moins narcissique.
Si je n'ai pu qu'avoir une aussi brève vision de l'endroit, c'est car Audrey ne me demanda pas de prendre mes aises. Avec une force étonnante, elle ma plaqua contre le fameux mur où reposait la peinture la représentant. Elle m'embrassait ardemment, me serrait dans ses bras, et j'étais comme pris en sandwich par une fille et un mur pendant que son clone de peinture nous surveillait.
La bestialité se fit cependant ressentir de manière progressive, son étreinte surfant habilement avec la frontière entre la sensualité et la sauvagerie.
-Je vais m'offrir à toi mais ne me le fais pas regretter.
Sa voix était emprunte d'un soupçon de mélancolie. Que devais-je faire pour ne pas la décevoir? La combler ce soir, ou devenir son petit-ami par la suite? Pourquoi les filles étaient-elles toujours aussi compliqué, même lorsque l'on s’apprêtait à faire l'amour avec?
-Je...
Essayant vainement d'en placer une, elle me coupa tout de suite dans mon élan pour me mordiller la langue et continuer à m'embrasser. En temps normal je n'aime pas trop me faire couper la parole, mais de quoi me plaignais-je? Mon palais et ma langue m'en redemandaient encore et toujours plus.
- Suis-moi.
La consécration de toute une folle journée arriva enfin. Elle me mena en son sanctuaire. J'aurais aimé te dire qu'elle éclipsa sa robe en un éclair comme dans les films pour adulte. Que derrière ces boutons faciles à retirer ne se trouvait que sa chaire nue, mais en réalité l'instant du déshabillage est plus ridicule qu'érotique. Pas pour elle, Audrey était toujours aussi parfaite, mais tu aurais dû me voir en position fœtale essayant de retirer mon pantalon coupe slim. Au moins je n'avais plus ce maudit homard qui me bouchait le tube digestif, je pus donc me bouger à ma guise.
Une fois allongée sur le lit, elle me déclara sa flamme et le combustible répondit avec fermeté.
-Au moins pour les prochaines fois tu auras une véritable raison de regarder sans arrêt mes lèvres.
Agissant dans la pénombre sous la faible intensité des réverbères extérieurs, je ne voyais pas réellement ce qu'elle me faisait. Mais avais-je besoin de le voir pour le croire? Mes zones érogènes s'en chargeaient pour moi. Elle naviguait avec talent de haut en bas, puis de gauche à droite, alternant les trajets et les directions, la surprise décuplant le plaisir de la découverte. Pendant sa dégustation, je pouvais sentir sa poitrine se dandiner sur mes cuisses, j'étais aux anges.
Puis arriva mon tour. Plongeant tête la première à travers ses cuisses, c'est de cette manière que je découvris que l'intégralité de son corps était d'une douceur incomparable. Certes, à l'époque je n'avais pas vraiment matière à comparer, mais c'est maintenant un vieil homme qui te l'assure, cette Audrey Safardi était l'incarnation humaine de la soie. Ses jambes désormais sur mes épaules, je continuais mon périple linguistique pendant qu'elle prenait un malin plaisir à me décoiffer au rythme de ses gémissements.
Je n'étais pas spécialement pressé de passer à l'étape suivante mais l'union se fit tout de même. Bénissant le saint patron des promenades digestives, mes coups de reins s'enchaînèrent sans problèmes notoire. Alternant les phases calme et les violentes secousses sismiques, mon amante criait son contentement tout en se mordillant les lèvres ou en laissant des traces de rouge à lèvre sur son oreiller.
Se voulant entreprenante, ma charmante cavalière prit finalement le dessus pour devenir la maitresse des profondeurs. Son lit ne grinçait point car était de qualité supérieur, mais son matelas fondant me faisait presque disparaitre sous son poids. Le contact moelleux des draps d'un côté et du galbe humide d'Audrey de l'autre ne me donnait plus envie d'être actif, cette situation était la définition même de l'hédonisme.
Nos sueurs se mêlaient, son souffle chaud me caressait les oreilles. Sa voix s'éteignait ponctuellement sous l'effet de l'action et de la fatigue naissante, et tout ce que je pus comprendre de son discours fut une poignée de je t'aime étouffés. Seul l'instant présent comptait. Père, maman, Cassandre, Marius, Léa et Germain, tous avaient disparus de mon esprit. Il n'y avait plus que plaisirs et peau de cannelle à l'instant présent.
Puis arriva la fameuse revanche. A mon grand plaisir, le passage était étroit et sa surprise me valut le plus sensuel et complice des regards qu'elle ne m'avait jamais lancé. Cette fois-ci, ce fut à mon tour de déposer mon souffle sur la nuque, et je pus aussi sentir les battements de son cœur s'intensifier à chaque avancée. Puis mon rythme s'intensifia et elle perdit tous ses moyens. Si elle ne maitrisait pas le bâton au niveau olympique, ce passage de notre union aurait été mon préféré. Chaque euros qu'elle m'avait fait dépensé lui fut rendu à la puissance dix, mais sa bouche grande ouverte laissait sous-entendre que si prochaine fois il y avait, elle me ferait dépenser encore plus pour recevoir une nouvelle correction à la hauteur de ses attentes.
Après un retour aux sources, la conclusion fut mutuelle, un exploit me raconta-t-elle par la suite. Ce panache amoureux défia la gravité et disparut à jamais.
-...
- ...
Le silence régna pendant plusieurs dizaines de minutes. La vallée du plaisir qui composait son lit était inondée, mais on se sentait tous deux particulièrement à l'aise dans notre propre saleté. Allongée sur le côté, elle me regardait d'une paire d'yeux complice. Sa peau luisait, ses cheveux décoiffés, mais elle était plus belle que jamais. Toutes les vies s'éteignent sur la vision d'un couloir lumineux. La mienne s'était évanouie temporairement sur une vision beaucoup plus concrète d'un instant au paradis.
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Ce fut finalement la vibration de mon téléphone qui m'extirpa d'un repos bien mérité. De nombreuses heures étaient passées, la lune commençait même son inexorable déchéance vers la ligne d'horizon. Cassandre m'avait envoyé un petit clin d’œil par le biais d'un message et cela m'avait fait rire tout seul dans mon coin. La tête d'Audrey était collé contre mon torse et j’eus essayé d'envoyer discrètement de nombreuses nouvelles par le biais de mon téléphone. De la vantardise pour Marius, des insultes chaleureuses pour ma meilleure amie, et le dernier fut pour ma petite sœur.
-Putain le con...
Mon premier message fut la victime d'un faux numéro... Mais il était trop tard, le mal était fait puis ce n'était qu'un message, envoyé à un mystérieux numéro de mon répertoire où j'ai oublié de renseigner un prénom.
Me câlinant avec une Audrey endormie, je n'arrivais plus à fermer l’œil alors que l'aube se levait. De nombreuses pensées défilèrent à toute allure, naviguant d'une oreille à l'autre. Beaucoup de questions. J'en étais même arrivé à me demander si je voulais vraiment continuer mon aventure avec elle, ou m'enfuir sans lui dire au revoir.
Audrey était une fille bien, mais l'attachement me faisait peur. Puis ce fameux pari... Pourrais-je tenter de concilier les deux? Ou bien devais-je avorter dès à présent cette amourette pour éviter de nous faire trop de mal?
Mais que vas-tu faire?
(Attention, vous pouvez choisir de continuer la romance avec Audrey, elle s'effectuera en parallèle du pari. La question est plutôt de savoir si vous voulez la sortir de la fic ou non).
Chapitre 2: L'ébauche
Partie 01:
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Fuir?
Je ne te cache pas que j'y ai pensé. Je m'étais même levé discrètement après une bonne dizaine de minutes de réflexion enfoui sous l'oreiller. Je m'étais même déplacé jusqu'à la porte, mais je n'ai pas pu l'abandonné. Excepté la note salé du Fouquet's, elle était tout de même une fille réellement sympathique et hors norme. Riche et légèrement narcissique, mais sympathique tout de même. Cette soirée fut mine de rien un bon moment, et si mon quotidien à ses côtés pouvait être aussi merveilleux, pourquoi me refuser cela?
-Quoi? Arrêtes de me regarder comme ça! Je reste finalement!
C'est en tournant le dos à cette fameuse porte d'entrée que j'avais eu la peur de la semaine. Le fameux portrait d'Audrey trônait toujours au-dessus de son secrétaire, avec son air méprisant. La maitrise de l'artiste concernant ses propres coups de pinceaux m'avaient fait croire à l'instant que ma véritable chérie se trouvait devant moi. Sous la pénombre de l'aube, on s'y trompait presque.
Nous nous réveillâmes de bonnes heures suite à la journée de travail qui s'annonçait. Avant de se rendre à la maison de la radio, mon hôte m'avait concocté un petit déjeuner de roi. Ce repas matinal fut d'ailleurs beaucoup plus récupérateur que ma nuit en elle-même. Si la cuisine de la garçonnière ne faisait que dans les couleurs minimalistes, à savoir le blanc, le noir et crème, ce n'était heureusement pas le cas de cette attention matinale.
Confitures de toutes sortes, marmelade, orange, céréales, œufs et croissant et que sais-je encore! N'importe quel pervers aurait préféré une fellation matinale, pour ma part, cet instant banal avait suffi à égayer ma journée, voir ma semaine.
Enfin, ne vas pas t'imaginer que j'étais innocent à cent pourcent. Je l'admirais quand même dans sa nuisette bleu saphir.
-Bien dormi?
-Oui, enfin, tu verrais sur quoi je dors aussi. Avec ce matelas de prolo, limite je suis plus fatigué en me levant qu'avant de me coucher. Donc oui j'ai bien dormi. Mais mes standards ne sont pas si élevés que cela.
Et je n'exagérais même pas. Si l'on exceptait le fait que je m'étais endormi comme un bébé suite à mon effort physique de la veille, cette nuit avait été l'une des meilleures de ma vie. Elle rentrait facilement dans le top dix à cette époque de ma vie en tout cas. Dans le top dix car ma toute première nuit (en tant qu'enfant) chez les parents de Cassandre était difficilement détrônable. Mais cette histoire sera pour une prochaine fois mon petit.
-Bon, petit prolo?
Fut mon surnom pour tout le reste de notre relation. Car oui, on n'allait pas tarder à finir ensemble, nous avions tous deux emprunté la route adéquate même si cela ne s'était pas encore concrétisé.
-On va au taf? Je ne sais pas vraiment comment est ton patron...
-Crois-moi, mieux vaut que tu ne le saches jamais.
-Mais il faut impérativement que je sois à l'heure à la maison de la radio. On prend ma voiture?
-Tu as une voiture?
-Oui. Enfin tu verras.
-Attends mais on est au seizième là, c'est à peine à huit cent mètres d'ici.
-A vrai dire, j'ai un peu mal aux jambes là. Et le bassin en vrac. On se demande pourquoi.
Elle venait de tourner ce caprice en compliment pour ma personne. Du grand art. Après une nouvelle étreinte et une douche bien méritée, nous nous rendîmes en direction du parking de son immeuble pour nous rendre à son véhicule. Nous avions décidé de me déposer une centaine de mètre avant le parking du travail pour ne pas aiguiser les soupçons sur notre relation naissante, mais elle tenait tout de même à être mon chauffeur.
-Tu sais, mon frère est un chauffeur Uber, ça ne va beaucoup pas me changer. J'ai l'habitude de me faire conduire par des proches. Puis askip' l'autre jour il a rencontré un acteur de genre: Dominique Pinon.
- Une vraie famille de travailleurs.
-Oh tu sais, mon père s'est brisé l'anus au travail comme il aime le dire et mes parents sont donc plus ou moins riche...
Woaw fut ma réaction face à la monture.
-Enfin, ils ne sont pas aussi riches que toi visiblement.
Petit détail amusant, la machine se trouvant sous mes yeux avait la même couleur que la nuisette qu'Audrey portait lors de notre petit déjeuner. Ses courbes étaient à la fois rectiligne et géométrique, marque de fabrication des véhicules des années soixante-dix. Je n'étais pas un grand fan du rétro comme toutes les petites Parisiennes en ce temps-là, mais je savais quand même reconnaitre la beauté quand je la voyais. Et dire que je m'apprêtais à rentrer à pied par un froid nocturne et hivernale quelques heures plus tôt.
Cela aurait été regrettable
-Maserati Khamsin, un cadeau de mon père, vu qu'on parle de nos parents.
Ses fesses posées sur le capot, la scène était admirable et une envie irrépressible d'immortaliser le moment par le biais de mon smartphone me démangea sérieusement. Elle m'en donna l'autorisation, à la condition qu'il fallait tout simplement que je lui envoie par la suite l'image car elle était sérieusement en manque de like sur instagram. L'intérieur du véhicule était d'une propreté incomparable même si une fois encore, ce n'était pas réellement mon genre. Pour moi les Italiens n'avaient point le sens de la classe, remarque concernant également leurs véhicules. Mais je savais reconnaitre le luxe quand je le voyais, rien que les sièges coutaient pour plus cher que l'intégralité de la garde-robe de ma petite sœur Léa.
Pendant notre courtissime trajet, la conquérante de mon cœur s’intéressa un peu à ma vie personnelle:
-Tu as le permis sinon?
-Et bien oui. C'est juste qu'on est en plein Paris, alors je n'ai pas de voiture, c'est un peu inutile avec les transports en commun. Mais j'imagine que si jamais un jour j'en ai réellement besoin pour une urgence, je pourrais toujours carjacker un pauvre type.
-Tiens, en parlant de pauvre...
Notre véhicule s'approcha d'un passant qui ressemblait à s'y méprendre à un sans domicile fixe. Ses vêtements étaient froissé, il était mal rasé et avait les yeux rougies par la fatigue. Malheureusement pour lui, son petit périple à travers le trottoir le mena à côté d'une imposante flaque qui trônait sur la route que nous avions empruntée. Audrey fit rugir son moteur et fonça à toute allure pour éclabousser le pauvre homme.
-Bordel de merde! Petits cons!
Nous rigolâmes vivement comme les deux jeunes Parisiens que nous étions. Elle me déposa et s'en alla se garer sur le parking de la radio. Le bâtiment où je travaillais habituellement s'offrait devant moi, mais avais-je réellement envie d'y aller? Après tout, j'étais à la croisée des chemins, la première journée où j'étais supposé accomplir ce Paris. J'étais quasiment sûr que Germain préférerait me savoir dehors pour accomplir sa tâche, mais voulais-je vraiment mettre au point ma combine de suite? Ou procrastiné à l'intérieur de mon lieu de travail?
Choisis une orientation pour ta journée!
Chapitre 2: L'ébauche
Partie 02-a:
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Emmenant son joyau de mécanique en direction du parking des employés, Audrey et son véhicule s'éloignèrent de mon champ de vision. Et cela tombait bien. Non seulement j'avais un défi à accomplir, mais je n'avais pas envie de me justifier auprès d'elle sur la raison de ma non-présence au travail. Ayant encore un semblant de remord, ce n'est qu'en observant l'adepte de l'écriture inclusive et madame Beauchemin par la fenêtre que ma décision fut finalement prise.
-Non, pas envie de les voir aujourd'hui ceux-là, direction Marius et le café positivité.
La tête de fouine de l'autre, toujours penché dans son manuel d'écriture, m'énervait déjà. C'est donc pour cette raison que j'eus organisé une rencontre pour voir mon meilleur ami. S'il n'avait pas répondu à mon message de la veille, la réponse à celui que j'avais envoyé sur le chemin du café ne se fit pas prier.
-J'ai hâte de t'apporter mon aide, ramène tes fesses et vite.
Son embrigadement faisait toujours effet, tant mieux pour moi. Sur ma route, je me mis en quête de m'informer de ce qui se passait dans mon petit monde, toujours à l'aide de mon téléphone et d'internet. Audrey et sa photo avaient déjà récolté plusieurs centaines de like. Et dire que je n'arrivais pas à faire autant avec mes propres photos, si jamais l'envie de devenir célèbre me prenait un jour, peut-être que je devrais changer de sexe. Tout allait bien du côté de ma petite sœur, remarque aussi valable pour Cassandre et ma mère. Ce ne fut qu'en fournissant une analyse plus minutieuse à mes messages de la veille que ma bourde me revint à l'esprit.
J'avais envoyé un message sans faire exprès à un contact sans nom de mon téléphone. Mais qui pouvait-bien être cette personne? Puis ce fut en plein milieu de cette réflexion que je fus arrivé sans m'en rendre compte à la table de Marius.
-Salut. Tout va bien? Tu as une mine bizarre.
-Non, rien, laisse.
Quelle sensation étrange que d'être perdu dans ses pensées à tel point que je bougeais mécaniquement sans m'en rendre compte. Pourtant j'étais bien présent au café. La patronne, le jukebox jouant de la musique Française, les serveurs tout de jaune vêtue, et l'odeur de graine de café ambiante. Tout y était comme à son habitude.
-Et puis sinon oui, tout va bien.
J'avais encore les lèvres légèrement endolorie, mais mon affirmation n'était pas si mensongère que cela. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme disait l'autre. Marius me demanda si je m'étais finalement mis en couple avec cette fameuse fille. Je ne lui répondis que pas encore, nous formions pour le moment qu'un couple officieux. Mais cela ne saurait tarder.
-Tant que cela n’entache pas ta noble quête, je ne m'y oppose pas.
Si j'avais deux trois réticences à faire subir ça à Audrey, le garçon à la moustache assis à ma table n'y voyait aucun problème. Heureusement que je ne m'étais pas confié intégralement à Cassandre. Je n'osais même pas imaginer la crise qu'elle m'aurait faite.
-Tenez les garçons, double latté, comme d'habitude.
-Merci.
La patronne s'en alla avec la grâce d'un camion poubelle le jour d'une reprise de gréve et Marius regarda attentivement son derrière tout en soufflant sur sa boisson chaude. Remarquant mon haussement de sourcil songeur, il décida par la suite de commencer à m'esquisser son plan, probablement de peur que je lui fasse une remarque sur les femmes à moustache.
-Bon gros, tu dois faire des sextapes. Je vois plein de solution possible pour mener ce périlleux projet à terme.
-Un où je ne me fournis pas chez les forains s'il te plait.
-On n’en est pas encore là. Déjà, avant de filmer, il te faut des filles.
Marius avait peut-être l'air légèrement candide, mais force était de constater que son raisonnement se tenait jusque-là. Enfin, il n'avait pas non plus un discours de quinze minutes derrière lui.
-Tu vas forcément devoir passer par une appli ou un site de rencontre.
-Et la drague à l'ancienne? Le romantisme est mort?
Dis-je sur un ton ironique.
-Tu sais Phil, depuis l'affaire Weinstein, c'est carrément prohibé.
Pourtant j'aurais presque juré que la veille j'avais réussi à conclure avec Audrey sans passer par la case du numérique. Rien que grâce à mon culot et aux bonnes vieilles rencontre. S'exprimant ainsi devant moi, Marius me faisait sourire. Singulière réalité dans laquelle il vivait, où les hommes pouvaient avoir des braquemarts de quatre-vingt douze centimètres, éjaculer deux litres par orgasme et compiler vingt coït d'affilés, mais où les jeux de séduction traditionnel étaient prohibés. Enfin toutes ces palabres ne sortirent point de mon esprit, il était après tout en train de m'aider. Fracasser tous ses acquis n'était point diplomate.
Et puis au fond, tout ce bazar numérique n'était peut-être pas une si mauvaise idée, je devais approcher des personnes qui m'étaient inconnus. Hors de question de mêler Cassandre et Audrey à tout cela, je préférais plutôt m'empaler sur le pic de la tour Eiffel qui était encore profondément planté sur le champ de Mars en ce temps-là.
-Il me conseille quoi mon geek dans le fauteuil?
-Tinder, c'est le top du top.
-C'est quoi ça encore?
-Tu ne connais pas? Que c'est carrément la dernière façon à la mode de se rencontrer. Et probablement la plus hype. En gros c'est un site de rencontre minimaliste. Aucun profil à proprement parler. Tu t'inscris via ton Facebook, et tu sélectionnes plusieurs photos de profils que tu avais posté ici. Les choisis bien car c'est grâce à sa gueule qu'on vend ici. Presque aucune description, que des photos.
-En gros ça ne se base que sur le physique?
-Ouais, et aussi par géolocalisation. En gros tu ne vas rencontrer que des Parisiennes, le top du top.
-Tant que je reste sur Paris.
-Oui, voilà.
Cette application semblait charmante sur le papier. Mais Marius voyait bien que je n'étais pas encore complétement convaincue.
-Ou alors tu peux aller voir les escorts.
-Ferme ta gueule avec ça.
Je n'étais pas encore prêt pour ça. Puis il faudrait vraiment que cette fameuse fille de joie soit vraiment d'une beauté éclatante pour que je lui accorde une rémunération. Toutes ces crécelles d'Asie et d'Europe de l'est, ce n'était clairement pas pour moi.
-Même sans parler de beurette ou de coréenne vénales. Il y en a des très bien tu sais. Repense à cette fille, Chiara Montcours.
Cela faisait depuis le jour où la tour Eiffel s'était effondré qu'il me bassinait avec cette fameuse escort de luxe pour hipster et millionnaire. Presque tout les jours, disons cinq sur sept, j'y avais le droit. Marius avait même sortit de sa poche son téléphone portable et commencé à tapoter sur son navigateur de recherche pour me montrer les photos de cette fille de mauvaise vie.
-EH! Mais regardez qui voilà!
Cette voix me fit sursauter et j'aurais jurer que mon cœur s'était arrêté pendant plusieurs secondes. Avec Marius, nous tirâmes la même expression infantile suite à l'incruste de Cassandre, celle de quand on est pris sur le fait.
Chapitre 2: L'ébauche
Partie 02-b:
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Ne se doutant point de notre machination, Cassandre s'invita donc à la table de la mesquinerie. Elle était toujours intégralement vêtue de noire, tenue contrastant comme à son habitude avec sa personnalité bruyante et gaie. Tout l'établissement était désormais au courant de son arrivé, à tel point que même la patronne, perchée derrière son comptoir à nettoyer plusieurs tasses, se permit de la saluer au loin.
-Bonne journée à toi Cassandre!
-Bonne journée à vous aussi!
Heureusement pour moi, la dame ne jugea point utile de continuer cet embryon de conversation. Me situant sur la même banquette que mon amie, je venais tout simplement de perdre deux dixième d'audition suite au volume qu'employait Cassandre. Me regardant de son sourire Britannique, elle me tapota l'épaule violemment en guise d'introduction à ses futures questions. Sensation plutôt étrange car ma poche vibra au même moment. Je venais de recevoir un sms mais je ne pouvais pas me permettre de regarder mon téléphone, s'il y a une seule chose à savoir concernant la demoiselle Lapillule mon petit, c'est qu'elle déteste quand une personne ou un objet est au centre de l'attention à sa place.
-Tu devrais bosser ici n'empêche. En une réplique tu viens de me réveiller aussi efficacement que ce café que je bois.
-C'est juste que je ne m'attendais pas à vous trouver ici. Je viens chercher un café à emporter avant de commencer ma journée.
Puis elle me tapa violemment une nouvelle fois dans le dos. Ma tasse de café s'en renversa sur ma manche, cette fille, c'était une tornade à elle toute seule.
-Alors?
-Alors quoi?
-Hier?!
- Et bien je pense qu'on est désormais ensemble. On ne se l'est pas encore dit de vive voix, mais c'est tout comme.
-Parfaitement parfait! A vrai dire, pour ne rien te cacher. Je le savais déjà, j'ai reçu ton sms de la veille et hier soir tu n'es pas rentrée.
-Quoi?
-Ah oui? Je ne te l'ai pas dit? Du coup j'ai fait une soirée pyjama avec ta sœur et on a un peu fichu le bazar dans ton appart. On n'a pas touché à ton tsum-tsum Sebulba.
-Je n'ai pas de tsum-tsum Sebulba et à vrai dire, je n'ai aucune idée de ce qu'est un tsum-tsum. Et encore moins un Sebulba.
-Et bien tu en as un maintenant!
Puis elle s'en alla commander sa satanée boisson. Je t'aurais bien évidemment raconté qu'elle était partie sans demander son reste mais ce serait mal connaitre ce phénomène. Le temps que sa commande soit préparée, nous essayâmes avec Marius d'avoir une conversation normale. En vain, car comme je te l'ai dit précédemment, cet objet vivant non identifié doit être au centre de l'attention. Elle nous projetait régulièrement des sachets de sucres à la figure, ne supportant pas le fait que l'on puisse parler sans elle.
-Bon sang Cassandre! T'es relou avec tes sucres!
Puis à notre grand bonheur, elle s'en alla finalement. Nous pûmes reprendre notre conversation.
-Bon, Tinder, ça me branche. Je te promets de télécharger l'appli dans la journée et de m'y mettre dès que ça sera installé.
-Donc on a un point sur deux de régler.
-Quel est l'autre?
-La caméra tête de zboub.
-Tu t'y prendrais comment toi?
Posant son café, il me regardait avec un air des plus sérieux. Et dire qu'il y a vingt-quatre heure il se serait opposé à ce projet. Ce qu'il avait fait, d'ailleurs.
-Et bien, on a plusieurs façon de faire. Tu pourrais par exemple prendre une caméra et la dissimuler dans un objet de tous les jours. Ou bien acheter un genre de lunette espion avec une caméra intégré.
- Explique-moi plus précisément ce second point, ce n'est pas très clair.
Marius me montra plusieurs vidéos sur le net. Ces dernières présentaient une paire de lunette lambda, du moins on s'y trompait. Elles avaient en réalité un objectif dissimulé entre en son centre, et le tout n'était visible que si on y prêtait réellement attention. C'était élégant, discret, et plus personne ne ferait retirer ses lunettes à quelqu'un se disant myope de nos jours.
-Ou bien tu pourrais cacher ça dans une casquette, que sais-je?
-Marius.
Je ne te raconte pas la tête qu'il faisait quand je lui ait finalement dit que ses fameuses trois solutions différentes étaient enfaite de simple variations de son premier choix: A savoir des caméras, cachés dans des objets de tous les jours. J'étais clairement déçu, Marius n'étais pas aussi inventif qu'il le prétendait. Mais après tout, de quoi me plaignais-je? Cette fameuse caméra dans des lunettes était une très bonne idée.
-En vrai tu n'as qu'une seule idée.
-Non, pas du tout.
Le pauvre homme était en sueur et commençait à paniquer, à faire semblant de chercher quelque chose dans son sac. Cela ne prenait pas avec moi, mais après tout, je m'en moquais, cette idée de lunette était brillante.
-Il faut qu'on les achète après, ces fameuses lunettes.
-C'est toi l'expert, je vais te laisser les choisir mon grand.
-Comment? Tu ne vas même pas me suivre?
A vrai dire, j'avais initialement envie d'aller là où il me mènerait. Mais après tout, je pouvais déjà commencer à faire des recherches sur Tinder pendant que mon ami s'occupait de la partie achat, non?
Mais que vas-tu décider de faire?